Elle se tenait debout sur un rocher, observant les alentours. Tout était tellement calme… Il n’y avait pas l’once d’une vie. Rien. Pas un son. Pourtant… Pourtant, avant qu’elle ne s’endorme, tout allait bien, rien n’était comme ça. Syrial était une terre remplie de vie et de bruits divers et variés, qu’elle peinait parfois à analyser au même instant. Mais là… Rien. Comme si tout s’était figé.

Elle sauta du rocher, atterrissant sur ses quatre pattes, puis se redressa à nouveau pour considérer de près un papillon qui voletait là. Enfin… Non. Figé, réellement. Pas de vie, pas de bruits. Elle continua à avancer, s’arrêtant ici et là pour examiner son environnement. Finalement, plus elle avançait, plus elle sentait qu’il y avait un problème.
Elle se retourna soudainement. Un son, par là-bas. Elle reprit son avancée et s’arrêta finalement au pied d’un arbre, l’étudiant de sa soixantaine de centimètres de hauteur. Une brise s’était levée, et le feuillage de cet arbre dansait doucement avec elle. L’animal avança encore de quelques pas sur ses pattes arrière, regardant les feuilles. Elle ronronna quelques secondes. Finalement, tout n’était pas si immobile…

Elle se dirigea vers un buisson de baies qu’elle connaissait bien. Peut-être était-ce même ses préférées… Elle en prit une première avec soin entre ses deux pattes, décalant légèrement ses longues oreilles sombres pour ne pas être gênée par elles pour son repas. Elle mit le petit fruit en bouche goulûment et le mâcha avec soin. Il lui semblait ne pas avoir mangé depuis une éternité ! Elle commença à ronronner de contentement, prenant une deuxième baie, puis une troisième... et quelques autres. Alors qu’elle était en train de manger sa dernière, et qu’elle percevait toujours le doux bruit de la cime au gré du vent, elle entendit un autre son, puis plusieurs similaires. Au loin, dans la direction qui lui faisait face. Elle avala le dernier morceau de son repas et s’assit quelques instants, prenant garde de ne pas écraser ses deux longues queues. Elle observa l’horizon sans rien apercevoir.

A présent, la petite bête entendait d’autres sons, des arbres. Mais ce bruit-là… Ce bruit-là était animal. Ce n’était pas l’un de ses congénères. Elle émit toutefois un petit cri aigu, puis un autre. Rien, aucune réponse. Elle réessaya. Plus aucun bruit. Elle se releva et trottina donc dans cette direction, continuant à percevoir des sons précédemment disparus. Elle se sentait mieux qu’à son réveil. Peut-être était-ce le fait de s’être restauré, mais voir la forêt reprendre vie la confortait aussi. Elle continua un petit moment avant d’atteindre un certain endroit. Se stoppant, elle remarqua les traces laissées par un troupeau. Enfin, plusieurs individus. Mais elle ne savait pas identifier quelles choses étaient passées par là. Son odorat ne reconnaissait pas non plus cette odeur… Étrange.

La créature ne prit pas le risque de partir vers l’inconnu et tomber sur une chose déplaisante. Elle préféra reprendre un autre chemin entre les arbres, s’arrêtant par moment pour observer un insecte se mouvant. Cette partie de la forêt avait l’air plus éveillée que celle où elle était auparavant. Finalement après de longues heures à redécouvrir son environnement encore partiellement figé, elle grimpa dans un arbre et se blottit dans un confortable espace. Puis, la pikouaï s’endormit.