Il est raconté dans les tablettes de Skellos qu’avant l’avènement du monde de la magie, existait, sur un continent depuis longtemps perdu dans les limbes de l’oubli un peuple étrange, dépourvu de la magie telle que nous la connaissons aujourd’hui, mais rempli d’une autre forme d’énergie qu’ils appelaient dans leur langage la « phanatithude ».
Ce peuple étrange s’était autoproclamé peuple des Ghiiks et célébrait d’étrange grand-messes dans des temples cyclopéens, dont l’un des plus célèbres était situé près d’une importante bourgade, P’Arhi, sur le lieudit Vile Pinte (une étrange histoire de bière frelaté selon les historiens de l’Université de l’Invisible)
L’une de ces célébrations annuelles du peuple Ghiik à ses idoles, la Jape Anehéxpo, célébrait le culte de petites sous divinités : les Hakteurdesérie, les Illouthub’Heurs, les Mangue à Ka et autres.
Chacune de ces sous-divinités disposait dans le lieu de culte d’un petit autel dédié sur lesquels les Ghiik pouvaient troquer contre monnaie sonnante et trébuchante des idoles à l’effigie de leur demi-dieu, des livres sacrés et autres babioles qui enrichissent les temples.
L’un de ces cultes, celui des Ol’Ydriens, appelé aussi culte des Noubes selon certaines sources, connaissait un succès fleurissant auprès des masses laborieuses Ghiiks et attirait les foules vers son autel sacré, que les légendes de l’époque avaient baptisé Standepégéhèmesteuphe, et dont l’un des Grands Prêtres, qui était aussi un demi-dieu s’appelait Ystos. Ystos était fort connu pour sa beauté et sa silhouette maigrichonne mais quand même musclée, qui attirait vers l’autel la gent féminine Ghiik, provoquant des transes avec un simple sourire…
Or donc, en un siècle particulier, arriva au sein de la Jape Anehéxpo de l’an de grâce 2019 selon les gravures retrouvées il y a peu sur l’emplacement que les archéologues supposent être celui du lieudit Vile Pinte, se produisit un drame que l’Université m’a chargé d’étudier afin d’apporter ce qui pourrait être un éclairage fondamental sur la disparition de ces civilisations perdues !
En effet, alors que le demi-dieu et Grand Prêtre Ystos faisait s’évanouir un parterre de jeune pucelles énamourées de sa délicieuse personne, surgit dans l’allée du gigantesque temple une haute silhouette entourée de nuées obscures, dont le visage se perdait dans la noirceur d’un profond capuchon de bure, elle aussi noire comme le charbon, et escortées de deux farouches adeptes vêtus de noir.
L’un de ces deux disciples était une femme en robe réhaussée de dentelles blanches, un étrange couvre-chef en forme de tube, lui aussi de dentelle blanche, planté sur le sommet de son crâne, et son nom, qui aujourd’hui encore nous est connu et fait trembler les petits enfants dans leurs lits vous donnera un indice sur la malévolence de ce trio : en effet, cette femme n’était autre que ce terrible démon renard venu tout droit des abysses infernaux : Karu !.
Son compagnon n’était pas en reste avec son chapeau rond à large bord entouré d’un ruban noir comme la plus profonde nuit. Lui aussi nous est connu comme le Seigneur Infernal du Koss’plé… Et oui, vous avez reconnu le terrible Ytti !
Mais quel pouvait être ce terrifiant personnage que ces deux terribles démons escortaient ?
Je vous vois trembler mes frères, mais il vous faut entendre la dure réalité : ce monstre sans visage n’était autre que le Grand Prêtre du Kouign’Aman, celui qui dépeuplait les centres de régimes amincissants et les stations de cure « silhouette de rêve avant l’été »… Je veux bien entendu parler de celui dont on ne doit pas prononcer le nom… Romaincéléstinegenietchampion !
Quelqu’un pourrait-il tirer sur le côté notre ami au premier rang qui semble être victime d’un AVC… Merci… et pour ceux qui tentent de fuir, j’ai fait bloquer toutes les issues par la Garde d’Airain : notre vénéré Empereur Heretoc le Grand a insisté pour que vous appreniez tous quels terribles évènements ont présidé à la création du monde tel que nous le connaissons, afin que les erreurs du passé puissent être évitées, ou à tout le moins anticipées.
Où en étais-je, ah oui…
Se faisant passer pour un Ghiik adepte du culte des Noubes, le Grand Prêtre du Kouign’Aman approcha de l’autel Standepégéhèmesteuphe, ses deux acolytes sautillant autour des demi-dieux installés là pour la célèbre bénédiction rituelle de la Dhéd’Ikasse, et amasser ces étranges récompenses virtuelles appelées ixeupés à l’aide d’outils étranges, des genres de phylactère gravés sur du papier, les kuhèreukods.
Comme vous vous en doutez, le vil Grand Prêtre du Kouign’Aman devait être jaloux du culte dédié aux Noubes et avait préparé un plan machiavélique pour détourner les Ghiiks vers son propre culte dédié au Karam’hell, au Suk’rheu et au Beu’r Sahallé.
Sous prétexte d’achat d’une des reliques proposées sur l’autel, une Fluxheubol selon la traduction des runes qui ont été découvertes, le Grand Prêtre du Kouign’Aman,… non, rassurez-vous, je ne prononcerais plus jamais son nom… donc ce sinistre personnage défia le demi-dieu Ystos : si ce dernier ne parvenait pas à avaler l’intégralité de l’offrande que le Grand Prêtre du Kouign’Aman avait apporté comme sacrifice rituel pour attirer la bonne fortune sur lui et ses disciples, alors le demi-dieu lui céderait gratuitement la précieuse relique…
Or, nous avons découvert que le culte des Noubes était présidé par deux divinité supérieures, le Dieu Fantöm et la déesse Gahia… oui, la déesse de la Cupidité et de l’Arnaque en personne !
Le pauvre Ystos se retrouvait défié par un autre Grand Prêtre, et ne pouvait donc se soustraire au défi, mais il s’exposait en cas d’échec à la colère de sa supérieure…
Je vous rappelle qu’il a été démontré que la Fosse de l’Homme Gazelle a été creusée après un léger accès de colère de la Déesse Gahia… soixante lieues de long pour quarante de profondeur… dans du pur granit…
Revenons-en à notre défi. Des profondeurs de sa besace, le Grand Prêtre du Kouign’Aman sorti une étrange pâtisserie, dont la simple vision fit se boucher les artères de cinq cent personnes dans un rayon de cinquante mètres ! Un véritable Hymne au Gras incarné dans quelques centaines de grammes de farine, de sucre et de beurre salé.
Les textes que nous sommes parvenus à reconstituer nous précise que le demi-dieu Ystos aurait marquer un temps d’hésitation à la vue de l’offrande, provoquant des ricanements moqueurs chez les deux démons qui avaient réussi on ne sait comment à embringuer certains des demi-dieu assis derrière l’autel dans un étrange rituel appelé cérémonie du Celph’y.
Malgré la puissance que sa semi-divinité lui accordait, Ystos le Grand Prêtre sentit sa raison vaciller lorsqu’il se saisit de la première part de l’offrande du Grand Prêtre du Kouign’Aman. Il la porta à sa bouche et mordit dedans, laissant s’écouler un petit filet de Karam’hell sur son menton viril.
A partir de là le texte devient confus, il semblerait que plusieurs témoins se soient joints à l’auteur pour apporter leur témoignage de la terrible scène qui s’ensuivit…
Les demi-dieux ainsi que les deux démons se seraient alors précipités vers la boîte qui contenait encore la majeure partie pâtisserie maudite, pour eux aussi en déguster, tant la sublime odeur était envoutante, dépassant en subtilité et en promesse de calories celle du plus divin des nectars. Or Ystos avait accepté le défi de manger l’intégralité de l’offrande ! En perde ne serait-ce qu’une miette, et il devrait céder la petite relique et se couvrir de honte devant la Déesse Gahia.
Les bribes de textes que nous avons pu réunir commencent à décrire le terrible combat qui éclata alors dans le temple, puis plus rien, mais nous avons pu dater le cataclysme qui dévasta le monde d’avant le nôtre à l’instant précis où ce récit s’interrompt, grâce à l’Oracle de la divine N’imyeälia.
Et là est notre plus grande crainte et notre plus grand défi mes frères ! L’avenir de notre ère est de nouveau menacé ! Dans la lointaine et sauvage terre de Breut’Agn des chamans ont invoquer les démons de l’Ancien Temps ! N’entendez-vous pas à travers les vibrations de la croute terrestre leurs terribles tambours de guerre, oui, les fameux Slogh’Anpublicitères qui annonce l’avènement des Prom’Ossions sur le Kouign’Aman ! La Pâtisserie ultime, délicieuse et mortifère !
Je vous le dis mes frères ! la fin du monde tel que nous le connaissons est proche !
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