dans Made in fan (9 réponses)
Publié par Ophaniel, le 10 January 2020 - 12:28
[Level up] Le forum passe au niveau 6
dans Annonces officielles (18 réponses)
Publié par Valk, le 21 January 2020 - 22:53
[NEOGICIA] Projet Darkness
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CHAPITRE 11 (deuxième partie) : Le passage s'ouvrit lentement avec une épaisse fumée qui s'échappa du sol. Le professeur Brom actionna un panneau de contrôle qui alluma la pièce. Elle était identique à celle qui m'avait accueillie pour mon injection, à ceci près que l'appareil au centre n'était pas le même. Il y avait du matériel médical un peu partout et même une salle d'opération dans un coin. Notre camarade sourit en voyant qu'il y avait tout ce qui fallait. Il déposa Lucerna sur la table. La porte s'ouvrit de nouveau et nous sursautâmes en pensant qu'il s'agissait d'un garde, mais ce n'était que le professeur Ackerdïn. - Bien le bonjour, dit-il. Tiens, Loster, vous ici ? Quel plaisir ! Ma… fille... va bien ? Je vis le Technogräde serrer son poing droit et tenter de se contenir. - Faites très attention, vieux fou. Le brouillard pourrait se montrer impitoyable… - Je garde ça en tête, répondit-il avec un sourire, sans que je n'en comprenne la signification. Il mit quelques secondes à retrouver son calme et se tourna vers Loreley. - Borg, Lloyd, rentrez les deux soldats à l'intérieur et ficelez les dans un coin. Prenez leurs habits et mettez vous en tenue. Si une patrouille passe et voit cette porte libre, ils vont se méfier et envoyer des renforts. - A vos ordres. Erik embrassa Lucerna sur le front. - Je vous fais confiance, professeur. - Comptez sur moi. Sachez que ce premier test est concluant, c'est pour cela que j'accède à votre requête de les retirer. Nox pense continuer l'expérience mais cela serait inutile. Déjà, j'ai toutes les données dont j'ai besoin et deuxièmement, il n'y aura pas d'amélioration de compatibilité. J'ai ramené aussi ceci. Il avait une sorte de trousse à outil à la main qu'il ouvrit. Il en sortit deux bracelets dorés, une bague et un serre-tête. Mon passé d'Olydrienne me disait qu'il y en avait pour plusieurs millions de crédits. - Ce sont des artefacts que j'ai ramené au cours d'une mission, il y a très longtemps. Le progrès que tu m'as assuré pour mes expériences mérite cette récompense. Donne les à ta bien-aimée. Elle retrouvera la force des implants. - Merci professeur ! Il partit à l'extérieur avec Loreley. Le professeur Ackerdïn s'approcha de moi. - Mademoiselle Asigar, le cauchemar ne fait que commencer… - De quoi parlez vous ? - Nous sommes ici pour sauver Lucerna. Mais votre mission est double : vous devez aussi sauver Erik de sa funeste destinée. - Certes. - Je vous garantis que le problème de l'assassin est mineur a coté de celui que vous allez devoir affronter. Ici, il ne s'agit que d'une solution que l'on a retardé au nom de la science. Une fois qu'elle sera débarrassée des ajouts et régénérée, tout ira bien pour elle. Sa puissance est gigantesque et tromper Lucans ne sera qu'un à-coté. Sauver Erik… C'est autre chose. Nous avons un problème mais pas de solution. Si on trouve Darkness, que se passera-t-il ? Cette vieille carcasse emprisonnée par Lys ne nous sera d'aucune utilité. Quant à vous, vous bénéficiez d'une protection absolue. - De quoi parlez vous ? - De Keynn Lucans. Même si j'avais envie de vous disséquer pour comprendre de quoi vous êtes faite, je me heurterai à une barrière infranchissable. Votre ADN est un secret total de l'Empire. - Vous pensez que je pourrais aider ? - Votre célébrité en tant qu'injectée a fait pencher beaucoup de monde sur votre cas, et cela pourrait constituer une meilleure piste que l'aberration. Mais cela n'augmenterait nos chances que d'un point sur un million de trouver la solution. - Que proposez vous alors, demandai-je avec un brin de colère. - La solution n'est peut être pas dans la technologie. Je ne vous promets rien mais je vais vous aider. Le sauvetage d'Erik pourrait être aussi une avancée scientifique plus grande que ce que l'on pourrait imaginer. J'en restai muette, perdue dans mes pensées. Le professeur s'équipa et débuta l'opération... Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 12 (première partie) : Le professeur Ackerdïn prépara tout ses instruments qu'il déposa sur une table roulante à coté. Il injecta une autre dose d'anesthésiant à Lucerna pour éviter qu'elle ne se réveille pendant l'opération. De ce que j'en avais vu la première fois au laboratoire, il y avait pas mal de travail : sa jambe droite était parcourue d'un soutien tout le long, son bras gauche était manquant et l'implant le remplaçait totalement, et sa colonne vertébrale était entourée d'anneaux et était fixée à sa cage thoracique par six longues tiges souples en forme de pattes d'araignée. - Mademoiselle Asigar, dit-il. Je vais avoir besoin de votre concours. - M...Moi, hésitai-je. - Vous aviez fait médecine en première année non ? Vous serez une excellente assistante ! Mon confrère, Hans, avec qui je fais généralement ce genre transplantation, ne participe pas à l'opération. Je ne peux cependant pas faire ça tout seul. - Je… comprends… Je retirai mon long manteau et enfilai une blouse, des gants, un masque et une charlotte. Bien que j'avais appris les rudiments de la médecine, qui m'ont d'ailleurs permis de sauver notre enseignant de combat, je n'avais jamais participé à une opération. J'en connaissais les grands principes mais ce n'était que de la théorie. - Tout d'abord, aidez moi à enlever son armure, sinon, nous risquons d'avoir un peu de mal, plaisanta-t-il. J'avais repéré les deux loquets situés sur ses épaulettes pour la faire tomber d'un coup. Nous retirâmes toutes les plaques puis ses vêtements en dessous. Mon irrépressible orgueil féminin me rendait un peu jalouse du volume de sa poitrine, surtout qu'elle était agée d'un an de moins que moi, mais d'un autre coté, je me demandai comment elle arrivait à être aussi agile avec ce surpoids. Andrew posa toutes sortes de sondes sur sa peau. - Surveillez ce moniteur, me dit-il en désignant l'oscillateur cardiaque. Cela mesure son pouls et il ne doit jamais descendre en dessous de quarante ni monter au-delà de cent vingt. S'il est trop bas, cela signifie que la pression sanguine n'est pas assez forte. Pour cela, accélérez le débit de la perfusion et faites lui une injection d'adrénaline à dix milligrammes. Si ce n'est pas suffisant, vous avez un défibrillateur à votre gauche, vous chargez à deux cents joules pour le premier choc puis à trois cent soixante joules pour le second. Il faut à tout prix que le cœur reparte après ce second choc, sinon... - Compris. - S'il est trop élevé… Eh bien… Cela signifie que l'alliage qui compose les implants est endommagé et est passé dans son sang. Dans ce cas là, il faudra agir encore plus vite. Vous avez une machine à votre droite qui est branchée sur son système sanguin. Il faudra alors l'enclencher dans les cinq secondes. Elle est prévue pour purifier son sang et lui injecter une dose d'un produit de ma composition qui annulera les effets. Suivez mes instructions à la lettre et tout se passera bien. - A… A vos ordres. Je sentais déjà une goutte de sueur perler sur mon front. Pourtant, la pièce était glaciale. - Nous allons d'abord retirer les implants externes, un à un et voir les réactions de son corps. Aucun d'entre eux n'est relié à son système sanguin donc nous n'auront pas à clamper d'urgence. Il faudra juste bander rapidement ses plaies pour arrêter le saignement de surface, le temps que l'opération se termine. - Et, à l'intérieur, me risquai-je à demander. - C'est là que ça se complique. Elle possède deux organes internes à remplacer : son foie et son poumon gauche. Ce moment sera critique. Il faut que la cuve soit prête à être enclenchée. Il va me falloir à peu près une demi-heure par organe. Vous stopperez le flot sur l'un pendant que je retirerai l'autre. Une fois les deux retirés, et si tout va bien jusque là, elle disposera d'environ vingt minutes avant de franchir de seuil de la mort. La cuve mettra exactement quinze minutes à la stabiliser. Nous avons donc cinq minutes critiques durant lesquelles nous ne devrons faire aucune erreur. La pression était énorme et je commençai à trembler. Une deuxième goutte perla sur ma tempe. Je sentis une main chaude sur mon épaule. - Tout va bien, Asigar, me rassura le professeur Brom. Vous allez y arriver ! - Merci, professeur… Mon tremblement s'était arrêté et je regardai Andrew. - Allons-y. Il mit en route l'oscillateur cardiaque. Lucerna avait un pouls régulier à quatre-vingt. Nous allions commencer par le plus facile : son bras. Ses implants avaient été conçus sur la base de verrous mécaniques qui s’interfacent avec le corps. Il fit sauter les trois sur son épaule. Je remarquai que la faible lueur émise par les circuits venaient de s'éteindre. Il passa plusieurs minutes à contrôler les raccords avant de lui retirer totalement. La blessure était plutôt nette et certains de ses artères s'étaient bouchés d'eux mêmes. Un peu de sang s'écoula de son épiderme mais rien de bien méchant, surtout rien que je ne puisse gérer. Nous passâmes ensuite sur sa jambe. C'était plus compliqué car des tiges reliaient l'implant à son ossature. - Il va falloir l'ouvrir sur tout le long, chuchotai-je. - Non, regardez. Il ouvrit une petite trappe secrète au niveau du genou révélant une sorte d'adaptateur. Il sortit un ordinateur portable qu'il fixa à son avant bras, avant de le connecter par des câbles à l'implant. Il pianota quelques instants et un bourdonnement se fit entendre. Les tiges commencèrent à pivoter et du sang jaillit des trous qu'elles avaient provoqués. J'épongeai du mieux que je pouvais et d'un seul coup, elles se rétractèrent rapidement dans le morceau de métal intelligent, désormais libre, qui tomba lourdement sur la table. - Et de deux… Il va falloir la retourner. Mademoiselle Asigar, maintenez ses épaules, je fais basculer sa hanche. Nous plaçâmes Lucerna sur le ventre et je vis que le système d'attache était identique. Quelle merveille de technologie était-ce là ! J'en étais admirative à la fois sur le talent du professeur et sur la finition. Cela s'intégrait très bien aux courbes du corps. Il actionna le bouton secret pour activer le retrait. Toutefois, il constata qu'une des branches ne voulait pas se retirer. A l'aide d'une loupe, il scruta les moteurs et vit qu'il y en avait un de coincé. - Je n'ai pas le temps de le réparer, affirma-t-il. Nous allons devoir ouvrir. Il saisit un scalpel et découpa délicatement la peau mais il rencontra une forte résistance. - J'avais oublié ça… Cela me surpris : le tatouage qu'elle avait autour de l'implant empêchait l'extraction. Je n'avais rien vu de tel. - Professeur ? Qu'est-ce ? - Un tatouage runique destiné au renforcement du corps. Il dispose d'un effet actif et d'un effet passif. Ce que nous voyons là est un effet passif. Sa peau est beaucoup plus résistante et elle se répare plus vite. - En effet, le saignement de son bras est presque terminé. - Cela ne permet pas une restauration d'un membre perdu mais c'est efficace contre les coupures ou les fêlures. Et lorsque son possesseur l'active par sa volonté, sa peau devient alors aussi dure que du fer. Quant au tatouage en lui même, il est indestructible. - C'est incroyable ! - J'ai trouvé un moyen de contrer cela. Il tapota encore sur son ordinateur et l'implant se sépara de la tige incriminée. - Elle s'est rétractée et détachée de l'os. Une fois dans la cuve, le liquide considérera ceci comme un corps étranger et l'expulsera. Ne vous faites pas de souci. Passons maintenant aux choses sérieuses. J'entendais parler à l'extérieur. Cela ne pouvait pas être Erik ou Loreley. Je doute qu'ils compromettent une mission à discuter aussi fort. Je jetai un œil vers le professeur Brom qui se dirigeait déjà vers la porte. - Restez concentrée, Mademoiselle Asigar, me rappela Andrew. C'est maintenant que tout se joue. A l'aide du scalpel, il ouvrit entièrement l'abdomen du Lucerna. Je lançai toujours des regards vers le moniteur cardiaque pour vérifier le pouls. Il était monté à cent. Rien d'inquiétant car cela restait dans la fourchette indiquée. Le docteur m'indiqua le foie, une grosse pièce de métal rutilante. La difficulté était de le retirer sans toucher les autres organes. - Professeur, criai-je, en voyant son pouls à cent cinquante. - Infection, cria-t-il à son tour. J'actionnai en urgence la machine qu'il m'avait indiqué pour ce cas. Cent soixante. Cent soixante-dix. Ça s'accélérait encore. Je remarquai que des zones autour de l'implant devenait légèrement noires et que le docteur devenait aussi nerveux que moi. Cent quatre-vingt. Il prit une pipette et arrosa un liquide orangé autour du foie. Le noir sinistre, qui s'était répandu, disparaissait. Cent soixante. Il remit une dose dans la blessure et me relançai une autre dose. Cent vingt puis cent. La crise était passée. - Nous avons eu chaud, souffla-t-il. Maintenant, le poumon. Il plaça le foie dans un bocal à coté de lui contenant un fluide transparent puis le referma. Le problème des poumons était les cotes. Heureusement, le lien avec l'organisme était en bas. Il débrancha doucement l'arrivée. Le moniteur bipa. Son pouls venait de tomber à trente. - Le cœur ne l'a pas supporté, lança-t-il. Injection d'adrénaline ! Activez l'oxygène ! Du sang s'écoulait de sa bouche. Il fallait intuber. Quarante, puis cinquante et enfin soixante. Son rythme cardiaque venait de retrouver la forme. J'en étais soulagée. Comme précédemment, il plaça le poumon dans un bocal. - Maintenant, le temps nous est compté ! Retirez tous les bandages, les clampes et éloignez le matériel du centre ! - Comment allons nous la transporter dans la cuve ? Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 12 (deuxième partie) : Un coup de feu résonna à l'extérieur. Je me tournai vers la porte en sursautant. - Saly, hurla le docteur, me rappelant à l'ordre. J'oubliai alors ce que je venais d'entendre et retirai tout ce qui allait gêner la régénération. - C'est l'avantage de cette pièce… Andrew appuya sur plusieurs boutons sur un moniteur et la cuve, située dans un coin jusque là, se souleva, changea de position et vint se placer horizontalement sur l'assassin, l'enveloppant entièrement. Le liquide vert remplit alors tout l'espace jusqu'à la submerger. La tension était à son comble pendant le quart d'heure qui suivit. Au terme, les sondes indiquèrent alors un état en amélioration. - Nous avons réussi, affirma le docteur Ackerdïn en s'asseyant sur un fauteuil derrière lui et en retirant son masque. Mes jambes n'en pouvaient plus et je m'assis au sol, incapable de faire un pas. Je retirai moi aussi mon masque et jetai un œil vers la porte. Je n'entendais plus rien, à part le ronronnement de la cuve. Et si une patrouille était passée et qu'ils les avaient fait tous les trois prisonniers malgré leur couverture ? - Combien de temps cela va prendre, professeur ? - Au vu de son état et de l’extrême limite que nous avons atteint, je dirais quatre bonnes heures. Malgré mon épuisement, je me relevai tant bien que mal, retirai mes atours médicaux et renfilai ma veste, puis me dirigeai vers la porte. - Restez là, interrompit le docteur Ackerdïn. Cela fait maintenant trente minutes que nous avons entendu du bruit. Si c'était réellement une patrouille accréditée, ils seraient entrés. Il y a autre chose. Tant que nous restons à l'intérieur, nous serons en sécurité. Tout ce que vous avez à faire, c'est attendre. Lucerna pourra nous aider. - Mais s'ils sont blessés ? S'ils sont morts ? - Apprenez la patience, jeune demoiselle. Vous avez été médecin de terrain. Vous me comprenez. Lorsque le monde s'écroule autour de vous, vous devez rester calme comme une mer d'huile. Pensez. Ne ressentez pas. Agissez avec réflexion et non avec passion. - Je ne peux pas rester là sans rien faire ! - Je suis désolé. - De quoi ? - De ça. Je vis le docteur sortir un pistolet de son pardessus et le pointer dans ma direction avant de faire feu... Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 13 (première partie) : J'ouvris lentement un œil. Une lumière tamisée vint remplir ma vue et je clignai des paupières. La sensation me rappelait la chambre dans laquelle je m'étais réveillée après mon injection. Une fois ma vision ajustée, je regardai à droite et à gauche. J'étais toujours dans la salle de l'opération. Une forte résistance entravait mes poignets. J'étais en fait ligotée sur une chaise et mise dans un coin. - Ho, la princesse se réveille, dit une voix familière. C'était le professeur Ackerdïn, toujours assis sur son fauteuil, et fumant une pipe. Je tentai de me débattre mais mes liens étaient solides. - Inutile de tenter quoi que ce soit, Mademoiselle Asigar, reprit-il. - Pourquoi m'avez vous attachée ? Pourquoi m'avoir tiré dessus ? Et… Pourquoi je ne suis pas morte en fait ? - Rappelez vous où vous êtes, affirma-t-il en pointant la cuve du doigt, désormais vide. Lucerna était donc sortie. Mais où était-elle ? S'en était-elle tirée ? - Je voulais provoquer un choc suffisamment fort pour que vous perdiez connaissance. Votre fougue aurait pu causer notre perte. Je vous ai ensuite rétablie avec la cuve puis entravée. Je savais que vous n'alliez pas être commode au réveil. - Et comment ! J'ai envie de vous coller mon poing dans la figure ! Il sourit. Ce qui ne me rassurait pas du tout est qu'il avait remis sa blouse et son masque. - Tout d'abord, permettez moi de vous remercier pour votre assistance. L'opération a été un succès et le bénéfice scientifique que j'ai pu en tirer est énorme. Il me suffira maintenant de trouver des investisseurs – et croyez moi, j'ai déjà des noms en tête – pour commercialiser mon projet. J'ai beau avoir donné mon âme à la science, comprenez moi qu'elle ne nourrit pas l'homme… Mais je suis curieux à votre égard. Ce que je vous ai dit tout à l'heure sur votre protection assurée par l'Empereur n'est pas un mensonge. Toutefois, maintenant que vous êtes ici, à ma merci, j'ai une envie irrépressible de faire quelques expériences. Je me débattais sur mon fauteuil, tentant encore une fois de me libérer. La porte s'ouvrit doucement, et l'assassin entra, visiblement en excellente forme, vêtue de son armure de combat ainsi que des cadeaux magiques offerts par le docteur. Je remarquai aussi qu'elle portait toujours ses implants. Qu'elle étrangeté était-ce là ? - Ha, ma chère, dit-il en se tournant. Pourriez vous surveiller notre invitée pendant que je prépare la salle ? - Mais avec plaisir, répondit-elle d'une voix douce. Elle marcha vers moi d'un pas pressé et arrivée à ma hauteur, elle me gifla d'une puissante frappe. Je sentis les os de mon cou craquer et je ne pus retenir un petit cri. - Ça, c'est pour avoir voulu embrasser Erik. J'ai un désir fou de te torturer de toutes les façons possibles mais je vais laisser ce cher docteur faire son œuvre. Il a besoin que tu sois en pleine forme. Je m'amuserai avec toi après. Ou ce qu'il restera de toi. Je lui lançai un regard meurtrier et elle me répondit avec un sourire narquois. - Allons, Mademoiselle Darkblade. N'endommagez pas mon spécimen ! - Désolée, professeur. Je suis toute émoustillée de voir cette jolie jeune fille attachée ainsi. - Hum, bon, toussa-t-il, visiblement gêné. Mettez là sur la table. Je suis prêt. Elle dessina une rune dans le vide. Mes attaches de corde au poignets tombèrent et furent remplacés par deux cercles magiques bleus. Elle leva son doigt en l'air et les cercles suivirent. J'étais suspendue au dessus du sol, les bras tirés et mes épaules me faisaient un mal de chien. Elle m'allongea ensuite de force sur la table. Deux autres cercles apparurent autour de mes chevilles. - Soyez gentille, dit le professeur Ackerdïn. Ce sera bientôt terminé. Je me mis à hurler de terreur. Un bruit sourd se fit entendre et ce dernier s'écroula au sol, inanimé. Derrière son dos apparut Lucerna, qui venait de le frapper avec le pommeau d'une de ses dagues. Elle claqua des doigts et mes liens disparurent. - Que… Quoi ? Elle m'aida à me relever. - Je suis désolée de t'avoir fait peur… Et de t'avoir frappé aussi. - C'est quoi ce bordel, lançai-je, haletante. - Je t'expliquerai en chemin. Mais avant, refringues-toi ! Effectivement, le docteur avait mentionné un passage en cuve. Il avait donc du retirer mes vêtements et en baissant mon regard, je vis effectivement que je n'étais vêtue que d'une blouse de laboratoire. L'assassin me tendit ce que je portai en arrivant. - Je n'allais tout de même pas laisser ce salaud te déchiqueter. - Je pense que je te dois un merci alors. - C'est plutôt à moi de te remercier, pour tout ce que tu as fait, affirma-t-elle en bougeant son bras gauche. La douleur constante est partie… Et je me sens plus vivante que jamais ! - D'ailleurs, comment se fait-il que je voie toujours tes ajouts ? Elle retira son serre-tête et les bouts de métal apparents disparurent. - C'est un serre-tête doppelgänger, un artefact magique très rare. Lorsqu'un utilisateur le porte, il peut modifier ce qu'il souhaite de sa personne, dans les moindres détails. Elle le replaça et me fit une démonstration en changeant la couleur de son armure ou de ses cheveux, sa taille, son visage et même son corps tout entier. Elle me surprit en prenant mon apparence. - C'est génial, m'écriai-je. - Mes missions d'infiltration, ça va être du gâteau désormais ! - Tu n'es pas trop fâchée d’être revenue normale, alors ? - J'ai fulminé à mon réveil, c'est vrai. Cependant, tu as été inconsciente pendant huit heures. J'ai eu le temps de tester les objets apportés par Ackerdïn, et je peux t'assurer qu'ils compensent largement le manque. - Juste une question… - Oui, je sais que je dois remercier aussi Erik, anticipa-t-elle. Il a tout donné pour moi et je lui dois bien ça. C'est à mon tour de le sauver. - Tu... étais au courant ? - Vous êtes aussi discrets qu'un glisseur au décollage et ne me prends pas pour une greluche. Si je n'avais pas une attention particulière aux gens et à mon environnement, je ne serais pas devenue l'une des meilleures assassins de l'Empire. Je n'avais rien à répondre à cette logique imparable. - Tu es plus gentille que tu en a l'air, soupirai-je avec un sourire. Elle arbora un visage vexé. - Ne joue pas trop avec moi, gamine. Et laisse cet imbécile par terre pour le moment, me dit-elle en voyant que je le regardai fixement. Même s'il a dépassé les bornes en s'en prenant à toi de cette façon, il m'a sauvé la vie deux fois. Je n'avais pas l'intention d'attaquer un homme sans défense mais je me demandais qui il était vraiment. Il donnait l'impression d’être quelqu'un de très important. - Il a parlé de… sa fille. Qui est-elle ? - Je ne sais pas si je suis la mieux placée pour répondre à ta question. Mais si tu veux savoir, je suis la numéro un auprès de Nox Lucans, son frère Keynn a aussi sa numéro un. - Ce n'est pas moi, ricanai-je. - Pffff, ne te prends pas pour le centre du monde. Aux yeux de l'Empire, tu es très importante, c'est vrai, et qu'en tant que haut gradé, je me dois aussi de protéger les investissements de ma faction. Aussi, je serais ta gardienne jusqu'à qu'on ai retrouvé Loster. - Ho, c'est trop mignon ! - Arrête de prendre cet air niais, sinon je te laisse là… - Bon, c'est quoi le plan ? - C'est à toi de me le dire. Je fouillai le veston du professeur Ackerdïn et trouvai un carte d'accès. Je renfilai mon manteau et me dirigeai vers la porte. Lucerna se téléporta devant moi et saisit la carte. - S'ils nous attendent avec l'artillerie lourde derrière ce passage, ça serait mieux que ce soit moi qui passe devant non ? - Non, on y va ensemble. Je suis pas là pour me cacher derrière toi, lançai-je. Elle actionna le tableau de contrôle et la porte s'ouvrit lentement. Le couloir était plongé dans l'obscurité car les lumières tamisées qui parcourait les murs s'étaient éteintes. - Une odeur de sang, affirma Lucerna. Reste sur tes gardes. On avançait lentement. Le faible éclairage provenant de la pièce derrière nous n'allait pas nous aider au-delà d'une vingtaine de mètres. - Nous allons avoir vraiment besoin de lumière si on veut continuer. Elle traça une rune sur le mur et un portail noir apparut, beaucoup plus petit que celui du combat contre le monstre. Une sorte de créature étrange en sortit, pas plus haute qu'un smourbiff, entourée d'une cape de jute qui couvrait l'intégralité de son corps et de sa tête. Il tenait dans sa main gauche une lanterne luisant d'une lueur verte malsaine. Toutefois, cela émettait suffisamment loin pour éclairer à une dizaine de mètres. Nous avançâmes à pas lents, scrutant partout à la fois. Comme lors de notre arrivée, j'activai mes supers sens de détection pour repérer le moindre danger. L'assassin s’arrêta à un angle de couloir et s'accroupit. - Du sang… La créature balaya les alentours et deux cadavres apparurent. Elle les observa attentivement tout en fouillant leurs poches. - Ces gars là… - Qu'est-ce qu'ils ont ? - Ils ont l'air d’être autant de l'Empire que le général Helkazard. - Hein ? - T'es longue à la détente, sérieux ! Regarde ! Elle me montra une main avec ce drôle de tatouage que j'avais déjà rencontré. - La guilde des Marcheurs de l'Ombre, m'écriai-je. - Oui. - Comment ont-ils fait pour arriver ici ? - Ils sont puissants et disposent de nombreuses ressources. Et puis, en tant que guilde neutre, ils ont plus de marge de manœuvre qu'en appartenant à une faction. - Halte, hurla un homme derrière nous. Six hommes vêtus d'un costume de soldat de l'Empire nous tenaient en joue. Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 13 (deuxième partie) : - Que faites vous ici, dit celui qui était le plus haut gradé, en tenant compte du galon sur sa poitrine. - Baissez vos armes, répondit Lucerna avec autorité. - Madame, crièrent-ils en chœur avant de mettre un genou à terre. - Rapport de mission, soldat ! Maintenant ! - Il y a maintenant dix heures, un signal inconnu a été émis de cet étage. Pensant à une invasion discrète de la Coalition, nous avons déployé des troupes en renfort dans ce secteur afin de trouver et de neutraliser les éventuels suspects, mais nous n'avons rencontré personne. Deux heures plus tard, des coups de feu ont résonné par ici et une patrouille est allée vérifier. Cela s'est passé en un éclair car elle n'a mit qu'une minute pour arriver et c'était déjà terminé. Nous enquêtons sur ce qui s'est passé depuis. - Pourquoi ne pas avoir retiré les corps ? - Ordre du commandeur Kynn. Il nous a dit de ne rien toucher tant qu'on aura pas découvert la source de cette perturbation. - Bien, rompez. Continuez votre activité. - Compris, Madame. Lucerna attendit quelques secondes, le temps que les soldats soient hors de portée. - Inutile de s'attarder ici. Laissons ces imbéciles macérer un peu. Si les Marcheurs de l'Ombre sont dans le coup, nos amis ne sont plus là. Nous devons agir vite, ils ont huit heures d'avance sur nous. - Qu'allons nous faire ? - On va se farcir la guilde, répondit-elle, en souriant. Ça te dit ? Je lui rendis son sourire en signe d'approbation. Nous prenions alors la direction du téléporteur... Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 14 (première partie) : En sortant du téléporteur, et tout en courant, Lucerna m'expliqua son plan. Nous avions atterri non loin du parc Oxygenium. - J'ai entendu parler de l'un de leur repaire dans le coin. On va aller leur poser directement la question. Erik ne dira rien, il est plutôt costaud pour ça. Je suis d'ailleurs étonné qu'ils aient réussi à le capturer. - Je suis d'accord. Le prof et Loreley ne sont pas des cibles faciles non plus. Soit ils les ont eu par surprise, soit ils ont utilisé une technique spéciale. - Ceux qui sont capables de faire ça ne sont pas légion. Les Marcheurs de l'Ombre possèdent une troupe d'élite appelée les Chercheurs du Vide. Ils sont spécialisés dans les opérations discrètes mais musclées et utilisent plusieurs sorts interdits par les Sources. Si ce sont vraiment eux qui ont fait le déplacement, cela ne me surprend guère. - Nous arriverons à les battre ? - Je ne me suis jamais frottée à eux. D'après les rumeurs, le maître de la guilde serait aussi fort que le chef de la Coalition, si ce n'est plus. Je vais devoir me surpasser pour l'affronter. Cette révélation ne me rassurait pas du tout. - Quant aux trois Chercheurs, reprit-elle, le peu de rumeur que j'ai entendu sur eux est que leur force combinée égale leur chef. Cela ne sera effectivement pas une partie de plaisir. Je vais avoir besoin de ton aide complète, Saly. Pendant que je dérouillerai ces têtes de gland, tu devras t'occuper du maître, ou au moins, tenir jusqu'à mon arrivée, si je ne suis pas trop amochée. - Mais si on arrive à les libérer, ils nous aideront non ? - Nous ne savons pas encore où ils se trouvent. Et je croise les doigts pour qu'ils ne soient pas encore tombés aux mains de la Coalition. Toutefois, tu as raison. Leur libération pourrait être un atout précieux. Erik est aussi fort que moi, de façon différente, mais nous n'avons jamais réussi à nous départager, lorsque nous faisions des matchs d’entraînement. Je me doute que Loster doit assurer aussi et vu le tempérament de ton amie, je pense qu'elle pourra faire des étincelles. - Elle en fait toujours, riais-je. - Nous allons arriver bientôt. S'ils nous n'obtenons pas les informations que l'on désire, à deux rues d'ici, il y a un comptoir Gagnetorith. Ils pourront peut être nous renseigner. - Compris ! Nous stoppâmes devant un grand bâtiment. Lucerna le contourna puis me désigna une porte dérobée. - Pffff, ils ne sont pas discrets… Elle actionna une manette et un pan de mur s'enfonça dans le sol. Un long escalier se dévoilait. - Tu as de quoi voir dans la nuit ? Je ne vais pas pouvoir invoquer de nouveau mon compagnon. - Je ne sais pas, je n'ai pas de torche. Le professeur Brom m'a donné ça, affirmai-je, en montrant la visière. - C'est très bien. Tu as un scanner sonar intégré là dedans. Active le et ton chemin se dessinera ! Effectivement, après quelques réglages, même si mon champ de vision était réduit, les murs, le sol et même les marches apparaissaient dans les lunettes sous forme de fils. Malgré le coté artificiel, j'y voyais comme en plein jour. De la véritable réalité augmentée ! Je remarquai que les yeux de l'assassin luisait légèrement. Cela devait être un sort de vision nocturne. - Allons-y, dit-elle. - Au fait, me rendant compte de ce détail qui vient de me tomber sur le coin de la figure, je n'ai pas d'arme ! - Et ta psyché ? - Elle ne s'active qu'en cas d'émotion violente. - Je te rassure, de l'émotion violente, tu vas en avoir. Mais tiens. J'ai pris le pistolet d'Ackerdïn. Il ne reste que cinq coups mais c'est mieux que rien. - Merci. Elle détacha une pointe amovible de son armure. - Et ça, ça peut te servir de poignard. Tu y fait attention, j'y tiens ! - Compris ! Nous entamions la descente lentement, comme d'habitude, avec tous nos sens en alerte. Mon instinct me hurlait que cette mission allait être un vrai fiasco : terrain inconnu, troupes potentiellement très supérieures en nombre et en puissance, armement très léger… Il n'était toutefois pas question de reculer. Il fallait aider nos amis ! De la lumière apparut un peu plus loin et des voix se firent entendre. Il s'agissait apparemment de membres de la guilde dans une pièce. Je relevais ma visière car il faisait suffisamment clair pour distinguer les formes normalement. En tournant la tête, je vis que Lucerna était partie. Le fracas d'un combat résonnait non loin. J'avançai alors jusque sur le seuil de la porte et vit l'assassin en plein centre, debout sur un portail noir ouvert au sol, par lequel s'échappait cinq énormes tentacules qui soulevaient de terre et étranglaient les cinq membres de la guilde présents. - Bon, fini de jouer, les guignols, cria-t-elle, avec une voix mêlant autorité et sadisme. Vous avez capturé trois de nos amis dans l'Oeil, deux hommes et une fille. Où sont -ils ? Les cinq hommes gigotaient dans tous les sens pour essayer de se libérer, sans succès. - Allez, mettez vous à table ! J'ai horreur de patienter ! - Heu, hum, Lucerna, lui tapotai-je sur l'épaule. Si tu les étouffes, ils ne pourront pas parler. Elle en relâcha un, qui s'écrasa de tout son poids après une chute d'au moins quatre mètres. Vu son armure de plaques lourdes, il a du avoir très mal. Ceci fut d'ailleurs confirmé par un craquement sourd suivit d'un cri. - Arrête de beugler et dis moi où ils sont. - Je te dirais rien, sorcière ! - Ha, j'ai déjà une première information. C'est bien vous qui avez fait le coup. C'est bien, mon petit, continue. - Merde… Je me tais ! - Tu es vraiment sur ? - Je ne trahirai pas ma guilde ! - Un sentiment honorable, j'en conviens. Mais aimes-tu tes camarades ? Elle resserra l’étreinte et ils toussèrent tous en chœur. Je ne savais pas trop quoi faire. L’arrêter ? La soutenir ? Ce spectacle était quand même très dérangeant. - Entends les cris de leur agonie. Je ne m'en lasse pas ! Ho, je viens d'avoir une idée. Tu n'auras pas besoin de parler. - Que veux tu dire, répondit le soldat en soufflant. - Regarde. Le tentacule noir reprit le membre de la guilde à terre et le souleva de nouveau comme ses amis. De nouveaux tentacules surgirent et vinrent agripper leurs bras et leurs jambes. L'assassin fit un signe de séparation avec ses doigts et ils furent tous écartelés dans une pluie de sang et de hurlements. Elle riait comme une possédée, tournoyante au milieu de cette douche morbide, et jubilant comme une enfant qui saute dans les flaques. Alors que moi, appuyée sur le rebord de la porte, je vidai le contenu de mon estomac, déjà pas bien rempli. Cette vision m'avait à la fois dégoûtée et révoltée. - Ça fait du bien, affirma-t-elle, en souriant et soupirant bruyamment. A cause d'Erik, je m'étais retenue depuis un moment, mais là, je me lâche. J'en pouvais plus. - C'est… C'est… dégueulasse. - Tu connais cette sensation de pisser après t’être retenue une journée entière ? Là, c'est pareil. La métaphore était plutôt sale, mais je comprenais son point de vue. Il était indéfendable, mais je le comprenais. Ce qu'elle venait de faire n'était que de la barbarie pure et simple, indigne d'un soldat de l'Empire. - Comment vont-ils parler, maintenant, repris-je avec colère, en m’essuyant la bouche. - Admire l'artiste! Elle prit une de ses dagues et s'entailla la main. Elle frotta un peu de son sang sur un des cadavres. - Réveillez vous, au nom d'Ark'hen, la Source de la Mort ! Je fis un petit bond en arrière en voyant la tête arrachée cligner des yeux. Elle la ramassa par sa chevelure. - Toi, tu parles ? - Oui... maîtresse, répondit le morceau de cadavre. - Alors, dis moi. Où sont les prisonniers ? - Nous... les avons... emmenés... dans notre cachette… - Où est-ce ? - Bas-quartiers… BioLab… - C'est là bas que vous créchez, hurla Lucerna, avec une terreur dans sa voix surprenante. - L'année dernière… Quartier général détruit… Coalition… Changement de lieu… - Pourquoi vous vous êtes fourrés là bas ? - C'est quoi BioLab, demandai-je. - Une ancienne installation de l'Empire, avant que l'Oeil ne soit transformé en laboratoire. Ils y ont fait toute une tripotée d'expériences pour mettre au point le sérum. Il doit y avoir toute une armée d'aberrations qui y traîne. - Que fait l'Empire ? - Rien. Ils préfèrent confiner ces bestioles et tenir en respect ceux qui voudraient d'échapper. Bien que ce soit les bas-quartiers, il y a une véritable garnison de soldats postés à l'extérieur. La seule solution serait de bombarder tout le site mais il faudrait évacuer le quartier. L'opération serait trop lourde et coûterait trop cher. D'ailleurs, répond moi ! Comment vous faites pour rentrer et sortir sans être vus par la garnison ? - Téléporteur… 12 36 -23... - Bien sur. Les flux de téléportation ne sont pas bloqués. Les créatures ne sont pas assez intelligentes pour s'en servir. Toutefois, si le maître de la guilde est là bas ainsi que les trois Chercheurs, je doute qu'il aient laissés ces monstres vagabonder. Ils ont du faire un carnage méthodique pour sécuriser leur nouveau palace. Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 14 (deuxième partie) : - Pourquoi avez vous enlevé nos amis, criai-je en secouant la tête. - Marché… Nous pas tuer prisonniers… Eux livrer nous Darkness… Coalition cherche Darkness… - Je comprends, repris-je. Mes amis ne se sont pas battus devant la porte. Ils se sont rendus. Leurs vie contre le cristal. - Protéger… Vous aussi… Nous vouloir entrer… Nous trop nombreux… Eux rendre… Pour protéger vous… - Et… Leur vie contre la mienne, dis-je tristement. Ils n'étaient pas surs de vaincre alors ils nous ont fait gagner du temps. Ils ont éloigné les Marcheurs pour que nous finissions l'opération tranquillement. - Bon, on en sait assez, affirma Lucerna en brisant le sort. On infiltre le laboratoire et on va récupérer nos potes ! - Comment es-tu sure que ce n'est pas un piège ? - Tu as peur ? - Oui, un peu. Nous allons infiltrer une ancienne installation de l'Empire, infestée de monstres et aux mains d'une puissante guilde. Ça ferait peur à n'importe qui. - Pas à moi. J'ai connu pire. - Pire ? Tu veux rire ? - Je t'ai pas raconté la fois où je me suis retrouvé face à un avatar de Dörtos ? - Qui est Dörtos ? - La Source du Néant. - Il existe d'autres Sources que la Vie et la Mort ? - Tu n'as pas idée. L'avatar a failli me détruire molécule par molécule alors que j'affrontai son armée du Néant. C'était il y a cinq ans. Mon maître y est resté pour me sauver, et mon groupe a périt dans un immense cataclysme. J'ai réussi à m'en débarrasser grâce à ma furie légendaire. - Une… furie légendaire ? - T'es vraiment à la ramasse toi. - Désolée. J'étais pas douée en tant qu'Olydrienne. - La furie légendaire est le sort ultime que toute personne peut obtenir au prix d'une très longue aventure. Je vais pas t'en faire tous les détails, disons que dès que tu en as une, tu peux te la péter grave. - Je saisis pas tout le concept mais je vais m'en tenir là. - Si on affronte ces dégénérés de Chercheurs, je risque de m'en servir. Je te conseille de te mettre à l'abri. - Reçu ! - Par contre, je vais faire un crochet par le Marché Souterrain. Je dois prendre quelque chose. On aura besoin d'un bon coup de pouce. Nous sortîmes de ce sinistre endroit et nous nous dirigeâmes vers les bas fonds. En passant par le quartier commerçant, Lucerna s’arrêta devant une petite échoppe de souvenirs. - Salut le vieux, je suis venu chercher les Dévastatrices, dit l'assassin à un vieil homme assit devant sur un banc. Il releva son grand chapeau en tirant une bouffée de sa pipe et toisa longuement son interlocutrice. - Je ne peux pas te les céder. Tu n'es pas prête. - Va chier, vieux fou et file les moi. - Tu as beau être une Assassin du Crépuscule et posséder ta furie légendaire, il te reste encore beaucoup à apprendre avant de maîtriser un tel artefact. - Donne les moi, sinon… Le vieil homme restait impassible. Il tira une autre bouffée qu'il cracha à la figure de Lucerna. Elle serra les dents et se contenait du mieux qu'elle pouvait. - Approchez, jeune fille, me dit-il. - Heu… Oui ? - Une Néogicienne injectée avec l'écusson de Mémoria. Intéressant. Asseyez vous, et racontez moi ça. - Je suis désolée mais je n'ai pas le temps, répliquai-je timidement. Nos amis sont en danger. Alors, si vous avez quoi que ce soit qu'il pourrait nous aider... - Protéger quelqu'un est un lourd fardeau. Il faut s'en montrer digne. Et je sens que votre cœur l'est. Si vous saviez les manipuler, je vous les donnerai avec plaisir. Il tendit la main vers un coffre à coté et l'ouvrit. Il en sortit deux dagues, ressemblantes à des crochets. Même moi qui avait renoncé aux Sources, je pouvais ressentir l’extrême malédiction de ces deux objets. - Leur manipulateur doit se montrer prudent. Seul une personne marchant dans la lumière peut espérer s'en sortir. Montrez votre voie à cette jeune fille impétueuse, Mademoiselle Asigar. Elle aura besoin de vous pour se sortir des griffes de cet artefact maudit. Lucerna décrocha les deux dagues qu'elle portait à sa ceinture et les fit disparaître dans un flash de lumière. Elle y plaça ensuite les Dévastatrices. - A la revoyure, le vieux. On va tâcher de ne pas crever. J'ai envie de te dévisser la tête alors attends moi sagement. L'homme rabaissa son chapeau, appuya de nouveau son dos sur le mur, en tirant une autre taffe et poussa un petit ricanement... Édité le 09 March 2017 - 14:10 par Jcdenton Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 15 (première partie) : - Hey, Lucerna ! - Quoi ? - Tu as eu tes jouets mais moi, je n'ai toujours rien, m'écriai-je. Je ne vais pas aller faire la guerre à une guilde avec un petit pistolet et un bout d'armure détachable, que je te rends d'ailleurs. - Tu as raison, excuse moi. Il faut t'équiper plus conséquemment. Nous sommes toujours dans le marché, je connais un ferrailleur sympathique. Nous tournâmes deux rues plus loin et nous fîmes face à une petite échoppe en plein air où un homme, ou devrai-je dire un géant, lisait son journal adossé à un réverbère. - Salut, gros tas, lança l'assassin, enjouée. - Lulu, répondit-il avec un grand sourire, en laissant tomber sa lecture. Tu vas bien ? Il s'agissait visiblement de deux vieux amis car ils se firent un longue accolade. - Ça faisait un moment que j'avais pas contemplé ta jolie frimousse ! - Que veux tu, Spark, les affaires, les missions… Je n'ai pas un moment de répit. - Je vois que tu t'es débarrassée de tes raccords. - Oui, une longue histoire. Je suis comme neuve et de retour dans le business ! Mais laisse moi te présenter mon amie : Saly Asigar. Il me tendit une main que je serra. C'était impressionnant car en refermant la sienne, il me couvrait presque l'avant bras. - Une tecknogräde, dit-il. Elle est mignonne. - Ne lui fais pas de l'oeil, gros balourd, plaisanta Lucerna en lui tapant dans le dos. - Alors, qu'est-ce que ça sera pour la demoiselle ? Je jetai un regard sur son étalage. Il y avait de nombreux objets que je reconnaissais, courants à Mémoria. J'avais même vu Loreley s'en servir de certains une fois ou deux lorsqu'elle partait en entraînement. Je repérai un gros fusil que je soulevai pour en étudier le poids et les fonctions. - Hola, elle plaisante pas, ta copine, affirma le géant. - Fais gaffe, Saly, c'est un désintégrateur lourd. Tu pourrais te blesser. - Qu'est-ce que c'est exactement, soufflai-je en le reposant, sentant que je n'avais pas assez de force pour le soulever complètement. - C'est une arme pour les exo-armures de première ligne. Avec ça, tu peux même affronter un dragon ! Je continuai mes recherches. Je tombai sur un pistolet massif avec six canons. - Un Maverick. Bon choix. Il est alimenté avec de la rosaphir. Tu n'auras pas besoin de le recharger. Enfin, pas souvent. - Et ça, demandai-je en prenant un long couteau droit. - C'est un couteau mono-filament. Une fois activé, il tranche l'acier comme du beurre ! - Je prends les deux, ça m'a l'air d'aller. - Cinq mille crédits. - T'es sérieux, s'exclama Lucerna. Tu veux nous faire payer cinq mille crédits un flingue à moitié rouillé et un couteau à tartiner ? - Que veux tu ma chère, ce sont les affaires. - Pffff, n'abuses pas trop. Cinq mille crédits avec cet occulteur ! - Il en vaut dix mille ! - Tu te fous de moi ? - Grrrr, douze mille les trois, ça te va ? Elle regarda sur la droite et saisit une ceinture avec quatre tubes. - Quinze mille et on te prend cette ceinture de grenades. - T'es une marrante toi ! C'est dix mille la grenade ! - T'as bouffé un clown ce matin ? - Je te fais le tout à quarante mille, parce que je te connais. Elle lui jeta une bourse. - Voilà tes quarante mille crédits. C'est vraiment parce qu'on en a besoin et qu'on a pas le temps. - C'est vraiment une corvée de faire des affaires avec toi... - A la revoyure, Spark ! - Prends soin de toi, ma grande ! J'examinai les objets achetés. J'avais trouvé le fonctionnement du pistolet, du couteau et des grenades mais pas du dernier. - Ça marche comme ça, me dit Lucerna en le prenant et en me le collant sur la poitrine. Mon corps devint transparent. - Tant que tu es immobile, il sera très difficile de te repérer. Si tu bouges, le décor arrière ondulera et on verra clairement qu'il y a un truc pas normal. - Compris ! - Nous allons pouvoir infiltrer ce merdier. J'espère que t'es motivée. - A retrouver mes amis ? La question ne se pose pas. - Alors, c'est parti. Nous étions arrivés devant la salle du téléporteur que nous avions emprunté avec Loreley pour venir dans les bas-fonds. Mais il était hors d'usage. - Tu vas le remettre en route ? L'assassin chargea une boule électrique dans sa main et frappa le moniteur de contrôle. La machine se mit à gémir puis à s'activer. Elle intensifia l'énergie et un passage s'ouvrit. Nous sautâmes en même temps. Le voyage fut bref et nous atterrîmes dans un long couloir, plongé dans la pénombre, aux murs bétonnés gris et à certains endroits recouverts d'une substance verdâtre non identifiée. Un bruit mécanique se fit entendre devant nous, suivi d'un sifflement aigu. - A couvert, hurla Lucerna. Un déluge de feu embrasa le couloir. Je devinai qu'il s'agissait d'une sorte de sentinelle automatique réagissant à une donnée précise, comme le son ou la chaleur. Il n'allait pas être facile de s'en débarrasser. Je fis un bond en arrière pour me placer derrière le pilier du téléporteur, une maigre planque mais il n'y avait strictement rien d'autre de visible pour se protéger des tirs. L'assassin courut sur un mur en chargeant droit devant. Elle lança une de ses dagues et l'explosion de la machine éclaira le fond, ce qui me permit d'apercevoir une porte fermée. Le plafond se teinta de rouge et une alarme retentit de partout à la fois. - C'est cramé pour l'entrée furtive, hurla ma camarade de combat. Nous nous dirigions vers la porte, s'ouvrant simplement à notre approche, dévoilant cinq gardes derrière qui ne s’attendaient sûrement pas à nous voir. Lucerna roula sur le coté et en embrocha un premier puis un second. Elle lança sa deuxième dague sur un troisième qui tomba. Je tirai et me rendit compte que le recul de mon arme était assez important. Cependant, malgré ma maladresse, je touchai à la poitrine un des adversaires. Le temps que je réamorce un second tir, elle avait déjà achevé le quatrième. - On va avoir toute la guilde sur le dos dans moins de cinq minutes ! Faut se grouiller. Où sont les geôles ? - Si tu les avait pas tous tués, nous en saurions plus… - Halte, cria une voix sur le coté. Nous étions mal : quatre membres de la guilde lourdement armés et un cinquième possédant une exo-armure. Lucerna saisit une grenade à ma ceinture et la balança en plein milieu. Il était temps pour moi de montrer que je pouvais mériter mon titre d'apprenti tecknogräde. Je me jetai à terre pour éviter l'explosion puis je profitai de la confusion générale pour me rapprocher du garde blindé. Contrairement à ses camarades bien amochés, sa protection lui avait sauvé la vie. Je sortis mon couteau mono-filament et entaillai ses arrivées d'énergie puis ses plaques pour le voir finalement tomber au sol. Il allait bien mais son armure, désormais dépourvue d'assistance de motricité, le maintenait à terre par son poids. - Tu vas nous dire où se situe ceux que vous avez capturés, lui dis-je en lui pointant mon arme sur sa tête. - Vous êtes malades, répondit-il en souriant. Venir ici… Vous voulez vous suicider ou quoi ? - Tais toi et indique nous où ils sont ! - Vous en prendre à nous… Vous allez finir en bouillie. Ou si vous survivez, en jouets pour le patron. Lucerna donna un coup de pied dans le bas de son armure. Le simple poids fit pivoter sa jambe qui craqua, faisant hurler l'homme de douleur. - Ferme ta gueule et crache le morceau ! - Dans l'aile B ! Deux étages en dessous ! - Bien voilà, tu peux être mignon. L'assassin me toucha le bras avec une petite décharge, qui se contracta par réflexe et me fit presser la détente, explosant la tête du membre de la guilde. - Fais dodo ! - Ne refais jamais ça, criai-je de colère. - On s'en fout. Il faut délivrer les autres maintenant qu'on sait où ils sont. Descends deux étages plus bas et vas les trouver. Je me charge des trois Chercheurs et du maître. - Fais attention. - Toi aussi. Je pris le chemin sur la droite fermé de nouveau par une double lourde porte blindée qui s'ouvrit comme la précédente. J'activai mon occulteur. La sentinelle automatique en face de moi avait bien détecté quelque chose mais elle ne fit pas feu. Elle semblait chercher dans le vide. Je rasai les murs jusqu'à ne plus être à portée et aperçu ce qui semblait être la porte d'une cage d'escalier. Toujours prudente, je pénétrai dans ce lieu dépourvu de lumière, augmentant à leur maximum tous mes sens afin d'éviter une mauvaise surprise. Je bondis dans un angle en entendant parler un peu plus bas. Une patrouille de trois hommes grimpait les escaliers en courant, cherchant des intrus. J'étais adossée au mur, crispée, retenant ma respiration et priant de tout mon cœur pour qu'ils ne me repèrent pas, mais apparemment, à part leurs yeux, ils n'avaient pas d'appareil de détection. Ils passèrent devant moi sans prêter attention à ma présence. Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 15 (deuxième partie) : Une fois hors de danger, je continuai à descendre avant d'arriver sur un couloir qui s'élargissait. Un monstre étrange me fit face : environ trois mètres de haut, une peau écailleuse grise, des bras et des jambes pourvus de muscles hypertrophiés et avec une tête de crocodile, montrant des dents tranchantes. Il portait une sorte d'exo-armure, avec des bracelets dont les canons sur le cotés me firent deviner immédiatement d'usage. Il me fallait à tout prix éviter le combat, au prix d’être transformée en pâtée pour smourbiff. Je m’arrêtai net. Je savais que l'occulteur ne fonctionnait correctement que si son utilisateur était immobile. Là, avec cet endroit très éclairé, des murs blancs et cette créature qui possédait certainement un odorat amélioré, elle allait me repérer de suite. Une diversion ? Attendre pour un miracle ? Et cette alarme qui n'en finissait plus de me vriller les tympans… Un bruit sourd résonna dans le lointain. Cela faisait maintenant dix minutes que je cogitai à un plan et rien de venait. Le point positif est que je me trouvai en face et qu'elle ne m'avait toujours pas détectée. Bzzz. Bzzzzz. Bzzzzzzz. - Ha non, saleté ! Tu vas pas t'arrêteeeeeer, hurlai-je intérieurement au dispositif. L'occultation disparut et le monstre poussa un grognement. - Merde, criai-je en sortant mes armes. Alors qu'il semblait parti pour me pulvériser d'un coup de poing puissant, il stoppa brutalement, comme si une force invisible le retenait. Du sang s'écoulait de ses yeux et son crâne explosa dans une bouillie sanguinolente. Je vis alors la source de ce miracle : Erik, qui se tenait là en compagnie de Loreley et du professeur Brom. - Saly, s'étonna-t-il. Que fais tu ici ? - Salyyyyyyyyyyyy, hurla ma meilleure amie en me sautant au cou. - Heureux de vous retrouver Asigar, dit l'enseignant, mais ne nous attardons pas ici. Comment avez vous fait pour entrer ? - Et vous, comment avez vous fait pour vous échapper ? - Nous avons entendu une explosion, affirma mon camarade, et les cellules se sont ouvertes toutes seules. - C'est Lucerna, déclarai-je. Elle a du détruire les commandes. - Elle va bien, demanda ma colocataire. - Oui, l'opération s'est bien passée et elle est en pleine forme. Nous avons décidé de venir vous secourir mais cette inconsciente est partie affronter le reste de la guilde toute seule ! - Viens, Saly, allons voir ! Notre groupe revint non loin du téléporteur. Les quelques gardes que nous croisâmes ne firent pas le poids face à nos attaques désormais combinées. - Asigar, reprit le professeur Brom. Il faut piéger le moyen de sortie pour qu'ils puissent pas nous suivre. Sinon, cette bataille risque de s'étendre dans Centralis, et je doute que cela finisse bien. - Vous avez raison. Tenez, voici trois grenades. - C'est parfait. Et d'un modèle assez récent en plus. Vous êtes passées par l'armurerie de l'Oeil ? - Non, une sorte de géant nous a vendu ça dans les bas-fonds. - Il faut vraiment que l'on renforce la sécurité de nos entrepôts, soupira l’enseignant. Je me charge de placer les explosifs. Lloyd et Borg, allez aider Asigar ! Je vais garder cette pièce propre. - Compris ! - Vous aurez besoin de ça, affirmai-je en lui tendant le couteau mono-filament. - Merci. Tous les trois partions alors à la source de l'explosion entendue tout à l'heure : le poste de commande... Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 16 (première partie) : Le chemin jusqu'au poste de commande était plutôt bien tracé : des portes défoncées, des cadavres jonchaient le sol et les murs étaient recouverts de traces de sang et d'impacts d'explosions. Lucerna s'était vraiment donnée à fond. - Elle y va pas de main morte, ta copine, lança Loreley. - Elle n'a d'assassin que le nom, soupira le professeur Brom. Nox l'envoie sur des missions d'élimination mais en général, en plus de la cible, il y a les gens autour et souvent le bâtiment qui y passent. - Elle a du mal à se maîtriser, enchaîna Erik. Surtout lorsque sa furie de sang s'enclenche. - Sa furie de sang ? Un rapport avec sa furie légendaire, demandai-je, non compétente sur le sujet. - Non, ce n'est pas la même chose. Sa furie légendaire est un sort qu'elle ne déclenche qu'en cas d’extrême nécessité. Sa furie du sang est juste un état, une sorte de transe dans laquelle elle se plonge quand elle commence à tuer. C'est à peine si elle reconnaîtrait ses amis. - Ce n'est pas le propre des berserkers normalement, demanda à son tour notre enseignant ? - Normalement si. Mais le goût de la destruction est tellement ancré en elle qu'elle en a fait une sorte de catalyseur. - Je ne savais pas qu'on pouvait manipuler le flux des Sources comme cela, fit-je remarquer. - Ha non, ricana notre camarade. Il ne s'agit pas de magie. C'est juste un désordre mental. - C'est rassurant, chuchota ma meilleure amie. Nous arrivâmes en haut d'un long escalier. Cela faisait depuis un petit moment que nous n'avions rencontré personne. En passant les dernières doubles portes, nous vîmes Lucerna en plein combat, légèrement blessée à l'épaule. En face se tenait un homme âgé, d'environ soixante ans, avec une longue barbe, richement habillé d'une cape aux motifs finement brodés, portant un gros collier en or autour du cou, avec des symboles qui m'étaient inconnus. Il était légèrement blessé lui aussi à la tempe. Toute la pièce était dévastée, même les cadavres des gens de la guilde étaient complètement démembrés sous les coups des sorts qui fusaient de partout. Les murs n'allaient pas tarder à s'écrouler. Ils firent alors une pause, remarquant notre arrivée. - Ha, vous êtes enfin là, les jeunes, souffla l'assassin avec un sourire. L'homme croisa ses bras et nous regarda fixement. - Vous vous êtes évadés des geôles. C'est embêtant. Nous n'avons pas pu encore savoir où était le cristal. - C'est le maître de la guilde, demandai-je ? - Non, ce n'est qu'un Chercheur, répondit la jeune femme. - Je me nomme Ryl de Silverhand, Chercheur de la guilde des Marcheurs de l'Ombre. Enchanté de faire votre connaissance. Vous êtes ? - S… Le professeur Brom me donna un coup de coude, me stoppant dans mon élan. - Nous n'allons pas te dire nos noms, lança-t-il. Cela vous donnerai trop envie de nous poursuivre. - J'avoue que nous avons commis une erreur. Votre contre-offensive rapide et directe nous a déstabilisé. Si nous avions su, nous vous aurions torturé de suite pour obtenir les informations. Huit heures d'avance étaient suffisantes. - En effet. Mais vous ne connaissez pas l'Empire à ce que je vois. Sinon, vous en auriez tiré des leçons. Même ces crétins de la Coalition n'en sont pas capables. Nous n'attendons pas pour soutirer ce que nous voulons. - Je garde ça en tête, Tecknogräde. Je me tournai de nouveau vers Lucerna. - Où sont les autres ? Tu n'avais pas dit qu'il y avait deux Chercheurs en plus et le maître ? - Ils ne sont pas ici, répondit l'homme. La destruction de notre quartier général n'est qu'un problème mineur comparé à ce qu'ils sont en train de résoudre. Mais cela ne vous concerne pas. - Ils sont en train de devancer nos équipes pour chercher Darkness, répondit l'assassin. Je prie pour qu'elles ne soient pas tombées sur eux. Sinon, on peut dire adieu à nos hommes. - Je ne vous laisserai pas le temps de les prévenir, tonna Ryl. Je vais tous vous enterrer ici ! - Restez en arrière ! L'homme joignit ses mains et une lumière violente envahit la pièce. Une sorte souffle de flammes continu se matérialisa. Je fus projetée au sol et levai ma main au dessus de mon visage pour me protéger de l'attaque. Loreley était tombée avec moi ainsi qu'Erik. Le professeur Brom et Lucerna étaient toujours debout, forçant sur leurs jambes et créant un cône de protection pour nous. - Loster, cria l'assassin. Occupes toi d'eux ! Je vais stopper ça ! - Compris ! La jeune femme déploya un bouclier impénétrable pour nous éviter de rôtir, puis elle fit apparaître une rune bleue gigantesque sous ses pieds. Je remarquai que sa peau commençait à brûler, mais cela s’arrêta lorsqu'elle s'entoura d'une aura de la même couleur. - En vertu du contrat, obéis moi, Reine des Glaces ! Sors de ta torpeur éternelle et fais régner ta paix ! Apocalypse… et mille morceaux ! La pièce fut instantanément transformée en caverne de givre. Le bouclier autour de nous générait une atmosphère chaude, nous empêchant de nous faire congeler. D'un coup d’œil rapide, je vis qu'il s'agissait d'une sorte de tornade glacée qui réduisait en miettes tout ce qu'elle touchait. Mes cours de science, et plus précisément de physique, remontèrent à la surface de ma mémoire. J'étais témoin de dégâts provoqués par un zéro absolu : l'état où tout mouvement devient inerte, où même les molécules arrêtent de bouger. Tout se décomposait par ce froid qui brisait les liaisons de la matière. Le vent violent dura bien cinq minutes pendant lesquelles tout fut décomposé en poussière. Lorsque cela se termina, l'assassin se tenait debout, haletante, les bras tendus. - Vous allez bien ? Le bouclier se dissipa et le gel mordant vint nous saisir le visage. Je tremblai de partout, n'étant pas équipée pour ces conditions extrêmes. Elle expira bruyamment et s'appuya sur ses genoux. - Je crois que je l'ai eu… Je me relevai doucement. Mes pas n'étaient pas très sûrs sur cette surface plutôt glissante. - C'est ça ta furie légendaire, demandai-je, émerveillée ? - Non, mais ça pourrait. Et c'est encore plus impressionnant quand on est en extérieur ! Techniquement, tout est anéanti sur une surface de quarante mille mètres carrés. - Par contre, ça n'a rien à voir avec une compétence d'assassin ? C'est quoi ce sort ? - A l'origine, c'est un sort d'élémentaliste de l'eau. - Assassin, nécromancienne, élémentaliste de l'eau… Ça va, tu tiens la forme, ironisa ma meilleure amie. Je ne savais même pas que c'était possible de cumuler autant. - Moi non plus à vrai dire, ricana-t-elle. Mais ce sort ne vient pas de moi, en fait, j'ai triché. - Comment ça, tu as triché ? - Quand je dis élémentaliste de l'eau, c'est faux, je ne maîtrise aucun sort. Je n'appartiens pas à cette école. Peu de temps après avoir été couronnée Assassin du Crépuscule, j'ai effectué une mission qui m'a fait rencontrer le Phoenix de l'eau. Elle avait besoin de renforts pour éliminer quelques séides du Néant à l'aide du Phoenix du Feu. J'étais très ancrée dans les ténèbres et elle se méfiait de moi. Toutefois, en récompense de mon aide, elle m'a donné des informations sur un démon de glace ancien qui se situait en plein territoire de la Coalition, non loin de Soufflenord. Je l'ai retrouvé dans une sorte de stase étrange mais, étant nécromancienne, je sentai que la vie s'était échappée de son corps, certainement parce qu'il avait été enfermé là trop longtemps. Il n'en restait qu'une coquille vide. J'ai utilisé mes dons pour ramener temporairement son esprit et discuter. Et suite à une autre longue série de missions que j'ai effectuées en son nom, il a transféré ce qu'il restait de son pouvoir en moi. Le tatouage en forme de flocon de neige sur mon épaule gauche, que tu as certainement vu, est le sceau. Le déclencher nécessite beaucoup d'énergie, ce qui fait que je ne peux le lancer qu'une seule fois par jour. - Décidément, si avec une petite cumularde, un détraqué du bulbe, le meilleur prof de Mémoria et mon cher calculateur ambulant, on trouve pas ce fichu Darkness, autant abandonner, ria Loreley. - C'est moi le calculateur ambulant, criai-je en lui tirant l'oreille. - Aieuhhh ! La couche de glace alentour se dispersa en en milliers de cristaux bleutés et révéla la destruction qu'elle avait causée : à part les murs très endommagés, il n'y avait plus rien de solide. Le Chercheur, visiblement toujours présent et en vie, demeurait. Il était très amoché, avec de nombreuses brûlures de froid partout. - Félicitations, petite idiote. Ça faisait longtemps que j'en avais pas pris autant dans la figure. - T'es encore là toi ? - On ne se débarrasse pas de moi comme ça. Il pointa deux doigts dans la direction de Lucerna et tira un rayon lumineux. Rapidement, cette dernière dégaina ses dagues et dévia le coup. Elle se jeta ensuite sur lui mais il para l'attaque en faisant apparaître une épée de feu. Erik engagea le combat à son tour suivit du professeur Brom et de Loreley. Je restai quelques secondes en arrière pour analyser la situation. - Arrière, insectes, hurla Ryl en faisant exploser une aura de flammes. Il projeta les deux membres de Mémoria contre le mur. Notre camarade déploya une barrière psychique et l'assassin effectua des moulinets, créant ainsi une barrière de vent. - Hé, Saly, me lança Lucerna. Tu vas comprendre pourquoi je voulais ces dagues. - Hein ? Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 16 (deuxième partie) : Elle poussa un cri de rage et des flammes noires apparurent à ses pieds. Ses jolis yeux verts émeraude prirent une teinte de lave en fusion et ses dents poussèrent comme celles d'un animal carnivore. J'ai cru que ma vision se brouillait ou que mon esprit était victime d'un sort de confusion : il y avait plusieurs Lucerna ! Chacune était comme floutée, évanescente. Je remarquai que l'améthyste enchâssée dans une des poignées luisait de son plein éclat. - Ultime slash ! Une pluie de coups vola dans tous les sens, si rapides que je ne pus les suivre des yeux. Le Chercheur tomba inconscient au sol, couvert de blessures. - C'est bon, t'as fini de t'amuser, soupira Loreley. Les traits bestiaux de l'assassin disparurent. Le professeur Brom examina le corps avec attention et en conclut que l'homme était bien mort. - Nous en avons fini ici, déclara l'assassin. Tout le groupe sortit de la planque souterraine et se rassembla dans une rue sombre des bas fonds. J'essayai de rassembler mes pensées et de faire le point. Il fallait que je résume sans parler de la seconde partie car Erik était présent. - Écoutez moi tous, commençai-je. Notre objectif est accompli : nous sommes nous réunis et Lucerna est sauvée. Toutefois, la guilde des Marcheurs de l'Ombre n'est pas complètement anéantie et ils risquent de venir se venger. De plus, la Coalition cherche toujours activement Darkness ou tout indice qui pourra la mener à lui. Mais pour l'heure, nous avons besoin de repos. Je demanderai audience avec l'Empereur demain matin pour faire le point sur cette mission et voir si les équipes qui sont partis à la recherche du cristal ont trouvé quelque chose. - Je vous accompagnerai, ajouta le professeur Brom. Votre rencontre avec Monsieur Lucans sera plus rapide si je suis présent. - Pour ma part, je compte me pieuter, dit Loreley. Ne m'en veux pas Saly, mais je vais pas venir. Un gros dodo me fera du bien. - Lucerna et moi allons rentrer au laboratoire, continua Erik. Nous pourrons nous y retrouver demain aussi et préparer un plan d'action pour la suite. Je m'étirai bruyamment. Je repensai à ce que j'avais dit à Mémoria : c'était les vacances et je comptais en profiter. Pour l'instant, je n'avais que traîné partout dans la ville, me battre et me faire du souci pour mes amis. Ce n'était vraiment pas des vacances. J'allais voir ce que l'Empereur allait me dire demain, si toutefois il consentait à me recevoir, et j'allai certainement lever le pied pour la suite car nous n'avions aucun indice sur la façon de soigner notre camarade. Je devais penser à ça à tête reposée et ces cavalcades n'aidaient pas. Je saluai tout le monde et me dirigeai vers le téléporteur fonctionnel le plus proche... Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 17 (première partie) : Le lendemain matin, je fus réveillée par mon réceptron. La veille, j'étais rentrée chez Albius qui s'inquiétait très fortement après qu'il ait eu connaissance de l'alerte dans l'Oeil. Je lui avais donc raconté mes péripéties depuis que nous nous étions séparés dans le laboratoire. Il fut soulagé d'apprendre que Lucerna allait bien et que l'opération avait réussi. Je lui ai aussi raconté l'incident avec le professeur Ackerdïn, incident que j'avais laissé de coté avec les autres, et il ne fut pas surpris plus que cela. Visiblement, ce docteur est bien étrange. Une autre personne attendait aussi impatiemment mon retour : mon petit Gratouille. Je l'avais laissé dans la chambre quand j'avais rejoint l'Empereur. Lorsqu'il me vit, ses sentiments furent partagés. Il était très content de me revoir car il me sauta au cou dès mon arrivée, me couvrant de léchouilles et de câlins, mais aussi très contrarié d'avoir été laissé derrière, me le faisant savoir par une longue griffure sur mon épaule, qui me fait souffrir depuis hier soir. Je lui ai promis que je ne l'abandonnerait plus comme ça. Du moins, pas volontairement. Tirée de ma torpeur, les yeux encore à moitié clos, je tendis mon bras vers ma table de chevet. - Alloooo keskiya, baragouinai-je. - Je vous présente mes excuses pour ce réveil impromptu, Mademoiselle Asigar, dit une voix familière à l'autre bout. Toutes les fibres de mon corps se raidirent et mes poils se hérissèrent. Je bondis d'un coup sur le lit. - Mons… Monsieur Lucans, m'écriai-je. Je… je vous en prie. - Loster m'a dit que vous vouliez me voir pour votre rapport. - En effet. Beaucoup de choses se sont passées et je pense que vous devriez en être informé. - Je ne pourrais malheureusement pas vous recevoir aujourd'hui, des affaires politiques urgentes m'attendent. Je me rends sur Syrial pour une durée indéterminée. - Puis-je encore espérer avoir l'assistance du professeur Brom ? - Bien entendu. Cette affaire a éveillé ma curiosité. Quelles sont les informations dont vous vouliez me faire part ? - La première partie de la mission est accomplie : nous avons pu accéder à une cuve officielle et l'officier Lucerna Darkblade est prête à reprendre du service. Toutefois, lors de notre accès aux laboratoires de l'… - Hum, toussa fortement l'Empereur. Veuillez m'excuser, Mademoiselle Asigar, mais cette information ne doit pas transiter par réceptron. Vous ne disposez pas d'un appareil sécurisé. Nous nous en tiendrons aux grandes lignes. - A… A vos ordres. Je reprends. Lors des soins de Mademoiselle Darkblade, une équipe d'infiltration des Marcheurs de l'Ombre ont capturé Loreley, Erik et le professeur Brom. Une fois l'officier rétablie, elle a prit l'initiative d'aller délivrer nos amis en détruisant la guilde. - Ça ne m'étonne pas d'elle, ricana l'Empereur. - Nous nous sommes rendus dans les bas fonds où ils avaient établi leur nouveau quartier général. Là, un des trois Chercheurs nous attendaient mais nous avons réussi à l'éliminer. Cependant, il nous a indiqué que les autres membres non présents étaient en train de chercher activement le cristal Darkness et se débarrasseraient de nos équipes de recherches si elles les croiseraient. A-t-on des nouvelles ? - Les derniers rapports que j'ai reçu ne font pas mention d'affrontement. Une équipe cherche à Syrial et une autre au Sud du continent. Je les préviendrai d'un danger potentiel. Avez vous d'autres informations ? - Non, pas pour le moment, Monsieur. Je continue de trouver une solution pour sauver Erik lloyd. - Bien, poursuivez. Vous pourrez me faire des rapports par message. - Entendu. - Bon courage, Saly ! La communication se coupa. Ce n'était qu'un avis personnel mais je trouvai que l'Empereur prenait cette affaire un peu trop légèrement. Un détail attira mon attention : j'avais un message vocal en attente sur mon réceptron. - <Bip> Salut, Saly, c'est Lucerna. J'ai besoin de te parler, ça concerne la mission… Je ne peux pas te dire ça par réceptron. Tu es libre ce soir ? On peut se donner rendez vous dans le bar de la Fontaine Bleue, c'est à coté du parc Oxygenum. Viens seule. <Bip> C'était quoi ça ? Lucerna qui veut me voir seule ? Pour quelle raison ? Nous aurions pu discuter au laboratoire. Elle voulait me faire parvenir des informations sans la présence d'Erik et des autres ? C'était louche. - Mais on verra ça plus tard, dis-je en me recouchant. Je m'étais faite réveiller à six heures. C'était les vacances, bon sang ! J'en ai déjà assez de courir partout, si en plus on vient me priver de sommeil ! Gratouille se blottit contre mes jambes et son ronronnement me berça doucement avant que je ne replonge dans un sommeil profond. Mon réceptron bipa de nouveau. Si je n'avais pas retenu mon geste au dernier moment, je crois que je l'aurais envoyé contre le mur. - Hé, Saly chérieeeee ! On se réveille ! - Loreley… Kestuveux ? - Il est dix heures, ma grande ! Debout, le déjeuner est prêt ! - Le déjeuner… J’entendais parler dans le salon. Ma meilleure amie devait s'être invitée. D'habitude, c'était plutôt moi qui la réveillait. J'ouvrai la porte de ma chambre et et décidai de les rejoindre. Albius me regardai comme s'il avait vu un fantôme et Loreley ne put retenir un fou rire. J'avoue que mon pyjama débraillé avec des chats dessinés, mes valises sous les yeux et mes cheveux ébouriffés y ont contribué grandement. - Toi, t'as besoin d'un grand café, lança-t-elle. - Ça va, Saly, se risqua le docteur Loy. - Je me suis fait réveiller à six heures par l'Empereur et Lucerna. - Ils te voulaient quoi ? Tu devaient pas rencontrer le grand chef aujourd'hui ? - Si, mais il m'a dit qu'il partait pour Syrial et qu'il n'avait pas le temps de s'occuper de moi. Du coup, le plus haut gradé de l'Empire qui est prêt à nous aider sera le professeur Brom. - C'est cool ! Au moins, on aura pas à se taper son frère Nox. - Quant à Lucerna, elle voulait me voir. Mais j'irais plus tard. - Monsieur Lucans t'a dit s'il avait trouvé quelque chose sur Darkness, demanda Albius. - Non, rien pour le moment. - Et la guilde ? - Aucune nouvelle. Ils se tiennent tranquilles. Finalement, ce petit déjeuner était fort bienvenu. Ça faisait trois semaines que je cavalai partout dans Centralis et que je grignotai ça et là uniquement pour ne pas tomber dans les pommes. Mes deux amis me regardaient en ricanant, voyant que j'avais une brioche dans chaque main et un gros morceau dans la bouche. - Hey, ça va pas s'envoler, hein, prends ton temps ! N'écoutant que mon estomac, je terminai à peu près tout ce qu'il y avait sur la table en moins de deux. Ma colocataire repartit dans un fou rire quand le docteur Loy posa une petite bouteille sur la table avec un sourire. - Elle va vraiment en avoir besoin, continua Loreley. Je jetai un œil à l'étiquette et vit « solution à base de bicarbonate de soude ». Je ne pus aussi retenir un petit ricanement qui s'éteignit vite car je m'étouffai avec ma bouchée. - Haaaa, ça va mieux. - J'en conviens, dit Albius. Tu viens d'avaler l'équivalent de trois petits déjeuners. - On ne combat pas la Coalition le ventre vide ! - Ouais… Mais tu vas bientôt ressembler à un smourbiff si tu continues comme ça ! - Gna gna gna. Bon, je vais me recoucher, j'ai besoin de repos. Je passai ma journée à paresser sur le lit, griffonnant de tant à autre des idées pour la suite des opérations. Le soir venu, je revêtis de nouveau ma tenue d'apprentie tecknogräde et dissimulai quelques armes dans la doublure, tout comme notre enseignant de combat le faisait. Je me méfiai un peu du message de Lucerna, c'était peut être un piège. J'avais aussi un peu peur de me balader toute seule dans Centralis, surtout si la guilde me tombait dessus, mais il fallait que j'assume un peu mon futur rang. Erik s'était débarrassé tout seul de plusieurs brutes, je ne pouvais pas en faire moins. J'arrivai devant le bar, pas très accueillant. Une simple porte fermée, surmontée d'une lampe éclairant juste le seuil. Une petite plaque dorée indiquait que je me trouvai au bon endroit. La rue était sombre et déserte et le seul bruit que j'entendais était le ronronnement du bouclier de rosaphir protégeant la cité. Mon réceptron bipa encore une fois. C'était un message de l'assassin ne comprenant que six chiffres. En me rapprochant de la porte, je me rendis compte de la présence d'un digicode à coté de la poignée. Je testai donc les six chiffres et cette dernière se déverrouilla dans un claquement sec. Je pénétrai dans le bâtiment, bien contente de quitter cet extérieur lugubre. Je fus vraiment surprise : l'intérieur était luxueux ! Une grande pièce carrée, une somptueuse moquette rouge avec des motifs noirs, des fauteuils de velours disséminés en groupe de quatre ici et là disposés autour de guéridons en bois noble, des statues de marbre un peu partout, des tableaux ornaient les murs, le tout éclairé par une lumière tamisée. Le comptoir trônait en plein milieu, parcouru d'un chemin lumineux et devant lequel était disposés plusieurs sièges hauts. Ce qui me sauta aux yeux au premier abord était l'absence totale de vie. Il n'y avait personne ! Il était pourtant tard. La seule âme qui vive était le tenancier du bar, essuyant ses verres. Je m'approchai doucement, mes sens en alerte. Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 17 (deuxième partie) : - Bonsoir, Saly, dit la voix douce de Lucerna. En fait, je m'étais trompée. Celle que j'avais pris pour un homme était l'assassin, derrière le comptoir. Elle était vêtue d'une chemise blanche impeccable, d'un nœud papillon noir, d'un pantalon noir bien droit et d'un gilet gris, coiffée en chignon et portant des petites lunettes carrées. - Je ne t'avais pas reconnu dans cette tenue, lançai-je, méfiante. - Viens, assieds toi, il faut qu'on discute, répondit-elle en me désignant un des haut sièges devant. J'avançai doucement mais je ne détectai rien. Pas un bruit suspect, pas une respiration autre que nous deux. Je prenais place, juste en face. - Qu'est-ce que je fais là, demandai-je. - Pffff, on dirait que les rôles sont inversés, ricana-t-elle. C'est plutôt moi en général la fille froide. C'était pas faux. Lucerna m'avait bien aidé et je lui devais beaucoup. Je n'avais aucune raison de me montrer hostile et j'avais beau forcer, je ne sentais aucun danger. - De quoi veux-tu qu'on parle, continuai-je en essayant de me détendre. Elle déposa devant moi un verre à pied en forme de cône inversé, contenant un liquide bleuté sentant fort l'alcool, surmonté d'une petite pique en acier sur laquelle était embrochées plusieurs olives. - Je voulais te remercier pour tout ce que tu avais fait. Tu n'y étais pas obligée et pourtant, tu nous as aidé de bon cœur. - La mission n'est pas finie. Il faut encore sauver Erik. Mais je suis touchée par cette petite attention de ta part. - Je suis pas très soirée pyjama, comme tu fais certainement avec ta pote Loreley, alors j'ai pensé que cet endroit était un peu plus approprié. - C'est quoi au fait ? Il a l'air luxueux et sécurisé pour un bar… - C'est une de mes planques. Je ne suis pas propriétaire bien entendu, mais c'est des nombreux repères des Assassins. On se réunit ici parfois pour des missions spéciales. Il arrive même à Nox Lucans de passer nous voir. Il ne faut pas laisser n'importe qui rentrer. - Je comprends. Elle se servit à son tour un verre et vint s’asseoir à coté de moi. Je goûtai cette préparation et c'était vraiment délicieux : à la fois un goût sucré et très légèrement pimenté. Cependant, je pressentais la traîtrise de ce breuvage. La douceur faisait oublier l'alcool. - Je suis contente de t'avoir rencontrée. J'ai toujours eu des chefs, des collègues, des subordonnés… Mais jamais eu véritablement d'amie. Et j'ai pensé qu'on pourrait le devenir. - Après tout ce qu'on a vécu, riais-je, pour moi, tu en es déjà une. Elle me regardait avec étonnement. - Qu'y a-t-il, repris-je. Nous avons eu des débuts difficiles, c'est vrai, nous nous sommes affrontées dans le laboratoire, tu as toujours été glaciale et pas forcément sympathique et je n'ai pas encore totalement digéré le coup de la salle de la cuve… Mais nous nous sommes battues cote à cote pour faire tomber la guilde des Marcheurs de l'Ombre et tu m'as prouvé que tu avais bon cœur en aidant tous ces enfants. Et pour couronner le tout, tu m'invites dans une de tes planques secrètes, tout ça pour prendre un verre et me demander humblement d’être ton amie ? Comment pourrai-je dire non ? J'entendais des pas lourds derrière moi, suivis d'applaudissement lents. - Bravo ! Bravo ! Quelle scène dramatique ! Vous êtes éblouissante, Mademoiselle Asigar ! Je me retournai brusquement et découvrit un homme étrange... Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 18 (première partie) : L'intrus était vêtu d'une façon assez inhabituelle : un chapeau coloré avec des franges au bout desquelles étaient accrochées des clochettes, un visage poudré blanc avec un contour noir sur les lèvres et une bure rouge aux nombreux motifs dorés serré avec une ceinture en corde. Malgré ce style que je trouvai plutôt grotesque, je pressentais une puissance certaine. J'entendis un bruit sourd et un bris de verre à coté de moi. Lucerna venait de tomber de sa chaise puis s'était adossée au comptoir, tremblante comme une petite fille voyant un monstre, les yeux écarquillés de surprise. - Toi… Toi… TOI, se mit-elle à hurler. - Allons, ma chère, dit l'homme. Je vous prie de vous calmer. Je ne suis pas venu ici pour me battre. - Qui êtes vous, me risquai-je. - Ho, voyons, où avais-je la tête ? Bien sur ! Bien sur ! Je me présente : Hordus Adren, Chercheur de la guilde des Marcheurs de l'Ombre. - Je ne pensais pas que vous nous retrouveriez si vite, soufflai-je. - Vous retrouver, ria-t-il. Mais nous ne vous avons jamais perdues ! Ne nous prenez pas pour des mercenaires de seconde zone. - Pourquoi Lucerna a-t-elle autant peur de vous ? - Certainement, mais cette demoiselle et moi avons un passé commun. - C'est lui, murmura l'assassin toujours au sol, c'est lui qui a massacré mes hommes et moi il y a deux ans dans la plaine. C'était le chef de l'escadron de la Coalition ! - De la Coalition, m'écriai-je. Comment avez vous fait pour rentrer dans Centralis ? - Vous êtes plutôt lente pour une future Tecknogräde, mademoiselle Asigar. J'ai dit que je faisais partie de la guilde des Marcheurs de l'Ombre, qui est une guilde neutre, sans avoir de lien avec la Coalition. Je l'ai quittée, attiré plus par les richesses que par les combats. Et par conséquent, j'ai eu accès à Centralis. Après, c'est vrai, je l'admets, elle reste mon client préféré. Un autre bruit provint de ma droite : une lame rentrant dans la chair et un gémissement. La jeune femme venait de se planter une de ses dagues dans la cuisse pour que la douleur prenne le pas sur la peur et qu'elle puisse se relever. - Je vais te faire payer… En vertu du contrat, viens à moi, Reine des Glaces... Je lui donnai un coup de poing et elle retomba au sol. - Qu'est-ce que tu fous ? - Reste à terre. Je me charge de lui. La faible et vulnérable Lucerna que je vois là n'est pas celle que je connais. C'est à moi de te protéger. En tant que soldat de l'Empire, je ne laisse pas monter au front quelqu'un qui n'est pas en état. - Quel courage ! Quel charisme ! Quelle générosité, s'emporta Hordus sur un ton dramatique. Vous êtes décidément pleine de surprises ! Je sortis mon pistolet et mon couteau, et me mis en position de défense. - Je vois que vous avez envie d'en découdre mais on s 'arrêtera là. Il me lança un objet et je l'attrapai inconsciemment. C'était un gros dossier. - Comme je l'ai dit, je ne suis pas ici pour me battre. Je vous fais ce cadeau. Bonne fin de soirée, mesdemoiselles ! Je restai un peu hébétée sur ce qui venait de se passer pendant qu'il se dirigeait vers la porte. Lorsque mon esprit revint, je pointai mon pistolet dans sa direction et tira. La balle toucha l'encadrement de la porte. Je l'avais pourtant bien visé, mais en voyant la position de ses pieds, j'en déduis qu'il avait effectué une esquive éclair. Il était fort. - Je n'en resterai pas là, Chercheur. - J'en conviens, Tecknogräde, répondit-il sans se retourner avant de sortir. Les cinq secondes qui suivirent me parurent une éternité. Le silence pesant fut rompu par un autre gémissement de Lucerna. Elle avait redressé la chaise et s'était assise. - Il faut te soigner ça ! - T'inquiètes pas, ce n'est pas profond et mon tatouage de soin va vite régler le problème. - Ferme la. Je m'en occupe. J'avais toujours une petite trousse de secours fixée à ma ceinture. J'en sortis un bandage et un spray nettoyant. Je lui entourai la jambe et serrai bien fort pour arrêter l'hémorragie. Elle poussa un autre gémissement, puis s'accouda au comptoir. - J'ai besoin d'un autre verre… Elle s'en servit un second qu'elle vida d'un trait. Je me rassis à coté d'elle, en lui posant une main sur l'épaule. - Tu vas bien, demandai-je à défaut de trouver quelque chose de plus pertinent. - Je ne pensai pas… que ça me paralyserait à ce point… Je ne pouvais rien faire… Elle tourna son visage vers moi et, à mon grand étonnement, je pus déceler une larme couler de son œil gauche. - Calme toi et raconte moi ça. Elle remplit de nouveau son verre et le mien par la même occasion. Cette montée d'adrénaline soudaine m'avait donnée envie de boire un peu. - Il y a deux ans, j'étais commandante d'un escouade d'environ deux cents hommes. La Coalition frappait fort à Miralon et nous avions été envoyés de Centralis pour assurer le front principal. Il nous restait encore deux jours de voyage pour atteindre notre destination. A la nuit tombée, nous avions monté un campement à flanc de colline pour être un peu abrité et assez loin de la route pour éviter les éventuelles patrouilles ennemies. Tout se passait très bien jusque là. Les rondes n'avaient rien repéré d'anormal et les gars s'amusaient. Ils savaient que dans deux jours leurs vies allaient peut être basculer. J'ai caché ça à Erik, et ne lui répètes pas, mais pendant ce temps, j'étais dans la tente en train de prendre du bon temps avec mon second, Tharyn. Il était plutôt mignon. On s'était connus dans une mission des bas-fonds quand on était jeunes soldats. On profitait de nos permissions pour… Hem, c'est pas le sujet. Un de mes hommes a déboulé dans la tente en urgence, couvert de sang, une épée plantée de part en part. J'ai su alors qu'on était attaqués. Je ne pus sur le moment que m'équiper sommairement et aller défendre ce qui restait du campement. Tout avait presque brûlé et les trois quarts de mes subordonnés étaient déjà tombés. Tharyn et moi avions ralliés un petit groupe qui tenait encore debout face à un commando d'élite de la Coalition. On avait réussi à s'en débarrasser mais une troupe d'archers venant de l'ouest nous a arrosés. Tharyn est tombé sous le nombre. Cachant mon désespoir et ne pensant maintenant qu'à ma survie, je jouai de ma furtivité pour sortir du campement. Quand j'ai vu deux groupes qui me prenaient en chasse, j'ai relevé les corps de mes camarades grâce à la nécromancie pour les ralentir le temps que j'accède aux chevaux. Je galopai en direction de Miralon car c'était beaucoup plus proche que la capitale. Même si j'avais un bataillon aux fesses, rallier le front aurait permis de m'en sortir. Malheureusement, un autre commando d'élite, boosté à la magie, me rattrapa. Ils abattirent mon cheval et je tombai durement. Mon épaule droite s'était déboîtée et donc inutilisable. J'ai essayé de résister comme j'ai pu mais ils m'ont rapidement désarmée. Je n'étais pas aussi agile à l'époque. Ce n'est que récemment avec les missions dangereuses proposées par Nox Lucans que j'ai pu acquérir une telle force et passer Assassin du Crépuscule. Leur chef était Hordus, qui semblait complètement jubiler de cette situation. Il avait les yeux d'un meurtrier sanguinaire que rien n’arrêterait. J'étais terrorisée, complètement désemparée. Il avait envie de s'amuser et de regarder un spectacle morbide. Il a donc ordonné à ses hommes de m'attacher à un arbre et de me faire ce qu'ils voulaient sans me tuer. Ils ont donc passé toute la nuit à me torturer et à me violer. A chaque fois que je m’évanouissais, ils utilisaient la magie pour me ranimer. Certains poussaient même le vice à utiliser des sorts mentaux à répétition pour que je reste consciente. Quand ils en eurent assez, Hordus, très satisfait du spectacle, se leva et me libéra en me tranchant un bras et une jambe. Bien que je savais que je ne m'en sortirai pas, je me mis à ramper vers Centralis. Je n'avais fait que cinquante mètres et Erik me trouva. Tu connais la suite. Tout en écoutant cette histoire, je buvais par petites gorgées, tremblante de plus en plus. Mon regard fixait le comptoir, l'esprit vide, choquée. Un nouveau bris de verre se fit entendre. Lucerna avait serré tellement fort son poing que le verre avait éclaté, créant une nouvelle blessure. - Je jure que je vais le lui faire payer, à cet enfant de putain ! Je vais le massacrer, l'éventrer, l'exploser, le… Je me resservis un autre coup que je bus à mon tour d'un seul trait. Je sentais l'alcool qui me montais à la tête, mais il me fallait bien ça pour tenir. Instinctivement, je pris l'assassin dans mes bras et la serrait fort. Elle ne put se retenir de pleurer à chaudes larmes, car je devinai que c'était certainement la première fois qu'elle racontait cette histoire dans le détail, et ça l'avait grandement soulagée. Nous restâmes dix bonnes minutes comme ça, en attendant que la tension retombe. - Je suis désolée, Saly. Je ne suis pas comme ça d'habitude… - Ne t'en fais pas. J'ai connu des moments comme ça à mon retour de Syrial. Heureusement que Loreley était là pour me consoler. Nous sommes que toutes les deux, et tu as dit que que tu avais sur le cœur. Je suis ravie que tu me fasse confiance. Ne t'en fais pas. Celui qui traite quelqu'un comme ça ne mérite pas de vivre. - La guilde des Marcheurs de l'Ombre est toujours là. Je pensais qu'on allait être peinards pendant un moment mais non. Je me disais qu'on aurait pu nous focaliser sur un remède pour Erik en les oubliant mais j'ai plutôt envie de faire l'inverse. On va les traquer et leur faire payer ! Ma soif de sang est en train de revenir ! 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CHAPITRE 18 (deuxième partie) : Je souriais en contemplant de nouveau le visage empreint de folie meurtrière de Lucerna, celui que j'ai toujours connu. Elle avait retrouvé la forme et ça me fit grandement plaisir. - Au fait, disais-je, c'est quoi le truc qui nous a donné ? Le dossier était intitulé « Erik Lloyd ». Il ressemblait fortement à celui que j'avais dérobé dans l'administration de Mémoria… à quelques centaines de pages près. - Pourquoi ce fou avait ça, demanda mon amie. En parcourant les pages, il y avait le dossier scolaire - complet cette fois – d'Erik. Les parties précédemment manquantes faisaient en fait référence à différents incidents causés par ses pouvoirs à l'intérieur de l'université. Les fiches étaient signées Magritta et Ackerdïn. Cette vieille chouette était donc au courant. Comment cela se fait alors que l'Empereur ou le professeur Brom ne l'aient pas été avant cette affaire ? Il y avait aussi des bilans de recherche, des observations… Je comprenais maintenant que ce que j'avais précédemment lu était une histoire à trous, qui m'avait fait penser à une falsification. J'avais là sous les yeux ce qu'il me manquait pour reconstruire le tableau complet. Je me rappelai aussi de la réaction d'Erik quand j'avais mis la main dessus. Il était donc forcément au courant. - Qu'est-ce que c'est que ce truc ? La fin du dossier montrait d'autres recherches dans le domaine de la génétique et de la biologie. J'étais très loin d’être une experte, mais je savais reconnaître des séquençages ADN. Ma compréhension était très limitée mais si j'en croyais le peu de déduction qui me venait à l'esprit, celui qui avait écrit ça avait trouvé le moyen de combiner magie et génétique. Encore un tour de passe passe de notre camarade ? De plus, il y avait tout un tas de photographies très floues montrant des bribes de ce qui semblait être un souterrain ou quelque chose du genre. - Cela mériterait approfondissement, dis-je. Je le ferais lire demain par Albius. Il me dira ce qu'il en pense. Lucerna me servit encore un verre. - Tu as raison, affirmai-je avec un sourire. Il vaut mieux en profiter maintenant en prévision de la tempête qui s'annonce... Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 19 (première partie) : Je me réveillai dans ma chambre chez Albius, ne sachant pas comment j'avais atterri là. Un mal terrible me serrait le crâne et je me fis moi même peur en voyant mon reflet dans le miroir. - Qu'est-ce que j'ai fichu moi ? Mon pikouaï, toujours au pays des songes, continuait de ronronner paisiblement, enroulé dans la couette. J'entendis alors un bruit de vaisselle dans le salon. Je m'y aventurai prudemment, armée de mon pyjama chat. - Bonjour, Saly, dit Albius avec enthousiasme, en train de dresser la table pour le repas. J'en déduisis qu'il devait être midi. - Putain, t'as une sale tête, lança Loreley. Tu vas me dépasser sur la bibine bientôt. Et un soldat porté sur la bouteille, ça donne rien de bon. - Il s'est passé quoi ? - Lucerna t'a ramenée hier soir, affirma le docteur Loy. Vous aviez l'air de bien vous amuser. - Désolée, nous t'avons dérangé. Nous nous étions un peu emportées. - Alors ? Elle te voulait quoi la psychopathe ? Me dites pas que vous avez fait du jardinage, je vais être jalouse ! - Non, nous avons discuté simplement, entre filles… Bon, avec un verre ou deux. Nous avons reçu la visite d'un Chercheur de la guilde des Marcheur de l'Ombre. - Ils sont encore là ceux là ? - Ouep, et ils ne nous veulent pas du bien. Je crains que les prochains ne soient un tantinet difficiles à vaincre. - Tant que ça ? - Celui que j'ai vu a esquivé une balle de Maverick à vingt mètres le dos tourné. Même un Tecknogräde de rang un aurait eu du mal à la voir venir. - Ça va pas être de la tarte. Il te voulait quoi ? - Il m'a donné ceci, dis-je en brandissant le dossier que j'avais posé sur un meuble du salon. C'est le dossier scolaire complet d'Erik, avec le résumé de l'intégralité de ses recherches et si on arrive à décrypter la suite, un remède pour le soigner et l'emplacement de Darkness. - Je savais pas qu'on était le premier avril aujourd'hui, soupira Loreley en buvant une tasse de café. Ou Noël. Au choix. - Regarde. Ce que j'avais pris pour un dossier falsifié était en fait un dossier incomplet. Ce sont des rapports d'incidents signés par Magritta et Ackerdïn, concernant Erik à Mémoria. Tu te souviens de quelque chose toi, durant cette année ? - Non. Je ne connaissais même pas Erik avant qu'il t'aborde au bal de promo. Mais qui nous dit que ces rapports sont vrais ? - Tu as raison. Ce dossier provient d'une guilde ennemie. Il faudra vérifier chaque information. - Commence par Mémoria, suggéra Albius. Tu auras peut être des réponses. - Bonne idée. Mais ça m'étonnerait que la solution à tous nos soucis soit aussi proche de nous. - Ça ne coûte rien d'essayer. Je sortais les photographies. - Vous avez une idée où cela pourrait être ? - Aucune, répondit ma colocataire. Il n'y a pas de coordonnées, pas d'indication… Et elles ont été prises pendant qu'on frappait le photographe pour que ça soit aussi flou ? - Le positionnement de l'appareil me fait penser qu'elle ont été prises en toute discrétion par un amateur. Je pense que ce n'est pas dans le coin. Loreley lisait rapidement le dossier, en parcourant les pages. - Hey, c'est qui ça, Mist ? - Laisse tomber, soupirai-je. - Pourquoi ? - Nous ne sommes pas censés connaître encore ce personnage. Et je commence à en avoir marre des sous-intrigues. - Tu marques un point. Bon, attaquons d'abord la bouffe ! J'ai une faim de loup ! Albius était un très bon cuisinier. Ce très bon repas me permit d'éliminer ma mauvais humeur du réveil ainsi que les restes de ma gueule de bois de la veille. Je passai ensuite l'après midi à fouiller dans le dossier à la recherche du moindre indice. Le lendemain, je revêtis de nouveau mon uniforme d'apprentie et décidai de suivre le conseil de ce cher docteur et de me rendre à Mémoria. Loreley souhaitait m'accompagner, elle voulait connaître aussi le fin mot de l'histoire et elle refusait de me voir me débrouiller toute seule face à une guilde tout entière, même si j'avais l'une des meilleures assassins de l'Empire à mes cotés. Nous prîmes le téléporteur puis un glisseur jusqu'à Mémoria. Comme je m'y attendais, l'université était déserte. De plus, les portes étaient closes. - Qu'est-ce qu'on va faire, demanda ma meilleure amie. C'est les vacances et il y a personne. Je vois pas ce qu'on pourrait trouver de plus. Mon réceptron bipa. - Saly ? C'est Lucerna, entendis-je d'une petite voix. Je crains que notre mission ne devienne plus qu'urgente. - Que veux tu dire ? - La santé d'Erik vient de se dégrader brusquement. Il est tombé dans le coma depuis ce matin et ses pouvoirs sont devenus incontrôlables. Nous l'avons placé en stase pour le moment et enfermé dans une salle d'isolement pour éviter qu'il ne fasse des dégâts. - Attends, nous arrivons. Loreley me regarda d'un air interrogateur. - Visiblement, Erik est à l'agonie, lui répondis-je. Il va falloir se presser si on veut le sauver. - Tu es consciente que déchiffrer ce dossier pourrait prendre des mois. Et on ignore comment cette stase fonctionne ni combien de temps elle pourra tenir. - Je suis d'accord. Mais ne rien faire signifierait condamner Erik. - Je te rappelle aussi qu'en tant qu'élèves, nous ne pouvons pas sortir de Centralis. - Lucerna est là pour ça. Bon, arrête de parler et active toi ! - Oui, chef. Nous primes de nouveau le téléporteur jusque dans les bas-fonds. C'était toujours aussi animé : des boutiques, des enfants qui courent partout et des bagarres aux coins des rues. Nous arrivâmes au laboratoire. L'intérieur avait été agencé différemment. L'emplacement de la cuve cachait une porte. Je devinai désormais que leur refuge ne se limitait plus à une simple pièce. En voyant le docteur Ackerdïn s'affairer sur une machine, une colère insurmontable me prit à la gorge. - Vous, hurlai-je en m'approchant rapidement. Comment se fait-il que vous soyez ici ? Après ce qu'il s'est passé dans la salle d'opération ? J'ai une furieuse envie de vous transformer en pâtée pour smourbiff ! Il se retourna et sourit, me toisant derrière ses petites lunettes rondes. J'allai m'approcher encore quand une lame vint se placer sur ma poitrine. - Désolé Saly, dit Lucerna. Il est certainement le seul capable de sauver Erik, et tu sais très bien que je protège mes intérêts avant tout. Alors, vous allez devoir cohabiter pour un petit moment. Sans rien dire, le professeur se retourna et continua ses paramétrages. Son calme me mettait encore plus hors de moi. - Comment va-t-il, demandai-je en soufflant un grand coup. - Son état est stable, répondit l'assassin. Viens. Elle nous invita à passer la petite porte, vue un peu plus tôt. Ce n'était pas très grand : un couloir en Y, avec sur la droite un chemin menant à un élargissement dans lequel était entreposé plusieurs lits de camps et une cuisine improvisée, et sur la gauche, une descente menant à une lourde porte blindée. Nous avançâmes jusqu'à cette dernière et dans le hublot, nous vîmes une grande pièce vide avec au centre, une table d'opération sur laquelle était allongé Erik, et reliée à une machine au plafond par plusieurs tubes. - Cette pièce contient une véritable tempête psychique. Nous avons du placer les moniteurs au dessus pour éviter qu'ils ne soient détruits. Là, ça se voit pas trop, mais un vortex d'une puissance inouïe tournoie autour de la table. - Qu'est-ce qu'il provoque ça, demanda Loreley. - On ne sait pas trop. Lorsque ses pouvoirs se sont emballés, nos relevés ont indiqués une puissance pratiquement égale à celle des phoenixs. Je l'ai assommé pensant que ça allait stopper le phénomène mais il est tombé dans le coma. Et de son corps semble s'échapper une force invisible très dangereuse. - Que peut-on faire, demandai-je. - Je ne sais pas. Tu as apporté le dossier ? - Oui, il est là, répondis-je en brandissant une sphère holographique. J'ai pensé que tout numériser pourrait être moins encombrant. - Allons montrer ça au docteur. Il aura peut être une idée. Et ce la me permettait aussi de garder l'original, bien que je ne le mentionnai pas. De retour dans la salle principale, il était encore en train de bricoler. - Hey, prof, cria Lucerna. On a le dossier. Vous voulez bien jeter un œil ? Il releva sa paire de lunettes. - Montrez moi ça. - Tenez mais pas d'embrouille, lui dis-je. Je lui lançai la sphère. Il l'alluma et commença à consulter les archives. - Pourquoi le nom de Magritta est apparu, demandai-je. Et pourquoi le votre aussi ? Quelle influence avez vous sur Mémoria ? Il abaissa ses yeux et arbora toujours son petit sourire prétentieux. - Les recherches d'Erik sont un investissement. Et je connais Magritta depuis que nous étions étudiants ensemble. Elle m'a rendu un petit service. Elle a objecté vivement à l'idée de camoufler cela à l'Empereur mais je lui ai promis beaucoup de crédits pour son université si mes travaux aboutissaient. De plus, je lui ai aussi promis que j'assumerais la responsabilité de tout ceci en cas d'échec. - Comment avez vous fait pour dissimuler les incidents de psychisme ? - La classe était au courant de la particularité de votre camarade. Je m'y rendais fréquemment pour observer et discuter avec les élèves. En outre, il s'agit d'élèves de la classe chimie. Avoir un spécimen véritable avec eux ne pouvait que les enchanter. - Vous avez donc transformé Erik en bête de foire… - Ne vous méprenez pas, mademoiselle Asigar. Il était ravi de faire cette expérience. Et croyez le ou non, mais elle lui a permis de bien s'entendre avec ses camarades, qui au final, se montraient plutôt bienveillants. Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 19 (deuxième partie) : Il replongea dans les dossiers. - Tiens, ceci est intéressant. Je vois là des travaux qui ont été effectués sur de la manipulation d'ADN à l'aide de la force des éthers. Impressionnant. Je ne savais même pas que c'était faisable. Quant à ces relevés… C'est n'importe quoi. Comment est-ce possible ? Il éteignit la sphère. - Il va me falloir un long moment pour étudier tout ça… Et je dois l'admettre, ce que contient ce dossier fait partie d'un domaine que je n'ai jamais exploré jusqu'à maintenant. - Faites attention, professeur, dit Lucerna. Ce dossier nous a été donné par un Chercheur. Ce n'est pas dit que ce qui est écrit est vrai. - Bien sur que cela a été écrit pas un chercheur, s'étonna le docteur. Qui d'autre aurait pu concevoir de telles recherches ? - Non, docteur, soupira l'assassin. Un Chercheur, pas un chercheur. Un haut officier de la guilde des Marcheurs de l'Ombre. - Hein ? Ha, pardon. De toutes façons, tester les résultats fait partie de la vie d'un scientifique. Je ne vais pas me lancer dans un remède sans avoir approuvé tout cela. Je rallumai la sphère et affichai les photographies. - Une idée d'où cela pourrait être ? Lucerna regardait ces clichés avec perplexité. Le docteur Ackerdïn, au vu de la tête qu'il faisait, n'avait vraiment aucune idée de la provenance. - Là, arrête toi, cria l'assassin. Reviens en arrière. Encore. Là ! Elle observait attentivement l'a photographie d'une lourde porte de pierre frappée d'un sceau qui m'étais inconnu. - Je connais ça… Je connais ça… Je connais ça… Où est-ce que je l'ai vu, bordel ? Gnnnnn… - Force pas trop sur tes neurones, elles vont exploser, souffla Loreley, en se grattant le nez. - Syrial, s'écria-t-elle, après plusieurs minutes de réflexion. Je suis certaine d'avoir vu ce sceau dans le palais royal ! Elle attrapa un sac qui était posé au coin d'une machine. - Allez, bougez vous ! On va voir votre pote la princesse ! - Mais attends, dis-je. Nous n'avons pas le droit de sortir de la capitale ! - Tu as l'autorisation d'un haut officier de l'Empire, répondit-elle. Ça te va ? J’acquiesçai et nous nous dirigeâmes vers le téléporteur... Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 20 (première partie) : Nous arrivâmes rapidement au glisseport. La seule manière de rejoindre Syrial était par glisseur. Je n'avais vraiment pas envie d'y retourner après ce qu'il s'était passé à l'examen. Surtout que la géographie ne s'y prêtait pas du tout : de Dunkil à Galaé, il fallait repasser par la forêt. Je croisai les doigts pour que nous tombions sur des syrianiens bien avant d'arriver à leur capitale. Cela nous aurait évité une bonne marche. Dans le souterrain, plusieurs glisseurs attendaient des voyageurs. Il n'y en avait toutefois pas de la taille de ceux que nous avions emprunté pour la fin de l'année. - Hey, lança Lucerna à un gardien. On a besoin de mettre nos miches là dedans et nous envoler pour Dunkil. C'est possible ? Le gardien se raidit d'un coup fit un salut. - Madame, répondit-il sur un ton monocorde, vous avez besoin d'une autorisation signée d'une haute autorité pour pouvoir choisir cette destination. Elle le fixa. - Mais… Mais… Mais… Je pense que comme vous êtes commandante en chef, il n'y aura pas de problème. - Je préfère ça. - Vous pensiez pas partir sans moi, j'espère, dit une voix sortant des ombres. - Professeur Brom, m'écriai-je avec un sourire. Vous êtes du voyage ? - Rappelez vous, Monsieur Lucans m'a mit à votre disposition. Et j'ai envie de connaître aussi la suite des opérations. Cependant, faites attention. La situation est plus que délétère sur le continent. Le roi refuse notre présence et négocier avec les syrianiens ne sera pas aisé. Si toutefois ils ne nous tirent pas dessus à vue. - Présentons nous comme voyageurs pacifiques, proposa l'assassin. L'infiltration, c'est mon credo. Laissez moi organiser ça. - Je te fais confiance, Darkblade. Même si je soupçonne encore un coup monté de Nox. - Si c'est le cas, je n'en suis pas informée. Ordonner à cinq soldats de pousser Saly dans ses retranchements est une chose, ressortir une vieille carcasse millénaire tellement dangereuse que Lys a du intervenir et monter un plan avec la Coalition en est une autre. - Tu as raison, excuse moi. Cette affaire est de plus grande ampleur qu'un simple tour de passe passe pour faire surgir les pouvoirs d'Asigar. - Même si je pense qu'il n'en a pas fini avec cette histoire, soupirai-je. - C'est sur, affirma Lucerna. Tu fais partie des véritables bonds en avant de l'évolution néogicienne. Il va pas lâcher le morceau comme ça. Mais t'inquiètes, je veillerai à ce qu'il ne te fasse pas de mal. - Par contre, objecta Loreley, quand tu dis que l'infiltration est ton credo, on compte pas exterminer les syrianiens, hein. - Roooh, ça va ! Nous primes place dans le glisseur. J'étais toujours impressionnée par cette technologie : la coque extérieure se mit à tourner de plus en plus vite puis nous fumes placés dans le grand tube. Enfin, le percuteur, après compression, vint nous frapper violemment pour nous propulser dans les airs. Une fois l'altitude souhaitée, nous changeâmes de direction pour voler vers Dunkil. Le pilote nous signala cinq heures de vol. En effet, ce glisseur étant plus petit, il ne pouvait pas aller aussi vite que l'énorme qui avait transporté une centaine d'élèves. - Bon, on en a pour un moment, souffla Lucerna en se vautrant dans un fauteuil. Hey, au fait, Loster, il est parti pour quoi le grand chef ? - Monsieur Lucans est allé à Dunkil pour prouver la bonne foi de l'Empire au roi. J'espère que les négociations vont aboutir. Je détesterai voir notre avant-poste que nous avons tant de temps à bâtir complètement détruit par les syrianiens. - Que pourrions nous faire, demandai-je. - Ils refusent notre présence, tout simplement, répondit le professeur Brom. Ils veulent nous voir partir. - Ça peut se comprendre, ajouta Loreley. Ils pioncent pendant mille ans et à leur réveil, leurs terres sont envahies de jaune et de rouge. Je l'aurais pas bien pris moi non plus. - Notre seul avantage est que nous avons la princesse de notre coté. Depuis l'incident, elle repousse violemment la Coalition et tente de raisonner son père pour une alliance pacifique avec l'Empire. Mais la touche personnelle de Nox fait que ça envenime les choses. - Pourquoi cela ne m'étonne pas, murmurai-je. Nous nous occupions comme nous le pouvions pour tuer le temps : notre enseignant lisait ce qui semblait être un carnet de voyage, Loreley, vautrée elle aussi sur une banquette, ronflait bruyamment et l'assassin alternait entre le nettoyage de son équipement et de la méditation. C'était rare de la voir aussi calme. Quant à moi, je regardai dehors, songeant au futur de la mission. Tout ceci dépassait le domaine d'une simple académicienne. Mais c'était plus fort que moi. Il me fallait les aider. Nous arrivâmes enfin à Dunkil. - Je vous propose que l'on reste tranquilles, affirma Lucerna. Je connais quelqu'un qui va nous faire sortir de la ville, vu que le territoire grouille de soldats de la Coalition et de syrianiens, ils ont renforcés les barrages. Même si nous sommes en quelque sorte chez nous, nous allons nous faufiler vers la sortie. Personne ne doit savoir que nous sommes là. - Pourquoi nous cacher, demandai-je. - Réfléchis, ptite tête, répondit-elle. Si on met la main sur Darkness et qu'on l'élimine, je ne pense pas que l'Empire nous félicite. C'est une créature qui a disparu de leurs labos et ils veulent la récupérer, tout comme nos ennemis. La destruction de cette créature doit se faire dans la plus grande discrétion. - Mais notre but reste de trouver un remède pour Erik, objectai-je. Nous devons extraire tout ce que nous pouvons de ce monstre avant de nous en débarrasser. - Cela risque d’être plus difficile que prévu, ajouta le professeur Brom. Tant que Darkness reste dans son cercueil, tout ira pour le mieux. Cependant, pour l'analyser, nous devrons le libérer. Et cela ne va pas se faire sans douleur. Pour nous, en tout cas. De plus, nous ne sommes pas les bienvenus ici. Ne serait-ce que le retrouver ne vas pas être une partie de plaisir. - Peut être que tous les syrianiens ne sont pas d'accord avec leur roi… - J'admire votre optimisme, Asigar. Et j'aimerais le partager. Lucerna nous faussa compagnie après nous avoir conseillé de rester dans le glisseport. Elle allait se charger du laisser-passer et de notre équipement de survie dans la foret. J'observai les alentours et tout me semblait habituel : les gens allaient et venaient, tout comme des marchandises. Toutefois, je ressentais une gène inexplicable, comme si quelqu'un avait des yeux en permanence sur moi. Des agents de Nox Lucans ? La guilde des Marcheurs de l'Ombre ? Peut être. Je devais en faire part à notre guide. Elle revint par ailleurs une heure plus tard. - Bon, j'ai tout ce qu'il nous faut. Mais il va falloir attendre la nuit car la personne qui est censée nous faire sortir de la ville ne prend son poste que ce soir. - Tu n'as pas eu de papiers officiels ? - Non. Moi, je peux aller et venir sans problème, et je pense que toi Loster aussi, mais les deux gamines, sûrement pas. - Hey, je suis plus vieille que toi, je te rappelle, lançai-je, vexée. - Hum, bon. On va caler nos miches dans une taverne, pour passer le temps sans se faire trop voir. - D'ailleurs, Lucerna, chuchotai-je… - Oui, je sais. Ils sont cinq ou six et ils m'énervent, je n'arrive pas à trouver leur localisation exacte. Je fis un signe discret au professeur Brom qui compris immédiatement. Nous sortîmes du glisseport calmement et nous nous dirigeâmes vers la place principale. Vu le monde ambiant, il était plus facile de passer inaperçus. - Je connais un petit endroit tranquille par ici, proposa notre enseignant. Il était installé deux rues plus loin. Comme c'était le milieu de l'après midi, il n'y avait personne. Le groupe se posa à une table de telle sorte de couvrir toutes les entrées au cas où. - Patron ! Quatre liqueurs noires, quatre rôtis de cochoboule et une miche de pain, hurla Loreley, sans aucune retenue. - Ça marche, répondit une voix étouffée, provenant certainement de l'arrière cuisine. - T'en rates pas une toi, souffla Lucerna en se prenant la tête dans les mains. - Bah quoi ? J'ai faim ! Deux hommes et une femme entrèrent, faisant tinter la clochette accrochée à la porte. L'un deux portait une armure de plaque noires, hérissée de pointes, l'autre portait un costume droit et bien taillé de néogicien et la femme portait une longue robe rouge avec un gros collier en or. L'assassin et l'enseignant se lancèrent un regard. Il parut évident qu'ils n'étaient pas là pour discuter tranquillement, surtout en les voyant rester debout en nous fixant. - Hey, les guignols, cria l'assassin en posant ses pieds sur la table. Vous voulez quoi ? Sans rien dire, la femme fit apparaître une rune de cinq mètres à ses pieds et chargea deux énormes boules de feu dans ses mains. D'un seul coup, tout me parut ralenti autour de moi. Je glissai ma main à l'intérieur de mon manteau puis saisissais mon pistolet. Je tirai une balle dans la tête de notre agresseur. Le néogicien, d'un calme olympien, leva son bras gauche et saisit le projectile en plein vol. - Mais que… Notre enseignant me fit signe d’arrêter. Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 20 (deuxième partie) : - Vous ne pensez tout de même pas que nous avions laissé nos arrières sans surveillance, dit calmement le professeur Brom. Par dessus la rune de flamme, vint se dessiner une rune d'électricité. Les trois intrus furent pris instantanément dans un déluge foudroyant, les clouant sur place. Le piège s'intensifiait de plus en plus. Cependant, le néogicien fit tomber un objet au sol, ressemblant à une petite grenade et le piège se dissipa. - Vous n'aviez jamais affronté de nécromanciens auparavant, ricana Lucerna. Elle dessina une rune dans les airs et trois portails noirs apparurent, faisant surgir des mains cadavériques et entraînant les trois agresseurs avec elles. Au vu du regard que me lança le néogicien, je compris que cette fois, il n'avait pas de parade. Ils disparurent rapidement, replongeant la taverne dans un grand silence. - Plutôt efficace ce truc, hein, prof, fit remarquer ma meilleure amie en baillant. - Heureusement qu'on avait dit « pas de vague », soupira l'assassin. Soudainement, la sensation d'une aura surpuissante vint m'envahir et en voyant le visage de mes camarades, ils la ressentaient aussi. Il y avait quelque chose dehors. En sortant, nous vîmes cette personne à l'apparence grotesque qui nous avait rendu visite au bar : Hordus Adren. - Bien le bonjour, mes amis, dit-il sur un ton très enjoué. Je ne pensais pas vous retrouver si vite ! Quel plaisir de vous revoir ! Je jetai un œil à Lucerna et la vit complètement pétrifiée, ses mains serrant les poignées de ses dagues. - Faites attention, professeur, dis-je. Il est beaucoup plus puissant qu'il en a l'air… - Je vois ça, Asigar. - Que faites vous ici, criai-je. - A vrai dire, lorsque je vous ai donné le dossier, j'avais espéré que vous passiez plus de temps à l'analyser et à en découvrir tous ses secrets. Mais je me suis trompé. Vous êtes une femme de terrain. Vous aimez l'action. Alors vous avez sauté dans le premier glisseur pour vérifier les pistes. - C'est comme ça que ça marche non, le débile, lança Loreley. - On ne m'interromps pas pendant mon discours, hurla-t-il en faisant de grands gestes. Petite impertinente ! Bien que ma première réaction aurait été de mourir de rire devant son interprétation pitoyable, la peur me prit aussi aux tripes. Lorsqu'il s'énervait, il dégageait une puissance phénoménale et ma conscience me conseillait plus que fortement de rester sur place. - Reprenons, petite idiote. Le maître ne veut pas de vous ici. Vous allez interrompre ses affaires. Je voulais m'amuser avec vous, encore prendre plein de plaisir et peut être même m'amuser comme un fou avec ses trois charmantes demoiselles, mais non. Je vais devoir vous tuer ici. J'ai pourtant essayé de dissuader le maître, de vous laisser en vie pour satisfaire mes désirs sadiques. Mais non. Il a décidé de vous faire disparaître. Et qui s'y colle ? C'est bibi ! Je tirai trois balles en direction de sa tête. En un éclair, il sortit un petit sceptre de sa manche et dévia les trois projectiles dans un ample mouvement circulaire. - C'est déjà la fin des préliminaires, chérie, lança-t-il avec cette fois, une voix de dément. Il brandit son bras droit et une hémisphère noire vint nous entourer. Je sentais de plus en plus lourde, mes jambes fléchissait jusqu'à que je sois collée au sol. Le sort de gravité nous avait mis tous les quatre à terre... Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 21 (première partie) : La pression était immense. Mon visage était complètement écrasé à terre et je sentais mes articulations hurler de douleur. Du coin de l’œil, je vis le professeur Brom sortir difficilement un objet de sa poche et le poser à terre. Un grand flash de lumière vint balayer la zone et je pus enfin me relever. Tout autour, un dôme de lumière bleutée nous entourait. - Une grenade anti-magie, s'excita Hordus. C'est pas très fair-play de votre part, monsieur le Tecknogräde. Il tira plusieurs salves d'énergie qui furent stoppées par le dispositif protecteur. - Et en plus, c'est résistant ! Bravo, mon cher ! Vous savez garder vos atouts dans la m… Son discours fut interrompu par un éclair de feu venu de derrière. Visiblement, cette fois, Lucerna n'était plus paralysée par la peur. Elle s'était jetée sur notre adversaire, transformant son désespoir en fureur. - Hola, on se calme, petite fille, cria-t-il en parant les puissants coups de dagues avec son sceptre. - Fini de jouer, hurla-t-elle avec une voix démoniaque. Je vais t'envoyer sur le territoire d'Ark'hen ! Chacun de ses coups fit reculer le Chercheur, qui semblait toutefois jubiler de cette situation. - Par la grande croix du vide ! L'assassin effectua une coup croisé en se déplaçant à très grande vitesse, qui n'eut malheureusement que peu d'effet. - Déjà tes coups spéciaux ? J'aime les filles comme toi ! Mais attention où tu mets les pieds ! Une rune noire se dessina sur le sol. Lorsque Lucerna atterrit après son coup magistral, une partie de la rune s'activa et elle demeura piégée. - La gravité peut prendre bien des formes ! Je vais te réduire au néant ! - Borg, Asigar, dit le professeur Brom à coté de nous. Il faut nous en débarrasser. Donnez tout ce que vous avez, ce ne sera pas un ennemi facile à éliminer. Borg, vous vous chargez de le distraire au corps à corps. Prenez garde à ses pièges. Asigar, nous allons l'arroser à distance. Il vous reste des grenades ? - Oui, deux. - Bien. Allons-y ! - Restez en arrière, hurla l'assassin. Vous allez vous faire tuer ! Loster, protège tes deux aspirants ! - On veux s'battre, répliqua Loreley. - Il est trop dangereux. Si je meurs, vous serez les seuls espoirs de finir cette mission. Alors ne gâchez pas vos vies inutilement ! Hordus incanta un sort étrange et une boule noire apparut dans ses mains. - Je vois que toi aussi tu passes aux choses sérieuses, enfoiré ! Laisse moi t'accueillir comme il se doit. Serviteurs, alliés et soldats des ténèbres glaciales, répondez à l'appel de votre maîtresse ! Un portail noir s'ouvrit derrière le chercheur. J'avais déjà vu ce sort de nécromancie lorsque nous nous sommes battus contre la grosse créature dans le souterrain. Cependant, les morts qui en sortirent étaient de nature différente, sûrement parce que Lucerna était en meilleure forme. Un premier émergea, ressemblant à un gros gorille sans poils, à la peau écailleuse, avec des énormes pics dans le dos et une tête me faisant songer à un troll des montagnes. Les marques visibles sur son corps, laissant sa chair à vif, me firent penser qu'il s'agissait d'une créature déjà morte qui était revenue à la vie. Certes, c'était le principe de cet art mais je ne savais pas que cela pouvait faire apparaître autre chose que des cadavres humains. Un second, un troisième et un quatrième en sortirent, ressemblant à des chiens écorchés. Enfin, un humanoïde surgit, habillé comme un sorcier, avec ses yeux luisant d'une lueur verdâtre. Notre adversaire se retourna, apparemment contrarié, et tira sa boule d'énergie vers ces nouveaux venus. Cette dernière s’arrêta non loin du portail et dans un grand bruit d'aspiration, elle les attira avant de les faire disparaître. - Tu as gâché ton coup, sourit Lucerna. Sans rien dire, il en généra une nouvelle. - Tu croyais que mon trou noir était unique ? Idiote ! Idiote ! Idiote ! Tu n'as pas changé en deux ans ! Toujours aussi idiote ! Et j'ai hâte de passer un nouveau moment intime avec toi devant tes amis horrifiés ! - Pourriture ! L'assassin fit luire une de ses dagues puis se dédoubla. Son clone attrapa l'original par le bras pour la sortir du piège dans lequel il était fourré. Elle fit ensuite apparaître d'autres clones. - Ultime Slash ! Elle attaqua de tous les cotés en même temps. Le Chercheur stoppa son incantation et se concentra sur la parade des frappes. J'enrageai de ne pouvoir intervenir. Mais c'était son combat. Je voyais aussi ma meilleure amie trépigner d'impatience de vouloir se jeter sur cet adversaire. Quant au professeur Brom, demeurant calme en apparence comme une mer d'huile, je pressentais qu'en son for intérieur, une fureur de combat s'était déclenchée. - Je vais te massacrer ! En vertu du contrat, obéis moi, Reine des Glaces ! Sors de ta torpeur éternelle et fais régner ta paix ! Apocalypse… et mille morceaux ! Toute la rue s'était transformée en glacier géant. Les pics gelés montaient presque aussi haut que les immeubles. Je discernai les façades se craqueler, les bancs et autres poteaux lumineux tomber en poussière, et même un pauvre oiseau, qui n'avait rien demandé à personne, se faire réduire en milliers de cristaux. - Ça y est, souffla Lucerna, épuisée ? Il est mort ? Mon instinct me disait de me méfier. Je me retournai brusquement, sentant une présence maléfique derrière moi. Le Chercheur était là. Un peu de sang s'écoulait de son bras gauche mais il était en vie. - Magnifique ! Splendide ! Que de beauté ! Sans que je ne puisse voir quoi que ce soit, Loreley se trouva devant lui, tenue fermement par ses bras puissants. Malgré sa force, elle ne pouvait pas se dégager. - Lâche moi, salaud, cria-t-elle. - Lâche là, surenchéris-je immédiatement. - Heureusement que j'ai vu le coup venir ! Cent vingt cinq mille mètres cubes de glace au zéro absolu ! Tu m'étonnes, ma chère. Tu n'avais pas ça la dernière fois ! Je me suis donc enfoui dans le sol grâce à la gravité. Dommage, essaie encore ! L'assassin se jeta sur lui depuis les airs mais une sorte de bouclier invisible la retint à son tour. - Celle ci a l'air amusante, dit-il en caressant la joue de ma meilleure amie. Tu penses qu'elle pourra donner une aussi bonne performance que toi ? Mon second niveau de conscience s'activa. - Je t'ai dis de la lâcher, hurlai-je. Ma télékinésie s’emballait. Je projetai des rafales dans sa direction. Chacune d'entre elles résonnait comme un coup de canon lors de l'impact. J'ignorai la puissance de son bouclier mais il fallait à tout prix éviter de toucher ma colocataire. D'un signe de la main, je soulevai des dalles du sol derrière lui et les attirai à toute vitesse. La protection résista toujours. Il me regardai avec un air de défi, ignorant étonnamment Lucerna. Je devais plus l'intéresser après cette petite démonstration. Tout en me fixant, il parcourut le corps de Loreley, que j'entendais crier de plus en plus. Au moment où il l'embrassa, l'aura rouge que j'avais déployée face à Nox Lucans revint. Une rage bouillonnait en moi, une envie de tuer. Mes émotions prirent le pas et j'affrontai une véritable dualité dans mon esprit. Mon premier niveau de conscience était submergé par mes pulsions meurtrières et mon second niveau de conscience, toujours calme, analysait à toute vitesse la situation. - Laaaaaaaacheeeee laaaaaaa, hurlai-je de nouveau. Je me jetai sur lui. Étrangement, le bouclier ne m’arrêta pas. - Asigar, non !, lança notre enseignant. Le Chercheur balança sans ménagement ma meilleure amie et m'attendit de pied ferme. J'entourai mes poings d'un vent violent télékinétique et je tentai de l'atteindre. Je fus agréablement surprise au premier abord de voir mes frappes briser les dalles au sol. J'avais vraiment fait des progrès. Effectuant une voltige, j'alternai coups et tirs de pistolet. Cependant, il esquivait et paraît élégamment à l'aide de son sceptre. - Que de grâce ! Que d'agilité ! Vous me surprenez, ma chère ! Vague du chaos ! Il tira des sphères noires entourées d'un tourbillon. Je savais que si j'étais touchée par l'une d'elles, c'en était fini de moi. Du coin de l’œil, j'en vis une se diriger vers un bâtiment et aspirer tout sur son passage, détruisant les murs. Je continuai de frapper encore et encore, laissant parler mes sentiments. Il m’attrapa par le poignet et me donna un coup de coude bien placé dans les côtes. - C'est dangereux d’être aussi près, tu sais ! La rage me consumait de plus en plus et je constatai mon esprit régresser. Un instinct bestial prit le dessus et je lui mordis le cou comme l'aurait fait un animal sauvage. Je serrai très fort entre mes dents puis je sentis ses pulsations au bout de mes lèvres. J'avais atteint la carotide. Je tirais d'un coup sec et une gerbe de sang arrosa mon visage. Il hurla en faisant des grands moulinets avec son sceptre. Toutefois, il fut un peu trop rapide et me frappa au torse. Je voltigeai à mon tour hors du bouclier. Le mirage qui était généré avait disparu, ce qui signifiait très certainement la destruction de sa protection. Ce fut d'ailleurs confirmé par une charge de l'assassin qui put l'atteindre sans problème. Elle fit un bond en arrière et vint à coté de moi. - Sales garces, hurla Hordus. Je vais tous vous buter ! Il préparait une énorme sphère noire. Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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