CHAP 13
EPITA – Cours de codage 3è année
Le prof, une fois de plus, était en retard. Monsieur Dilorde était coutumier du fait, manifestement fâché avec son réveil.
Comme d’habitude un léger chahut animait la classe…
- Constance : t’a vu ça Kenza, comment elle se la pète Indo devant Xavier !
- Kenza : Ouais, elle est trop pas cool c’te meuf !
- Constance : en plus il paraît qu’il lui aurait offert des fleurs virtuelles et qu’elle l’aurait envoyé paître !
- Carole (s’incrustant dans la discussion) : Moi j’aimerai trop que mon mec y m’offre des fleurs virtuelles ! C’est trop In !
- Marion (voisine de table de Carole) : Comment elle se la joue t’as raison ! Trop une bolos la meuf !
- Indorill (se retournant vers les pipelettes) : vous savez que je vous entends là les filles…
- Constance : parle à ma main la bolos !
- Kenza : T’es trop une looseuse…
A cet instant, Indorill qui pensait que la journée ne pouvait pas plus mal commencer, sentit une personne s’asseoir lourdement à côté d’elle, précédée d’une odeur de parfum bon marché envahissante.
- Xavier : Salut la belle ! Je t'ai manqué je le sais, mais un beau gosse comme moi doit se faire désirer... et je sens ton désir brûlant pour moi !
- Indorill (vérifiant qu’elle ne rêvait pas) : Oh non… t’as pas envie d’aller t’asseoir ailleurs ?
- Kenza : Oh la relou ! Comment elle est trop pas polie !
- Constance : Clair ! Te laisse pas faire Xav’
Xavier (posant une main sur la cuisse d'Indorill): Mais je pardonne tout à une aussi jolie fille… tu déjeunes avec moi Indo ? Et après je te fais découvrir ce que c'est de sortir avec un vrai mâle ?
- Marion : Comment il est trop romantique le meeeeccccc !
- Carole : Ouais, trop ! Et l’autre qui se la joue froide ! Elle a des glaçons à la place des ovaires ou quoi ?
- Kenza : Moi mon mec il me parlerait comme ça, je serais plus chaude qu’une baraque à frites !
- Indorill (chassant la main de son voisin) : Vous voulez pas arrêter de faire comme si je n’étais pas là ?
- Xavier : Hummm, je peux te chauffer moi… un vrai chauffage central !
- Indorill (rougissante de honte) : lâche-moi ! Pour la trois millième fois !
- Contance : Vos gueules v’la l’prof !
En effet, la porte de la salle s’ouvrait. Toutefois au lieu du petit homme chauve à la barbe constellée de restes de cassoulet, boudiné par un costume Camif trop petit, les étudiants virent entrer une magnifique femme en tailleur haute-couture, impeccablement coiffée et maquillée, précédant un homme d’une quarantaine d’années en pantalon de cuir et chemise chinoise en soie noire, les yeux masqués par des verres solaires enveloppants.
- Mai An : Mesdemoiselles, Messieurs, bonjour, je suis votre nouvelle responsable de secteur. Mon nom est Mai An, mais vous appellerez Mademoiselle. Votre professeur, Monsieur Dilord, a eu un empêchement de dernière minute. Monsieur Saquebien qui m’accompagne a accepté de vous faire exceptionnellement un petit séminaire sur les dangers de la dépendance aux mondes virtuels. Monsieur Saquebien est un expert en cybersécurité qui a une très grande expérience en ce domaine. Je vous remercie pour l’attention que vous voudrez porter à son intervention…
Un silence de mort s’était installé dans la pièce à l’issue de ce discours. Les garçons, et quelques filles, avaient les yeux exorbités, certains bavant légèrement, à la vue de l’avion de chasse qui venait de leur parler.
- Philippe Saquebien : Bien bonjour à toutes et tous. Comme Mademoiselle vous l’a indiqué, je suis ici pour vous parler d’un volet un peu accessoire de mon activité professionnelle : les risques liés à une dépendance aux mondes virtuels : Pourquoi certains deviennent-ils des no-life ? Mais avant cela, je crois que Mademoiselle aurait besoin de l’assistance d’un grand gaillard musclé pour l’aider à ranger quelques cartons dans son bureau… des volontaires ?
Immédiatement les quinze mains droites des quinze garçons de la promotion se levèrent.
Indorill faillit pousser un cri de victoire lorsqu’elle vit que Xavier, qui avait fait partie des plus fervents candidats, était choisi par le mannequin. Elle s’étonna tout de même de ressentir une pointe de regret : ce rustre qui la harcelait depuis des semaines pour sortir avec lui avait vite trouver un autre sujet de contemplation… Elle s’interdit toutefois d’être jalouse : cette femme était juste magnifique ! Un vrai fantasme sur talons hauts ! C’est pourquoi la banderille jetée par sa voisine derrière elle ne la blessa pas.
- Constance : Comment elle t’a piqué ton mec la bolos !
- Kenza : clair, t’as vu le sourire qu’elle lui a fait… sure qu’il lui a taper dans l’œil !
- Marion : Ouais, trop ! Moi j’avais vu qu’elle l’avait direct regardé en entrant !
- Indorill : Chut, j’écoute le prof !
Alors que Philippe Saquebien se lançait dans un exposé hyper étayé sur la cyber dépendance, c’est un Xavier ravi qui suivait des yeux du fessier gainé dans le tissus haut de gamme d’un tailleur Chanel qui se balançait outrageusement devant lui. De temps à autre le tissu de la jupe remontait assez haut pour dévoiler une jarretelle…
Il ne prêta donc aucune attention au chemin emprunté par la superbe femme qui le précédait, jusqu’à ce qu’elle claque la porte métallique d’une pièce en sous-sol dont les murs étaient garnis d’étagères remplies de produits d’entretien.
- Mai-An : Alors mon petit Xavier… j’ai appris que tu n’étais pas très gentil avec les filles…
- Xavier (arrachant ses yeux du décolleté de Mai An) : Hein ?
- Mai An (caressant d’un doigt la joue puis les lèvres de Xavier) : Moui, le vilain garçon qui harcèle les filles qui lui plaisent… qui tente de les saouler en soirée pour profiter d’elles… Hummmmm j’ai un gros dossier sur ta petite personne… Tu sais que ce n’est pas bien, hein ?
- Xavier (hypnotisé par le regard de la belle) : je… je ne comprends pas…
- Mai An (caressant le visage de Xavier des deux mains avant de s’en saisir fermement) : c’est bien là le problème : tu ne comprends pas ! Quand une fille te dit non, c’est qu’elle n’a pas envie, quand tu insistes, tu deviens lourd, quand tu la poursuis, tu deviens un harceleur… Moi je n’aime pas les harceleurs.
Dans un couloir voisin, un rat qui tentait de récupérer des miettes au fond d’un vieil emballage de barre énergétique fuit soudainement lorsque les cris commencèrent de l’autre côté de la porte en acier…
Manoir discret en Normandie
Tout le monde avait fini par s’installer dans les confortables sièges de la bibliothèque. Alexandra venait de terminer d’expliquer comment elle avait été plongée dans le « monde réel » couvert par le warp zone project.
- Basileia : Et toi ? Qu’est-ce-que tu viens faire dans tout ça ?
- Mashan : Oh, en ce qui me concerne c’est plus simple : mes deux parents sont des « supers » et j’ai naturellement hérité d’une partie de leur génome… Je suis dans le wzp depuis ma naissance.
- Basileia : et donc tu as des pouvoirs ?
- Mashan : oui.
- Basileia (avec un mouvement de tête interrogatif) : et… ?
- Mashan : et c’est tout. Je n’aime pas en parler.
- Basileia : t’es gonflé ! Moi je te raconte tout et toi
- Mashan : et moi je reste discret
- Sam : Je vais te le dire
- Mashan : Storm Poison ! Ce n’est pas sympa…
- Karumiko : Storm Poison ?
- Mashan : héhé, je ne suis pas le seul à faire des cachotteries…
- Basileia : ne détourne pas la conversation ! Je te connais !
- Mashan (consultant l’écran de son smartphone qui venait de sonner pour une notification) : de toute façon, en ce qui me concerne la conversation s’arrête ici… je suis attendu. Mesdemoiselles, Monsieur…
Le jeune homme récupéra sa sacoche, et précédé d’une Myss Lyli aux petits soins, quitta la demeure.
- Basileia : Alors Sam, quel est donc le terrible secret du demif’ ?
- Sam : il en fait tout un plat, mais ce n’est pas grand-chose… Sous couvert de son entreprise de pompes funèbres, il exerce ses dons de nettoyeur : il est capable de faire disparaître, je ne sais pas comment, toute trace d’une créature morte. Le moindre atome risquant de révéler un ADN disparaît… D’aucuns prétendent qu’il pratiquerait un genre de nécromancie, mais cela n’a jamais été prouvé. D’autres disent que c’est un genre de vampire ou de goule qui absorberait les cadavres… là aussi sans aucune preuve… Moi je l’aime bien dans le fond, et il rend vraiment de grands services à notre faction
- Basileia : Mouais… bref il reste un mystère…
- Sam : dis, tu ne voudrais pas essayer de me masser, juste là entre les épaules… j’ai comme un nœud dans les muscles depuis que j’ai éclaté le ninja…
- Basileia : je n’ai aucune compétence dans ce domaine…
- Sam (s’allongeant sur une chauffeuse) : bah essaye, c’est vraiment pas agréable, tu ne pourras pas empirer la situation…
- Geniet : Ah ! j’entends la voiture qui revient… je vais enfin pouvoir me rhabiller !
- Karumiko : attends moi poussin, je t’accompagne dehors, j’ai laissé ma hache dans une souche…
Alexandra malaxait doucement avec ses pouces la zone tendue entre les omoplates de Sam, et ne put retenir un sourire lorsqu’elle entendit la farouche guerrière en robe du 19è siècle commencer à ronfler d’une manière peu digne d’une lady…