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This is the end...

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This is the end...
le 15 January 2020 - 13:38

Bonjour,

Comme d'habitude un petit commentaire rapide avant l'histoire :

ça m'aura pris du temps mais je me suis enfin lancé dans un projet qui me trotte dans la tête depuis des mois : la mise en fanfic du scénario joué ailleurs sur ce forum avec Antonia, Mashan, Kurash et Plume...

bonne lecture...

Pour les commentaires c'est pas là : https://www.noob-online.com/forum/new_topic.php?f=92



Édité le 15 January 2020 - 13:39 par Arnaud75

:curseur-empire :artheon-4 POURQUOI MOIIIIIIIII ?
Alias Dr No - Membre de la Guilde du Stylo Unique (a eu l'artefact sacré en main) - Mage de bataille niv 51- PJ et MJ sur le forum - scribouillard de fanfics et à l'HdP - Elémentaliste de l'Aurore

Arnaud75
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RE: This is the end...
le 15 January 2020 - 13:39

La fin est en marche…


“On appelle fin du monde le jour où le monde se montre juste ce qu'il est : explosif, submersible, combustible, comme on appelle guerre le jour où l'âme humaine se donne à sa nature.” (Martin Luther)

« La fin du monde est pour demain ! Je vous le confirmerai la semaine prochaine. » (Paul Valéry)

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Arnaud75
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RE: This is the end...
le 15 January 2020 - 13:47

Chapitre 1 : prémices de Guerre

Tout a débuté au coucher du soleil dans un de ces villages moisis de la campagne profonde, entouré de champs de betteraves ou de navets eux même encadrés de bois, comme tout ce fichu continent de Syrial…

Ce bled s’appelait Blanchêne ou Noirsapin, un truc du genre, de toute façon personne à part les autochtones ne retient leur nom tellement aux yeux des voyageurs et aventuriers de tout poil ils se ressemblent : une palissade de bois entourant quelques fermes et cahutes de guingois, un hôtel de ville servant aussi de boutique et, bien au centre, l’indispensable auberge accueillant les pécores du cru qui s’échinaient la journée à retourner la terre pour en extraire quelques racines comestibles, les quelques fils de pécores qui, une pique rouillée à la main jouaient en journée le rôle du guet local, et passaient la soirée à picoler une bière fade en roulant des mécaniques à l’attention de la serveuse, et enfin les voyageurs comme moi qui raclaient le fond de leur bourse pour y piocher les quelques piécettes leur permettant eux aussi de recommander un pichet de cette eau croupie légèrement aromatisée qu’ils osaient appeler « ale de l’aventurier»…

Je devais en être à mon quatrième ou cinquième broc de cette infâme mixture, me morfondant sur le sort cruel qui avait réduit la compagnie d’aventurier à laquelle j’appartenait à son dernier membre, ma pomme, suite à une bête erreur d’orientation qui nous avait menée droit dans un nid de serpents géants… le guerrier et la roublarde avaient été tués en quelques secondes, et j’avais dû sacrifier deux précieuses cartes et une partie de mon baluchon pour m’en tirer saine et sauve. J’avais atterri dans ce bouge après une éreintante journée de marche et tentait d’oublier cet abominable destin dans le seul alcool à porté de mes maigres moyens.

L’aubergiste avait été sympa, sans doute habitué à voir les gens venir pleurer leur chagrin sur son comptoir. Il m’avait même offert un bol de friture fraîchement pêchée dans l’étang voisin et pannée.

Je fus sorti de mon brouillard d’auto apitoiement par l’arrivée d’un vieillard un peu essoufflé dont le costume, un long manteau en laine écru et des bottes de voyages élimées, dénotant avec les frusques des locaux, avec ce regard méfiant de ceux qui sont avisés. Il alla directement consulter le patron qui, tout en lui servant une coupe de vin rouge au prix nettement hors de portée de ma bourse, lui désigna ma table d’un coup de menton.

Voilà que j’étais bonne pour me farcir un fichu commanditaire qui allait tenter, comme toute cette engeance, de m’arnaquer dans les grandes largeurs avec une de ces quette bidons qui engraissent les monstres ou remplissent ces cages suspendues à l’entrée des grandes villes pour exhiber les cadavres des malandrins pris la main dans le sac… C’est un de ces crétins qui avait indirectement envoyé Cédric le Quarante Deuxième Guerrier de Stö et Lou les Mains Vives au Paradis de Sin.

A croire que cette bière tiédasse avait un degré alcoolique nettement supérieur à ce que son goût laissait croire, mais quand l’énergumène encore encapuchonné s’est assis à côté de moi et s’est penché sur mon décolleté pour, soi-disant, me chuchoter à l’oreille, mon sang n’a fait qu’un tour.
Saisissant le col de son manteau juste derrière sa nuque, je lui ai directement écrasé la face contre le bois de la table, avant de lui faire remonter les valseuses au niveau de l’estomac d’un bon coup de genou ! Voyant l’aubergiste commencer à farfouiller sous son comptoir, sans doute pour en sortir une quelconque arme, je lui ai fait signe que je décampais, tout en traînant le papy pervers avec moi dans la cour d’entrée devant l’établissement en lâchant nonchalamment : « ce type m’a un peu trop peloté, je vais lui en faire passer l’envie... »
Mon pied a alors touché un objet dur : le vieux avait laissé tomber un truc en s’écroulant après que sa mâchoire ait intimement fait connaissance avec le bois de la table. D’une main encore leste malgré mon taux d’alcoolémie, je m’accroupis et découvrit avec saisissement une magnifique gemme violette dont l’éclat m’hypnotisa aussitôt. Tel un pantin de foire guidé par des fils invisibles, je m’en saisis, et sans savoir pourquoi ni comment, je me plaquais le joyau sur le front… Un flash aveuglant…

Je retrouvais mes moyens quelques minutes plus tard, adossée à la margelle du puits dans la cour de l’auberge, ma main droite toujours accrochée au manteau du vieil abruti qui m’avais prise pour une débutante… J’avais dû sortir mécaniquement de l’estaminet car je n’avais aucun souvenir des événements des quelques dernières minutes…
Je me frottais le front machinalement, sentant un corps étranger, tout en contemplant les bulles dans le sang qui s’écoulait du nez brisé de mon fauteur de trouble… Celui-ci rouvrit un œil, l’autre étant fermé par l’énorme ecchymose qui fleurissait sur tout son visage. Il mit quelques secondes à reprendre ses esprits pendant que je lui balbutiais quelques mots d’excuses : après tout ma réaction avait été totalement disproportionnés par rapport à son comportement… Quand il pu enfin faire le point sur ma figure, il écarquilla son œil valide comme une soucoupe et une odeur nauséabonde m’informa que ses sphincters lui avaient fait défaut avant qu’il ne tourne de l’œil.

Un ricanement léger détourna mon attention du drame qui venait de se produire et je vis à quelques pas de moi un escogriffe à la peau très pâle me dévisageant, encore penché sur un ivrogne allongé dans un tas d’ordure dont il venait de chiper la bourse pas tout à fait plate.
« Je vois que je ne suis pas le seul dans le besoin » me lâcha t’il effrontément avec un sourire goguenard qui semblait étrange sur ce visage couleur craie en jetant un coup d’œil à ma main gauche qui tenait la bourse de mon évanoui… Dans ma phase d’amnésie, j’avais dû trancher la cordelette qui tenait lieu de ceinture à ma victime pour lui piquer son pécule qui, au poids, semblait confortable…

J’allais répliquer vertement quand la façade de l’auberge fut soudainement pulvérisée par un énorme morceau de roche qui venait de tomber du ciel dans un fracas de tous les diables.

Je crachais la poussière qui avait envahi ma gorge quand mon vieillard sortit de son coma temporaire pour de nouveau écarquiller son œil paniqué en bredouillant « par la Sainte Source ! les Zélotes m’ont retrouvé ! Nous sommes perdus ! Syrial est perdu ! ».
Dans un sursaut il s’arracha à ma poigne devenue molle, se prit les pieds dans son pantalon qui venait de lui choir avec son contenu odoriférant sur les chevilles et bascula dans un cri en arrière, se fracassant le crâne sur une pierre saillante du sol, avant que je ne puisse esquisser le moindre mouvement pour tenter de le retenir. Un horrible son d’écrasement m’appris que mon bonhomme était surement décédé…

L’escogriffe à la peau pâle se pencha sur le corps du vieil homme et ne détectant aucun pouls hocha la tête, fataliste avant de se mettre à psalmodier tout en remuant les mains au-dessus du cadavre puis de bondir en arrière comme si une guêpe l’avait piqué.
« Merde alors ! Une Source a revendiqué son âme ! C’était un put*** de Saint ce gusse ! »

Un second projectile démolit une petite cahute proche de la cour de l’auberge, me ramenant à la réalité et me faisant prendre conscience des cris, des hennissements paniqués, du tocsin qui venait de se mettre à sonner…

« Suis-moi, la donzelle ! Si on se retrouve coincés entre les envahisseurs et les gardes, je ne donne pas cher de notre peau ! »

Je rêve où ce type venait de me saisir le bras pour m’entraîner avec lui ! M’arrachant à sa poigne dans un geste d’humeur, je me mis à le suivre en trottant tout en essayant de comprendre pourquoi mon environnement immédiat avait décidé de tourner à l’enfer : le taré qui avait décidé d’attaquer ce pauvre bled y allait maintenant avec des feux grégeois ! Les flammes jetaient un éclairage malsain sur la scène, les gens nous bousculant dans la panique, alors que les quelques gardes locaux fonçaient à contresens pour voir depuis la mince palissade entourant les masures d’où venait ce soudain assaut.

Je n’aurais pas cru que ce village puisse compter autant d’habitants. Prise par la foule qui fonçait vers la porte sud, je sentis la peur me gagner et me débattis pour atteindre avant les autres cet espoir de salut, remarquant à peine mon complice qui en faisait autant de son côté.

Arrivée dans la plaine entourant le village une fois la porte franchie, je constatais que l’envahisseur étais manifestement stupide : il n’avait pris aucune disposition pour cerner le village : une course de huit cents mètres environ nous séparaient des bois les plus proches, et la nuit était notre alliée pour nous fondre dans l’obscurité le temps de la traversée des champs !
Deux signes de tête échangés avec celui que je surnommais désormais « le nécro » compte tenu de sa petite démonstration suffirent à comprendre que nous avions la même idée. Nous commençâmes à trotter rapidement vers l’orée des bois, suivis peu de temps après par la foule qui était arrivée à la même conclusion que nous : le salut est dans la fuite !

C’eut été trop beau : parvenus à mi-chemin, voici que des dizaines de torches s’allumèrent à la lisière de la forêt, démasquant tout autour de nous une troupe à l’allure cauchemardesque de guerriers ténébreux à l’armure couleur brique, certains juchés sur d’étranges montures écailleuses à six pattes et à la gueule garnie de trop de dents à mon goût… ce que j’avais pris pour de la bêtise s’avérait être un astucieux piège pour surprendre un maximum de monde à découvert.



Édité le 15 January 2020 - 16:18 par Arnaud75

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Arnaud75
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RE: This is the end...
le 15 January 2020 - 16:29

Le chef de cet ost, à califourchon sur un de ces étranges lézards, était un gaillard vêtu d’un cuir bleu, aux cheveux assortis et au front ceint d’un bandeau de cuir bleu au centre duquel brillait un saphir de la taille d’un noyau d’abricot. Il leva une épée parcourue d’éclairs donnant ainsi le signal de la charge à la moitié de ses hommes qui se précipitèrent sur nous sans aucun autre bruit que le martèlement de leurs pieds et le chuintement des armes sorties de leur fourreau, le reste de l’armée, équipée des torches, restant immobile pour empêcher tout débordement.

Le nécro à côté de moi sortit une courte faux de son ample manteau et, un sourire carnassier au lèvres, incanta rapidement un sortilège qui nimba la lame de son outil agricole d’une nuée noire légèrement scintillante. Il traça alors de la pointe une ligne devant lui dans le sol et provoqua les adversaires les plus proches :
« Salutations hérétiques, venez donc goûter à ma lame pour la gloire d'Ark'hen! »

Deux guerriers rouges se précipitèrent l’un derrière l’autre sur lui. Le premier à franchir la ligne s’écroule soudain dans un hurlement muet, les yeux révulsés, son comparse stoppant net sa course avant de pointer son épée à la lame dentelée vers le nécromancien en poussant un cri à la limite de l’ultrason.

Quant à moi, je déployais devant moi cinq cartes de tarot enchantées, chacune chargée d’un sortilège de défense ou d’attaque, attendant qu’un ennemi s’approche à portée de tir. Ceux-ci ne tardèrent pas et une carte du scellement paralysa trois d’entre eux, leur cri attirant l’attention d’un de leurs officiers monté sur un de ces lézards étranges. Mes cartes rebondirent sur un bouclier invisible qui semblait protéger ce dernier.

De son côté le nécromant, penché sur le cadavre devant lui, commença à faire appel aux forces obscures qui président à son art maudit. Avec plusieurs soubresauts, le corps du guerrier qu'il avait occis se releva tel un pantin désarticulé, se tourna vers le nécromant et tenta de le frapper maladroitement de son arme à la grande surprise du mage noir. Un autre avait manifestement pris le contrôle de ce mort vivant et il se retrouvait à devoir parer les coups de la chose qu’il avait tenté de réanimer. Quelques passes suffisent à désarmer le zombie, mais au moment de le décapiter, le nécromancien, avertit par son sixième sens plongea à temps pour éviter les griffes d’une monture volante qui avait tenté de le surprendre par derrière. La flèche décochée adroitement par son cavalier en revanche traversa sa cuisse provoquant une intense douleur.

La situation tourna vite en défaveur des assiégés qui se retrouvèrent dispersés en petits groupes cernés d’ennemis, éclairés par les flammes dévorant maintenant l’intégralité du village.

Alors que le nécromancien esquivait un nouveau trait décoché par le cavalier du griffon à deux têtes qui survolait le champ de bataille, je redirigeais mon attention sur le cavalier qui me fonçait dessus en agitant un fléau aux pointes peu avenantes. Je lui balançais une nouvelle carte mortelle, mais ce damné adversaire la détourna d’un moulinet de son arme, l’envoyant exploser au milieu d’une nué de ses sbires qui s’était écartés pour lui laisser le passage. Je pouvais maintenant voir ses yeux rouges injectés d’un sang violet braqués sur moi… qui s’agrandirent soudain de surprise, le faisant piler sur place puis foncer dans l’autre sens en direction d’une masse d’éclairs bleus en mouvement à l’autre bout de la plaine.

Ce revirement avait laissé une large allée au milieu du cercle de nos assaillants et, poussant un cri de ralliement, je fonçais tête baissée dans la brèche.

Arrachant le trait qui crucifiait sa cuisse, le nécromant condensa les gouttelettes de sang jaillissant de la blessure en autant de projectiles magiques qu’il fit pleuvoir sur ses adversaires avant d’entendre le cri derrière lui. Se retournant il vit le passage libéré et se précipita en boitillant à la suite de la troupe de villageois qui s’étaient engagés derrière la cartomancienne, non sans oublier de jeter un dernier sort dont l’effet fit jaillir des mains squelettiques du sol pour entraver les ennemis susceptibles de le poursuivre.

Au même moment un hurlement se fit entendre depuis la zone où pleuvaient des éclairs et je remarquais, lorsque je me tournais pour voir si j’étais poursuivie, que l’ensemble de l’armée ennemie visible s’était tournée vers mon petit groupe de fuyards. Nous étions devenus une cible prioritaire à les voir tous foncer à nos trousses ! Je plongeais avec soulagement entre les troncs qui marquaient la frontière de la forêt et m’enfonçais dans les buissons, ignorant la griffure des ronces, pressée de me mettre à l’abri le plus loin possible de cette plaine où un village entier se faisait étriper sans sommation.

Dans ma précipitation, je manquais de percuter une étrange créature au corps rond, couvert de plaques d’armure, chevauchée par un guerrier aussi surpris que moi par cette rencontre, en train de finir de grignoter une brochette, son épée à deux mains accrochée dans son dos.

A la lisière du bois le nécromancien s’était arrêté le temps d’invoquer un squelette, attirant sur lui la masse des guerriers lancé à leur poursuite. Voyant cela, il invoqua un halo fuligineux autour de lui et d’une voix sépulcrale portant au loin les provoqua : « Qu'êtes-vous venus chercher ?! D'où vient cet acharnement ?! Éloignez-vous de moi ou subissez le juste châtiment ! »

Puis il fit apparaître deux spectres à ses côtés. En réponse, les lames de ses adversaires en train de se déployer en arc de cercle pour le cerner se mirent à luire d’un bleu malsain. Les deux spectres chargèrent mais se firent pourfendre par les armes enchantées, provoquant une vive douleur à leur invocateur qui remarqua alors que des mages eux aussi couleur brique se tenaient en retrait des fantassins, en pleine incantation. Il vit alors un cercle magique fluorescent se dessiner autour de ses pieds… tenteraient ils un asservissement ?

Les cris dans la plaine me ramenèrent à mes priorités et, contournant le guerrier taciturne, je me précipitais de nouveau dans les sous-bois, rapidement suivie par les quelques villageois qui avaient profité comme moi de la brèche. Une migraine commençait à poindre, me poignardant la cervelle par à coup, comme en réponse aux pulsations de lumière bleue qui se rapprochaient depuis la plaine dans mon dos.

Quelques flèches tirées depuis le ciel à travers les frondaisons manquèrent de peu le guerrier à la brochette et sa monture. Ils se dirent qu’il était peut-être temps de mettre eux aussi les bouts, d’autant plus que l’armée de guerrier rouge avait atteint l’orée de la forêt et commençait sa battue.

Le nécromant voyant le cercle magique prendre de la force et un genre de dôme lumineux tout bleu et parcouru d’éclairs foncer dans sa direction depuis l’autre extrémité de la plaine fit rapidement le calcul que s’il ne prenait pas ses jambes à son cou, s’en serait finit de cette enveloppe charnelle… sacrifiant son garde du corps squelette en l’envoyant jouer les kamikazes contre un des mages en train d’invoquer, il profita de l’instant d’inattention provoqué par l’explosion osseuse pour se carapater, talonné rapidement par les fantassins furibards.

Je poursuivais ma course difficile à travers les broussailles, cette fichue migraine augmentant, m’aveuglant presque par moment. Sentant que ma tête allait exploser, je tombais un genou à terre et plaquait ma main sur mon front et mes yeux douloureux. Je sentis la pierre qui s’était incrustée dans la chair et l’os de mon crâne pulser. Un flash lumineux, une succession d’images : je vis une montagne, puis un genre de dragon volant très haut, un lac aux eaux violettes entouré de berges d’une blancheur d’ivoire… et le retour à la réalité me laissant un peu nauséeuse.

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Arnaud75
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RE: This is the end...
le 15 January 2020 - 19:33

Une vague d’éclairs bleutés déchira le sous-bois à une vingtaine de mètre de ma position, étêtant les arbres à une hauteur de deux mètres du sol sur trois mètres de large… la vache ! Ils n’y allaient pas avec le dos de la cuillère les bourrins en face.
Malgré l’image rémanente de cette vive lumière, je repérais des guerriers rouges en approche, précédés par la silhouette du cadavre ambulant que j’avais croisé dans la cour de l’auberge, juste derrière eux ce dôme d’énergie bleue…

Tentant le tout pour le tout je lançais quelques cartes en l’air et les précipitais vers le centre dôme avant de reprendre ma course effrénée. En me retournant une seconde pour surveiller nos poursuivants je remarquais la silhouette en armure bleue au centre du dôme qui arrachait une de mes cartes de son épaulette en hurlant dans un sabir étrange… mais que sans savoir pourquoi je décryptais : « dix âmes à celui qui me livrera la tête de cette cartomancienne de malheur ! »

Cet ordre galvanisa nos poursuivants qui redoublèrent d’effort pour nous attraper. J’entendis plusieurs des paysans qui avaient réussi à fuir hurler lorsqu’ils furent rattrapés. Des adversaires surgissaient de partout, et sans l’intervention du guerrier sur sa bestiole caparaçonnée et les derniers sorts du nécromant, nous n’aurions jamais réussi à fuir hors de portée.

A la levée du jour, nous nous retrouvâmes à six : un trappeur armé d’un arc, deux pécores les mains vides pleurant leur mère en silence, le guerrier et sa bestiole, le nécro et moi planqués dans une fissure entre deux roches moussue, entendant le battement des ailes des montures à deux têtes de nos ennemis survoler les bois, avant que le soleil ne les chasse.

Après une bonne heure à guetter les mouvements autour de nous, le trappeur nous indiqua qu’à son avis nos adversaires avaient quitté les lieux, les sons normaux de la forêt étant revenus petit à petit. Sa connaissance des lieux lui permit de nous guider rapidement jusqu’à des sentiers discrets et progresser de plusieurs kilomètres jusqu’à une falaise percée d’une multitude de cavernes, en plein cœur de la forêt.

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RE: This is the end...
le 16 January 2020 - 19:22

Chapitre deux : les mystères se multiplient

Ce trappeur était bien plus qu’un simple homme des bois : en effet la grotte où il nous avait emmenés servait aussi manifestement de planque à une bande de contrebandiers à en croire les aménagements intérieurs et les caisses de fournitures diverses estampillées du blason de l’armée royale entassées au fond de notre abri. Selon lui les locataires habituels des lieux ne seraient pas là avant quelques jours, mais il faudrait laisser les lieux nickels après notre passage et ne surtout pas toucher à la marchandise.

Je me reposais de toutes nos émotions sur une couverture étalée à même la roche, triant les cartes qui me restaient d’une main et massant la gemme incrustée sur mon front de l’autre. Par moment des flashs m’entrainaient en songe vers cette montagne ou ce lac étrange aux eaux violettes, et j’en émergeais groggy.

J’en avais appris un peu plus sur mes compagnons : le nécromant s’appelait Mashan et était en réalité un corps recomposé habité par l’âme d’un mage noir mort des décades plus tôt, mais dont l’âme avait refusé de quitter ce bas monde tant que son destin ne serait pas accompli… Le grand guerrier venu des tribus barbares du Sud répondait au patronyme de Kurash, et sa monture bizarroïde était un Tatou nommé Mozor. Les deux paysans avaient fui les lieux dès qu’ils l’avaient pu et j’avais choisi de ne pas retenir leurs noms. Enfin Finraël le forestier nous rapportait trois lapins pour notre dîner. Il nous annonça qu’il quitterait à son tour les lieux pour rejoindre des amis habitant dans le secteur au lever du jour et nous invitait à nous aussi partir avant que les contrebandiers ne nous surprennent.

Après une discussion morose sur notre situation autour du micro feu qui nous avait servi à cuire notre dîner, je suis allée me recroqueviller sur ma couverture. La bosse formée par la bourse du vieux bouc à cause de qui tout ce bordel était arrivé me gêna et je tirais dessus pour la déplacer quand un bruit de couture qui se déchire retenti. Me redressant j’inspectait le petit sac de cuir et me rendis compte que la bourse avait une doublure de laquelle sortait un coin de parchemin. Toute excitée par ma découverte, j’inspectait le vélin : un laisser-passer marqué du sceau de la Reine elle-même ! Cela expliquait la richesse de mon vieillard, plusieurs pièces de bon or, et me fis regretter d’avoir été trop bourrée pour écouter ce qu’il avait à dire avant de lui fracasser la tête… Mashan fut surpris comme moi de cette découverte, qui laissa en revanche le barbare de marbre, tout occupé qu’il était à retirer les poux d’entre les plaques d’armure naturelles de sa bête de somme.

Au petit matin nous avions finalement décidé tous les trois d’aller rapporter les événements aux autorités de la capitale : qu’une armée dévaste les villages syrianiens méritait surement toutes les attentions du gouvernement. Finraël eut la gentillesse de nous indiquer le plus court chemin pour rejoindre la grand-route commerçante qui traversait ce coin de la Grande Forêt qui occupait 80% du continent.

Ah, j’allais oublier… mais il s’est passé un truc super bizarre. Avant de quitter la grotte avec notre maigre bardas et quelques provisions offertes par Finarël, je me suis écartée dans un bosquet pour répondre à l’appel de la nature, et là, je jurerait qu’une scène étrange s’est passée : une de ces saloperies de scorpion cavernicole m’a grimpé le long de la jambe gauche alors que j’étais accroupie entre les branches et, au lieu de flipper ma race et d’essayer de le chasser sans me faire trucider par son dard empoisonné, je l’ai laissé faire jusqu’à ce qu’il atterrisse dans ma main où il a révérencieusement déposé une goutte de venin grosse comme une baie de cassis sur mon index avant de repartir à reculons par le même chemin… et moi comme en transe j’ai avalé le poison sans état d’âme… je suis sûre que j’ai rêvé, le poison de ce scorpion est l’un des plus virulent au monde ! N’empêche que depuis je conservais le goût de ce nectar qui avait eu la vertu de me redonner de l’énergie… Je me gardais bien d’en parler à mes compagnons qui m’auraient définitivement classée au rang des aliénées.

Je retrouvais ces deux derniers prêts à partir, sauf que Mashan, qui ne l’avais jamais mentionnée jusque là, demanda à examiner la gemme sur mon front de plus près. Kurash se frotta les yeux et les écarquilla un grand coup : « ah ouais, t’as un bout de verroterie incrusté dans le front ! je n’avais pas fait gaffe »

Je déclinais nerveusement l’offre du nécromancien : comment faire confiance à une engeance qui triture des cadavres… beurk ! Nous nous mîmes en route et rejoignirent comme l’avait annoncé le forestier la grand-route après deux bons kilomètres de marche à travers les ronces. Nous nous orientâmes pour prendre la direction du Nord-Ouest et de la capitale. Après une bonne heure de marche, le son d’une cavalcade dans notre dos attira notre attention. Un énorme guerrier portant un tabar aux armes de la Coalition nous fonçait droit dessus sur un canasson écumant, suivit de quelques ruffians de moindre acabit eux aussi vêtus d’écarlate. Son cri « Coalition Destruction » et la hache qu’il faisait tournoyer indiquait clairement ses envies homicides à notre endroit.
Mashan se planta au milieu de la route en maugréant « Mais ce n'est pas vrai, mais ce n'est pas vraiiiiiii ! Cassez-vous de mon chemin, je ne suis pas d'humeur ! »

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RE: This is the end...
le 17 January 2020 - 16:52

Je vis le mage noir esquiver sans difficulté le coup de hache et les chevaux des autres gugusses qui poursuivirent sur leur lancée, frappant les arbres à leur passage comme s’ils y voyaient des ennemis. Nous les regardâmes interloqués poursuivre leur course folle et disparaître au loin. Je profitais des entailles faites dans les arbres pour récolter dans des feuilles fraîches quelques échantillons de sèves potentiellement utilisable pour des potions alchimiques, mon petit hobby à moi.

Les mabouls de la coalition ne repointèrent pas le bout de leur nez, ce qui agaça Mashan (et nous fit rigoler Kurash et moi) quand il se retrouva avec les trois goules qu’il avait invoquées ne servant plus à rien si ce n’est schlinguer en titubant.

Kurash nous surprit en nous demandant qu’elle était l’espèce d’oiseau géant qui nous avait survolé pendant la charge des coalisés. Mashan et moi n’avions rien vu…

Avec l’avancée de la matinée, la route commença à se peupler : paysans rapportant du bois fraîchement coupé, carriole de marchand, voyageurs, etc. Compte tenu de l’allure de Mashan et de ses compagnons putréfiés, peu parmi eux acceptèrent de discuter avec nous.
Et parmi ceux qui acceptèrent, aucun n’avait eu vent de l’attaque sur le village et seule une petite caravane d’artisans itinérants avait croisé les coalisés : eux aussi les avaient pris pour des dingos, sauf le grand père un peu cinoque qu’ils trimbalaient avec eux et qui débitait en sourdine une litanie à propos d’une « dame blanche qui changeraient les hommes en marionnettes… »

La fin de la journée arriva bien tard pour nos pieds fatigués de marcher et c’est avec soulagement que nous parvînmes à un grand campement dans une vaste clairière sur le côté droit de la grand-route. Là, un assortiment hétéroclite de carrioles, chariots bâchés, cages d’animaux sur roue, et autres véhicules étaient parqués selon un ordre simple : au centre une grande tente des Gagnetorith, la plus puissante fédération marchande du monde connu entourée par trois camps disposés en triangle autour, un pour chacune des factions : Ordre, Coalition et Empire. Des mercenaires Gagnetorith veillaient manifestement à ce qu’aucune prise de bec entre faction ne vienne troubler l’ordre établi.

Ce fut un de ces gardes qui nous accueillit à l’entrée du camp : contre un écot symbolique, nous pouvions entrer, camper et profiter de la possibilité de commercer avec les marchands présents. Il nous indiqua qu’il y avait même une taverne dans la grande tente au centre. En revanche il était hors de question que les goules de Mashan nous suivent. Enfin il précisa qu’il n’était pas sûr de camper hors du camp.

Mashan renvoya ses serviteurs à la tombe qu’ils n’auraient jamais dû quitter et nous explorâmes les lieux. J’en profitait pour faire quelques emplettes histoire d’avoir des habits de rechange et de reconstituer mon jeu de carte qui avait bien diminué pendant le combat contre les guerriers rouges.

Nous en avons profité pour glaner quelques renseignements : personne n’avait entendu parler de l’attaque ou du gugusse au saphir. En revanche les dingos de la coalition avaient attaqué le camp et étaient retenus en cage dans le campement coalisé. Ils avaient manifestement perdu la raison et mordaient les barreaux pour tenter de s’échapper.

Et puis les inévitables rumeurs : les Gagnetorith feraient de la contrebande à travers la forêt ce qui leur permettrait de casser les prix sur certains biens précieux , une "dame blanche" serait en train de lever une armée dans les montagnes du Nord du continent de Keos, région fort inhospitalière, un assassin aurait été surpris et abattu par la garde de la Reine dans le Palais de Galae, une petite créature humanoïde, aux pieds nus et velus, chercherait une "Montagne du Destin" en prétendant vouloir y jeter un anneau en cuivre recouvert de vert-de-gris qu'il passerait à son doigt en disant "hop je suis invisible" , ce qui ne fonctionne pas et enfin, on aurait retrouvé une flottille de navire pirate échouée sur une plage au sud, Les quelques corps retrouvés présenteraient tous les signes d'un foudroiement.

De son côté, Kurash qui avait tout son équipement rencontrait un certain succès avec son étrange monture qu’une horde de gamin était venue voir. Les parents furent vite rassurés de voir le grand barbare éviter qu’une main ne soit happée par la créature qui finit par supporter la marmaille qui hurlait de rire en montant sur son dos. Il fit rapidement connaissance de la troupe de saltimbanques d’où venait les minots et fut content d’annoncer à ses deux compagnons lorsqu'ils eurent fini de se faire truander par tous les marchands du camp qu’une place leur était réservée pour le dîner avec le cirque ambulant. Ils pourraient même dormir sous les chariots sans avoir à dépenser le moindre fifrelin pour une tente chez les marchands.

Nous profitâmes de la généreuse invitation et passâmes une excellente soirée à manger des plats étrangement épicés, à voir des tours impressionnants et à nous lier d’amitié avec ces gens simples et généreux. Je devins même complice d’une dresseuse de chat, surnommée Maminette pour jouer un tour pendable à son grand frère allergique aux poils des félins, ce dernier finissant plongé dans un baquet d’eau pour les chevaux pour se débarrasser de la pluie de petits poils qu’une de mes cartes planant au-dessus de lui avait largués.

Seul bémol à cette soirée parfaite, le dresseur de serpent annonçant qu’un de ses protégés s’était fait la malle : aucun risque de morsure si on ne l’attaquait pas directement, mais merci de le prévenir… cela ne semblant pas déranger les membres de la tribu, je classais l’information sans suite.

Nous finîmes par aller nous coucher, et j’acceptais l’invitation de Maminette à dormir dans sa carriole avec se chats trop mignons. Kurash alla se rouler en boule contre son tatou près du feu et Mashan partit dans les ombres invoquer un genre de garde du corps pour la nuit. J’ai préféré ne pas demander quoi…

Alors que je dormais profondément, une boule de poils ronronnante me réchauffant le ventre, un fracas soudain me tira des bras de Morphée, puis le cri de Mashan : « alerte ! on nous attaque ! »
Je fis signe à Maminette de se planquer avec ses matous, et cartes en main je sortit de la roulotte.
Le campement était devenu fou, et un mélange hétéroclite de gardes gagnetorith, de marchands de l’empire et de la coalition menés par le Berzerker écumant qui nous avait chargé sur la route était en train de s’en prendre à nos amis forains ! Ni une ni deux je sautais de mon perchoir pour ressentir une très vive douleur au mollet lors de mon atterrissage : je vis les anneaux d’un long et fin serpent noir tacheté de vert s’agiter autour de mon pied, les crochets de ce dernier plantés dans ma jambe…
Je ne sais toujours pas pourquoi, mais la lueur d’adoration que je vis alors dans l’œil du reptile retint mon réflexe de le foudroyer d’une de mes cartes. Et au lieu de m’écrouler terrassée par le poison, je me sentis revigorée comme jamais. Je perçu derrière moi le regard soupçonneux de Mashan qui secoua finalement la tête comme pour s’ôter une idée saugrenue de l’esprit.

L’intervention de ce dernier et de l’étrange créature humanoïde qu’il avait invoquée, ainsi que la longue épée du barbare freina l’assaut et permit aux hommes de la caravane des saltimbanques de s’armer pour se défendre. Je n’étais pas en reste avec mes cartes. Je constatais toutefois rapidement que nos adversaires ne faisaient aucun cas des blessures qu’ils subissaient. J’en vis notamment un se faire piétiner à mort par le tatou furibard et se relever sans broncher malgré ses multiples fractures. Je remarquais alors ses iris d’un blanc délavés...

Mashan profita bien entendu des cadavres tout frais qui jonchaient le sol et en releva une demi-douzaine qu’il envoya seconder son espèce de démon. Kurash et son tatou faisaient barrage de leur corps pour couvrir les femmes et les enfants qui s’étaient réfugiés derrière la grosse créature en armure.

J’eu soudain l’intuition que la source de tous nos problèmes était non loin, quelque part du côté de la route. D’un cri j’invitais mes compagnons et les forains à me suivre pour nous éloigner du carnage en cours entre envoûtés et marchands sains d’esprit et chercher ceux qui avaient déclenché tout ça.

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Arnaud75
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RE: This is the end...
le 17 January 2020 - 16:58

La route fut rapidement atteinte et nous remontâmes vers le Nord pour finir par apercevoir ce qui semblait être une fillette toute de blanc vêtue, aux yeux et aux cheveux entièrement blancs, débitant de sa petite voix une comptine enfantine en se balançant d’avant en arrière.

Le tatou refusa d’avancer plus loin, effrayé par quelque chose d’invisible pour nous. Le démon invoqué par Mashan semblait nerveux et moi je sentais ma pierre palpiter sur mon front, heureusement sans aucune migraine cette fois.
C’est alors que je vis que la gamine avait elle aussi une pierre incrustée au milieu du front, blanche et brillante comme la neige. Mon bras gauche me démangea un court instant et j’y vit imprimée comme un tatouage la silhouette du serpent qui m’avait mordu un peu plus tôt. Instinctivement j’y vis une arme à ma disposition.

Mashan lança le signal de l’attaque en envoyant son démon et quelques morts vivant charger la gamine, je lançais immédiatement une carte du scellement pour la capturer.
Avec une rapidité foudroyante quelque chose, une ombre gigantesque, balaya la zone emportant avec elle les serviteurs du nécromant. La carte se planta au pieds de l’enfant mais sembla avoir peu d’effet, ses lèvres continuant à remuer.

C’est alors que le barbare me surprit au-delà de l’imaginable en demandant à l’enfant si elle avait perdu ses parents !

La cause de la disparition des jouets de Mashan se posa alors entre nous et la môme : une wiverne ! créature légendaire qui ne vivait que sur le continent de Kéos à plusieurs milliers de kilomètres d’ici !

J’allais me plaquer derrière un tronc, accompagnée du nécromancien qui me dévisagea avant d’envoyer trois sphères ténébreuses tourner autour de la tête du monstre. Il tendit soudain la main vers mon front en m’ordonnant de na pas bouger. Je lui attrapais le poignet, furieuse, mais il rétorqua que ce n’était qu’une détection de la magie pour savoir si mon étrange caillou n’y était pas pour quelque chose. Il en fut pour ses frais, seules mes cartes se mettant à luire, attirant l’attention de la wiverne sur notre abri. Elle croqua l’une des sphères au vol, la faisaient purement et simplement disparaître et balaya les arbres proches de nous d’un coup de queue, nous faisant plonger à découvert sur la route.

Je remarquais alors que Kurash s’était rapproché de nous l’épée à la main, un regard furieux posé sur Mashan : avait-il cherché à venir à mon aide ? Pas le temps de réfléchir à ça, il fallait s’occuper du monstre !

L’un des saltimbanques qui nous avait suivi parvint à planter un couteau de jet dans le cuir de la créature, détournant son attention au point que sa tête heurta une des sphères de Mashan qui explosa sans lui faire de gros dégâts, mais la sonnant assez pour que le coup de queue lancé en réplique passe loin de sa cible en pleine fuite.

Kurash en profita pour charger le monstre tout en ordonnant à sa monture d’attraper la gamine. Moi aussi je me mis à courir pour essayer de capturer cette saleté de môme qui avait créé tout ce chaos dans le camp. Je crus entendre Mashan essayer de me dire quelque chose mais n’y prêtais aucune attention.

D’une glissade habile et d’un rétablissement j’esquivait la queue du monstre qui alla finir sa course dans le plexus d’un saltimbanque qui vola à plusieurs mètres dans un écœurant craquement d’os. Je sentis plus que je ne vis le couteau de Mashan rebondir sur le cou de la Wiverne au-dessus de moi et entendis l’impact de l’épée de Kurash puis le cri du monstre en retour.

Devant moi Mozor arriva à toute vitesse et ouvrit la mâchoire pour saisir l’enfant qui l’esquiva d’un entrechat avant de le frapper de ses deux petites mains paumes ouvertes. L’animal fut projeté contre les troncs à dix mètres de là avant de rouler au sol complètement sonné. Derrière moi j’entendis les dents du monstre croquer dans un de nos alliés dont le hurlement se changea rapidement en un gargouillis immonde.
Je me ressaisis et profitais que l’attention de l’enfant soit encore tournée vers le tatou pour la plaquer au sol. Je croisais son étrange regard : ses yeux blancs aux iris légèrement striés de noir semblèrent lire au plus profond de mon âme et je sentis rapidement une force étrangère tentant de prendre le contrôle de mon corps telle une aiguille chauffée à blanc pénétrant mon cerveau. Toutefois une espèce de brume violette alla à la rencontre de l’aiguille pour la repousser lentement mais surement. Après un instant de surprise la gamine écrasée sous mon poids commença à paniquer et à se débattre tout en essayant à nouveau de dominer ma volonté.
Comme dans un songe je me vis descendre mon visage vers le sien puis se pencher pour mordre à la l’épaule. Le hurlement silencieux de l’enfant que je ressentis pourtant au niveau psychique me tira de la brume et me redressant je remarquais les deux petits points rouges et légèrement boursouflés laissés par ma morsure sur l’épaule de la gamine, tels ceux laissés par le serpent sur mon mollet… le corps sous moi s’affaissa, privé de conscience.

Mon attention fut alors attirée par la perle blanche sur le front de l’enfant qui se stria soudain de violet avant de se détacher pour tomber au creux de ma main et se dissoudre dans une étrange fumée qui pénétra mon organisme à ma première inspiration.
Les quelques drogues alchimiques qu’il m’avait été donnée d’essayer lors de mes études n’avait jamais eu un tel effet euphorique sur moi ! Je me sentais incroyablement puissante ! le monde était à mes pieds !

Le hurlement de deuil de la wiverne qui prit son envol me tira de mon délire mégalomane aussi efficacement qu’un seau d’eau glacée.

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Arnaud75
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RE: This is the end...
le 17 January 2020 - 17:00

Je pus alors contempler le spectacle de désolation derrière moi. Il avait dû se passer un certain laps de temps depuis que j’avais plaqué la gamine au sol : la scène était jonchée de cadavres et de bouts d’écaille. Kurash, la chemise en lambeau et du sang goutant de multiples petites plaies se tenait debout, essoufflé, la pointe de son épée posée au sol. Mashan rappelait un cadavre réanimé près de lui, le berzerker fou de la coalition et certains de ses compagnons était assis par terre, hébétés, comme des marionnettes dont on viendrait de couper les fils.

Mashan, voyant que tout danger semblait maintenant écarté, vint vers moi après avoir tiré de son baluchon une longueur de corde pour saucissonner la gamine et un bout de tissus sale pour lui bander la bouche et les yeux. Mais l’évidence se révéla bien vite : elle était morte. Mashan insista tout de même pour trimbaler son petit cadavre, persuadé de pour voir trouver des indices sur ce corps à la lumière du jour.

La rumeur que nous étions pour beaucoup dans la fin de ce cauchemar fit le tour du campement et nous reçûmes nombres de remerciements. Le chef de la caravane des saltimbanques nous annonça que nous faisions désormais partie de leur famille, ayant été les seuls à prendre leur défense pendant cette sanglante nuit. Il remit un petit totem à Kurash, symbole de cette appartenance qu’il pourrait présenter à tout gens du spectacle itinérant. Je fus ravagée de tristesse en apprenant que Maminette faisait partie des innocentes victimes.
Les gagnetoriths, fidèles à leur idée du fonctionnement du monde nous récompensèrent chacun d’une bourse rebondie, les autres marchands en réparant nos équipements abîmés, soignant le tatou blessé et nous offrant des montures à Kurash (Mozor ne pourrait rien porter pendant plusieurs jours) et moi. Mashan dû se contenter d’un genre de pousse-pousse mû par la magie, aucune créature vivante n’acceptant de le prendre sur son dos ; Il pourrait profiter de la malle arrière de l’engin pour y transporter le corps de la gamine.

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RE: This is the end...
le 20 January 2020 - 19:15

Chapitre 3 : Galaé

La journée suivant les incidents fut consacrée à réparer ce qui pouvait l’être, à soigner les blessés et à enterrer les morts. Une aura de tristesse régnait sur le campement. Nous avions toutefois pu lier des contacts avec tous les groupes présents, potentiellement utiles à l’avenir. Kurash et moi allâmes voir les survivants parmi les envoûtés : la plupart, dont le berzerker étaient au-delà de tout espoir de guérison, leur esprit les ayant définitivement désertés, les laissant à l’état de légumes. Certains s’en étaient toutefois sortis : ils se souvenaient seulement d'être tombés sur un village en ruine depuis plusieurs siècles dans lequel ils auraient entendu une petite fille pleurer qu'elle avait perdu tous ses amis - puis le noir total jusqu'à leur réveil dans la forêt.

Les syrianiens présents nous prièrent de se joindre à eux pour rejoindre Galaé : l’efficacité que nous avions démontrée pour vaincre nos ennemis de la veille les avait impressionnés. Nous acceptâmes volontiers.

Pendant ce temps, Mashan s’était enfermé dans une roulotte avec le cadavre de l’enfant. A notre retour il nous fit remarquer certaines bizarrerie : il aurait juré qu’elle avait une pierre sur le front, or il n’en trouvait nulle trace, et il y avait ces deux étranges traces sur son épaule, comme des trous d’épingle par lesquels il était persuadé qu’une substance avait été injectée. Il nous expliqua ensuite qu’avec un rituel dont il avait le secret il avait tenté de convoquer l’âme de la défunte, mais qu’il avait l’impression qu’elle avait déjà dû se réincarner… Il n’avait capté que quelques images :
- l'image d'un village avec des gens et des enfants heureux
- le même village en ruine
- un groupe de guerrier de la coalition vu du ciel
- le visage souriant d'une femme lui ressemblant
- une course à travers un paysage de rizières comme si elle était poursuivie
- la wiverne, sa petite main qui caresse l'animal
- une caverne sombre, un autel sacrificiel, une pierre blanche qui descend vers son visage
- un visage d'homme, les yeux remplis de haine avec un saphir au milieu du front
- un orage réduisant les arbres en poudre, un sentiment d'urgence
- les yeux d'Antonia parcourus d'éclairs violets, la peur

Le temps qu’il termine de ranger son barda et lance un nouveau sort de conservation sur le corps, la caravane marchande était prête à reprendre la route vers la capitale.

Après deux longues journées de voyage sans problème, j’eu la joie de revoir les murailles et les tours élancées de la perle de Syrial ! Galaé…

Un rapide conciliabule avec mes deux camarades et nous décidâmes de prendre directement la direction du palais. Quelques représentants des marchands nous précédèrent pour rapporter l’incident du campement. La garde à l’entrée nous indiqua que nous aurions à témoigner et on nous conduisit vers poste de garde, après que nous ayons déposé en consignes nos armes, rien de plus grand qu’une dague n’étant toléré. Je me moquais un peu de ces règles de sécurité, les gardes ne m’ayant pas confisqué mes cartes !

Arrivé en vue du bâtiment, un officier en armure rutilante, le nez aquilin et les cheveux plaqués en arrière, manifestement très imbu de sa personne, nous fit savoir qu’il acceptait de s’abaisser à parler à des gens de notre misérable condition pour les seuls besoins de l’enquête et que nos témoignages allait être relevés par le secrétaire administratif, un type courtaud vêtu d’une bure trop grande et au crâne parsemé d’épis de cheveux d’un brun délavé assis derrière une table de cuisine sortie pour l’occasion. Puis l’officier exigea de voir nos preuves en nous prévenant que les simples paroles de croquants tels que nous n’avaient que peu de valeur…

Mashan eut un temps de réflexion, puis il ouvrit sa malle, en sortit le cadavre enveloppé d’un linceul, le déposa sur le plateau de bois du meuble et ouvrit le tissu mortuaire. L’officier s’évanouit aussitôt. Le sourire en coin du secrétaire administratif n’échappa à aucun de nous trois. Il nous pria de patienter un peu le temps qu’il aille chercher du renfort. Un sergent, manifestement un vétéran, arriva accompagné d’une petite troupe qui se chargea de transporter l’officier trop sensible et nous fit signe de le suivre dans le bâtiment : "Désolé pour le Capitaine, il doit son poste à la position de son père à la Cour. Expliquer moi donc ce foutoir et pourquoi vous trimbalez un cadavre avec vous sur plusieurs kilomètres !"


Nous lui décrîmes l’assaut des soldats couleur brique, l’homme au front ceint d’un saphir à leur tête, notre fuite (sans préciser la présence des contrebandiers), l’arrivée au campement et le drame de la nuit… Mashan conclut sur ces mots : « Ce cadavre est le sujet de quelques points obscurs et nécessiterait une autopsie par des spécialistes de l'occulte: constatez les deux perforations ici, ses yeux blancs, la marque blanche sur son front vestige d'une gemme.
En outre, elle a envoûté de nombreuses personnes et semble très liée à une wiverne aux yeux blancs capable d'absorber la magie, tellement liée que son âme a été emportée de façon inaccessible aux gens de ma profession.
J'ai cependant pu accéder à certains souvenirs comprenant l'homme au front de saphir, sans avoir plus d'informations. »

Je priais moi aussi le sergent de me permettre d’avoir un tête-à-tête avec ces spécialistes. Mashan tenta de me persuader de le laisser m’accompagner, mais je refusais : ce qui m’arrivais était trop étrange et intime, et je ne lui faisais pas assez confiance.


Le sergent se montra très efficace et rapidement deux hommes assez âgés, vêtu de la bure du culte de Sin se présentèrent à nous. Ils nous firent répéter une fois de plus nos témoignages, puis ils examinèrent le corps de l'enfant. Effectivement ils virent la morsure qui leur rappela celle d'un serpent, mais pas la trace de la gemme.

Le plus âgés tenta un sort simple de nécromancie de dialogue de l'âme et conclu comme Mashan que l'âme de cette gamine avait déserté le monde matériel. Il était malheureusement trop tard selon lui pour tenter d'aller plus loin.
Il constata aussi que cette enfant ne venait pas de Syrial mais ne parvint pas à dire si elle vinait de l'Empire ou de la Coalition, voire d'ailleurs.

Le second lança alors une conjuration de très haut niveau et invoqua un esprit. Une sorte de petite poupée de bois, couverte de petites feuilles apparut dans le cercle magique qu'il avait dressé. Après s'être assuré de bien contrôler son invocation, il lui donna quelques ordres dans un langage qui nous était incompréhensible mais qui me donna des frissons. La poupée, d'une quinzaine de centimètres de haut se promena alors sur et tout autour du cadavre, le touchant, le pinçant ou le caressant en chantonnant d'une petite voix aiguë et très désagréable. Une fois sa danse terminée, homoncule revint vers son maître et lui fit un long rapport dans son langage particulier avant de s'évaporer dans un nuage de fumée verte.

Le mage semblait littéralement abasourdi par ce qu'il avait entendu, il prit son confrère par Le bras et l'attira dans un coin pour chuchoter quelques mots. J’eu beau tendre l’oreille, je ne parvins pas à entendre quoi que ce soit.
Celui des deux qui semblait être le chef finit par demander au Sergent de nous installer confortablement dans un salon du Palais, nous priant de rester à leur disposition : une autorité supérieure devait être interroger pour la suite des événements. Ils envoyèrent le secrétaire avec une note rapidement rédigée et son rapport.

J’en profitais pour demander à parler en privé avec celui qui avait invoqué l’homoncule. Mashan suivant mon idée alla voir l’autre. Kurash, lui, décida d’inspecter de plus près le corps.

Le mage était un homme de taille moyenne, aux longs cheveux blonds. Il embaumait le bois de santal et d’autres herbes rares que l’on rencontre dans certains laboratoires. Une fois à l’écart dans une alcôve, je lui débitais assez abruptement que je ne comprenais pas comment cette gemme violette s’était incrustée sur mon front, qui me donnait des visions et m’avait immunisée aux poisons…

Il me dévisagea un moment comme si mes paroles n’avaient pas de sens, puis se concentra, le plissement de son front le rendant, je dû le reconnaître, particulièrement attirant. Ses yeux s’écarquillèrent soudain : "et bah c'est pas banal cartomancienne : ce truc sait se cacher aux regards ! Permettez..."
Il passa son doigt sur la pierre, se pencha pour la voir de plus près (faisant monter mon rythme cardiaque au passage), recula, regarda de face, de profil.
"C'est très étrange, maintenant que je sais qu'elle est là, l'injonction ne fonctionne plus. Vraiment étrange... comment est-ce arrivé ?"

Je répondis en bredouillant : "Difficile à dire : il y a eu un vieux qui avait l'air de fuir quelque chose, il a perdu cette pierre... et là je crois qu'elle a dû me contrôler un instant parce que je n'avais pas envie de me coller ÇA sur le front mais je l'ai fait.
Et ensuite on s'est fait attaquer."

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Arnaud75
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RE: This is the end...
le 20 January 2020 - 19:18

Il me pria de décrire « le vieux ». Ma mémoire étant excellente, je lui fournis un portrait très détaillé. Au fur et à mesure son visage angélique prenait un teint de craie. Avalant sa salive il repris la parole :

- "bon, alors si je comprends bien vous avez croisé la route d'Antazagonias, conseiller pour le renseignement de Sa très haute Majesté la Reine et dont nous n'avons plus de nouvelle depuis plusieurs jours - de vos propos je déduis qu'il n'a pas survécut à l'attaque que vous avez mentionnée - A t'il pu vous parler de cet artefact ? Il devait vouloir le rapporter ici...Ah ! c'est trop rageant ! Avez-vous trouvé autre chose ? Et cette créature dont le cadavre orne cette table, que pouvez-vous me dire de plus à son sujet ? J'avoue que les bribes de témoignages relevés pour le moment ne donnent guère d'indices... »

- "La gamine avait une sorte de pierre blanche incrustée dans le front... mais quand elle est morte la pierre s'est dissipée"

- Décidément le mystère s'épaissit, j'admire votre détermination : d'autres auraient été trop effrayés pour se confier ainsi à un grand prêtre ! Avez-vous l'impression que cet artefact contrôle vos faits et gestes ? Manifestement non, sinon vous n'auriez pas pu arriver ici. Et pourquoi la pierre de l'enfant s'est-elle dissipée ? Trop de questions et aucune réponse !"

- " Cette pierre doit être liée au poison, aux serpents ou un truc du genre. Je me méfie, je n'ai pas envie de me transformer en serpent ou je ne sais quoi !"

- "très sincèrement, je n'ai aucune idée de ce que peut être cet artefact. Je vais vous faire un laisser passer pour la bibliothèque ésotérique royale qui se situe au sous-sol de l'aile nord du palais afin que vous puissiez faire des recherches. Anselme, le Maître bibliothécaire vous aidera. S'il y a une trace de ce que peut être ce caillou, c'est là que vous trouverez.
Je ne pense pas pouvoir vous aider plus, ce n'est pas mon domaine de compétence : Antazagonias était notre expert en artefact...
Oh, j'oubliais, cherchez du côté des artefacts extraterrestres...
Si vous n'avez pas d'autres questions, je vais aller prévenir sa Majesté"

Je retournais vers mes compagnons, les tripes serrées par l’angoisse. Leurs regards suspicieux se braquèrent un instant sur moi, puis me fuirent, ce qui augmenta mon malaise. Mashan tenta d’intercepter mon mage, mais celui-ci le rembarra poliment et les deux sages quittèrent la pièce. Une demi-heure passa dans un silence pesant de temps en temps interrompu par le grincement de l’armure d’un des gardes restés pour nous surveiller.

Enfin, le plus âgé des deux mages entrouvrit la porte et nous fit signe de le suivre.

Escortés par les gardes, nous pénétrâmes dans une partie du Palais nettement plus cossue et fûmes conduits jusqu'à une antichambre où de nouveau on nous fit patienter, avec quelques rafraîchissements.
Puis une petite armée de serviteurs vinrent récupérer nos capes de voyage, brossèrent nos habits et nous dûmes chausser de fines chaussures de cuir à la place de nos bottes.

Le sergent que nous avions vu plus tôt récupéra toutes les armes encore en notre possession, y compris mes cartes, puis nous fûmes de nouveau guidés par le prêtre, escortés par des gardes en armure d'apparat dans un long couloir fermés par deux lourdes portes de bois massif couvertes de sculptures rappelant les beautés naturelles du continent de Syrial.

Un chambellan en tenue bigarrée nous introduisit dans la salle du trône et nous nous retrouvâmes tout intimidé devant la très charismatique Reine de notre peuple, Saryablööd, assise sur son trône de chêne blanc, cernée de ses principaux Ministres et de sa Cour. Nous nous inclinâmes immédiatement, Mashan manquant de peu de se prendre les pied dans son manteau et de se ridiculiser publiquement.

La souveraine nous pria de lui rapporter notre témoignage des événements. Après notre présentation elle interrogea le plus âgé des deux mages qui précisa : « le corps de l'enfant ne semble pas originaire de ce monde... je ne peux pas affirmer non plus qu'il provienne d'une des lunes d'Arturis... »

Il poursuivit en indiquant qu'il pourrait aussi s'agir d'une sorte de golem au même titre que Tabris, mais qu'aucune trace d'intervention de la technologie n'avait été détectée, pas plus que de magie...
Enfin il insista sur le fait que l'autre porteur de pierre qu'il avait pu voir ne présentait aucun signe de possession par un quelconque esprit venu d'ailleurs.

Des discussions animées entre les divers conseillers éclatèrent immédiatement après ces révélations, certains prétextant qu'il s'agissait d'un nouveau coup tordu de la Coalition ou de l'Empire pour envahir Syrial.
Aucune des personnes présentes ne sembla remarquer la pierre fixée dans mon front.

Quand soudainement une femme, restée plutôt discrète et en retrait jusque-là tomba à genoux en hurlant. Ses yeux se révulsèrent, du sang commença à couler d'une de ses narines. D’une voix sépulcrale jaillissant de sa gorge elle clama :
"L'Innommable a été séparé - ses parties réunir il a commencé - flammes, foudre, domination, il peut tout utiliser - à son retour tout sera dévasté - craignez le retour du divisé"

Elle s'effondra alors au sol en vomissant un flot de sang et de bile mélangés, fut agitée de spasmes quelques seconde et expira dans un long râle glaireux. Deux femmes et un homme dans l'assistance eurent un malaise soudain. Tout le monde s'agitait en tous sens. Les gardes tentèrent d'évacuer la Reine, mais elle refusa obstinément.

Personnellement je ne fus pas émue le moins du monde par cette scène qui aurait terrorisée la plupart de mes contemporains : j’y assistais totalement détachée, comme si tout cela était écrit depuis des siècles. J’interrogeais quand même le jeune mage sur l’identité de cet « innommable », mais il avoua son ignorance en haussant les épaules. Mashan quant à lui, fidèle à ses mauvaises habitudes, était déjà agenouillé près du cadavre, son manteau commençant à éponger la flaque de sang, et demandait qui était cette jeune personne. La reine, dans un calme olympien, lui répondit qu’elle était sa camériste, une humble servante à son service depuis des années. Mashan plaqua ses deux mains sur les tempes de la défunte et se concentra, avant de basculer d’un coup en arrière comme foudroyé.

Après avoir pris quelques secondes à se remettre du choc, il nous expliqua : « j’ai pu rapidement sonder son âme avant qu’elle ne quitte définitivement ce monde, elle m’a dit "L'innommable est l'innommable, début ou fin de tout, mère du chaos, père du néant, lame du guerrier, feu du mage, destruction de la vie, anéantissement de la mort, extrémité de l'infini... il se joue des âmes et des sources, il répand le poison, foudroie les forts, domine les faibles, il dévore les mondes, il s'approche, il est déjà là"… c’est tout ce que j’ai pu en tirer avant de me faire éjecter… j’ai juste eu la vison d’une enfant, assise sur un lit, dans une sorte de temple souterrain aux murs décorés de scènes marines, qui s'écroule inanimée par l'effort qu'elle a fourni pour communiquer. »

A cet instant un bruit écœurant a attiré tous les regards : le cadavre de la camériste s’est mis à exhaler une odeur pestilentielle et a littéralement fondu devant nous, ne laissant au final qu’une peau parcheminée tendue sur un squelette qui ne tarda pas à se briser comme du verre.

Une seconde après le vieux mage et Mashan tombaient dans les pommes, semant encore plus la confusion : des courtisans s’évanouirent, d’autres prirent la fuite, des gardes dégainèrent leur lame en cherchant des yeux un ennemi invisible.

Après un bon quart d’heure de chaos et quelques claques bien senties, Mashan émergea : « Je... je n'ai pas compris... j'ai perdu le contrôle de mon corps un instant... Bon soit, la camériste avait des problèmes mentaux, ce qui est peu probable; soit il y a quelque part une entité maléfique qui s'apprête à envahir le monde...
Majesté le temps presse, je voudrais savoir s'il y a quelque chose de notable en cette personne ou son histoire.
Éclairez-moi et donnez-moi vos ordres pour vous assister dans cette crise. »

La Reine dévisagea un instant le nécromancien, puis le remercia pour son action. Elle n'eu rien de particulier à raconter sur sa camériste : elle était troisième fille d'une maison de basse noblesse, sans avoir jamais manifesté de compétences particulières en magie ou autre. C'était une enfant serviable et dévouée à sa tâche.
Toute assistance étant bonne à prendre, elle accepta ton offre généreuse et, plantant son regard écarlate dans le mien, demanda si Kurash et moi accepterions de nous investir pour trouver la clé de ce mystère.

Le Prêtre qui s'était évanoui, avait lui aussi repris ses esprits et, après un rapide conciliabule avec son confrère, envoya un serviteur lui chercher quelque chose.

Puis s'excusant auprès de la Reine, il demanda à avoir un entretien direct avec Mashan.

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Arnaud75
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RE: This is the end...
le 20 January 2020 - 19:19

Pendant l’entretien privé de Mashan, nous restâmes Kurash et moi devant le trône. Sa Souveraineté prit quelques instants pour réfléchir, puis, se redressant nous fit part de sa décision :

« Compte tenu de votre position, vous me semblez tous les trois être les mieux placés pour dénouer l’écheveau de cette intrigue. Le plus simple sera que je vous donne un sauf-conduit mettant, dans la limite du raisonnable, les ressources du royaume à votre disposition… Hum, et pour vous éviter les rebuffades d’une partie de la noblesse comme vous en avez fait les frais lors de votre arrivée au Palais, je vais vous accorder le rang de chevaliers, ce que vous méritez compte tenu des services que vous avez déjà rendus à la Couronne. »

Mashan arriva sur ces entrefaites et nous indiqua avoir trouvé une piste sérieuse dans le gros bouquin que le vieux avait fait remonter des tréfonds de la bibliothèque. Il avait quelques préparatifs à faire et nous donna rendez-vous à midi au niveau de la porte nord de la cité. La Reine nous congédia avec moult remerciements et un page nous rattrapa dans les couloirs pour nous transmettre le sauf-conduit et les insignes de notre charge. Il vous précise qu’un héraldiste sera là à votre retour pour dessiner vos armoiries. Kurash semblait dépassé par toutes ces histoires de noblesse, et sa moue me changea suffisamment les idées pour que je retrouve un minimum d’optimisme.

Lui et moi profitâmes du délai qui nous restait pour faire quelques emplettes indispensables à l’équipée que nous allions mener. J’eu le plaisir de dénicher une carte rare et puissante, celle du fantôme, qui allait merveilleusement compléter mon deck. Kurash une fois encore me fit rire en se demandant comment quelqu’un d’aussi érudit que moi pouvait gâcher une telle fortune dans un simple bout de carton…

Nous retrouvâmes Mashan à la porte nord, il s’était chargé de nos montures et avait repris sa carriole magique. Mozor avait manifestement goûté au tissu de son manteau à en croire la déchirure qui marquait son épaule. Kurash morigéna doucement son compagnon de route qu’il ne pouvait malheureusement toujours pas chevaucher.

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Arnaud75
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RE: This is the end...
le 21 January 2020 - 17:22

Chapître quatre : à la rencontre de la mort

Mashan nous expliqua une fois que nous fûmes éloignés de la ville que nous partions explorer un temple abandonné et presque oublié près de la mer à l'ouest d'Olytas, apparemment l'antre de l'oracle qui y vivait pourrait rapporter des réponses, précisant que nous devrions y arriver vers la tombé du jour.

Après trois bonnes heures de chevauchée tranquille, nous arrivâmes au niveau d’une colline couverte de sépultures. Mashan fut pris d’un frisson inexplicable lorsque nous pûmes distinguer la silhouette d’un grand homme maigre coiffé d’un haut de forme, assis sur le marbre d’un grand cénotaphe, une pelle à la main. Mon instinct me titillait à son sujet : c’était manifestement une personne hostile avec de très mauvaises intentions à notre endroit, et j’avais l’intuition que Mashan aurait un intérêt tout particulier à l’occire… ne me demandez pas pourquoi.

Il nous adressa un sourire moqueur avant de se relever et de planter la lame de son ustensile de jardinage dans le sol, déclamant d’une voix forte : « venez mes bébés ! venez recueillir ces âmes pour la plus grande gloire de votre maître ! »

A ma plus grande horreur je vis des mains squelettiques griffues commencer à jaillir ça et là du sol meuble. Une douzaine de nécrophages, comme nous l’indiqua Mashan surgirent du sol et commencèrent à tituber dans notre direction. Manifestement vexé de cette démonstration de pouvoir, Mashan hurla un ordre incompréhensible, et trois squelettes sortirent d’une tombe pour foncer vers les gars en haut de forme. Malheureusement ce dernier en pris aussi vite le contrôle et les retourna à l’envoyeur, à la grande consternation de ce dernier. Les trois squelettes s’écroulèrent soudain, mais les autres monstres arrivèrent à notre portée. Nous engageâmes le combat et j’en terrassait deux d’une carte de feu pendant que Kurash en tranchait un en deux d’un coup de son espadon. Malheureusement il ne pu contrôler la fin de son coup, et la lame percuta une pierre tombale, faisant remonter l’onde de choc le long de ses bras. Le combat se poursuivit un moment et j’encaissait quelques coups bien désagréables, les griffures de ces horreurs laissant derrière elles une sensation de froid détestable. L’espèce de dandy dessinait un truc au sol avec sa pelle alors que Mashan et Kurash tentait de traverser la masse grouillant de non-morts pour l’atteindre.

Un frisson me traversa lorsque je me rendis compte que tous les morceaux de cadavres éparpillés par nos soins semblaient glisser au sol pour converger en un même point et s’amalgamer les uns aux autres. J’eu le réflexe de me coucher au sol quand le nécromancien au chapeau expédia d’un magistral coup de pelle le pauvre tatou qui avait tenté de le charger pour venir en aide à son maître dans ma direction. La pauvre bête n’était pas prête de se rétablir !

Un éclair de puissance occulte jaillit du tas de chair nécrosée et d’os qui s’étaient rassemblés et un immonde golem se dressa devant nous en même temps qu’une petite brume se déployait au sol, faisant disparaître nos pieds à notre vue. Je constatais aussi, atterrée que Mashan ne semblait plus pouvoir user de son art ! Il se débrouillait quand même pas mal avec sa courte faux. Sortir de la brume me semblait une bonne idée et Mashan eut la même… mais nous nous heurtâmes à une barrière invisible. Le ricanement sournois du haut de forme nous indiqua mieux que tout autre chose comment nous nous retrouvions coincés ici ! Je lançais une carte dans sa direction et celle de son golem. L’explosion le précipita cul par-dessus tête au milieu d’un de ses sarcasmes.

Notre combat se poursuivit longtemps, Kurash et Moi nous concentrant sur le golem, laissant à Mashan le soin d’occuper l’autre nécromancien. Le tas d’os était heureusement assez maladroit, jusqu’à ce qu’une onde noire le touche et ne le régénère.

Nous encaissâmes Kurash et moi de belles ecchymoses et coupures. M’écartant un instant pour reprendre mon souffle, j’échappais au plus gros du balayage du Golem qui précipitât le corps ensanglanté de Kurash sur moi. Nous nous écroulâmes et je sentis une esquille d’os perforer ma cuisse gauche. Cherchant une aide quelconque autour de nous, je vis avec horreur que Mashan était suspendu en l’air par son adversaire qui le tenait négligemment par le col, le bras gauche tranché et le visage ravagé comme s’il avait été passé à l’acide, le dandy retirant de son abdomen la lame de la faux de Mashan. L’homme au haut de forme dû sentir mon regard car il détourna son attention vers moi, levant sa main libre après qu’elle ait lâché la lame qui lui avait ouvert le bide. Comme au ralenti, je vis Mashan entrouvrir un œil moribond et plonger sa main droite vers la pelle plantée dans le sol juste à côté, puis plonger l’outil dans la plaie ouverte dans le corps de son adversaire, le traversant de part en part et en en arrachant quelque chose entouré d’une aura grisâtre.

Une onde de choc me balaya, renversant les stèles et éparpillant en mille fragments le golem qui était venu pour nous achever. Je perdis un moment connaissance.

Lorsque je pus rouvrir les yeux, je fis un tour d’horizon tout en repoussant la carcasse à demi évanouie de Kurash qui m’écrasais les jambes. Je constatais qu’une vingtaine de petites scolopendres s’écartaient de moi après avoir manifestement déverser leur venin urticant dans mon corps, sans que j’en ressente le moindre effet si ce n’est une agréable et bienfaisante chaleur. Je me redressais et boitais jusqu’à Mashan. Étrangement son visage avait retrouvé son aspect normal et son bras était de nouveau bien attaché à son corps. C’est alors que je vis tout autant que je ressentis le changement qui s’était opéré : à travers le tissus sombre des habits de Mashan, je devinais soudée à sa poitrine une étrange pierre noir de geai, palpitante d’une sombre énergie. Inconsciemment je savais qu’il était désormais plus pour moi qu’un simple compagnon de route, mais un véritable frère ! Et mon instinct me disait que nous étions promis à une gloire certaine, même si nous étions encore incomplets… Je sentais aussi qu’il avait gagné en puissance de manière considérable. Lui aussi me dévisageait et je devinais qu’il ressentait la même chose que moi.

Kurash se leva alors pour aller voir l’état de son tatou qui avait bien dégusté pendant le combat. Nous prîmes le temps de panser nos plaies et bosses en nous demandant encore comment nous avions pu survivre à l’affrontement et nous remettre, du moins Mashan et moi aussi vite et bien de nos blessures. Kurash quant à lui avait un stock de potion alchimiques qui avaient aidé à son rétablissement.

Le temple n’était plus très loin et nous choisîmes de nous en approcher un maximum avant de bivouaquer non loin. Je manquais trois ou quatre fois de sombrer dans le sommeil pendant mon tour de garde, mais aucune créature ne vint troubler notre repos. Dès les premières lueurs, nous nous mîmes péniblement en route pour franchir la poignée de kilomètres nous séparant de notre objectif.

Nous trouvâmes à l’arrivée une grande bâtisse carrée, assez classique pour les bâtiments religieux sur Syrial, au toit et fenêtre éventrés par un incendie très récent à en croire les quelques fumerolles qui s’élevaient encore des décombres. Un corbeau jaillissant d’une ouverture nous fit sursauter, et ce sont les armes à la main que nous pénétrâmes dans les ruines.



Édité le 16 April - 17:19 par Arnaud75

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Arnaud75
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RE: This is the end...
le 22 January 2020 - 11:51

Chapitre 5 : Une étrange paladine

Le premier réflexe de Mashan fut d’invoquer un de ses atroces serviteurs, un squelette armé d’une courte épée qu’il envoya en éclaireur.

Les lieux semblant obscur malgré la lueur du jour, nous allumâmes une lanterne et une torche avant de nous engager par une poterne au battant à moitié carbonisé, Kurash se demandant si nous avions réellement intérêt à entrer. Notre Barbare aurait il peur du noir ? Mashan l’encouragea à passer devant, compte tenu du fait qu’il était le mieux armé pour faire face à une éventuelle embuscade. Le barbare dégaina sa lourde épée qui semblait ne rien peser dans sa main et s’engagea en râlant dans le temple.

Tout était sens dessus dessous : statues renversées, tapisseries déchirées et brûlées, moines et nones éventrés. Le carnage semblait être assez récent et devait être l'œuvre d'un ost guerrier : les traces de coups d'armes de guerre, les brûlures magiques en étaient des preuves flagrantes.
Dans une arrière salle, nous découvrîmes un cadavre desséché et ratatiné comme celui de la camériste. Quelqu'un avait manifestement passé ses nerfs dans cette salle car plusieurs corps de guerriers ressemblants à ceux du village où nous avions fait connaissance gisaient sur le dallage fendu.

Mashan se pencha sur le corps d’un ecclésiastique de l’abdomen duquel sortait encore une pique au manche brisé par la force de l’impact. Après quelques gesticulations et paroles ésotériques, les lèvres du moine tremblèrent.

Mashan l’interrogea : « Quand es-tu mort et qu'est-il arrivé au temple ce jour-là? Parle et je te laisse en paix »

D’une voix sépulcrale le mort répondit :
"le maître a ordonné et j'obéis : hier, après l'oraison de la mi matinée, le saint des saints a soudainement été envahi d'une meute de guerriers féroces. Ils ont massacré mes frères et mes sœurs sous mes yeux, brisé les statues de Sin, jeté les tentures dans les braseros. Alors que je tentais de condamner l'accès à la chapelle arrière, j'ai été transpercé d'une lance. La vie s'est écoulée hors de moi avec mon sang. Tout a été profané. Le Maître a ordonné et j'obéis"

Mashan posa sa main sur le crâne tonsuré et le mort retourna au silence. Il se dirigea alors vers le cadavre d’un des guerriers à la peau rouge brique. D’un doigt assuré il entrouvrit sa paupière gauche et dévoila un œil orangé à la pupille blanche. Puis il recommença son cirque, s’y reprenant à plusieurs fois avant d’obtenir une réponse dans un étrange langage… qu’étrangement nous comprenions tous les deux… J’observais Kurash se dirigeant vers la pièce voisine, manifestement lassé par les élucubrations du nécromancien.

Mashan interrogea son nouvel ami : « Qu'es-tu venu faire dans ce temple ? Qui est ton maître ? Comment es-tu mort ? Qui as-tu été jadis et comment as-tu atterri dans cette armée ? Parle, guerrier tombé.

"Aaaaaahhh quelle est cette contrainte... Aaaaaah c'est cette pétasse qui m'a occis... la femme panthère.... J’obéis à Mordekaï.... Mordekaï est mon Dieu ! Aaaaaaah... je fus et resterai à jamais un guerrier de Mordekaï ! Mordekaï va guider ses guerriers à la victoire ! Mordekaï est la Guerre ! Son pouvoir est absolu ! Craignez-le bande de cancrelats ! le plus profond des gouffres d'Altaïx ne pourrait vous soustraire à sa colère ! Aaaaaaah je ne parviens pas à résister ! Mordekaï ! Viens au secours de ton guerrier ! Que mes frères tuent ces pitoyables créatures !"

Le cadavre fut pris de tremblements incoercibles, une lueur bleue emplit ses yeux et l'arrière de son crâne éclata, arrosant le mur de matière cervicale.

Mashan sembla luter un instant puis posa une ultime question : « Où est celui qui a dirigé cette attaque ? »

"Aaaaaaaaah que le Grand Guerrier te broie dans ses serres maudit sorcier ! Mordekaï est parti au nord ! Mais il va revenir ! Et où que tu te caches il te fera subir son courroux ! Il va venir pour toi... (sa voix changea soudain, prenant un accent métallique) et pour toi aussi je viendrai... » dit-il en me fixant de ses yeux morts parcourus d'éclairs bleutés. Puis le cadavre s'écroula.

Kurash revint sur ces entrefaites, sa lame posée négligemment sur l'épaule : «Ya des trucs pas nets qui se sont passées par là, dit-il en montrant le passage du pouce. Et c'est bizarre car les traces de sang mènent vers une forêt située au Nord. »
Puis regardant les lieux :
« ah mais vous faites quoi encore de méga dégueu ? »

Je protestais vivement, signalant que c’était le résultat du travail de Mashan. Nous repartîmes explorer le reste du temple, rencontrant le même spectacle de désolation dans chaque pièce et sans trouver le moindre survivant. Il ne nous restait plus que des traces de sang partant d’une remise à l’arrière vers les sous-bois tout proches. Mon instinct me dictait qu’il y avait quelque chose par-là d’indispensable.

Notre rapide battue nous mena à un groupe de cadavres de guerriers rouges. Leur officier, qui n’était autre semblait-il que celui qui nous avait poursuivi dans les bois quelques jours plus tôt alors que nous fuyions le village en flammes, s’était littéralement fait arracher un bras. Mashan y décela des traces de dents d’une créature carnivore. Mozor choisit ce moment pour revenir avec ledit bras dans sa gueule, me donnant un haut le cœur. Kurash se pencha vers lui pour prendre son trophée quand il bondit soudain en arrière, se mettant en garde et regardant vers la cime des arbres. Une goutte de sang lui était tombée sur la main. Nous vîmes alors le corps d'une jeune femme couverte de blessures évanouie après qu'elle ait réussi à se réfugier dans cet arbre. Kurash escalada habilement le tronc et la redescendit sans effort apparent. Mashan s’attaqua directement à ses travaux de couture en suturant les plaies les plus profondes. Je fournis une potion de mon cru susceptible d’accélérer son rétablissement, constatant au passage que notre inconnue en armure de cuir portait de petite corne de bélier de part et d’autre de la tête.

Quelques instants plus tard la jeune femme revint à elle, nous dévisageant d’abord avec crainte, puis nous regarda plus attentivement Mashan et moi. Je me rendis alors compte qu’elle aussi portait une de ces étranges pierres, de couleur verte en l’occurrence, incrustée sur son avant-bras. Comme cela m’était arrivé avec Mashan, je ressentis une fraternité profonde avec cette fille que je n’avais jamais vu de ma vie.

Nous fîmes ainsi la connaissance de Plume, une Paladine de l’Empire perdue sur notre continent. Toute son expédition qui venait livrer des marchandises au temple avait été massacrée par les guerriers rouge. Elle avait dû fuir un fort parti qui avait vu en elle l’adversaire le plus résistant du temple. Elle ignorait comment cette pierre avait pu atterrir sur son bras, mais pensait se souvenir que l’officier en charge de la poursuite engagée contre elle en portait une semblable sur un bras. Ma potion devait être assez costaud, car elle enchaîna en nous avouant être une changeforme. J’avais entendu vaguement parler de ces êtres natifs du continent de Keos qui auraient la capacité de se changer en animaux… ils étaient des parias auprès des populations locales qui les croyaient atteint de malédiction.

Après une pause repas bien méritée pour nous remettre de nos émotions, Mashan suggéra que nous retournions dans le temple interroger l’âme d’un des responsables du culte. Une nouvelle visite des lieux nous amena au corps d’une femme démembrée, dont la robe de cérémonie était d’une facture plus noble que celle des autres.

Après une nouvelle démonstration de son art, Mashan interrogea la morte : « qui es tu ? »

Une voix de fillette lui répondit : « bonjour, bonjour. Je suis Masha... t'as un drôle de nez Monsieur, on dirait une patate"

Mashan se présenta et indiqua nos pierres en lui demandant si cela lui évoquait quelque chose. De nouveau la voix de fillette se fit entendre : « oh, c'est comme le méchant Monsieur qui a tué Oldine... et moi par la même occasion... il avait aussi un caillou qui brille comme vous, comme la dame verte là, dans le front, mais lui c'était un caillou tout bleu brillant. Et il était très en colère tout le temps. Moi j'ai pas de caillou..."

Mashan pointa le cadavre d’une femme âgée étendu non loin : « elle ? »

La morte répondit : « pffff, non, ça c'est Berthe, enfin c'était Berthe... Oldine m'a expliqué que on allait rejoindre l'essence de Sin... donc c'est pas trop grave si on est mort, enfin toi tu comprends. »

Après quelques autres échanges un tantinet surréaliste, nous comprîmes qu’Oldine était une sorte d’esprit envoyé par Sin qui s’était incarné dans le corps d’une fillette nommée Masha et qui jouait le rôle de grande prêtresse ici depuis plusieurs années.

Mashan lui avoua aussi qu’il était capable de réveiller les morts quand elle l’interrogea sur la pelle qu’il avait récupéré sur le dandy en haut de forme et qui depuis tendait à se changer en faux… Elle lui demanda de lui montrer. Mashan se laissa faire et entrepris de recoudre les bras tranchés sur le cadavre avant de lancer une incantation dans un dialecte incompréhensible… Il faut croire qu’il était particulièrement bénit par la Source de l’infini.
Je sursautais de stupeur lorsque je vis la poitrine de la femme allongée devant nous se soulever. Puis elle ouvrit de grands yeux effarés et se mit à hurler, rameutant Kurash qui montait la garde à l’entrée de la pièce.

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Arnaud75
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RE: This is the end...
le 22 January 2020 - 11:52

Il fallut que Plume nous fasse la démonstration de son étrange pouvoir en adoptant la forme d’un cheval qui se blottit contre la femme ressuscitée pour obtenir qu’elle commence à se calmer, puis des paroles apaisantes de Mashan et moi pour qu’enfin entre deux sanglots elle demande avec la voix mure d’une adulte un peu éraillée suite à ses cris : « pourquoi je suis devenue grande ? Pourquoi Monsieur tout mort ? Pourquoi les autres ils sont toujours morts ? Pourquoi Oldine elle est partie ?".

Après quelques autres échanges un tantinet surréaliste, nous comprîmes qu’Oldine était une sorte d’esprit, l’équivalent d’un phénix pour les autres sources, envoyé par Sin qui s’était incarné dans le corps d’une fillette nommée Masha et qui jouait le rôle de grande prêtresse et surtout d’oracle ici depuis plusieurs années. La mort de son enveloppe charnelle a fait fuir l’esprit en question, et l’âme première a donc regagné ce corps : un esprit de sept ans dans un corps d’une trentaine d’années…

Elle finit par tomber d’épuisement et nous décidâmes, nous aussi, secoués par toutes ces révélations, de nous reposer un moment.

Une bonne heure plus tard Masha poussa un cri strident puis clama « ils reviennent, ils vont nous tuer ! » avant de se recroqueviller dans un angle de la pièce.

Sur nos gardes, la foudre qui tomba sur les restes du toit du temple ne nous surpris pas trop. Nous entendîmes distinctement les cliquetis caractéristiques d’une troupe armée en train d’entrer dans le temple et s’y répartir en petit groupe pour l’explorer.

Plume nous surpris encore en passant de sa forme de cheval à celle d’un rongeur des bois, type écureuil, avant d’escalader le mur pour ensuite longer une corniche afin de guetter l’approche des gens en armes. Elle réintégra bien vite la pièce, manifestement effrayée. Kurash ordonna à sa grosse bestiole de se mettre en boule et bloqua le passage à l’aide de cet obstacle improvisé. Plume eu juste le temps de reprendre forme humaine et nous alerta sur la présence du type avec le saphir dans le front. Nous nous répartîmes dans la pièce, Plume incantant une aura de protection autour d’elle et de Masha. La foudre s’abattit sur le tatou, le repoussant assez pour laisser le passage à deux guerriers rouges que Kurash et Mashan attaquèrent violemment.

Par-dessus le tatou toujours en boule, j’aperçu le guerrier au saphir en train de reciter un genre de mantra en même temps que Kurash coupait son adversaire en deux, aussitôt remplacé par un nouveau guerrier armé d’une redoutable hache. Mashan semblant en difficulté, je paralysais d’une carte bien placée son adversaire, le libérant suffisamment de temps pour qu’il l’achève et le relève en zombie.

Kurash se lança alors dans une série d’insultes pour provoquer nos adversaires qui se tournèrent tous contre lui, y compris l’homme au saphir qui interrompit son incantation pour se précipiter sur notre barbare après avoir fait bouler le tatou hors de son chemin.

Le combat se poursuit, Kurash étant rapidement mis en difficulté malgré le renfort de Plume qui avait opté pour se changer en ours ! Cette femme était décidément pleine de surprises… Mashan leva une petite armée de morts vivants en profitant de tous ces cadavres à disposition. L’homme au saphir semblait entouré d’un halo parcouru de petits éclairs de plus en plus lumineux sur lesquels mes cartes et les sorts de Mashan semblaient rebondir. Après quelques passes d’armes, ce halo sembla s’amplifier de plus en plus et je surpris du coin de l’œil des renforts des guerriers rouge reculer hors de la pièce.

J’eu le réflexe de me plaquer une carte de bouclier sur le torse en même temps que l’ours Plume développa un bouclier scintillant autour de notre position. La tempête de foudre qui s’abattit sur nous depuis le guerrier bleu nous balaya ainsi que nos dérisoires protections comme fétus de paille dans la tempête, même si je m’en sortais un peu mieux que mes camarades.

Le guerrier bleu levait son épée devant un Kurash à genoux, l’exhortant à nous trahir pour rejoindre son armée. Le barbare refusa d’un signe de tête. L’épée allait lui trancher le cou lorsque qu’ne masse grise s’en prit au guerrier : Mozor venait à la rescousse de son maître malgré les multiples blessures qu’il avait encaissées.

Cette seconde de sursis suffit à Kurash pour porter un coup vicieux au guerrier bleu et se redresser pendant que j’expédiait un guerrier arrivant dans la pièce d’une carte de feu. Plume tendit ses pattes vers le barbare qui sembla ragaillardi.

Le combat repris de plus belle, le barbare et le guerrier bleu échangeant des coups de bûcheron. De nouveau des étincelles parcouraient l’armure de cuir de l’homme au saphir et je redoutais une nouvelle pyrotechnie foudroyante qui nous achèverait certainement.
Je n’ai pas été capable de voir quand ce dernier fit une erreur de jugement, mais il manqua d’un cheveu de décapiter Kurash, son épée allant frapper un mur. Notre compagnon en profita pour le prendre au défaut de son armure et la longue lame traversa sa Némésis du moment depuis le nombril jusqu’à l’épaule.

Dans un hurlement le guerrier bleu expira, projetant tout autour de lui des éclairs aveuglants. Je sentis une immense douleur puis ce fut le noir…

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RE: This is the end...
le 30 January 2020 - 16:30

Chapitre 6 : Complots ?

Je finis par sortir des brumes de l’évanouissement au bout d’un temps qu’il me fut impossible à déterminer. J’entendais mes compagnons commencer à s’agiter autour de moi. La douleur de nombreuses contusions et brûlures me rappela les derniers événements. Quand je pus bouger de nouveau, réveillant de nouvelles douleurs, et après m’être concentrée pour essayer de remettre en bon ordre les pièces du puzzle, je constatais que Kurash avait lui aussi hérité d’un de ces maudits cailloux : le saphir de notre Némésis ornait désormais son front. Le même élan de fraternité que pour Mashan et Plume me toucha envers Kurash… Notre fratrie semblait enfin réunie, même si nous demeurions incomplets nous-mêmes…

Du guerrier bleu ne restait que son épée et un cadavre calciné.

Mon sens pratique de vieille habituée des aventures me poussa à fouiller comme il se doit les carcasses de nos adversaires. Les guerriers en armures rouge possédaient des bourses emplies de petits cubes de verre multicolores, un bracelet gravé de runes inconnues et des armes de facture quelconque. Seule l’épée de leur chef avait un peu de style à mes yeux.

Mashan fit profiter chacun de nous de son art consommé des premiers soins, et grâce à quelques fioles de soin alchimique de mon cru encore en état, nous sauvâmes Mozor de la mort in extremis.

N’entendant plus un bruit dans le temple, je partis en éclaireur refaire une fouille complète des lieux. Alors que j’arrivais dans une pièce à l’étage, je surprenais un mouvement à l’extérieur par l’une des fenêtres. Je m’approchais discrètement pour observer : un homme de grande taille, engoncé dans un trench noir comme la suie, la tête entourée de bandages et le visage caché par un masque grillagé en acier était en train de s’éloigner du temple. Un cercle magique apparu devant lui et il me fit un signe d’adieu de la main !

Je me précipitais pour informer mes compagnons d’infortune qui finissaient de soigner les petites contusions subies par Masha que Plume avait pu protéger de son corps massif d’ursidé lors du cataclysme.

Nous tombâmes d’accord sur l’identité de celui que j’avais aperçu : Tabris, un rejeton infernal de la Technologie de l’Empire ! Cet être maudit semblait à l’origine de multiples catastrophes partout dans le monde.

Masha éclata alors en sanglots après être restée prostrée dans son coin jusque-là. Je pris sur moi de la consoler pendant que Mashan allait voir dehors quelle surprise Tabris aurait pu nous laisser. Il revient peu après nous invitant à constater par nous-mêmes.

Le mur du temple avait été badigeonner sommairement : une rose des vents pointant vers l’Est et ce mot : « Umbolt ». Kurash nous informa après avoir brièvement consulté une carte qu’il s’agissait d’une bourgade dans la direction indiquée, célèbre pour sa culture des choux…

Après un long débat sur l’intérêt d’y aller, la probabilité qu’il s’agisse d’un piège, la possibilité d’aller chercher des renforts à la capitale, etc., nous finîmes par décider d’approcher de ce village, de tenter de nous y infiltrer discrètement et d’enquêter pour voir de quoi il pourrait retourner.

Notre périple se déroula sans heurt, jusqu’à ce que nous atteignions le pied de hautes montagnes. Je commençais à ressentir un sentiment de familiarité avec les lieux, comme s’y j’y étais déjà passée dans une autre vie. Plus nous montions, plus je me surprenais à ne plus suivre les événements autour de moi. J’étais comme attirée vers les hauteurs enneigées.

Nous arrivâmes à un col, et là, je ne sais pourquoi, je cru voir un double de moi me faire signe de le suivre. Je talonnais ma monture et m’engageais après quelques dizaines de mètre sur une petite bifurcation. Au fur et à mesure, mon clone fantomatique continuait à me guider entre les arbres et les roches. La route et mes compagnons étaient sortis de mon esprit. Je traversais sous-bois, combes, cavernes et vallées, obnubilée à l’idée que la réponse se trouvait là, tout près, au bout de cette route.

Je finis par atteindre un escarpement dominant un grand cirque naturel au fond duquel les eaux violettes du lac de mes rêves me faisaient de l’œil. Je sentais mes pierres palpiter en rythme.

Je poussais mécaniquement, comme hypnotisée, mon cheval sur la sente qui descendait jusqu’à une longue plage blanche. Les sabots de mon destrier écrasaient des milliers de débris d’os de petites créatures terrestres et aquatiques : les eaux de ce lac étaient manifestement devenues toxiques et les animaux qui tentaient de s’en abreuver finissait par en mourir. Je finis par descendre de ma selle pour observer l’ombre d’une île au centre de l’étang. Une silhouette humanoïde semblait m’y attendre, immobile.

Je m’engageais à pieds le long de la plage, repérant des cadavres empoisonnés par les eaux délétères de petits lémuriens, à la recherche d’une quelconque embarcation, jusqu’à ce que je tombe sur la carcasse à moitié dévorée d’un cochoboule de grande taille. Cette créature n’était pas morte d’empoisonnement… un grand prédateur devait roder non loin. Je commençais à scruter les abords du lac quand une rafale de vent venue d’au-dessus de moi me fit bondir en arrière.

Je vis plus stupéfaite que terrorisée la Wiverne que nous avions combattue se poser derrière le cadavre du cochoboule. Nous restâmes toute deux un long moment à nous dévisager. Je ne ressentais plus l’hostilité de l’animal comme lors de notre combat dans la forêt près du camp marchand.

La créature se mit alors à pousser vers moi la carcasse de sa proie, comme pour m’inviter à la partager avec elle. Je ne sais pas pourquoi je lui ai poliment répondu « non merci », mais elle parut s’en satisfaire et entreprit de se nourrir.

L’animal ne faisait plus attention à moi, et prise d’une témérité soudaine, je m’en approchais, jusqu’à passer derrière l’une de ses ailes membraneuses. J’osais même m’appuyer sur une de ses cuisses pour escalader et m’installer confortablement entre deux arrêtes osseuses de son dos, sans que cela ne la perturbe. Et lorsque je me mis à grattouiller une zone qui me semblait un peu sale entre deux écailles, je ressentis dans mon esprit le ronronnement appréciateur de la bête. Ce monstre se comportait comme un gros chat !

Je fus un peu surprise lorsqu’elle se redressa soudain et pris son envol, sans que jamais je ne perde mon assiette. La sensation de voler sur cette créature légendaire au corps fuselé était merveilleuse. Je commençais à ressentir un lien symbiotique avec elle et devinais, comme par télépathie son nom : Syriax. Je parvins en esprit à lui donner des instructions simples et réussis à la guider jusqu’à l’île qui trônait au centre du lac violet. Plus nous approchions, plus je sentais palpiter mes pierres.

Ma nouvelle monture se posa sur une petite plage cernée de rocher, elle aussi couverte d’ossements de créatures lacustres. Toute végétation avait disparu du fait des eaux toxiques. A moitié en transe, j’avançais vers la haute statue de femme encapuchonnée, le visage invisible dans les ombres de la longue cape qui l’emmaillotait. Sur ses deux mains tendues en avant, je remarquais une unique pierre verte sertie dans la pierre, avec de part et d’autre deux engravements correspondant peu ou prou à la forme des deux pierres qui décoraient mon front. Sans aucune crainte, comme si c’était évident je me saisis diamant gris-violet et le plaquais à coté des deux autres.

Je mis cinq bonnes minutes à me remettre, le temps que le vertige me passe. Je palpais mon front et découvrit que les trois pierres avaient fusionné en un unique joyau aux facettes multiples. Une extase me traversa : je me sentais enfin complète, sereine, habitée d’une énergie inépuisable. J’allais retrouver Syriax sur la berge et lui caressais le museau. Immédiatement son corps fut parcouru d’une onde lumineuse et ses écailles furent veinées de violet, de même que ses yeux qui du blanc que je leur avais connu jusque-là prirent la teinte des eaux du lac.

Comme en transe, je quittais mes oripeaux pour lentement descendre jusqu’à plonger la tête sous les eaux. J’y découvrait une vérité caché de tous, dont je fus incapable de me souvenir l’instant suivant, mais sans que cela me perturbe : j’étais investie d’une mission sacrée, c’est tout ce dont j’étais sure, et il me fallait aider mes compagnons à compléter leur trilogie comme moi-même.

Rassérénée, l’impression d’être habité d’une incroyable puissance, je ressortais des eaux du lac après cet étrange baptême, ré enfilait mes habits et sautais sur ma wiverne sans effort. Elle prit son envol immédiatement, comprenant parfaitement mes intentions : retrouver les trois autres ! Une véritable télépathie s’était instaurée entre nous.

Je la fis se poser près de ma précédente monture qui manqua de s’enfuir tellement elle était terrorisée par le reptile volant pour récupérer mes quelques affaires et découvris que mon jeu de carte avait subi une étrange mutation : tous les dos présentaient désormais sur un fond violet traversé par des éclair blancs, des ronces vertes entourant une représentation de la statue de l'île.

Je fis redécoller Syriax et lui fit faire un ultime tour des lieux pour découvrir que la statue de l’île avait retiré son capuchon, et qu’elle présentait désormais les traits de mon visage souriant.

:curseur-empire :artheon-4 POURQUOI MOIIIIIIIII ?
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Arnaud75
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