- Alors les filles ? Heureuses d’en avoir fini avec ce méchant boss ?
- Oui !, répondit joyeusement Maribelle.
- Skellbot, Snaïpeur, ça va de votre côté ?, demanda t il, riant intérieurement en voyant l’air gêné de l’archer.
- ça va ça va, répondit ce dernier rapidement.
- En effet, ça va mieux maintenant, dit la voix métallique mais, pour une fois, légèrement chaleureuse du nécromancien.
- Bon, on va pouvoir aller voir dans cette cabane ce qu’il y a…, dit le tank en la montrant du doigt. Va savoir quels trésors on va y trouver…
- Ouep allons-y !, répondit la prêtresse en y allant d’un pas décidé.
La cabane était à l’image du camp, sale et puante. On distinguait, dans le bazar des affaires hétéroclites qui agrémentaient l’unique pièce, une table en bois vermoulu avec son tabouret, un lit miteux aux draps déchirés avec une couverture rapiécée d’un marron douteux. Le mobilier tout comme l’habitation semblaient pouvoir s’écrouler à tout moment mais par un miracle incroyable tout restait en place.
- Heu, il faut fouiller là dedans, demanda Maribelle en se couvrant le nez et la bouche avec sa main.
- Bah oui, tu crois quoi toi ?, lui répondit Gamagunda en riant. Un trésor, ça se mérite !
Ils se mirent alors à fouiller la cabane, en déplaçant les différentes immondices, vestiges d’objets et de vêtements appartenant aux brigands. C’était particulièrement pénible, autant par la vue que l’odorat et le toucher… Tout à coup Hakaru apparut dans l’entrée. Ils n’avaient pas fait attention mais elle n’avait pas suivi le mouvement.
- Tiens, t’étais pas avec nous ?, demanda Snaïpeur.
- Non, Hache récupérer, répondit elle.
- Hein ?, fit l’archer qui ne comprenait pas ce qu’elle voulait dire.
- Elle dit qu’elle a récupéré la hache, dit le nécromancien comme si c’était évident. c’est un objet clé permettant de valider la réussite de la quête, tout à la joie de notre victoire, on l’avait oublié. Merci Hakaru.
- Oh !, oui, c’est vrai !, dit Gamagunda. Je n’aurai pas aimé avoir à le refaire !, merci Hakaru.
l’intéressé accepta les remerciements en s’inclinant en avant.
- pas problème, dit elle.
Les recherches continuèrent mais à part des loques et des saletés, ils ne trouvèrent rien.
- C’est pas possible, on a rien, pas un petit coffre, nada que dalle ?, dit Maribelle dépitée.
- Ah ba, c’est pas normal, c’est pas juste ! Pfff…, renchérit le tank.
- Peut être pas, dit Snaïpeur en souriant.
- hein ?, firent les deux en chœur.
- Je me suis dit que si j’étais le chef, je ne voudrais pas qu’on trouve mon butin, et donc… je ne le mettrais pas dans la cabane… d’autant plus que les quatre autres pourraient très bien le lui piquer.
- Oui, et ? cela ne nous dit pas où il l’a mis, répliqua Gamagunda. Il lui semblait que l’archer voulait juste se rendre intéressant. Il avait bien remarqué que ce n’était pas un grand courageux dans tous les sens du terme.
- Et bien, en fait, quand on cache un trésor, il faut pouvoir le retrouver, et donc… il faut une carte !
- Et tu en as trouvé une ?
- Oui, dans ça !, et il exhiba un vieux calepin. J’ai trouvé ce truc dans le matelas du lit.
- Beurk !, tu me dégoûtes !, dit Maribelle en faisant la moue.
- C’est bon, je l’ai pas sorti de son cul non plus !, répliqua Snaïpeur. Et fais pas ta jalouse tout ça parce que moi, j’en ai dans la ciboulette et pas toi !
- Eho, il va se calmer l’avorton ! Et on dit en avoir dans le ciboulot ! Crétin des îles !, répondit elle.
- Bon calmez vous !, dit Gamagunda. Montre nous cela.
Snaïpeur montra les pages intéressantes. Skellbot et Gamagunda s’extasièrent devant la découverte. Maribelle resta interdite devant leur comportement.
- heu, vous arrivez à déchiffrer quelque chose là ?, non mais vous déconnez hein ?, ce ne sont que des gribouillis, des traits dessinés au hasard.
- Tu n’arrives pas à voir quelque chose de cohérent ?, demanda le tank.
- bah, vu qu’il n’y a rien de cohérent dans ce truc, vous foutez pas de ma gueule, je vois bien qu’il y a rien sur ces feuilles de merde, dit elle énervée.
- Ah, tu n’as pas dû apprendre la compétence alors ?, avança Snaïpeur.
- Non, normalement, il n’y a pas besoin de compétence spéciale… à moins que… dans mes métiers j’ai la calligraphie, dit Skellbot.
- Moi aussi, je suis élémentaliste, c’est utile, répondit Gamagunda.
- Et moi aussi, dit Snaïpeur.
- hein ? Mais tu es archer ? Ça sert pas à grand-chose…, dit Gamagunda.
- Bah je l’ai et puis c’est tout, la preuve que ça sert !, dit il en montrant le calepin.
- Donc on ne peut lire ce calepin que si on est calligraphe… intéressant…, dit Skellbot.
Ils sortirent et allèrent un peu plus au nord comme l’indiquait la carte sur le calepin. Il se retrouvèrent au milieu d’une petite clairière. Il n’y avait absolument rien.
- Et maintenant ?, demanda Maribelle, on creuse ?
- heu, non, c’est pas ce qu’il y a de marqué, dit Snaïpeur qui relit une fois la page, surpris parce qu’il y avait trouvé. Bon bah on va le faire alors.
Il se mit à sautiller et à battre des bras comme pour s’envoler : petit canard envole-toi ! Envole-toi ! Le brouton grognon veut te faire du mal ! Petit canard envole toi ! Envole-toi !
Maribelle et Gamagunda ne purent s’empêcher de pouffer de rire. Skellbot sembla dépité et Hakaru avait toujours son visage impassible.
Néanmoins suite à ces gesticulations, une cabane apparut au milieu de la clairière. : une jolie petite maison en bois qui n’avait rien à voir avec la précédente. Elle était de bien meilleure facture. A croire qu’elle n’avait rien à voir avec le possesseur du carnet.
La porte était ouverte. Ils pénétrèrent et découvrirent un petit intérieur cosy. Il y avait une table ronde en bois avec ses quatre chaises dans un coin et à l’autre bout de la pièce se trouvaient deux gros coffres. Snaïpeur se jeta dessus comme un affamé. Il tenta de soulever le couvercle du premier sans y parvenir, il regarda l’objet sous toutes ses coutures. Il se mit à inspecter et à tester différentes choses pour réussir à l’ouvrir. Les autres compagnons le regardaient faire les bras croisés, même Hakaru.
- ça y est, il a pété un boulon !, dit Gamagunda en souriant.
- Je le savais cupide mais pas à ce point-là…, dit Maribelle.
- Lui, dans tête, tout cassé !, dit Hakaru.
- oui Hakaru !, tu as fait un blague !, releva Gamagunda qui la regarda pour voir s’il y avait trace d’une émotion sur son visage. Mais il était resté impassible comme à son habitude. Il reporta son attention sur l’archer qui s’agitait frénétiquement sur les coffres.
Au bout d’un moment Skellbot s’approcha des coffres :
- Elryk !, dit-il et tout à coup les coffres s’ouvrirent.
- Mais… mais… comment ?, dit Snaïpeur surpris.
- Bah si tu avais pris le temps de connaître le nom du boss…
- hein ?
- Ah oui…, réagit le tank, c’est vrai qu’il s’appelait Elryk Hache Sanglante.
- Comment l’avez vous su ?, demanda Snaïpeur.
- tu n’utilises jamais ta pixie ou ton interface ?, demanda Skellbot agacé.
- Bah en fait… non… je fais au feeling !
- Pourquoi je ne suis pas étonné… en fait avec Maribelle vous allez très bien ensemble…, se rendit compte le nécromancien.
- Hein ?, hé !, ne me compare pas à lui !, réagit vivement Maribelle qui n’appréciait guère d’être mise dans le même panier que l’autre dégénéré.
- Oui… oui… Bon qu’avons nous là dedans…, dit Gamagunda pour calmer les choses.
- Oh une cage avec un Smourbiff !, dit Snaïpeur en la sortant. C’était un beau spécimen de Smourbiff au pelage chatoyant d’un beau bleu azur. Il avait une jolie petite corne sombre en haut de la tête et comme une étoile jaune au niveau de l’oeil droit.
- Mais, mais…, fit Maribelle n’y croyant pas. Elle appela sa pixie pour vérifier. Pixie ! Pi...
- Maribelle, la coupa Gamagunda. Quand tu parles à ta fée, s’il te plaît, subvocalise… ça ne se fait pas de l’appeler comme cela…
- Ah ok…, dit Maribelle qui continua en subvocal.
- Aaaaah, enfin tu te souviens de moi !, dit la pixie en apparaissant. Il semblait qu’elle faisait la tête. Maribelle en était choquée. Mais c’était quoi ce programme d’aide ? Pourquoi l’avoir codé avec un taux de susceptibilité aussi haut ? Bref… il fallait faire avec mais cela l’énervait.
- Pixie, j’ai besoin de toi, commença Maribelle mais son interlocuteur semblait ne pas se soucier d’elle. Exaspérée, Elle demanda : Bon qu’est ce qu’il y a ?
- Tu pourrais commencer par dire bonjour !, espèce de malotrue !, pfff…
- Excuse moi… bonjour Pixie…
- mmmh c’est mieux… mais il va falloir faire des progrès…
- Peux tu me confirmer qu’il s’agit du smourbiff étoilé de ma quête ?, demanda t elle en montrant l’animal.
- Ah oui, c’est bien cela mais tu aurais pu le savoir en vérifiant dans ton interface !, dit elle en lui tirant la langue et elle disparut dans une explosion bleue en lâchant : allez à plus !
Maribelle regarda l’endroit où se trouvait la pixie quelques secondes avant, elle était interdite, elle ne comprenait vraiment pas cette fée. C’était quoi ce caractère à la « mords moi le noeud » ? C’est cela bon débarras ! Visiblement elle n’était pas contente qu’on ne l’appelle pas, mais elle repartait tout aussi sec sans regret… incompréhensible…
Elle se tourna vers ses compagnons qui avaient déjà partagé les affaires. Ils lui donnèrent sa part du butin. Elle remarqua qu’il y avait des vêtements mais qu’elle ne pouvait pas encore porter.
- C’est pas grave, au moins tu l’auras quand tu atteindras le niveau, dit Gamagunda.
- Et le smourbiff, c’est bien le smourbiff étoilé !, je vais pouvoir finir ma quête !
- Ah ba cool ! c’est une des quêtes que tu avais partagé avec nous ?
- Tiens je sais plus, au pire je vous la partage à nouveau vous verrez bien…
Les compagnons quittèrent sans regret la cabane qui disparut quand ils s’enfoncèrent dans la forêt. Ils décidèrent de rentrer au village.