Star Wars : Legacy
Changeons un peu de ton et étendons notre conception des comic books. Et par « notre », je veux dire la vôtre, celle limitée qui n'y voit que des illustrés de super-héros publiés par DC ou Marvel.
Vous vous souviendrez peut-être de ma mention de Vertigo, et de la liste de titres publiés dans cette collection : peu, si ce n'est aucun comic book de super-héros (je laisse volontairement de côté la Doom Patrol et Animal Man, qui sont plus réflexions philosophiques qu'histoires de types en costume ; « coïncidence » incroyable, les deux ont été écrits par Grant Morrison...). En soi, ce n'est pas l'exception : le comic book est un format de publication, indépendant de son contenu ; statistiquement, il y a plus de chances qu'il ne traite pas de super-héros que l'inverse, quand on voit la diversité des genres d'histoires existant.
Et si Marvel et DC sont les deux éditeurs majeurs sur ce marché, ils sont loin d'être les seuls. On m'a déjà fait la réflexion que ledit marché est « grosso-modo DC, Marvel et une multitude de petits éditeurs ». En caricaturant, c'est vrai : les deux grands se partagent la majorité des parts de marché. Mais encore une fois, ils n'en ont pas le monopole. On peut citer Image et son Spawn (référence incontournable du genre), Dynamite et ses réinterprétations de personnages des pulps des années 1930 (Conan, Red Sonja, The Shadow, The Lone Ranger, etc) et bien d'autres encore...
Vous l'aurez peut-être compris, je vais vous parler de l'un de ces autres éditeurs, nommément Dark Horse. Ou, pour être exact, l'un des ses comic books : Star Wars Legacy.
Bon, dans l'ordre, exposons comment je vais traiter le sujet : un rapide survol de Dark Horse et des explications sur l'Univers étendu Star Wars, un aperçu de Legacy à proprement parler, et pourquoi j'ai choisi ce comic book-là, au lieu de Knights of the Old Republic ou Star Wars Republic, par exemple.
Cheval noir et vaste chronologie
Dark Horse, donc. C'est un éditeur qui est surtout connu pour deux choses : des titres dont les droits sont détenus par leur créateur/auteur (Hellboy, Sin City, 300, The Mask) et des comic books tirés de franchises célèbres, telles que Terminator, Halo, GI Joe, Transformers, Buffy, Conan, et donc Star Wars. Fondé en 1986 par Mike Richardson, l'accent a dès les origines été mis sur ces deux aspects, les adaptations remontant à 1988. Il s'agit de l'un des éditeurs indépendants les plus influents, avec de très nombreuses séries, et plusieurs films tirés de ses comic books, et possédant plusieurs filiales chargées de gérer ses différents secteurs d'activité, tels que Dark Horse Entertainment ou Dark Horse Indie.
Vous aurez donc compris que l'éditeur a obtenu de Lucas Art les droits de la franchise Star Wars pour ce qui est des adaptations en comic books. A titre d'anecdote, ils n'ont pas été les premiers à les posséder : Marvel les avait. Et depuis l'année dernière, nous sommes revenus à cette situation, Marvel ayant racheté lesdits droits, ce qui a conduit à l'arrêt, le plus souvent précipité en termes narratifs, des séries en cours de publication.
Les comic books Star Wars publiés sous la bannière de Dark Horse ont en général été de très bonne qualité, apportant une contribution non négligeable à l'Univers étendu, en explorant des points laissés en suspens par les jeux, les films et les livres, voire en les adaptant. Pour ne citer que les plus connus : Knights of the Old Republic et Tales of the Jedi complètent les jeux de Bioware ; Dawn of the Jedi explore la vie des tous premiers Jedi ; Dark Times est centré sur Vader et l'avènement de l'Empire entre les épisodes III et IV ; Republic, publié sous l'appellation de Clone Wars en France, traite, vous vous en doutez, de cette période, complétant le dessin animé ; Invasion donne un autre point de vue que celui des livres sur la guerre contre les Yuuzhan Vongs ; et Legacy qui imagine le futur de l'Univers Star Wars. Avant de m'expliquer sur ce que j'entends par là (et sans le faire du tout pour les autres séries), je dois définir ce qu'est l'Univers étendu.
De manière assez logique, le terme renvoie à l'ensemble des éléments s'inscrivant dans le cadre fictionnel créé par les films et les dessins animés de la licence. Cela inclut donc les éléments narratifs (romans, jeux, comic books), comme descriptifs (guides, encyclopédies). Strictement parlant, ce sont tous les éléments non produits par Lucas Art : donc tout sauf les six films, les trois dessins animés, et les guides et encyclopédies les complétant. Même les adaptations en livres et comic books ne sont pas incluses, puisqu'elles rajoutent des éléments.
L'Univers étendu couvre, vous l'aurez compris, plus de terrain et d'éléments que le contenu officiel, traitant de périodes évoquées mais jamais vues, passées sous silence ou ignorées, comme les évènements ayant lieu entre les films, le passé de l'univers ou son futur, avec les conséquences qu'a la mort de l'Empereur Palpatine sur l'Empire Galactique et l'affirmation de la Nouvelle République, par exemple.
Je vais être franc, je considère que l'Univers étendu est supérieur au contenu d'origine. Pensez que des personnages tels que Revan, Mara Jade, Quilan Vos, le Grand Amiral Thrawn ou Cade Skywalker en sont des créations, et que d'autres, tels que Wedge Antilles, Lando Calrissian ou même Han Solo et Obi-Wan Kenobi, ont été approfondis de manière exceptionnelle.
Et si vous ne savez pas qui sont les premiers personnages que j'ai mentionnés, ou que Wedge Antilles et Lando sont devenus des amiraux de la Rébellion et que Han a gagné une planète au jeu, lancez-vous dans l'Univers étendu !
Pour finir sur ces quelques éléments, petit recadrage : avec le rachat de Lucas Art par Disney, l'Univers étendu dans son ensemble a été relégué au rang de fan-fiction, afin de permettre la réalisation de nouveaux films, ainsi que du nouveau dessin animé Star Wars Rebels. C'est compréhensible au sens où ça permet de faire des films se passant après l'épisode VI. Mais bon, ça n'était pas indispensable. Plein de périodes restaient à explorer. Enfin, passons...
Il est possible que les éléments se déroulant avant l'épisode I soient toujours canons. Ce qui est sûr est que les comic books lancés par Marvel depuis la fin de l'année 2014 le sont (au passage, ils ont plutôt bien démarré, ça réduit un peu l'amertume liée au traitement de l'Univers étendu).
Bref, je parlerai du reste la prochaine fois, et m'arrête ici. Sinon je vais m'en plaindre longtemps...