[Level up] Le forum passe au niveau 6
dans Annonces officielles (18 réponses)
Publié par Valk, le 21 January 2020 - 22:53
Création de texte - Vos répliques favorites
dans Made in fan (11 réponses)
Publié par Heretoc, le 24 October 2019 - 18:12
[NEOGICIA] Projet Darkness
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Bonjour à tous! Cette histoire se déroule juste à la fin du tome 1 de Néogicia, alors que le bal de fin de promo n'est pas encore fini. Saly, de retour de sa danse avec l'Empereur, va faire une rencontre inattendue qui la plongera dans les tréfonds des secrets de Centralis... C'est pas aussi bien écrit que le roman mais en espérant que ce début vous plaise! Bonne lecture! CHAPITRE 1 (première partie) Après cette petite danse riche en émotions pour ma camarade de chambrée, je me rassis à la table, expirant profondément, en signe de légère fatigue. Malgré mon rétablissement physique complet, je me sentais vaciller de temps à autre depuis le retour de notre escapade mortelle. Et puis, je pense que notre sortie nocturne n'avait pas arrangé les choses. Loreley, inépuisable, repartit, cette fois, emmenant Kat avec elle. - Puis-je vous offrir un rafraichissement, mademoiselle, entendis-je derrière moi, cette fois, d'une voix timide et inconnue. Je me retournai et voyais un jeune homme grand, environ un mètre quatre-vingt dix, assez costaud, sans toutefois atteindre la carrure de Löcke, avec les cheveux courts, semblables au professeur Brom. Il était vêtu d'un costume d'académicien, impeccable, ressemblant à tous les autres élèves masculins promus, présents à la fête. Il portait un verre d'un liquide rouge vif, posé sur un plateau d'argent. - Heu, bonjour, répondis-je confuse. Il me sourit. Mais je ressentais une certaine nervosité plus profonde. - Avec plaisir, enchainai-je. Il déposa le verre sur la table, avec une appréhension visible. Au final, ce dernier fut le bienvenu. Ma danse avec l'Empereur m'avait asséché la bouche et j'étais assoiffée. - Me permettez vous, de m'attabler à vos cotés quelques instants, demanda-t-il, sur un ton d'une grande politesse, me rappelant Keynn Lucans. Je sursautais malgré moi car je pensais qu'il s'était éloigné après m'avoir servie, m'étant retournée vers la piste, surtout que j'avais descendue ma boisson sans élégance particulière. - Je vous en prie, murmurais-je, sans trop savoir où cela allait me mener. Il me fit un salut avec une classe certaine, et s'assit en face de moi. Grâce à mes sens surdéveloppés, je sentais son cœur s'accélérer et je vis une goutte de sueur perler sur sa tempe gauche. Je le dévisageais avec un air légèrement suspicieux. Peut-être était-ce un de ces dragueurs de seconde zone qui allait tenter sa chance. Mais j'avais assez entendu de répliques cinglantes de ma meilleure amie sur ce genre de situation, que je savais exactement quoi sortir pour m'en débarrasser. - Je suis honoré de vous rencontrer en personne, Mademoiselle Asigar. Et je vous remercie d'avoir accédé à ma requête de partager un peu de votre temps en ma présence. Je trouvais cela étrange, au premier abord, qu'il me vouvoie, ce que j'avais fait aussi, bêtement, par mimétisme. - A vrai dire, je tenais à saluer en personne, celle qui avait tenu tête à Nox Lucans lui-même. De plus, votre démonstration de force était remarquable! J'en étais éblouis! - Merci... Je réalisai que depuis cet évènement, plus aucun élève de Mémoria ne souhaitait m'approcher, mais celui qui se tenait devant moi n'avait pas l'air d'être rebuté par ce détail. Je devais alors arborer une amabilité plus prononcée. Il ne s'était montré ni hostile ni entreprenant à mon égard, donc je n'avais aucune raison de le repousser méchamment. - Pour vous parler franchement, depuis que je vous ai aperçue sur le continent de Syrial. je me suis intéressé à votre situation. - Hey, salut beau gosse, interrompit Loreley en s'asseyant à son tour à notre table. Je te connais pas toi, tu es qui? Le jeune homme arbora un air confus et rougit. Il se leva brusquement et s'inclina. - Pardonnez moi, Mademoiselle Asigar, Mademoiselle Borg, j'ai manqué à la plus élémentaire des politesses! Je ne me suis même pas présenté. Je me nomme Erik Lloyd, diplômé de première année, tout comme vous, dans la section "chimie". Il éveilla ma curiosité. Je n'avais jamais parlé à un élève de cette section. C'était une occasion d'en apprendre un peu plus. - Qu'est-ce que tu veux à ma Saly, ronchonna ma colocataire. Si tu tentes de la draguer, je te préviens, je te fais bouffer tes dents. - Une charmante perspective, répondit-il sans se laisser démonter. Je conviens que Mademoiselle Asigar est d'une beauté sans pareille, surtout dans cette magnifique robe, et je pourrais en tomber incontestablement amoureux. Mais cela serait vous manquer de respect. Le simple fait que vous acceptiez de discuter tout simplement m'emplit déjà de joie. Ma meilleure amie le toisa de son regard perçant. - Qu'ai-je fait pour mériter autant d'attention de ta part, lançais-je, sans me soucier des apparences. Après tout, c'était un élève du même niveau que moi. On n'avait aucune raison de se vouvoyer. Il se rassit et parla à voix basse. - A vrai dire... Il scruta à droite et à gauche. Je remarquai surtout qu'il jetait des regards vers l'empereur. - A vrai dire, reprit-il, lorsque j'ai vu la manifestation de vos talents à Dunkil, je me suis enfin dit que j'avais trouvé mon objectif. - Ton objectif, m'étonnais-je, avec une peur latente et indéfinissable. - Oui, celui de trouver quelqu'un dont le statut de néogicien présentait de fortes anomalies. Pour pouvoir affiner mes recherches dans l'amélioration du sérum. - Comment cela? - Une démonstration sera mieux, je pense. - Hé, entendis-je crier à coté. Je tournais la tête et vit Loreley en train de se goinfrer de petits fours qu'elle avait ramassés dans une assiette. Au moment où elle tentait d'en saisir un, ce dernier se déplaça de cinq centimètres sur la gauche. Elle tenta de nouveau et le petit four prit de nouveau la fuite. Elle s'énerva en essayant d'être plus rapide mais au fur et à mesure qu'elle accélérait, le morceau de nourriture accélérait aussi. Mon interlocuteur sourit. - Tu maitrises la télékinésie, m'exclamais-je! - Chuuuuut, je vous en prie! Je ne tiens pas à ce que monsieur Lucans apprenne l'existence de mon don comme il a fait avec vous. - Je peux le comprendre. Cela peut sembler dérangeant d'être observé à longueur de temps. Es-tu aussi un injecté? - Non, je suis un néogicien né. - Comment as-tu fait alors? -Les merveilles de la section chimie, dit-il fièrement. Cela m'intriguait de plus en plus. - Pour tout vous avouer, j'aurais une requête, Mademoiselle Asigar, qui va vous sembler osée et je comprendrait que vous refusiez. - Quelle est-elle, hésitais-je, redoutant le pire. - Mais tu vas me laisser bouffer oui, hurla Loreley, toujours en train d'essayer de saisir son petit four. - Oups, pardon, répondit-il en s'inclinant. Elle maugréa au moment où elle réussit à saisir sa tartine. - Mademoiselle Asigar, permettez moi de vous demander l'autorisation de rester à vos cotés. Mes pouvoirs peuvent vous être utiles et je peux vous enseigner les techniques de contrôle. Je suis sur que vous seriez ravie si vous pouviez déclencher votre tempête à volonté et non selon vos sentiments. Je suis conscient que pour ce genre de cours, vous préfèreriez le professeur Brom mais il ne sera pas tout le temps disponible. Et, en échange, vous me donnez plus d'informations sur votre transformation. Je réfléchissais à cette offre. Cela pourrait être très intéressant d'avoir un autre élève avec qui m'entrainer. Ma meilleure amie était de taille à m'affronter mais sur le plan physique uniquement. J'avais besoin de maitriser ma force psychique. De plus, il pourrait être un allié précieux. - C'est d'accord, affirmais-je, avec un air de malice. Cependant, en contrepartie, je veux une chose. - Que vous conviendra-t-il, Mademoiselle? - Justement, que tu arrêtes de me vouvoyer. Nous sommes élèves de Mémoria tous les deux. Et que tu arrêtes de m'appeler mademoiselle. Je ne suis en aucun cas supérieure à toi, alors il n'y a pas de raison. - Comme il vous sierra, Mademoiselle Asigar. Je soupirais. - Hey, t'as compris ce qu'elle t'as dit, le coincé, lança Loreley. - Heu, oui, compris, Mademoiselle Borg, bafouilla-t-il. Édité le 17 January 2017 - 08:03 par Jcdenton Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 1 (deuxième partie) Je me levais et lui tendis une main. - Allez, fais moi danser, m'écriais-je. Je ne comprenais pas ce qui m'avais pris mais j'avais une soudaine envie de continuer à m'amuser. L'orchestre commençait une nouvelle mélodie très entrainante. Comme avec Keynn Lucans, je calquais mon esprit sur l'une des danseuses qui me semblait douée et j'imitais ses mouvements en temps réel. Je sentais une perturbation dans mon esprit. Je remarquais alors que mon cavalier fit de même en observant un autre danseur. La distorsion mentale que je ressentais provenait donc d'un pouvoir identique au mien à proximité. En tournoyant au rythme de la musique, d'un coup d'œil furtif, je constatai que l'Empereur nous dévisageais, prenant un air sérieux. Peut-être avait-il décelé l'anormalité de ma nouvelle rencontre. Après tout, lui aussi bénéficiait de facultés mentales incroyables. Ou peut-être était-il simplement jaloux? - J'y songe, m'écriais-je, tu as parlé de ma "tempête"... Je n'ai déployé qu'une aura rouge face à Nox Lucans. Comment sais-tu que je suis capable d'un tel pouvoir? Il arbora des yeux ronds, visiblement ne s'attendant pas à autant de perspicacité de ma part. - He bien, je pense que vous allez vous fâcher... - Erik, l'interrompis-je en le fixant dans les yeux. - Excusez... Excuse moi, Madem... Saly. J'ai... aussi des dons de télépathie. - Tu as lu dans mon esprit !? - Oui. je suis désolé, je m'y suis introduis sans votre... ta permission. Je te demande pardon. - Qu'as tu vu? - Je ne me suis permis de ne voir que l'attaque dans la forêt. Et je n'y ai vu que des images fugaces. Si j'avais voulu aller plus loin, vos sens furtifs l'aurait détecté. - J'aurais été Loreley, je pense que je t'aurais giflé devant tout le monde, lançais-je, agacée, voire franchement énervée d'avoir vu mon intimité violée ainsi. - Je peux t'apprendre à verrouiller ton esprit, me proposa-t-il. C'est essentiel pour se protéger des attaques mentales et des sondes. - Je suppose aussi que c'est avec ton intrusion que tu as deviné ma boisson préférée... - Ha ha... Bien vu. - Comment as-tu réussi à avoir tous ces pouvoirs? Il n'eut pas le temps de répondre que la musique s'arrêta. Nous retournâmes à la table, pour trouver ma colocataire toujours en train de s'empiffrer. -Nous sommes à Centralis, Mademoiselle Asigar... Ma voisine de chambrée le frappa à l'arrière de la tête. - Aie! - On t'as dit de nous tutoyer et de ne pas l'appeler mademoiselle, t'as la caboche dure! - Pardon. Je disais que nous sommes à Centralis, Saly. Le nombre des injectés est important. J'ai donc demandé une autorisation à l'Œil pour pratiquer des relevés publics. J'ai une connaissance qui m'a permis de l'obtenir. J'ai alors contacté plusieurs sujets ayant survécu et je leur ai fait de simples prises de sang, prétextant un contrôle de routine. J'ai ensuite décomposé leur ADN. Avec tout un tas d'expériences complexes, j'ai pu recréer un semblant de sérum N01. Je ne pouvais accéder directement à un échantillon, il est bien trop gardé par l'Empire. - Tu te rends compte que cela pourrait être interprété comme une trahison, lui dis-je, étrangement soucieuse de son sort. - Ne t'en fais pas. J'applique à la lettre ce que l'Empire nous apprends: compartimenter l'information! Et mes intentions ne sont pas mauvaises. Je veux juste améliorer le sérum. J'ai fait plusieurs tests. - Et tu te les ais injectés, lui lançais-je, le prenant de plus en plus pour un savant fou. - Oui... Je ne pouvais décemment pas prendre d'animaux ou d'élèves. Cela n'aurait pas été correct. Si quelqu'un doit subir les conséquences de mes erreurs, c'est bien moi et personne d'autre. Son explication me paraissait étrange. Il me semblait à la fois fou et intègre. J' avais envie d'en apprendre plus. - Tu as obtenu quoi comme résultats? Des erreurs? Tu aurais pu mourir! - Ma vie importe peu tant que la science progresse! Et si aujourd'hui, je peux me mettre à vo... ton service, c'est grâce à mes efforts! Au fil de la conversation, je me rendis compte que tout était incroyablement silencieux. Pas de musique, pas de gens qui parlent... Je jetai un œil aux alentours. La scène me glaça le sang. Personne ne bougeait. Tout le monde était figé, comme prisonniers du temps. - C'est quoi ce délire, m'étonnai-je, en voulant me lever, mais je rencontrai une forte résistance. Ma chaise ne voulait pas se déplacer! - Calme-toi, Saly, me rassura mon interlocuteur. Voilà jusqu'où peuvent aller mes pouvoirs. Tu es en train d'expérimenter une stase temporelle. - Une quoi? - C'est un don très aléatoire qui... Erik se mit à grogner, se tenant frénétiquement le front. Les sons alentours revinrent. Il haletait pendant quelques secondes puis sortit un petit mouchoir de sa poche. Il s'essuya un œil puis le coin droit de sa bouche. Je remarquai que du sang s'était écoulé. - Je m'excuse de t'avoir montré un tel spectacle. Cette partie de la formule n'est pas encore très au point. - Tu es vraiment un grand malade, m'écriais-je, effrayée. Pourquoi t'infliges-tu cela? - Pour la science, bien sur! Je me levais. J'en avais assez entendu. Je ressentais une colère en moi, inexplicable. Je frappai des deux mains sur la table, regardant l'académicien droit dans les yeux. - Ecoute moi bien. J'accepte ton aide afin de progresser. Mais je rajoute une condition. Tu arrêtes les expérimentations sur toi. Il arbora un regard plein de chaleur et de tendresse, qui, pour une raison inconnue, me toucha droit au cœur. C'était quelqu'un de très étrange. J'avais envie d'en savoir plus sur lui. Et puis, le simple fait qu'un autre élève, que je n'avais jamais vu auparavant, dépasse les barrières des préjugés et vienne me parler, me fit énormément plaisir. Sans trop me rendre compte du temps qui passait, la fête toucha à sa fin. L'Empereur vint me saluer une dernière fois avant de partir discuter avec le professeur Brom. Accompagnée de Loreley, nous repartîmes dans notre chambre. J'avais du mal à trouver le sommeil, malgré ma fatigue. Beaucoup de questions se bousculaient dans mon cerveau.... Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 2 (première partie) Au petit matin, j'attrapai mon réceptron et décidai de contacter le docteur Loy. - Bonjour Saly, me répondit-il, avec une voix reflétant son épuisement du travail nocturne dans son laboratoire. - Bonjour Albius. Je suis désolée de te déranger alors que tu allais certainement te coucher. - Que me vaut l'honneur de ton appel ? - Je souhaiterais que tu cherches dans les archives de l'Œil, une personne nommée Erik Lloyd. C'est un élève de Mémoria que j'ai rencontré hier soir. Il m'intrigue beaucoup. - Ho, aurais-tu trouvé un prétendant, se moqua-t-il ? - Non, rien de tout ça, lançais-je, agacée. - Tu as l'air de mauvaise humeur. Que s'est-il passé ? - Rien... Je m'excuse, ce n'était pas contre toi. Je veux savoir à quoi m'en tenir. - C'est grave? - Il m'a dit qu'il avait un contact dans l'Œil, qui lui avait permis d'obtenir des échantillons de sang d'injectés. Cette information semblait avoir bouleversé le docteur. - En effet, c'est grave. Si ce genre de chose a fuité du laboratoire le plus sécurisé de l'Empire, nous avons alors un gros problème. Il t'a dit pourquoi il avait récupéré ces échantillons? - D'après ce que j'ai compris, le sérum N01 est très bien gardé et il n'avait pas réussi à le récupérer. Il a donc utilisé ces prélèvements pour le reproduire, du moins en partie. Il m'a dit aussi qu'il l'avait amélioré de telle sorte que... mon cas ne soit plus unique. - Impossible, s'exclama Albius. - Il a expérimenté ses recherches directement sur lui et a obtenu des pouvoirs qui semblent dépasser même ceux des plus hauts gradés, du moins de ce que j'en sais et de ce que j'en déduis. Le silence à l'autre bout me sembla pesant. - Si une telle personne existe, alors c'est certainement le scientifique le plus doué de tout Centralis. Et tu dis qu'il n'est qu'en première année ? - C'est bien pour cela que je veux en savoir plus. - Compte sur moi. Je connais moi aussi pas mal de monde dans ces murs. Je ne tarderais pas à te recontacter avec des nouvelles. - Merci. - Saly... Pas un mot de tout cela aux autres. J'ai un très mauvais pressentiment. Il coupa la communication. J'espérai de n'avoir pas fait une bêtise en parlant au docteur. L'heure sur mon réceptron indiqua neuf heures. Au final, j'avais plutôt bien dormi. Je laissai ma meilleure amie encore au pays des songes et je m'habillai sommairement. J'avais deux jours de libre avant d'être mise à la porte de Mémoria pour les vacances. Je descendis par l'ascenseur jusqu'au hall. Sur les marches de l'entrée, je remarquai le professeur Brom en train de discuter avec cette pimbêche de Magritta. Une idée stupide traversa mon esprit. Je repris l'ascenseur et me rendit au service administratif. Je fis mine de m'asseoir sur un des bancs situé de part et d'autre de la porte du bureau. J'attendis dix minutes et ne vit aucune allée ni venue. Je fermai les yeux. Mon second niveau de conscience s'activa étrangement facilement. La projection partit et j'entendis un léger déclic. J'avais réussi à déverrouiller la porte par télékinésie. Je jetai des regards à droite et à gauche, puis je rentrai dans le bureau. Il n'y avait personne, heureusement. Je restai attentive, utilisant mon ouïe, pour détecter la moindre présence dans le couloir. C'était bien évidemment un crime de s'introduire ici et j'aurais été renvoyée. Je fouillai alors frénétiquement dans les dossiers des élèves, à la recherche de mon nouveau compagnon de la veille. - Vous cherchez quelque chose, Mademoiselle Asigar, entendis-je une voix provenant du seuil de la porte. Je sursautai, avant de me retourner avec effroi. J'étais prise la main dans le sac. Erik se tenait là, me souriant. - Le service administratif est fermé pendant les vacances, tu sais. Mon cœur s'accéléra. - Comment... Comment as-tu fais pour que je ne t'entende pas? Sans rien dire, il sauta à pieds joints sur le parquet, cela ne produisit aucun bruit. - Un des aspects de la télékinésie, très complexe à maîtriser, certes, est d'être capable de contrôler les ondes sonores. Il entra et ferma la porte derrière lui. Allait-il m'attaquer? Il se dirigea vers un casier, saisit un dossier d'élève et me le tendit. - Pas besoin de télépathie pour savoir ce que tu cherches. Sur l'en-tête était écrit "Erik Lloyd". C'était ce que pour quoi j'étais là. Je le pris, doucement, tremblante. - Je comprends que tu sois suspicieuse à mon égard. Un inconnu, déboulant de nulle part, pas du tout effrayé par tes facultés, te propose de l'aider gentiment et de plus, qui possède des pouvoirs inimaginables. Il y a de quoi être décontenancé. Mais je veux jouer franc jeu avec toi. Tu n'as pas à avoir peur. Je t'en prie, lis donc mon dossier. Je le dévisageai d'un air méfiant. Il me sourit et s'adossa à la porte d'entrée. Je parcouru alors les documents que j'avais sous les yeux, en tournant la tête de temps à autre pour vérifier qu'il n'avait pas bougé de place. Au fur et à mesure de ma lecture, rien de m’apparut anormal. Il y avait ses notes, brillantes, dans toutes les matières mais je constatai que sur les matières théoriques, il en avait de moins bonnes que les miennes. Enfin, sauf en sciences. Il était originaire de Centralis, il y avait le nom de ses parents, son adresse, les papiers identiques aux miens quand je suis arrivée - il avait par ailleurs choisi la branche "ingénieur" au début et à changé en second semestre. Rien. Pas un détail anormal. J'avais l'impression de lire n'importe quel dossier banal d'un élève lambda. Ce qui, au final, était encore plus étrange. Ces informations étaient trop propres pour que ce soit la description réelle de quelqu'un. Je soupçonnais fortement la falsification du dossier. - Alors, satisfaite? - Rien qui n'éveille ma curiosité, lui mentis-je. - Partons. Si on nous voit ici, c'est le renvoi. Et je compte bien finir mes cinq années. Nous sortîmes de la pièce, qu'il verrouilla de la même manière que j'étais entrée. Je m'appuyai contre le mur et prit une grande respiration. Je sentis ses mains attraper mes épaules. Ce fit à son tour de me fixer. Il me parla avec une voix pleine d'assurance. - Saly. Non, Mademoiselle Asigar. Vous êtes l'élève la plus brillante que l'on puisse trouver ici. Vous êtes intelligente, vous êtes sublime, vous possédez des dons que beaucoup vous jalousent. Mais vous êtes victime de votre état. Laissez moi vous aider. Faites moi confiance. N'ayez pas peur. Je ne suis qu'un simple élève de Mémoria, avec des facultés étranges, je vous l'accorde. Vous avez tenu tête à la Coalition, vous avez sauvé son altesse Saryahblööd, qui est hors de danger, grâce à vous! Vous avez affronté Nox Lucans malgré les risques. Vous êtes la favorite de l'Empereur. Réalisez donc la portée de votre existence ! Et je suis là, humblement, devant vous. Je me mets à votre service, parce que vous le méritez. Je veux vous protéger. Vous représentez un bond en avant dans la science! Il reprit son souffle et me lâcha. Mon esprit était confus. - Je veux seulement vous aider, Mademoiselle. Je veux... Non, c'est trop prétentieux. Faites moi confiance. Juste. Faites moi confiance. Par de là ses iris gris, je ressentis une profonde bonté dans son regard. Quelque chose en moi me disait que je pouvais me fier à lui. Était-ce une tentative de contrôle mental? - Tu vas lâcher ma Saly, hurla une voix familière dans son dos. Un violent coup de poing fendit l'air. Erik eut à peine le temps de se retourner qu'il voltigea et atterrit durement sur un banc. Il ne bougeait plus, visiblement sonné. Cette émotion soudaine envers lui continua de tourbillonner en moi. Je savais que la télépathie demandait une maîtrise parfaite de son employeur alors, s'il n'était plus conscient et que mon esprit se comportait toujours de la même façon... Cela signifiait que ces sentiments ne provenait pas de l'extérieur. Le jeune académicien poussa un gémissement. Il se redressa, se tenant la mâchoire, qu'il fit ensuite craquer d'un bruit qui aurait dégoûté n'importe qui. Ma meilleure amie le scruta, très surprise. - Une patate comme ça aurait du te foutre KO pendant au moins une heure. - Il y a des choses qu'il vaut mieux ignorer, reprit-il en se levant et en secouant sa tête. Mon instinct d'ancienne étudiante en médecine me poussa à l'examiner. Je ne décelais aucune séquelle de cet impressionnant impact. - On peut dire que vous avez de la ressource, Mademoiselle Borg. Je pris un air sérieux, mettant mes mains sur mes hanches, et le toisa sévèrement. - Pardon, reprit-il, remarquant ma posture. Loreley. Puis-je vous demander votre emploi du temps du jour ? - Pourquoi, répliqua ma colocataire, sèchement. - Je pourrais vous proposer votre premier cours de psychisme. - Pfffff, j'en ai assez des cours, continua Loreley. Je suis en vacances moi ! - D'accord, répondis-je. Erik me sourit puis me fit un signe de tête, me demandant de le suivre. Nous descendîmes jusqu'à l'amphithéâtre A-12, où le professeur Bourton donne son cours de géopolitique. La pièce n'était pas fermée à clef. Sur le chemin, nous croisâmes Kat, Löcke et Morgüll. Notre compagnon comprit vite que nous étions amis et leur proposa aussi de se joindre à nous. Ils acceptèrent par curiosité. Le jeune académicien nous invita à nous asseoir au premier rang et prit la place de l'enseignant. Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 2 (deuxième partie) - Mes chers élèves, commença-t-il, sur un ton amusé. Le contrôle parfait de votre esprit se fait en plusieurs étapes. Je suis conscient que la projection mentale emmenant à la télékinésie est une exclusivité de notre camarade Saly mais je peux vous emmener aux frontières de sa réalisation. Les ennemis de l'Empire peuvent brouiller votre mental à l'aide de la magie. Vous pouvez donc le fermer et garder vos pensées en toute circonstance. Si vous tombez entre leurs mains, des secrets peuvent être révélés. Vous me suivez ? - Cela parait évident, soupira Kat. - Le premier pas consiste à travailler vos émotions négatives. Je ne dis pas qu'il faut devenir un robot froid, mais ces émotions extrêmes peuvent nuire à la bonne tenue d'une mission, et de plus, une personne soumise à cet état est plus facilement contrôlable. Je vais vous envoyer des ondes mentales à tour de rôle et votre objectif est de vous focaliser sur quelque chose qui viendrait le contrer. Par exemple, si je stimule votre tristesse, vous devrez penser à quelque chose de joyeux. Vous me suivez toujours ? Il se plaça face à Loreley, qui finalement, était venue. - Ma chère, je vais stimuler ta colère. Tu devras penser à quelque chose de calme, d'apaisant. Tu peux le faire ? - Ok, soupira-t-elle. Erik la regarda droit dans les yeux. Elle mit deux doigts sur sa tempe gauche, comme si elle avait un mal de tête. Au bout de quelques secondes, elle se leva brusquement. Je remarquai quelque chose d'anormal. Ses iris argentés étaient devenus rouges sang, comme la princesse syrianienne. - Comment, souffla-t-elle, semblant prise dans une tempête de rage. Comment osez-vous faire ça à ma Saly ? Je vais te le faire payer ! Elle sauta en l'air avec une grâce certaine et se mit à attaquer notre professeur du jour, qui esquiva avec une aisance surprenante. - Loreley, m'écriais-je. Calme-toi ! Contrôle toi ! Elle poussa un hurlement de fureur, puis tomba à genoux, haletante. - Bordel, c'était quoi ça, chuchota-t-elle. Elle tourna la tête pour voir tous ses amis la dévisager avec des yeux ronds de surprise. - Qu'est-ce... Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je l'aidais alors à se relever. - Il y aura pas mal de travail avec toi, il me semble, soupira à son tour Erik. - Que lui as-tu fait, demandais-je. - J'ai projeté dans son esprit une scène où tu étais détenue par des gardes de la Coalition et qu'ils te menaient vers une salle de torture. Mais j'avoue, la stimulation était peut être trop intense pour une première fois. Repose toi, Loreley, je vais essayer avec quelqu'un d'autre. Il choisit Kat. Il l'observa de la même manière. Elle cligna des yeux rapidement mais rien de se produisit. Pas d'excès de rage, ni de larmes, ni de profonde terreur. Ma camarade resta impassible, comme à son habitude. - Hé bien, il semblerait que Mademoiselle Kat soit très douée. Tu viens de réussir avec succès la première étape. - Pas étonnant, plaisanta Dunkan. Elle a toujours été aussi froide que les glaces de Soufflenord ! Je ne pus me retenir de pouffer de rire mais cette remarque valut une frappe bien placée derrière la tête de ce dernier. - Puisque tu es sur le ton de la plaisanterie, tu seras le suivant. Le troisième test commença. Le jeune homme fixait Erik mais je sentais un problème. Au bout de quelques secondes, il fondit en larmes. - Je suis désolé, s'excusa notre professeur. Je n'aurais pas du éveiller… ce souvenir. Saly, à ton tour ! Je me préparai au pire. Mon esprit commença à se brouiller. Je me revoyais dans cette grande pièce vide, avec ce tube de verre au milieu, attachée sur ce fauteuil, en attendant mon injection. La douleur était insoutenable. Sauf que cette fois, ma conscience resta en surface. Je vis mon bras droit se changer en griffe, dégageant une énergie incroyable. C'était donc ça la créature dont m'avais parlé l'Empereur, ce en quoi je m'étais transformée? Avec ma force, je sentis l'attache céder. Je fulminais, j'avais envie de tuer, de tout détruire sur mon passage. Cependant, malgré cet intense ressenti, j'avais gardé l'idée que ceci était un exercice et qu'il fallait que je m'en sorte par moi même. J'essayai de me souvenir de chaque parole du docteur Loy avant que je n'entre dans cette salle. Je me concentrai, rassemblai mes deux niveaux de conscience, tentant de me rattacher à la réalité. Puis, dans un dernier élan d'espoir, j'aperçus mon bras reprendre forme humaine. Ma vue se brouilla et je revins dans la salle de classe. Erik se tenait devant moi, posant ses mains sur mes poignets et me regardant avec une certaine fierté. Toutefois, j'avais mal, très mal. Que se passait-il? - Tu vas bien, me demanda-t-il doucement. J'abaissai mon visage et découvrit mes ongles arrachés, mes mains couvertes de sang et la table devant moi marquée par de profondes entailles. Mes amis se tenaient à coté. Je sentais leurs mains pleines de chaleur sur mes épaules. - Il n'a pas été facile de te ramener, Saly, dit doucement le jeune académicien. J'ai même du plonger dans ta conscience pour ne pas te perdre. En tout cas, tu as passé la première étape. - Il faut te soigner, s'exclama ma camarade de chambre, en panique devant mes blessures. Elle saisit Erik par le bras. - Qu'est-ce que tu lui as fait, hurla-t-elle. - Simple sondage psychique, répondit le jeune homme. Cependant, il semblerait que Mademoiselle Asigar possède une part d'ombre assez prononcée. Qui n'est pas pour me déplaire, ceci dit. - Calme toi, Loreley, interrompis-je en voyant qu'elle allait presque le frapper. C'est moi qui ai voulu cette expérience. Il n'est pas responsable. - Il faut te soigner, redit-elle. Elle alla chercher une trousse de secours sous le bureau. C'était le règlement: chaque classe devait avoir du matériel médical d'urgence. - Pas besoin de trousse, chuchota Erik. Il me prit les mains. Je ressentis quelque chose d'étrange, comme si mes deux niveaux de conscience se déconnectaient. La douleur disparaissait petit à petit, mes ongles cassés repoussèrent et ma peau déchirée se referma sans laisser de cicatrice. Je regardai bêtement mes deux extrémités parfaitement restaurées, sans avoir la moindre idée de l'origine de ce miracle. - J'ai stimulé ton cortex pour ordonner à tes cellules d'accélérer ta régénération. C'est normalement une capacité très rare d'injecté N04. Ma meilleure amie, sur le coup de la surprise, laissa tomber à terre la trousse et observa mes mains comme si elle avait vu un fantôme. - C'est impossible, souffla-t-elle. Ça ne peut être que de la magie à ce stade ! - Malheureusement pour toi, c'est bien de la technologie. Et encore. Je suis loin de vous avoir énuméré tous les cas possibles de pouvoirs entre le N01 et le N05. Je crois même que Monsieur Lucans en ignore deux ou trois. L'assemblée le scruta. Il haussa les épaules. - Expérimentations biologiques, dit notre nouveau compagnon. Expérimentations hasardeuses. De la chimie, rien de plus. Bon, je pense que la classe d'aujourd'hui est ajournée. Nous continuerons plus tard. Erik releva une de ses manches et dévoila un petit bracelet métallique. Il pianota et disparut dans un éclair de lumière. - Un téléporteur personnel, affirma Löcke. C'est une technologie qui n'est encore qu'au stade du développement dans les laboratoires de l'Empire ! Mon réceptron se mit à biper. - Excusez moi... Je sortis de la pièce et établit la communication. - Saly? C'est Albius. J'ai fait quelques recherches sur Erik Lloyd et je n'ai rien trouvé de probant. Sa famille sert l'Œil depuis des générations. La seule chose que je sais est qu'ils ont participé au projet Tabris. Quant à savoir qui est son informateur, je n'en ai aucune idée pour le moment. - Merci pour ton aide. Ne prends pas de risques inutiles surtout. Il n'a pas l'air méchant et même si ses pouvoirs sont étranges, j'ai l'impression qu'il a envie d'aider. - Je retourne à mes investigations. Sois très prudente. Le réceptron se referma. Je rentrai à nouveau dans l’amphithéâtre. Tout le monde se regardait, semblant repenser à cet événement très étrange, sans en pouvoir trouver un semblant d'explication. - Bon, interrompit Kat. On se fait mettre dehors après demain. J'ai encore mes valises à faire. A plus tard. - Tu as raison, dis-je. Nous avons d'autres choses à faire pour le moment... Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 3 (première partie) Deux jours plus tard, au repas de midi, nous demeurions seuls dans le réfectoire. Visiblement, nous étions les derniers élèves de Mémoria à quitter l'académie. Nous sentîmes un léger vent froid provenir étrangement du bout de la table. Un flash de lumière nous éblouîmes, identique à celui du bracelet d'Erik, puis nous vîmes l'élève en question apparaître, assis à coté de Dunkan. - Je vous ai manqués, dit-il avec un sourire amusé. J'ai fini mon expérience et j'ai faim ! Et je me suis dit que vous pourriez être dans le coin. Mon intuition était bonne ! - Qu'est-ce que tu veux, demanda sèchement Loreley, tout en mâchonnant un bout de poulet. - Je ne suis pas là pour vous causer des ennuis, répondit-il, visiblement intimidé. Je n'avais rien à faire d'autre aujourd'hui, alors je me suis dit qu'on pourrait aller se promener en ville. - Notre glisseur part dans une heure, lui dis-je. Avant de pouvoir faire quoi que ce soit, je dois aller m'installer chez le docteur Loy. Et puis, je suis vraiment fatiguée. Je pense que j'irais au lit tôt ce soir ! - Pffff, j'ai pas envie de retourner chez mon vieux, soupira ma camarade de chambrée. Mais je dois voir si l'Empereur a tenu parole. - C'est les vacances, reprit Erik. Nous avons tout le temps qu'il nous faut. Je lui répondis que je n'allais pas reprendre l’entraînement de suite. Effectivement, c'était les vacances et j'allais en profiter. Une bonne soirée tranquille avec tout le monde serait la bienvenue. - Bon, je vous propose qu'on se retrouve demain soir à notre taverne habituelle. - Puis-je me joindre à vous ? - Naturellement, enchaînai-je, avant que quiconque n'émette une objection. - Je te remercie, me répondit-il en souriant. Le repas une fois terminé, nous nous dirigions vers nos chambres afin de récupérer nos affaires, puis nous embarquions dans le glisseur. Pendant le trajet, je laissai mon regard se perdre dans le lointain. - Hé Saly, s'écria Loreley, me tirant de mes pensées vagabondes. T'en penses quoi d'Erik ? - Hmmm, soupirai-je. Je ne sais pas trop. Ce matin, quand tu m'as trouvée à coté du bureau administratif, je m'y étais introduit pour fouiller son dossier. Je me suis aperçu qu'il était faux. - Que veux-tu dire, interrogea Morgüll ? - Tout était banal. Trop banal. Brillant mais trop banal. Tout était trop dans la norme. Il y avait quelque chose d'irréel. - Pourquoi aurait-il falsifié son dossier, demanda Kat. - J'en ai parlé au docteur Loy, répondis-je, mais il n'a rien trouvé d'exceptionnel. Je commence même à douter de son existence. Est-ce vraiment un élève ? - Tu penses que c'est une tactique de Lucans pour te surveiller, suggéra ma meilleure amie. - Si effectivement, il s'agit d'un agent de Nox Lucans, cela expliquerait beaucoup de choses. Un tecknogräde qui s'amuserait avec moi ? Pas étonnant qu'il possède de tels pouvoirs dans ce cas. Le glisseur arriva à destination. Je vis le docteur Loy à l'extérieur, attendant mon arrivée. - Rebonjour, Albius, m'exclamais-je, contente de te revoir ! - Ha, Saly, enfin les vacances, me dit-il avec un sourire. Tu vas pouvoir de te remettre de tes émotions de cette fin d'année. - Et ce n'est pas peu dire… Le groupe se dispersa. Nous nous donnâmes rendez vous, le lendemain soir, pour une petite fête. Sur le chemin des téléporteurs intra-muros, Albius me questionna longuement sur cet élève que j'avais rencontré hier soir. - La seule conclusion que je peux en tirer pour le moment est que s'il est sincère envers moi et qu'il ne prépare pas un coup fourré, il peut s'avérer un puissant allié pour l'avenir. Je préfère me montrer prudente sans être timorée. Je lui donne sa chance. - Observer et ne pas juger sur les apparences, hein ? - Exactement ! Mais pour l'heure, que faisons-nous ? - Ma fille Milia arrive cet après-midi. Elle a reçu une permission d'une semaine et elle avait hâte de te donner des nouvelles de Syrial. Comme convenu, tu peux t'installer chez moi. - Elle n'a pas eu de problèmes ? - Visiblement non. En tout cas, si son intervention a eu des conséquences, elles ne se sont pas encore montrées. - Je souhaite sincèrement qu'il ne lui arrive rien. Nous arrivâmes à l'appartement du docteur. Un lieu assez grand, ensoleillé et pas très loin de l’Oeil. Je déposai mes affaires dans une des chambres. Cela se voyait qu'Albius était un docteur. Tout son logement était d'une propreté quasi clinique. Je déballai rapidement mes affaires et je me mettais à mon aise. Après tout, j'avais deux mois à passer ici, il fallait que je me sente comme à l'académie. Je m'allongeai sur le lit et regardai le plafond blanc. Mon petit Gratouille était venu se blottir contre ma poitrine et frottait sa tête contre mon cou. Je repensai encore à l'attaque de Syrial. Mon réceptron bipa. C'était un message de Loreley qui m'annonçait que son père allait bien. La technique médicale fournie par l'Empereur avait fonctionné. Ce fut un grand soulagement pour moi aussi. La savoir heureuse me rendait heureuse aussi. Mes pensées furent écourtées par des voix dans le salon. Effectivement, Milia était arrivée. - Saly, s'écria-t-elle, en m'enlaçant. Je suis contente que ce soit bien terminé. - Moi aussi… Tu n'as eu aucun problème avec Nox ? - S'il sait quelque chose, pour le moment, je n'ai rien vu. Je fais comme si rien n'était et ta ruse a fonctionné. - Keynn Lucans m'a affirmé que rien ne se passerait. Je lui fais confiance. Il était dix-huit heures. J'avais déjà faim et je n'avais qu'une envie, c'était d'aller dormir. L'expérience mentale de ce matin m'avait, je ne sais pour qu'elle raison, vidée de mon énergie. Nous dînâmes à sept heures et je m'excusais auprès de mes hôtes. La journée du lendemain se passa rapidement. Nous nous baladions dans la ville. Les passants nous arrêtaient souvent pour admirer mon animal de compagnie. En effet, les Pikouaïs sont inconnus par ici. Cela suscitait la curiosité. J'ai même eu droit à un cours de géopolitique de la part de la fille d'Albius sur la situation à Syrial. Malgré l'opération de sauvetage, les tensions étaient visibles entre l'Empire et le peuple syrianien. La princesse faisait tout ce qu'elle pouvait pour calmer le jeu mais c'était loin d’être gagné. Le soir venu, je retrouvai mes amis à la taverne. L'ambiance était toujours agréable. C'était bruyant mais on adorait ça. Nous naviguions entre le comptoir, où nous descendions quelques verres bien corsés, car il n'était pas question de garder l'esprit clair, la table pour discuter et la piste de danse pour se défouler. Erik était présent, étrangement habillé comme le professeur Brom. Avec sa coupe de cheveux et ses vêtements similaires, on aurait presque cru qu'ils étaient de la même famille. Il n'avait visiblement pas de mal à s'intégrer, discutant de sujets banals et laissant de coté nos sujets académiques. Je scrutai du coin de l’œil Loreley, assise à une autre table et jouant visiblement à un jeu de pari avec quatre jeunes hommes. Et vu la tête qu'ils faisaient et le sourire malicieux de ma meilleure amie, j'en déduisais qu'elle les plumait allègrement. - Salope, rends nous notre fric, hurla un des hommes à la table, tout en la renversant. - Ce pari n'était pas régulier, hurla un autre. Loreley restait impassible, sur sa chaise, comptant ses crédits. - Tu nous ignores ? J'allais intervenir quand Erik me saisit le bras. Il fit non de la tête et m'invita à m'asseoir. Plus je me débattais et plus je sentais son étreinte se resserrer. Gratouille lui mordit la main mais cela ne semblait pas du tout l'affecter. - T'as perdu, dit ma colocataire en ricanant. Aboule ce qui reste ! Un de ses adversaires se jeta sur elle. D'un bond gracieux, elle sauta en arrière tout en frappant la mâchoire de son agresseur avec son pied, qui tomba lourdement sur le sol. Deux autres l'attaquèrent mais sans succès. Elle réalisa une esquive souple et ils s'entrechoquèrent violemment avant de tomber à terre à leur tour. - Ramasse tes trois acolytes et foutez le camp, dit-elle en les regardant d'un air glacial. Les quatre hommes repartirent tant bien que mal de la taverne, avec l'aide musclée de deux videurs. - On se retrouvera, cria un des joueurs. Loreley ricana une nouvelle fois avant de lui tirer la langue. Elle rejoignit notre table, tout en chantonnant. - Tu me donnes des sueurs froides à jouer comme ça, lui lançai-je, énervée. - Boh, quand tu as combattu la Coalition, les débiles des bas fonds ne sont pas vraiment un défi. Je remarquai qu'Erik avait une lueur d'émerveillement dans ses yeux. - Tu es très douée, affirma-t-il en me lâchant. - Trois mille crédits, s'exclama ma colocataire. On va pouvoir en faire des tournées ! La soirée se passa ensuite calmement, enfin, la nuit plutôt car nous restâmes jusqu'à l'aurore. Kat, Dunkan et Morgüll prirent congé et nous nous retrouvâmes tous les trois. - Je vous raccompagne jusqu'au téléporteur, proposa Erik. - Avec joie, répondis-je, en voyant que j'avais des difficultés à marcher droit. A un angle de rue, Loreley vida le contenu de son estomac sur le sol. Elle avait bien trop fêté sa victoire. Par contre, je remarquai que notre nouveau camarade n'avait pas bu une goutte d'alcool. Quatre silhouettes apparurent devant nous, armées d'épées et de gourdins. - On va te faire payer ça, grognasse ! C'était les quatre joueurs que ma meilleure amie avait dépouillés. Erik m'appuya les épaules contre un mur pour me stabiliser. Il attrapa Loreley et l’assit sur le sol. Gratouille se dressa devant moi, prêt à bondir pour me protéger, mais notre camarade lui caressa gentiment le dos et, à son tour, s'assit étrangement. - Restez là, les filles. Vous n’êtes pas en état de vous battre. - T'es qui toi ? - Votre pire cauchemar… Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 3 (deuxième partie) Ils attaquèrent tous en même temps. Alors que la première arme fendit l'air, cette dernière se décomposa avant d'atteindre sa cible, faisant perdre l'équilibre à l'assaillant. Il en allait de même pour les autres, qui furent rapidement désarmés. - Vous vous rappelez de ce que vous avez mangé et bu ce soir ? J'y pense aussi… Je le déplace vers le haut. Ils s'écroulèrent sur le sol en train de s'étouffer. - Je le déplace vers le bas… Ils se tordirent de douleur, se tenant le ventre. - Écoutez moi bien, je ne veux pas vous tuer. Mais si vous faites du mal à mes amies, je vous jure qu'on ne retrouvera rien de vous. Je regardai cette scène avec effroi. Leurs vêtements se déchiraient petit à petit avant de disparaître complètement. Ils commencèrent à ramper pour s'enfuir. - Maintenant, cassez vous. Et si vous revenez nous menacer encore une fois, ne serait-ce que si vous y pensez de nouveau, je le saurais. Et je vous traiterais comme l'Empire traite des partisans de la Coalition ! Mes deux niveaux de conscience me hurlaient de m'enfuir moi aussi devant cette puissance. Dès que les quatre individus furent hors de notre portée de vue, Erik expira fortement. Je remarquais une petite goutte de sang dans un coin de sa bouche. - Désolé pour ça mais ils ne nous embêteront plus ! - Ne le soit pas, soufflai-je. Tu nous as quand même sauvées. Notre nouveau camarade nous raccompagna finalement jusqu'à nos appartements respectifs. Pour ma part, je dormis toute la journée du lendemain avant de retrouver le docteur Loy et sa fille. Je leur racontais en détail notre petite altercation de la veille. - Finalement, heureusement que ce Erik était là, pensa Albius. Mais je suis étonné que la garde n'ai pas rappliqué. - Je suis étonnée aussi, répondis-je. Mais tu as raison. Sur ce coup là, sa présence était bienvenue. - Espérons que ce soit de bonne augure, reprit le docteur…. Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 4 (première partie) : La semaine terminée, je reçus un message sur mon réceptron. Erik me proposait de venir visiter son laboratoire afin d'éclaircir la situation et de me montrer réellement qui il est. Je lui répondis que je viendrais accompagnée de Loreley, pour être plus rassurée, et d'Albius, pour éclaircir certains mystères. Avant de lui répondre, je m'assurai que mes deux amis étaient disponibles. - C'est peut être un piège, affirma ma meilleure amie. - Tu seras là pour me protéger non ? - Pffff, t'es vraiment devenu plus téméraire depuis notre examen... Le docteur Loy était partant aussi, car d'une part, la curiosité scientifique le poussait à venir et d'autre part, il voulait s'assurer qu'il n'y avait de danger pour personne. Erik nous donna rendez vous à la porte principale de l'Œil. - Bonjour à tous, s'exclama-t-il en nous voyant. Il se tourna vers Albius et lui serra la main. - C'est donc vous, le docteur Loy ? Enchanté de vous connaître enfin ! L'homme qui a assuré l'avenir de l'Empire en donnant naissance à la néogicienne la plus parfaite ! - Je suis pas si parfaite que ça, répondis-je en rougissant. - Ne sois pas si modeste. Tu surclasses déjà bon nombre de tes camarades et avec de l’entraînement, tu atteindra des sommets. Je te le garantis. Je ne savais pas trop quoi répondre. Ces compliments me faisaient bien évidemment plaisir mais j'avais toujours ce pressentiment que sa flatterie n'était qu'un instrument pour arriver à ce que je donne mon plein accord pour participer à ses expériences. Nous utilisâmes un téléporteur intra-muros pour nous rendre de l'autre coté de l'Oeil. Ce qui me surpris au premier abord, fut la salle de réception du téléporteur. Elle semblait vieille, très vieille et très mal entretenue. Nous entrâmes dans un réseau de couloirs situés bien sous la surface. - Je ne suis jamais venu par ici, affirma Albius. Je ne me souvenais plus qu'il y existait ce secteur. - C'est un très vieux secteur datant de la construction de Centralis. Quand le dôme de rosaphir n'était pas encore érigé, cette partie de la ville a souffert des attaques de la Coalition et a été complètement abandonnée. J'ai trouvé que c'était un endroit parfait pour rester loin des regards indiscrets. - Ça me rassure pas beaucoup, soupirai-je. - Ne t'inquiètes pas. Mis à part quelques éboulements et monstres perdus, il n'y a pas grand danger. - Des monstres perdus ? - Oui, ils datent toujours de cette époque. La Coalition avait mis le paquet pour tenter de raser la ville. Les soldats les ont ensuite enfermés ici. Il y en a de moins en moins, vu qu'ils n'ont aucun accès extérieur et que j'en élimine de temps à autre. Mais faut dire qu'ils sont costauds, surtout depuis le passage de Tabris qui a fortement perturbé leurs ADN et ont mutés. Nous traversâmes un long couloir pour enfin arriver devant une double porte blindée. Erik pianota sur un écran tactile et le passage s'ouvrit. Une épaisse fumée vint nous couvrir les pieds et un froid glacial nous fouetta le visage. Mon pikouai émit un grognement. Des ombres surgit une énorme araignée de la taille d'un ballon de fluxball. Elle grimpa le long de la jambe d'Erik et se logea sur son épaule. - Bonjour Titi, lui dit-il en lui caressant le dos. - C'est… c'est… c'est quoi ça, s'énerva Loreley. - C'est Titi, mon animal de compagnie. Elle est très affectueuse. J'espère que Gratouille et toi allez bien vous entendre. Vu que ce dernier semblait terrorisé sur mon épaule, ça n'allait pas être pour tout de suite. Notre camarade abaissa une manette et la lumière fut dans un grand fracas électrique. C'était une grande pièce rectangulaire avec tout une machinerie étrange sur les murs, des tables remplies de fioles aux contenus inconnus et de nombreux tuyaux jonchaient le sol. Ce qui attira mon attention fut un énorme cylindre de verre lumineux dans lequel était stocké un liquide vert fluorescent opaque, relié à ce qui pourrait être un ordinateur. Une porte ouverte dans le fond semblait donner sur d'autres couloirs. - Une cuve de régénération, s'étonna le docteur Loy. - C'est donc ça qui a soigné mon père, demanda Loreley. - En effet, répondit-il. Comment l'avez vous obtenu ? - Contrairement à ce que l'on pense, expliqua Erik, les cuves sont plus anciennes qu'il n'y paraît. Celle ci a été ramenée par mon grand-père d'un avant poste de l'Empire qui allait tomber aux mains de la Coalition. Il avait étudié le liquide nécessaire à son fonctionnement et a consigné ses recherches. Bien que ce dernier ait été amélioré au fil du temps et que je n'ai pas eu accès à sa nouvelle composition chimique, j'ai juste synthétisé l'ancien. Mais il fonctionne plutôt bien, il est juste plus long à agir et ne peut pas réparer toutes les blessures critiques. - Je confirme, résonna une voix venant de nulle part. Je sursautai. Comme moi, mes deux amis regardaient partout pour savoir d'où elle pouvait provenir. Erik s'approcha du panneau de contrôle et appuya sur quelques boutons. Un écoulement se fit entendre et la cuve commençait à se vider. Une épaisse fumée blanche masquait son contenu au fur et à mesure. Au bout de quelques secondes, elle s'ouvrit lentement. Il en sortit une femme de mon âge, entièrement nue, aux longs cheveux noirs et aux yeux verts fluorescents. Je remarquai Loreley baver devant cette sublime vision. Je ne pouvais que la comprendre au vu de la grande beauté et des proportions parfaites de cette personne. Je remarquai aussi qu'elle avait de nombreux tatouages runiques un peu partout et des greffes mécaniques à certains endroits du corps. Notre camarade saisit une grande serviette de bain et lui tendit. - Excusez ma tenue, dit-elle, visiblement contrariée. J'étais dans mon bain. Vous êtes qui ? - Lucerna, dit le jeune homme, voici deux camarades de Mémoria, Saly Asigar et Loreley Borg. Et voici un docteur de l'Oeil spécialisé dans les injections N01, Albius Loy. Mes amis, voici Lucerna Darkblade, assassin de l'Empire, nécromancienne à ses heures perdues et… ma compagne. - Ta compagne, criions-nous en chœur. - Bah quoi, répondit notre camarade, voyant tout le monde surpris. - Non, c'est juste que…, bafouillai-je. Enfin, non rien. Du bruit provint du couloir du fond où deux hommes âgés, habillés avec des blouses blanches, en sortirent. - Qui sont ces gens, Erik, demanda l'un d'entre eux. - Ha, nous sommes au complet. Voici deux éminents scientifiques qui travaillent ici. Mon père, Hans Lloyd et un de ses amis, Andrew Ackerdïn. - Ackerdïn, Ackerdïn, marmonna le docteur Loy. Ce nom ne m'est pas inc… - Vous devez vous tromper, coupa sèchement le scientifique. Ce nom vous est inconnu. Albius le fixa avec un air d'incompréhension mais compris vite qu'il ne devait pas insister. Visiblement pas dérangée par notre présence, la jeune femme s'habilla devant nous, tout naturellement. Elle remarqua ma colocataire la dévisager avec curiosité et intérêt. - Qu'est-ce qu'il y a, demanda-t-elle avec un ton peu aimable. - Hmmm, je regardais tes... bouts de métal. - T'avais jamais vu ça, hein, p'tite tête, ricana Lucerna. Les deux vieux ont fait des merveilles. - J'ai trouvé Lucerna il y a deux ans dans une grande plaine au sud de Centralis, reprit ce dernier. Elle était mourante et horriblement mutilée. J'étais avec mon père et le docteur Ackerdïn dans une expédition de recherche de rosaphir pour l'Empire. Alors que je m'étais éloigné un peu du campement, j'ai entendu des gémissements. J'ai appelé de l'aide et nous avons pu lui procurer des soins d'urgence. Malheureusement, le temps pressait et nous allions la perdre. Elle avait subit trop de blessures. Malgré les prêtres soigneurs qui nous accompagnaient, son état était trop grave. Andrew a donc opéré une tentative de la dernière chance pour la stabiliser à l'aide de la technologie et ça a fonctionné. Elle est resté en vie jusqu'à qu'on la ramène à la capitale. Une fois à Centralis, son état s'aggrava de nouveau et les médecins de l'Œil nous ont dit qu'il n'était pas possible de bénéficier d'une cuve. Mon père connaissait cet endroit de longue date. Nous l'avons alors emmenée ici et utilisé celle que nous possédions. Nous ignorions si cela aller fonctionner car elle n'avait pas servi depuis que mon grand-père l'avait ramenée. Le liquide était vieux et il y avait peu d'espoir. Mais elle s'est accrochée à la vie et s'en est sortie. Le docteur Ackerdïn a amélioré ses implants. La cuve n'était pas assez puissante pour régénérer totalement ses organes internes détruits donc elle a conservé ses raccords cybernétiques. Et même si aujourd'hui, elle pourrait bénéficier d'une cuve moderne et redevenir comme avant, elle refuse. - T'as fini avec cette vieille histoire, soupira-t-elle, visiblement gênée. Ces implants m'assurent une force, une dextérité et une rapidité qu'aucun humain ne peut atteindre sans les injections. Je ne vais pas m'en débarrasser si facilement ! - Lors de sa convalescence qui a duré six mois, nous nous sommes rapprochés... Maintenant, elle est en pleine forme ! Elle doit juste passer une nuit par semaine dans la cuve pour annihiler les effets de rejet des implants. - Que faisiez-vous dans cette plaine, demanda le docteur Loy, intrigué par ce point de l'histoire. - Vous avez entendu parler de l'attaque de Miralon? - Oui, effectivement, c'était il y a deux ans. Une attaque furtive menée de main de maitre par la Coalition. 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CHAPITRE 4 (deuxième partie) : - Je dirigeais un escadron de renforts. Ces chiens de la Coalition nous ont attaqués dans notre campement et je fus la seule survivante. Mes capacités d'assassin m'ont permis de me dissimuler et mes capacités de nécromancienne m'ont permis de lever suffisamment de cadavres parmi mes camarades pour me permettre de m'enfuir. Ils ont lancé une escouade à ma poursuite. Ils m'ont rattrapée et laissée pour morte. Je rampai vers Centralis quand Erik m'a trouvée. J'ai été relevée de mes fonctions pour cet échec mais je travaille désormais pour Nox Lucans. Ce nom éveilla en moi un dégout. - Que faites vous avec ce salopard, criais-je ? - Du calme, répondit-elle froidement. Ça ne me regarde pas ce qui s'est passé entre vous. Pas plus que les affaires des néogiciens. Mes missions sont très différentes. - Quel genre? - Du genre top secrètes, lança-t-elle en se planta devant moi, d'un air de défi. Nox m'a permit de revenir au sein de l'Empire et m'a offert une place de choix. Peu m'importe ses motivations, il m'a sauvée socialement. - Allons mesdemoiselles, dit Erik en mettant une main sur nos épaules. Si vous voulez vous défouler, l'arène est à coté. - L'arène, s'étonna Loreley. - Oui, une pièce qui nous sert de salle d'entrainement. - Ça va me faire du bien, affirma Lucerna. J'ai envie de passer mes nerfs sur quelqu'un. - Avec plaisir, répondis-je en lui souriant. Le groupe emprunta le long couloir à l'arrière et arriva une vaste salle circulaire. Il y avait des débris partout et le plafond s'était écroulé par endroits. L'assassin fouilla sous un tas de pierre et en sortit deux dagues argentées rutilantes qu'elle fit tournoyer. - La petite prétentieuse veut se mesurer à moi? - Calme toi, Saly, dit le docteur Loy. Nous sommes ici pour parler recherches scientifiques, pas nous battre! - Je vais te faire bouffer tes dents, lança Loreley. T'as beau être canon, ça va pas m'empêcher de t'éborgner! Ma meilleure amie me tapa dans la main et nous nous mirent en position de combat. Je vis Erik furtivement tapoter le bras d'Albius, lui suggérant de rester sur place. Sans attendre, ma colocataire chargea. J'essayai d'activer mes deux niveaux de conscience pour projeter une télékinésie. - Pffff, pas besoin de ça, soupira la jeune fille. Vous êtes trop nulles. Cette dernière jeta ses armes au sol qui se plantèrent, droites. Elle balança son poing et atteignit directement le visage de Loreley. Cette dernière perdit conscience sur le coup. Je commençais à faire tournoyer un vent violent autour de moi et sentit un choc mental. Lucerna fut projetée dans les airs avec violence mais elle se rétablit facilement sur le plafond avec ses pieds. Elle fit une voltige et me fonça droit dessus. Ma tempête, très loin d'égaler la puissance de celle que j'avais déployée dans la forêt, n'arrêta pas cette furie. Au contact, elle attrapa mon cou et m'écrasa sur le sol. Sa poigne était terrible et je sentis les os de ma colonne qui crissaient. - Arrête-toi là, Lucerna, dit Erik posément. Elle me lâcha. Je passai plusieurs secondes à retrouver mon souffle. Sans rien dire, la jeune femme ramassa ses deux dagues, embrassa notre camarade et se dirigea vers la porte. Un hurlement lointain se fit entendre. - Surement un de ces monstres débiles qui s'approche un peu trop près. Je vais faire une ronde. L'araignée sauta sur son épaule et elle sortit de la pièce... Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 5 (première partie) : Il m'aida à me relever. - Tu vas bien, Saly? - Elle est forte, dis-je en me raclant la gorge. Au moins du niveau de la princesse... Il souleva délicatement Loreley avec sa télékinésie et sortit à son tour. Il l'emmena dans une pièce voisine et la déposa sur un lit de camp. - Docteur Loy, pouvez vous occuper d'elle ? - B...Bien sur... Je le regardais avec étonnement. - Je m'excuse pour ça, dit-il. Lucerna est un peu violente. J'essaie de lui apprendre à être plus sociable mais c'est pas gagné. Et ce ne sont pas les missions d'assassinat et d'infiltration que lui confie Nox Lucans qui vont l'améliorer. Elle travaille pour lui mais je sais qu'elle garde ses distances. Il est fourbe. Très fourbe. Mais pour te résumer très simplement, Keynn Lucans possède les tecknögrades de rang un à ses ordres directs et Nox a eu envie d'avoir aussi des atouts dans sa manche. - Non, je m'excuse aussi, enchaînai-je en m'étirant. C'est moi qui ai provoqué ce combat. Cependant, je ne pensais pas tenir si peu de temps. J'étais plus performante à Syrial. - C'est parce que tu as besoin encore de repos. Les pouvoirs qui t'ont été conférés sont instables et nécessitent une grande force mentale. Viens, suis moi. Il m'emmena dans une autre pièce, visiblement un laboratoire. - Je vais t'expliquer pourquoi je suis si doué en chimie. - Attends, j'ai une question avant. - Je t'écoute. - Tu avais choisi ingénierie avant la chimie à Mémoria. C'était pour elle, n'est-ce pas ? Il soupira puis me sourit. - Tu as deviné. Au début, je pensais qu'en devenant ingénieur, j'allais me hisser au niveau du docteur Ackerdïn et reprendre ses travaux. La cybernétique est un domaine extrêmement complexe et très peu rependu, même dans l'Empire. Il a exploré ce domaine inconnu en tâtonnant, à l'aide d'expériences plus ou moins douteuses et les implants qu'il a fait pour Lucerna sont sa plus grande réussite. Ils ne sont pas encore totalement parfaits, d'où les passages en cuve qu'elle doit effectuer régulièrement. - Et tu as pensé que tu pouvais améliorer son état. - Elle a l'air forte et sa transformation lui a offert des nouvelles possibilités. Cependant, elle souffre beaucoup. Je ne sais pas combien de temps elle pourra cohabiter avec ces morceaux de ferraille et je crains que le temps que je devienne ingénieur diplômé et que j'assimile les recherches déjà menées, elle soit déjà morte. Seule une régénération complète pourrait la sauver. Mais tu connais Nox. Il n'a vu en elle qu'une expérience en cours et attends les résultats. Cela lui importe peu qu'elle meure ou non. Tant que les travaux d'Andrew portent ses fruits. C'est pour cela qu'elle n'a pas accès aux cuves modernes. - Alors tu as pensé qu'à la place, suivre la voie de ton père en chimie, pourrait résoudre le problème beaucoup plus rapidement. Tu mettrais au point un sérum parfait pour réduire les risques de transformation liés à l'injection, tout en lui conférant tout ce que ces implants lui offre actuellement. Une sorte de sérum extrême qui la propulserait directement au niveau N05. Elle pourrait ainsi continuer son travail avec la même puissance. - Qu'elle capacité de déduction, Mademoiselle Asigar! - Pourquoi ne pas la faire passer par la voie officielle ? Avec son rang actuel et son expérience, elle pourrait facilement devenir tecknogräde. - Cela aussi fait partie du plan du frère de l'Empereur. Il veut qu'elle reste telle quelle. Et puis, les injections officielles, déjà sont trop instables, et seuls quelques rares individus atteignent un niveau de puissance suffisamment intéressant. - C'est là que je dois jouer mon rôle. - Décidément, tu lis dans mes pensées, Saly ! L'analyse de ton ADN va me permettre de comprendre pourquoi tu possèdes autant de pouvoir au stade N01. Si j'applique ce même facteur aux stades suivants, je pourrait pratiquement recréer un équivalent de Keynn Lucans au stade N05 ! - Tu te rends compte qu'elle va devenir néogicienne contre son gré ? - Je préfère qu'elle me haïsse et qu'elle soit en vie plutôt que de la regarder mourir. - C'est très noble de ta part, affirmais-je avec sarcasme, agacée par son raisonnement aveugle. Mais as-tu pensé au choc mental ? - Que veux tu dire ? - Quand je suis entrée dans la pièce pour devenir néogicienne, le docteur Loy m'a expliqué tout ce qu'il fallait savoir et il a bien insisté sur le changement de nature de la personne. J'étais très déterminée donc je n'ai senti que très peu ce changement. Mais quelqu'un qui a un certain niveau de puissance avec la magie comme elle, qui est très ancrée dans le flux des Sources, risque de se retrouver perdue. Tu ne peux pas connaître ça, toi qui est néogicien né. La conséquence pure et simple est qu'elle pourrait ne pas le supporter et qu'elle mette fin à ses jours. Erik me regarda avec tristesse, sentant que j'avais mis à jour une faille dans son plan. Ce qui m'étonnait était moi même en fait. Ce conseil me paraissait juste, mais depuis quand suis-je devenue si froide ? Cette expédition sur Syrial m'avait vraiment mis la tête à l'envers. - Tu as raison, grommela-t-il en se prenant le front dans ses mains. Tu as l'air plus éclairée que moi sur le sujet. Que devrais-je faire à ton avis ? - Le seul moyen serait qu'elle accède à une cuve officielle. Cela serait un bon compromis. Elle resterait ce qu'elle est, sans risque de dégénérescence future. Elle perdra de la force physique mais c'est toujours mieux qu'elle cherche à disparaître. Je te conseille aussi d'en parler au docteur Loy. Il a vu des centaines de gens passer dans les laboratoires de l'Empire pour devenir des injectés. Il connaît ce domaine beaucoup mieux que moi. Et puis, le monde de la magie est vaste. Rien ne t’empêche de partir à l’aventure pour trouver des sorts qui pourrait remplacer les implants. Ou utiliser un équipement externe, comme les exo-armures par exemple. Mon camarade semblait perdu, comme s'il venait de se prendre une grosse douche froide. - Ha et autre chose aussi, enchaînai-je. Arrête tes expériences avec le sérum. S'il est gardé secret dans l'Empire, certes, c'est pour éviter qu'il ne tombe entre les mains de la Coalition, mais surtout pour éviter que des apprentis sorciers comme toi fassent n'importe quoi. Je t'ai accepté à mes cotés en te faisant promettre que tu stopperais ta folie. Toi, tu veux empêcher que Lucerna ne meure, et moi je vais empêcher que tu ne meures. J'en ai assez de voir des camarades disparaître sous mes yeux. Ça ne se reproduira plus. Alors tu vas tout de suite parler à Albius, qui va t'examiner, ou sinon, c'est moi qui te bottes les fesses ! Il me regarda longuement, hébété. Je le toisai avec un regard sévère, comme une mère devant son enfant qui avait fait une bêtise. Il se leva sans rien dire et partit dans la pièce où se situait Loreley. Albius était toujours en train de l'examiner. Ce dernier me fit un signe m'indiquant qu'elle allait bien. Je remarquai que les deux scientifiques âgés n'étaient plus là. Des voix s'élevèrent dans le couloir. - Tu crois que c'est par là ? - Fermes là et suis moi ! Ces deux voix étaient inconnues. Je jetai un œil discrètement par la porte et vit quatre soldats de l'Empire. Qu'est-ce qu'ils fichaient ici ? Nous trois n'avions rien fait de mal. Nous n'avions pas l'intention de nous cacher et cela me paraissait très louche. - Bonjour, dis-je en sortant de la pièce. Peut -on… Je n'avais pas encore fini ma phrase qu'ils me lancèrent une boule de feu dans ma direction. Je ne comprenais pas pourquoi ils nous attaquaient. Certes, je ne portais pas mon uniforme de Mémoria facilement reconnaissable - c'était les vacances et je voulais quelque chose de plus décontracté – mais tout de même. Ça ne ressemblait pas à la mentalité de l'Empire de lancer un assaut sans réfléchir. Avant que je n'eus même l'idée d'utiliser mes pouvoirs, les quatre soldats furent projetés dans les airs avec violence et se fracassèrent contre le mur, sans connaissance. - Erik, m'étonnai-je en me retournant. Effectivement, il était aussi sorti de la pièce et avait mit fin au combat. Je remarquai son visage décomposé et sa mine triste. - Écoute, repris-je posément. Ce que je t'ai dit tout à l'heure n'est pas la fin. Tes recherches ne sont pas vides de sens. Tu as fait progresser la science des injections d'un grand pas en avant. Regardes toi. Tu possèdes des pouvoirs surpuissants ! Rien ne t’empêche de les consigner, de les mettre de coté, et lorsque tu seras devenu un grand chercheur de l'Empire, tu pourras ressortir les travaux que tu as effectués aujourd'hui pour te hisser sur le devant de la scène. Ton objectif est de sauver Lucerna et de devenir diplômé de Mémoria. Honnêtement, il y a pire comme destinée. - Il reste un problème dans ton raisonnement. Comment persuader Nox Lucans de laisser Lucerna utiliser une cuve ? - Il n'est pas obligé de le savoir. On accède à une cuve, on sauve ta bien-aimée et on bricole un truc factice pour qu'elle ressemble à ce qu'elle est maintenant. - Tu penses que le frère de l'Empereur va se laisser duper si facilement ? - J'en fais mon affaire. Pour ça, je vais demander de l'aide au professeur Brom. Il prit une grande respiration et souffla fortement. - Merci, Saly… - A ton service ! Bon, maintenant, il faut voir ce que ces soldats faisaient ici. Mon camarade se concentra et fit disparaître leurs vêtements comme il l'avait fait pour les quatre brutes du bar. Leurs torses nus révélèrent un tatouage que je ne connaissais pas. Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 5 (deuxième partie): - Ils font partie de la guilde des Marcheurs de l'Ombre. - Qui est-ce, demandai-je. - Finalement, ils nous ont trouvé. - Que veux tu dire ? - Tout à l'heure, je voulais te montrer comment j'étais devenu si doué en chimie, n'est-ce pas ? - Oui. Et tu ne l'as toujours pas fait. - J'y reviendrais plus tard. Les Marcheurs de l'Ombre sont une guilde de l'Empire mais ils sont comme les Gagnetorith, ils travaillent pour n'importent qui. Ceux là travaillent certainement pour la Coalition. Je vais te montrer pourquoi ils nous cherchent et pourquoi mon sérum est aussi efficace. Après avoir ligoté les intrus, Erik m'emmena dans une pièce lointaine, un autre laboratoire. Un gros cristal bleuté posé sur un piédestal, renfermait ce qui semblait être une griffe d'animal. - Qu'est-ce que c'est ? - C'est un morceau d'une créature engendrée par les erreurs des expériences de L'Empire. Elle a été baptisée Darkness, en raison de sa peau noire et son affiliation forte pour la Source de la Mort. C'est le résultat d'une injection ratée, un code écarlate. Ce que tu serais devenue si l'emballement de ton injection ne s'était pas calmée. Cette idée me fit tressaillir. - Le cristal qui la retient prisonnière est a été forgé par Lys, la Source de la Vie elle même, quand elle s'est aperçue que cette créature avait la possibilité de détruire la planète. J'ai prélevé une partie de ce cristal et mêlé à de la rosaphir, j'ai pu grandement en augmenter sa capacité. - En résumé, tu as réussi à associer technologie et magie. Tu es vraiment surprenant… Et comment a-t-il fait pour se retrouver ici ? Et surtout, comment la Coalition l'a su ? - J'ai trouvé ce morceau lors d'une expédition avec mon père et Lucerna. On ignore comment cette créature et surtout le cristal qui la contenait, est sorti de la citadelle. Mon père et le docteur Ackerdïn pensaient, comme Tabris, qu'elle avait été enfermée dans les profondeurs de l'Oeil mais ce n'est visiblement pas le cas, vu que nous avons retrouvé ce morceau dans la campagne. Quand à la Coalition, depuis que nous avons repris ce morceau, ou plutôt que Lucerna l'a dérobé, ils le cherchent activement. Je pense qu'ils ne savent pas exactement ce que c'est. Ils le prennent pour un artefact ancien ou un truc du genre. Malheureusement, la créature à l'intérieur émet une telle radiation de puissance qu'il leur est facile d'en repérer la trace… Il fut coupé dans ses explications par un autre hurlement lointain... Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 6 (première partie) : Erik et moi courrions en direction du bruit. - Est-ce bien prudent de laisser les quatre intrus seuls avec le docteur, demandai-je, inquiète. - Je ne pense pas qu'ils se réveilleront de sitôt. Le choc a été très violent. Et Loreley ne tardera pas à se réveiller. Ces sous sols étaient un véritable labyrinthe. Heureusement que ma double conscience me permettait de me souvenir du trajet exact, au cas où je me trouverais seule. Nous arrivâmes à une autre grande pièce, abîmée comme la salle d’entraînement. Nous fumes accueillis par un magistral vol plané de l'assassin, qui se fracassa durement sur le mur à coté. - Lucerna, cria mon camarade en arrivant près d'elle. Elle était couverte de blessures et un de ses implants au bras s'était arraché. Elle restait au sol, consciente mais trop souffrante pour pouvoir se relever. Le hurlement se reproduisit. Je tournai alors la tête vers la droite et vit un monstre d'environ cinq mètres de haut, le dos écailleux et épineux, et quatre mandibules pourvus de longues griffes. Mon esprit me hurlait du danger extrême que représentait cette créature. - C'est quoi ça, cria Erik. Je l'ai jamais croisé celui là! Il se tourna vers moi. - Saly! Tu étais médecin avant. Aide Lucerna, je m'occupe du gros machin. - Tu es sur de vouloir y aller tout seul? - Lucerna est plus importante! Si elle meurt maintenant, tout aura été vain. - Fais attention. Je détournais le regard et me concentrais sur ma patiente. Ses blessures étaient profondes et je n'avais pas d'équipement d'urgence. Mon cerveau analysait toutes les possibilités à grande vitesse. Je regardai les deux dagues au sol juste à coté de moi. - Laisse moi faire et guérit ta bien aimée, dis-je en serrant le bras de mon camarade. Tu connais des techniques de régénération, pas moi et je n'ai pas de matériel de soin. Je suis agile, je peux le faire. - J'ai pas le temps de t'expliquer mais mon pouvoir de guérison ne marche que sur les néogiciens! Sinon, ça ferait longtemps qu'elle ne serait plus dans cette situation. Tu trouveras tout ce qu'il faut au bloc C. On y est passé devant en venant. En courant, c'est en à peine cinq minutes! - Elle a pas cinq minutes, hurlai-je. Avec tes pouvoirs, tu es plus rapide que moi. - Tu n'as pas réussi à la vaincre dans la salle d'entrainement, hurla-t-il à son tour, visiblement en panique et effrayé. Comment veux tu avoir la moindre chance contre ce truc ? Laisse moi faire et va la soigner ! - Et avec quoi veux tu que je la soigne? Avec ma chemise peut être ? Ses blessures sont bien trop graves pour de simples premiers soins ! - Ne discute pas et fais le ! - Non ! C'est à toi de l'aider ! Notre dispute s'arrêta brusquement lorsque je sentis une frappe puissante m'atteindre. Le monstre avait décidé de nous départager. Il m'envoya valdinguer au fond de la salle et envoya Erik à l'entrée. - Erik, criai-je. Tu as ton téléporteur ! Vas chercher du matériel ! Il souleva la manche de sa veste et disparut dans un flash de lumière. - Mon petit Gratouille, lui dis-je, toujours sur mon épaule, c'est à nous de jouer. Je saisis les dagues et tentai d'attirer l'attention du monstre. Il poussa un rugissement qui me fit trembler sur mes appuis. - Ok, Saly, tu peux le faire. Je bondis sur un coté et tenta d'en planter une sur son flanc mais apparemment, sa carapace était trop solide. Heureusement, sa vitesse laissait à désirer. Mes niveaux de conscience étaient plus rapides que ses réflexes et je pouvais esquiver aisément. Toutefois, chacune de ses attaques laissait une marque profonde dans le béton. Je savais que si je me faisais toucher par l'une d'elles, c'était fini de moi. Mon objectif était de gagner du temps. J'avais évalué les possibilités et normalement, Erik et Lucerna ensembles, pourraient en venir à bout. Il fallait juste que je survive le temps que mon camarade revienne et qu'elle se remette. Le monstre poussa encore des hurlements et fouettait l'air environnant sans toucher sa cible. Mais je compris vite que la situation allait se compliquer. Des gemmes étranges situées sur sa gorge se mirent à luire et une forte odeur acre emplit la pièce. Je connaissais cette odeur et il fallait que je dégage de là. En effet, le monstre cracha un jet de bile acide qui vint désintégrer tout ce qu'il touchait. Les fumées envahissaient l'espace et je ne pouvais m'empêcher de tousser. Quand un crachat ensanglanté sortit de ma bouche, je savais que j'étais mal. Une main toucha mon épaule. - Tu vas pas y arriver toute seule... Lucerna venait de se relever par miracle, haletante et tenant à peine sur ses jambes. - Tu dois rester couchée, lui ordonnai-je. Tu n'es pas en état ! - Et toi, tu n'es pas assez forte pour l'égratigner. Donne moi ça. Elle me reprit de force ses deux dagues et chargea. C'était de la folie. Elle était très diminuée et le moindre choc aurait pu lui être fatal. Malgré sa condition critique, après plusieurs coups répétés sur une écaille, elle parvint à lui arracher un bout de peau. - Il n'est pas invulnérable, dit-elle en sautant à coté de moi. Il faut s'acharner encore et encore. S'il est toujours debout, on le remet à terre ! Elle passa sa main le long de sa cuisse qui dégoulinait de sang et traça rapidement une rune au sol. - Serviteurs, alliés et soldats des ténèbres glaciales, répondez à l'appel de votre maîtresse ! Un portail noir s'ouvrit au milieu de la salle, dans un fracas sinistre. Un premier squelette en sortit, armé d'une épée rouillée, d'un bouclier en bois à moitié éclaté et d'un casque en fer. Il bougea lentement avant de se poster devant la créature. Deux puis trois en sortirent encore. Deux autres squelettes apparurent, cette fois équipés d'un bâton, d'un chapeau pointu et d'une cape. J'étais effrayée devant un tel spectacle. De la magie des morts. C'était la première fois que j'en voyais de mes propres yeux. Je comprends que les pratiquants de cet art soient autant craints et respectés. La petite armée se dressa face à notre ennemi. Ceux qui avaient les chapeaux lancèrent des projectiles magiques pendant que les autres attaquaient au contact. Chaque fois que la créature en pulvérisait un, les os se rassemblaient au bout de quelques secondes et il était de nouveau prêt au combat. Mais je vis que Lucerna luttait de toutes ses forces pour maintenir le lien ouvert. Elle finit par s'écrouler inconsciente et le portail se referma. Les squelettes tombèrent à terre, inanimés. La créature en profita pour balancer un de ses mandibules en direction de ma sauveuse. Je saisis les dagues, me plaçait sur elle et les croisai au dessus de ma tête. - Tentons le tout pour le tout... Le choc fut d'une violence inouïe. Un craquement sourd résonna en moi et vu la douleur fulgurante qui s'en suivit, j'en ai déduit que j'avais des os brisés. Je baissais mon visage et voyait du sang goutter sur le torse de Lucerna. Un bref regard vers la source me permit de déterminer que mon avant bras gauche faisait un angle droit, laissant apparaître mon radius et mon cubitus. Ils avaient déchiré ma peau et sortaient comme deux pointes. Je tombais en avant, hurlante de douleur en me rendant compte que mon fémur droit avait subit le même sort. J'étais désormais à terre dans l'incapacité de bouger. - Saloperiiiiiiiiie, hurla à plein poumons une voix familière. Une ombre me passa au dessus et saisit mes deux armes. J'entendais plusieurs coups métalliques retentir derrière moi. - Saly! - Albius, soufflai-je, en regardant son visage penché sur moi. Ma vue se troublait et je perdis connaissance. Je ne sais pas combien de temps passa ni si j'étais encore en vie. Je sentais quelque chose de moelleux sous moi. J'ouvris les yeux doucement. J'étais dans l'infirmerie du laboratoire, là où la cuve de régénération se trouvait. -Elle est réveillée, s'écria Loreley, me tenant la main. - Je suis restée inconsciente combien de temps ? Et le monstre ? Vous l'avez battu ? - Reste calme, me dit ma meilleure amie. Je sentais que je ne pouvais pas bouger. Je scrutais alors mon corps et m'aperçut que j'avais des grosses atèles au bras et à la jambe. - Tu es restée dans les vapes pendant deux jours. On t'a mis ces trucs pour te rafistoler le temps de te placer dans la cuve. - Et Lucerna ? Je compris qu'il s'était passé quelque chose de grave en voyant le visage triste de ma colocataire. J'arrivais alors à tourner un peu la tête et vit l'assassin allongée sur une table, autour de laquelle Erik, Albius et les deux autres scientifiques s'affairaient intensément. - Elle ne s'est toujours pas réveillée, affirma Loreley. Ses signes de vie sont faibles. Ils ont dit qu'elle était dans le coma ou un truc du genre. Là, les vieux essaient de ressouder ses parties mécaniques avant de la placer dans la cuve. - J'espère qu'elle va s'en tirer. Si elle n'avait pas été là, le combat aurait été plus compliqué. - Quand Erik est revenu pour vous sauver et vous a trouvé dans cet état, il a pété un câble comme toi face à Nox. Ses pouvoirs sont devenus incontrôlables et il s'est jeté sur la créature. Mais meme avec mon aide, on n'a pas réussi à s'en débarrasser. On vous a prises et il a fait s'écrouler le couloir pour la bloquer. On est hors de danger pour le moment. - Cette créature est dans Centralis, repris-je Nous ne pouvons pas nous permettre de la laisser vagabonder à son aise. - Je sais bien mais qui tu veux qu'on appelle ? Notre prof ? L'Empereur ? - J'avais dans l'idée d'appeler le professeur Brom, oui. Il fallait que je discute avec lui de toute façon. - Saly, interpella Erik. Lucerna n'est pas encore prête. Tu vas dans la cuve. Nous devons au moins en sauver une. Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 6 (deuxième partie) : Cette dernière phrase me fit comme un choc. Il parlait comme si l'assassin allait mourir bientôt… Et moi aussi. Je sentais comme une gêne sur ma jambe et effectivement, du sang s'était remis à couler. - Tu as perdu beaucoup de sang, affirma mon camarade. Ton fémur est actuellement dans une position qui comprime ton artère fémorale. On a peur qu'elle soit touchée. Avec la cuve, tout devrait se remettre normalement. Une fois ton squelette restructuré, nous pourrons te faire des perfusion sanguine et tu seras comme neuve ! Loreley m'aida à m’asseoir sur un fauteuil roulant et m'emmena près de l'appareil. - Allez, à poil Saly, cria-t-elle avec un peu trop d'enthousiasme. Il est vrai que Lucerna était nue quand elle est sortie. Je devais donc faire pareil. Je n'avais aucun souci avec ma colocataire car nous vivons dans le même appartement, même si parfois, je sens bien qu'elle est très tentée de me sauter dessus. Albius, étant un docteur, n'avait pas de problème avec cela, et de plus, il m'avait déjà vue nue après mon injection. Ça me dérangeait tout de même. - Vous trois, tournez vous, lançai-je avec une froideur glaciale, pour leur faire comprendre qu'ils ne devaient pas admirer le spectacle. Erik rougit et voyant mon regard meurtrier, il se tourna vers l'ordinateur et se concentra sur le paramétrage. Loreley m'aida à grimper les quelques marches et me sangla car je ne pouvais tenir debout. - Prête, Saly, demanda le jeune homme. Le liquide commençait à envahir l'espace et rapidement, je me retrouva submergée. Le fait de remplir mes poumons me fit croire que j'allais m'étouffer mais mes niveaux de conscience agissaient comme une barrière à la peur. Je sombrais alors de nouveau dans l'inconscience... Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 7 (première partie) : Mes pensées vagabondaient alors que je laissai le fluide faire son œuvre. La sensation était très étrange : mes os brisés revenaient à leur place, mes poumons ravagés se reconstituaient, mon sang se purifiait, ma peau déchirée se refermait. La vie qui renaît. Je me revoyais encore dans cette salle lors de mon injection. Les paroles pleines de sens et apaisantes du docteur Loy. Ces souvenirs précis qui s'en suivirent : le comptage des pages du livre, les gouttes d'eau dans la salle de bain, mon dîner avec l'Empereur, mon entrée à Mémoria… Je ne savais pas pourquoi mon esprit me remontrait ces images. Surtout en ce moment. - Saly, dit une voix douce qui me tira de ma torpeur. Saly ! Réveille toi, c'est l'heure. Je reconnus Erik. Était-ce cet appareil qui me perturbait à ce point ? J'avais l'impression de ne plus appartenir à ce monde. D’être morte et ramenée de force par la Source de la Mort, la maudissant pour ne pas me laisser trouver le repos éternel. Mais non. Cela n'allait pas se passer comme ça. Je suis Saly Asigar, le futur de l'Empire ! Mes pouvoirs seront utiles à ma faction. Mes amis comptent sur moi. Mon avenir est devant. Lève toi, Saly. Rien n'est encore terminé. Le ronronnement de la cuve cessa et mes yeux furent embués de cette épaisse fumée blanche. Le cylindre de verre s'ouvrit et une main puissante attrapa mes épaules. - Tu vas bien ? Ma vue brouillée revenait petit à petit pour découvrir un visage familier, surmonté d'une tignasse blonde. - Oui, soufflai-je. - Assieds-toi ici, entendis-je. Elle a besoin de calme. Une régénération complète, ce n'est pas rien et demande beaucoup d'énergie. Mais je suis content qu'elle ait fonctionné à ce point. Mon analyse se vérifie. La cuve est plus efficace sur les néogiciens. Il faut que je consigne ce résultat ! Je sentis qu'on m'allongeait sur une surface moelleuse que j'ai déjà rencontrée auparavant. Une brève mais vive douleur se fit ressentir dans mon bras gauche. Je perçus une aiguille reliée à un long tube de plastique. Un liquide rouge visqueux et opaque dégoulina avant de rentrer dans mon corps. - Il faut qu'on te remplace le sang que tu as perdu, dit Erik. Normalement, en début d'après midi, tout devrait être rentré dans l'ordre. Un mal de tête terrible vint me tenailler. Je n'en connaissais pas la cause mais le seule chose dont j'étais sure, c'est que je ressentais une chaleur qui revenait en moi. Mes pensées redevenaient claires et je reconnu l'endroit où je me trouvais : le laboratoire souterrain. - Lo… re… ley ? - Oui, je suis là, Saly ! T'ain, tu nous as fichu la trouille à te retrouver perchée comme ça. Les vieux ont cru que la cuve t'avais fait perdre la boule ! J'avais la gorge sèche mais au moins, la migraine était passée. - Soif... - Ha tiens ! Ma meilleure amie me souleva lentement la tête et approcha une paille. J'avais tiré si fort que je toussais mais j'avais trop envie de boire pour m’arrêter. - Hé, doucement, ma belle, dit-elle. Quelques minutes passèrent et mon esprit redevint clair. Je me dressai sur le lit. - Ouf, je sais pas ce que t'as mis dans cette cuve, mais j'ai l'impression d'avoir ingurgité un gros paquet de drogues. - Ça fait cet effet là la première fois, répondit mon camarade. Regarde toi ! Tu es en pleine forme. Je sautai du lit comme si c'était le matin après une très longue nuit de beuverie, sauf que je n'avais pas la gueule de bois. Toutefois, je remarquai un détail. On m'avait placée sur ce lit avec simplement une serviette de bain posée sur moi. Mon petit bond l'avait donc faite tomber et je me retrouvais toute pudeur exposée devant le jeune homme. - Regarde paaaaaas, hurlai-je, tendant une main vers lui. Pour une raison inconnue, un souffle en sortit et le fit tomber à la renverse. - Pardon, pardon, dit-il en se cachant les yeux et tâtonnant à droite et à gauche comme pour chercher quelque chose. Je compris qu'il voulait atteindre une pile de vêtements à me donner non loin. - Allez, sors d'ici le temps que je m'habille. - Oui, Mademoiselle. - Et arrête avec ça ! Je découvrais ce que j'allais me mettre. C'était une tenue ressemblante à celle du professeur Brom : un pantalon en cuir noir, des bottes en cuir noires, une chemise en tissu noir, une ceinture en cuir marron avec deux poches holster à accrocher en plus autour de la jambe droite, et pour finir, un long manteau de cuir beige. J'étais habillée comme si j'allais sortir de Centralis. Il y avait quelques affaires de maquillage et de toilette. Je me brossais alors les cheveux avant de les rassembler avec un ruban rouge. J'aimais bien être au naturel mais je passais un peu de fond de teint pour lisser mon visage. - Je suis prête, annonçai-je, en sortant de la pièce. Une masse me tomba dessus. C'était Loreley qui venait de me sauter au cou. - T'es en pleine forme, ma Saly ! Je suis contente que tu n'aie rien. - C'est surtout grâce à Erik. S'il n'y avait pas eu cette cuve, je serais morte. - Et la prochaine fois que tu fonces comme ça, je te botte les fesses, cria ma meilleure amie. - Comment va Lucerna, demandai-je, très inquiète de son sort. - Par miracle, elle va s'en remettre, répondit Erik, timidement. Andrew a fait des merveilles avec les implants. Elle est dans la cuve actuellement et ses signes de vie sont encourageants. - Ça me rassure, soupirai-je. Au fait, les quatre intrus, t'en a fait quoi ? - Lorsque nous sommes revenus après vous avoir secourus, nous les avons trouvés en train de s'échapper. L'un deux avait réussi à couper ses liens et avait libéré les autres. Ils n'ont pas cherché à nous affronter et se sont enfuis par un couloir menant au secteur F. Ce matin, j'y suis allé car je cherchais des produits dans un autre laboratoire et je les ai trouvés tous les quatre, complètement en charpie. Je pense qu'ils sont tombés sur un monstre. - C'est horrible, dis-je. Une idée vint immédiatement me frapper. - Et sinon, nous sommes en sécurité ici ? - Ne t'inquiètes pas, je veille. - Vu que tu n'as pas réussi à battre le gros machin, tu penses que tu réussiras à repousser les autres, demanda très justement ma colocataire ? - Hmmm, inutile de vous raconter des histoires. En fait, pour tout vous dire, je pensais déménager mon laboratoire. Effectivement, cet endroit n'est plus très sur. J'ai repéré un autre secteur à cent kilomètres au sud. Je vais condamner ces souterrains. Il y a de lourdes portes blindées commandables à distance et disposant de sortes de charges explosives permettant de les sceller. Je vais toutes les actionner dès que nous serons prêt. Lucerna en a encore pour quelques heures. Une fois sortie, nous utiliserons les téléporteurs intra-muros pour transporter le matériel. - Tu penses que ces portes seront assez solides pour retenir ces horreurs ? - Elles sont assez épaisses. En tout cas, ça avait retenu des monstres bien plus gros du temps de l'invasion de la Coalition. Erik me regarda. - Je te sens songeuse, Saly. - Désolé d'insister, mais j'aimerais que tu me parles un peu plus de tes recherches. - Ha, mon fameux talent en chimie, c'est ça ? - C'est cela. Et de comment tu es parvenu à mélanger technologie et magie. - Je suis désolé Saly mais cela est un pilier de mes recherches et je ne tiens pas à ce que ça s'ébruite. Seuls mon père, Andrew et moi meme sont au courant de ce fonctionnement. Lorsque je serais diplômé, ce sera avec joie que je te ferais un exposé en détail ! - Bien, j'attendrais, alors, répondis-je avec un air de malice. Il alla chercher une boite en bois avec le symbole de l'Empire gravé à l'or fin dessus. - Ceci est une relique datant des prémices de Centralis. Il s'agit en fait d'une copie mais elle même est tellement ancienne qu'elle peut être considérée comme tel. Quant à l'original, je suis certain que l'Empereur l'a conservé. Il ouvrit la boite et sortit un grand carnet relié en cuir, magnifiquement ouvragé. Ma perception me joua encore un tour et je pus déterminer avec certitude qu'il y avait neuf cent quatre -vingt dix pages. Il l'ouvrit délicatement. Les feuillets étaient jaunis, parfois un peu taché de liquide coloré. Je distinguai une écriture manuscrite très appliquée voire calligraphiée. - Ouvrez grand vos yeux car il s'agit là des notes personnelles prises par le père de Keynn Lucans au lancement du programme Néogicia. Il a consigné toutes ses recherches, découvertes et recettes. Albius scrutait ce livre comme s'il avait vu un fantôme. - C'est… C'est impossible… - Beaucoup croyaient ces notes perdues à tout jamais. - En effet, mais les posséder aujourd'hui ne sert plus à rien, fit remarquer le docteur Loy, à part pour une valeur historique. La science des injections a nettement progressé et le sérum n'est plus ce qu'il était. - Donc, si je résume, repris-je, tu n'a fait que suivre les directives de ce carnet. - J'ai modifié certaines recettes car le cristal que tu as vu ne fait pas partie des composants d'origine. Mais en grande partie, oui. - Comment as-tu obtenu une telle relique ? Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 7 (seconde partie) : - Rappelle-toi. Ma famille sert l'Oeil depuis des générations. Il est devenu simplement un héritage familial transféré de père en fils. Seulement moi ai eu l'idée de mettre en pratique ce qu'il contient. Et vous n'avez pas tout à fait raison, docteur Loy. Ce carnet consigne aussi toutes les expériences interdites qui ont été menées au début. Trop dangereuses ou trop instables. Le cristal Darkness m'a permit de réaliser sans trop de risques certaines d'entre elles, comme la stase temporelle. - La stase temporelle, s'étonna Albius. En une fraction de seconde, je remarquai que la posture du docteur et le visage d'Erik avait changé et qu'une goutte de sang perlait au coin de sa bouche. J'en avais déduis qu'il avait montré son pouvoir. C'était intéressant. La stase n'est donc pas en fait une zone différente d'écoulement du temps. Il peut choisir les personnes avec qui il l'effectue, même s'ils elles sont proches.. Ce pouvoir était démentiel. - Bon, interrompis-je. Je pense que c'est le moment de mettre notre plan en action. Pendant que vous déménagez le laboratoire et que Lucerna revienne parmi nous, je retourne à Mémoria et je vais voir le professeur Brom. Je vais lui parler et voir ce qu'il peut faire pour nous. - Je viens avec toi, cria Loreley. - Je vais repartir moi aussi, affirma le docteur Loy. Je reprends le travail demain. - Entendu, mes amis, dit Erik avec enthousiasme. Saly, tu as mon réceptron, tu me contactes dès que tu as des nouvelles ! - Ça marche. J'espère qu'elles seront bonnes et que le professeur Brom sera compréhensif. - T'inquiètes poulette, répondit ma meilleure amie. J'vais convaincre le vieux ! Après quelques salutations, nous nous dirigeâmes vers la sortie... Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 8 (première partie) : Trois jours passèrent depuis notre séparation dans le laboratoire souterrain. Erik m'avait recontacté au sujet de Lucerna, qui avait retrouvé la forme. J'en fus soulagée. Malheureusement, je reçus aussi un message du docteur Loy, alors qu'il était au travail, et qui avait examiné, sur mes conseils forcés, notre nouvel ami. - Saly, j'ai une très mauvaise nouvelle à t'annoncer. Ma gorge se serra. - La mutation génétique engendrée par le sérum instable fabriqué au laboratoire entraîne une dégénérescence rapide du corps. Il a l'air en forme mais en fait il ne l'est pas. - Comment as-tu réussi à analyser cela ? - Le combat contre la créature. Erik avait perdu un peu de sang que j'ai ramassé. Je l'ai passé dans l'Analysium et les résultats sont au-delà de ce que j'avais imaginé. Le mélange à base de cette aberration, Darkness, a rendu son ADN différent. Il va peut être se transformer à son tour. - C'est impossible, soupirai-je, tristement. Une cuve ne peut pas le sauver ? - Une cuve restaure les muscles, la peau, les os, les organes internes… Mais elle ne descend pas jusqu'à l'ADN. Un ADN muté ne peut être réparé avec cette méthode. - Il va mourir ? - Pas exactement. En fait, comme je te l'ai dit, il va se transformer. Une créature aussi puissante va forcément attirer soit la convoitise de la Coalition soit les foudres de l'Empire. Dans les deux cas, c'est un destin peu enviable. - Que peut-on faire ? Un silence pesant se fit entendre à l'autre bout. - Saly, reprit le docteur Loy, en soupirant. J'ai fait une bêtise. Je sentais qu'Albius était tendu et moi, le stress m'envahissait, rendant presque mes deux niveaux de conscience fous. - Bonjour, Mademoiselle Asigar, entendis-je, d'une voix familière. Pouvez vous venir dans mon bureau ? Je vous fais parvenir les accréditations. C'était l'Empereur. Il était finalement au courant de cette histoire. Rien de bien étonnant vu que tout ce qui est collecté par l'Analysium lui est transféré. Et de plus, des données aussi anormales que celles d'Erik ne passent pas inaperçues. - Je vous attends, continua froidement Keynn Lucans. Je m'assis sur mon lit, dans ma chambre, chez le docteur. Mes mains tremblaient à l'idée de ce qui allait se passer. Je balayai la pièce d'un regard vide, avant de poser les yeux sur mon pikouaï qui dormait tranquillement enroulé dans ma couette. Je lui caressai le ventre puis je me levai. - Reste ici, Gratouille. L'Oeil n'est pas pour toi aujourd'hui. Je pris les affaires que l'on m'avait données dans le laboratoire. Ça me donnait un coté aventurière et surtout, je me sentais l’âme d'une Tecknogräde là dedans. J'avais l'impression de ressembler au professeur Brom. Mais en apparence seulement. Il me fallait encore des années avant d'atteindre son niveau, malgré mes pouvoirs exceptionnels. Cela me rassurait quelque part. Peut être que cette tenue allait faire bonne impression auprès de l'Empereur. J'ajoutais bien sur la petite touche finale : le sigle de notre faction sur ma poitrine. J'arrivai aux portes de l'Oeil. Au final, mon costume fit sensation dans les couloirs. Je remarquai des gens me jeter des regards furtifs et j'entendis même deux docteurs s'étonner que je sois déjà devenue Tecknogräde, alors qu'ils m'avaient vu franchir ces murs la première fois, il y a à peine huit mois pour devenir une injectée. Je pris l’ascenseur et atteignit le dernier étage. Je franchis ensuite les lourdes portes de bois pour pénétrer dans le bureau du dirigeant. - Bien le bonjour, Saly, m’accueillit-il avec un sourire. Nous nous serrâmes la main et il m'invita à m'asseoir. Le docteur Loy était présent aussi, déjà installé dans un de ces confortables fauteuils, mais visiblement plus détendu que tout à l'heure. - Je crois que nous avons des choses à nous dire, commença-t-il sur un ton léger. - Je suis vraiment désolée, répondis-je, en baissant la tête. Je ne savais pas dans quoi je m'embarquais. Je restai volontairement évasive, attendant le retour de monsieur Lucans. - C'est à moi de m'excuser, Mademoiselle Asigar, reprit-il. A vrai dire, nous surveillons Erik depuis un petit moment. Ce n'est pas pour rien qu'il est accompagné par le docteur Ackerdïn. C'est moi qui lui ai ordonné de consigner tout ce qui s'est passé dans ce laboratoire. - Vous… Vous étiez au courant ? - Oui, depuis que l'expédition de rosaphir d'il y a deux ans a ramené Mademoiselle Darkblade à la capitale. Je sais que mon frère est encore une fois trempé jusqu'au coude dans cette affaire et j'en suis navré. - Vous connaissez donc les intentions de notre camarade ? - Sa fabrication du sérum est remarquable. Mais j'ai eu les résultats par l'Analysium. Il est malheureusement condamné. Toutefois, s'il s'en sort et qu'il finit Mémoria, une place de choix dans les équipes scientifiques de l'Oeil l'attend. Il a su avec brio allier magie et technologie. Une première dans l'Empire. - Je pensai que ses expériences auraient pu être vues comme une trahison. - C'en est une, je ne vous le cache pas. Normalement, il aurait du être renvoyé de l'académie et emprisonné mais je le laisse en liberté pour plusieurs raisons. La première est qu'il a fait avancer notre génétique d'un pas de géant. Ne sautez pas sur votre fauteuil, Saly. Je ne m'empare pas de ses recherches de force, ni ne les lui subtilise pas. Cela lui revient de plein droit et il pourra en bénéficier pleinement. Je sais agir avec discernement et lorsque le bien est plus grand que le mal pour notre faction, je suis prêt à faire des concessions. De plus, personne d'autre que nous n'est au courant, donc aucune répercussion sur l'opinion du peuple. Je suis prêt à passer cette affaire sous silence. Deuxièmement, sa compagne, Lucerna Darkblade, est un officier supérieur de l'Empire. Pardonnez ma raillerie, mais jamais je n'aurais pensé que ce rejeton des ténèbres puisse trouver un jour une âme sœur. - Vous avez raison, ricanai-je. Lucerna est d'un caractère vraiment instable. Toutefois, je lui dois la vie. C'est une combattante remarquable. - Elle me rappelle quelque peu votre amie, Mademoiselle Borg. Toujours à foncer tête baissée et parfois franchement insubordonnée. Je pense que mon frère l'apprécie pour ça. Elle ne suit pas les règles. Bien qu'elle soit presque inconnue du peuple, elle a travaillé avec nombre de haut-gradés qui l'estiment beaucoup pour son travail propre et rapide. Si je mettais à mal sa vie privée, ils la protégeraient, et je ne peux me permettre de perdre leur appui politique. Troisièmement, j'ai cru comprendre qu'il voulait vous aider à maîtriser vos pouvoirs psychiques. - En effet, il nous a donné un cours à l'académie. Ce fut bref mais très instructif. - J'aurais pensé qu'il continue à vous proposer ses services. Vous êtes un espoir pour notre monde et je ne vous cache pas qu'une maîtrise de vos facultés nous serait bénéfique. - Je n'en doute point. Monsieur Votre Frère s'en est fait un malin plaisir à Syrial, répondit-je, amère. - Un regrettable événement et comme je vous l'ai dit au bal, j'en assume l'entière responsabilité. Mais si cet Erik peut éveiller en vous quelque chose de nouveau sans grands dommages, je le soutiendrai. - La dernière raison va peut être vous sembler horrible mais si votre camarade se transforme, il apporta là aussi son lot de données utiles. - Je regrette de vous contredire, Monsieur, mais je me dois de protester. - J'en conviens, très chère. Et je privilégierai d'ailleurs la rémission de votre camarade à son changement. - Puis-je vous poser une question ? - Je vous en prie. - Si vous êtes au courant de tout ceci depuis fort longtemps, pourquoi avoir attendu que le docteur Loy utilise l'Analysium pour intervenir ? - Le professeur Ackerdïn ne consignait que les recherches. Il n'avait ordre de ne rien faire de plus. Bien que très surprenant, Erik n'a jamais été un danger pour notre peuple et a toujours des nobles intentions. Je ne voulais pas l’arrêter. Et à vrai dire, je n'avais jamais obtenu d'échantillon de son sang avant hier, donc je ne savais pas à quoi m'en tenir sur ce point là. Je me levais, puis prenait appui sur le dossier du fauteuil, poussant un grand soupir. - Et maintenant, monsieur, demandai-je. Qu'elle est la suite du plan ? L'Empereur se tourna vers moi, ses mains toujours croisées dans son dos, arborant un sourire bienveillant. - He bien, maintenant, rien. - Rien ? - Oui, rien. Je pensais laisser cela à votre bon soin. Je vous fais confiance, Saly. Je restai muette sur le coup de la surprise. - Vos habits du jour montrent vos intentions. Vous êtes déterminée à devenir un de mes plus brillants officiers, et je suis ravi que vous m'accordiez autant de crédit. C'est votre première mission en tant qu'apprentie Tecknogräde. Il se tourna vers le docteur en voyant que je restai figée. - Docteur Loy, aiderez vous notre amie dans sa mission ? - Bien entendu, monsieur. - Toutefois, Saly, reprit l'Empereur, étant donné que mon frère s'y est mêlé et qu'il s'agit d'une affaire interne, je ne peux malheureusement vous apporter que mon soutien moral. C'est le domaine de prédilection de Nox et nous nous étions convenus que cela était séparé. De plus, Mademoiselle Darkblade a toujours été sous ses ordres. Je ne veux pas déclencher un autre conflit interne. Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 8 (seconde partie) : - Je comprends… La situation de Syrial a déjà été compliquée… - Tout à fait, et vous n'imaginez pas encore toutes les répercussions politiques. Vous allez devoir agir en toute discrétion si vous voulez sauver ce couple. Loster vient de rentrer d'une mission, il vous assistera. Vous dirigez l'opération mais vous devrez aussi suivre ses ordres à la lettre. S'il vous dit de tout arrêter, vous lui obéirez sans réserve. - A vos ordres, répondis-je, doucement. - Le plan que m'a expliqué le docteur Loy reste le meme : premièrement, accéder à une cuve pour soigner Lucerna, et utiliser la technologie externe pour remplacer ses implants. Contrairement aux travaux du professeur Ackerdïn et aux implants internes, les ajouts externes ne sont pas rares dans l'Oeil. Elle peut retrouver sa puissance. Et son état est plus critique que celui de monsieur Lloyd. C'est la priorité. Deuxièmement, vous devrez trouver un moyen de soigner votre camarade. Je vais envoyer quelques troupes à travers le monde pour essayer de trouver des pistes sur ce Darkness. Le récupérer, en espérant qu'il ne soit pas tombé entre les mains de la Coalition, pourrait nous être d'une grande aide. - Compris, dis-je en me redressant. - Au plaisir de vous revoir, très chère ! Nous sortîmes de la pièce et j'étais un peu déboussolée. Confier un objectif aussi important à une débutante, et surtout me faire épauler par un très haut gradé de l'Empire. Ça n'avait pas de sens. J'avais l'intime conviction que quelque chose d'autre se préparait. Cependant, je savais l'Empereur honnête et droit. Il ne me jetterai pas dans la gueule du loup comme ça. Ou était-ce encore un moyen, plus doux, pour éveiller mes pouvoirs ? Je me pose trop de questions. Allez Saly, reprends toi ! Tu as une mission à accomplir ! Nous retournâmes à Mémoria. Le téléporteur intra-muros nous déposa, comme au premier jour, non loin du parc central. - Que vient donc faire encore notre élève prodige dans les parages, demanda le professeur Magritta, traversant elle aussi le parc. - Je viens trouver le professeur Brom, répondis-je, posément. Elle me dévisagea. - Votre tenue est inconvenante. Vous vous imaginez déjà promue de notre académie ? Vous devriez rester à votre place, jeune fille. Elle repartit sans rien ajouter. Je me dirigeai alors vers le bureau de l'enseignant en combat... Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 9 (première partie) : Le bureau du professeur se situait de l'autre coté du bâtiment. Cela faisait bizarre de voir l'académie vide alors qu'habituellement, environ huit mille étudiants vont et viennent. Alors que je sortais de l’ascenseur à l'étage administratif, une voix familière me fit sursauter. - T'as cru que t’allait me fausser compagnie ? Loreley avait surgi d'un couloir en compagnie du professeur Brom. - Asigar ? Vous êtes en vacances normalement, que faites vous ici ? - Bonjour monsieur, dis-je, avec un sourire. Il prit un regard interrogateur. - Je suis mandaté par monsieur Lucans pour une affaire d'une haute importance, repris-je avec un ton sérieux, sans cacher une pointe de fierté et d’excitation. - Je n'en ai pas été informé. - Sérieux, intervint ma meilleure amie. T'es allé raconter ça au grand chef ? - A vrai dire, je reviens de son bureau… Et c'est une longue histoire. - Décidément, n'importe qui ayant vécu votre aventure dans Syrial aurait profité de ces instants de paix, et ne se serait pas lancée dans une mission qui dépasse du cadre d'une jeune étudiante. - C'est compliqué, restai-je, évasive. - Bien, venez. Nous arrivâmes dans le bureau administratif, où je m'étais infiltrée en douce pour consulter le dossier. - Rapport de mission, Asigar, dit-il sur un ton autoritaire. Soyez brève. Je pris une grand inspiration. - Il y a deux semaines, au bal de promotion, je fis la connaissance d'un académicien de la branche « chimie », nommé Erik Lloyd, qui souhaitait m'aider à contrôler mon pouvoir, après ma démonstration sur la place publique à Dunkil. Son argument principal était qu'il possédait les même facultés que moi et voulait partager son expérience. Il me fit une démonstration et j'acceptai de m'allier à lui pour progresser, sans savoir ce que cela cachait. Le lendemain, accompagné de mes camarades, il nous donna son premier cours sur le contrôle mental et ce fut plutôt intéressant. Après m’être installée pour les vacances chez le docteur Albius Loy, nous sortîmes en soirée. Loreley a malencontreusement déclenché une bagarre qui aurait pu nous mettre à mal mais notre nouvel ami a encore fait une fois démonstration de ses talents et a mis en fuite les individus impliqués. Il nous invita ensuite dans son laboratoire pour nous expliquer comment il était parvenu à un tel stade de puissance. Là, accompagnée de Loreley et d'Albius, je fis la connaissance de son père, du docteur Andrew Ackerdïn, et d'une charmante assassin du nom de Lucerna Darkblade. - Ackerdïn… Darkblade… Laissez moi deviner… Nox Lucans ? - Tout à fait. Erik nous expliqua qu'il avait récupéré deux artefacts : le carnet d'expériences du père de Keynn Lucans et un cristal fabriqué par Lys elle même, enfermant un morceau d'aberration génétique du nom de Darkness, qu'ils avaient dérobés à la Coalition, et dont celle ci le recherche encore par le biais d'une guilde neutre appelée les Marcheurs de l'Ombre. C'est comme cela qu'il avait conçu un sérum proche du N01, beaucoup plus stable à court terme, c'est-à-dire qu'un sujet ne peut se transformer pendant son injection mais très instable à long terme, car les injections répétées qu'Erik s'est faites, l'ont plongé dans une perdition génétique, j'espère, réversible. Afin de corriger cela, la véritable raison de son rapprochement avec moi, est qu'il avait besoin de ma « participation biologique » pour tenter de stabiliser le processus, car il pensais que ce secret était détenu par mon ADN. A l'origine, son but était de sauver sa compagne, Lucerna, gravement blessée après une mission et qui s'en est tirée grâce à une cuve de régénération obsolète et des implants cybernétiques, mais son état reste trop instable. Ainsi, le sérum qui lui aurait été injecté aurait pu la sauver définitivement au prix de la transformer en néogicienne. Écoutant mes conseils avisés sur le sujet, Erik a renoncé à cette idée et nous avons donc élaboré un plan. Entre temps, j'avais demandé au docteur Loy de faire quelques analyses sur le sang de notre camarade et bien sur, en passant par l'Analysium, l'Empereur fut mit au courant. Il m'a convoqué et nous avons décidé des teneurs de cette mission. Dans un premier temps, trouver et accéder à une cuve récente, retirer les implants cybernétiques de l'assassin et la régénérer totalement. Puis, lui faire porter des ajouts extérieurs, pour que Nox Lucans n'y voie que du feu. Deuxièmement, une fois que les équipes d'exploration seront rentrées pour retrouver Darkness, il faudra fabriquer un sérum pour sauver cette fois Erik, dont la dégénérescence entraînera sa mort. Fin de rapport. - Heureusement que j'ai vécu tout ça avec toi, ajouta Loreley, parce que j'ai rien compris... Le professeur Brom se gratta le menton d'un air pensif. - Il va falloir être convaincants si on veut tromper Nox Lucans. Quant à ce Darkness, nous n'avons aucune idée d'où il pourrait se trouver. - En effet. Que pensez vous de cette mission ? - J'ai déjà vu plus désespéré mais ça ne va pas être facile. Accéder à une cuve, pas de problème. Je vous conduirai là où elles se trouvent. J'ai les accréditations pour y parvenir. Pour la première partie, le plus difficile va être de convaincre Lucerna. Je la connais. Elle n'est pas commode. - C'est le moins que l'on puisse dire, professeur. Je m'en charge. Je vais contacter Erik. Il installe un nouveau laboratoire au sud de l'Oeil. Je vais l'y retrouver et lui apporter une bonne nouvelle. Toutefois, nous ne pourrons utiliser vos accréditations car ceci doit rester secret et l'entrée serait consignée. Il va falloir s'y infiltrer. - Infiltrer l'Oeil sans se faire remarquer, c'est presque mission impossible. Mais je connais deux ou trois personnes de confiance qui pourraient nous renseigner. Nous sortîmes de son bureau et nous nous dirigeâmes vers les téléporteurs intra-muros. - Pffff, j'étais bien dans mon lit ce matin, soupira Loreley. J'avais pas besoin d'une mission… Dans quoi t'es allée encore te fourrer ? - Que veux tu, nous sommes des soldats de l'Empire. Il faut bien aider notre faction. - T'as l'air convaincue, c'est incroyable, dit-elle en baillant. - Plus sérieusement, cette affaire sent vraiment pas bon. Des expériences génétiques, une aberration perdue, une guilde clandestine qui aide la Coalition, l'intervention de l'Empereur… Et Nox Lucans. C'est suffisant pour toi ? - J'admets que Centralis pourrait prendre un gros coup dans l'oignon si on démêle pas ce bordel. Mais sérieux, ils confient ça à deux débutantes ? Certes, on a Brom avec nous mais quand même. Ils ont toute une tripotée de Tecknogrädes là haut, et y en a pas un foutu de faire le boulot ? - L'Empereur me fait confiance car j'ai noué des liens avec Erik et Lucerna. Je suis de ton avis que tout ça n'est pas très clair, et je veux connaître le fin mot de l'histoire. Ma colocataire arbora un visage à la fois bougon et approbateur. Je composai le numéro de notre compagnon pour convenir d'un rendez vous. - Bonjour, Erik, c'est Saly. - Ha, qu'est-ce tu veux, répondit une voix froide à l'autre bout. Je reconnu l'assassin. - Heu… Bonjour, Lucerna. Erik m'avait dit qu'il me contacterait quand il se serait installé dans le nouveau laboratoire. - Il est en train de me préparer mon bain. La cuve refonctionne. Elle avait été un peu chahutée pendant le transport. - Vous êtes où ? - J'aurais bien une idée mais je sens que ça va pas te plaire. - Hein ? - Non rien. Je te transmets les coordonnées. - Merci. Nous arrivons ! La connexion coupa. - Toujours aussi charmante, maugréa ma colocataire. Je soupirais en guise de réponse. Un long bip me signala l'arrivée du message. - C'est quoi ces coordonnées, s'étonna Loreley. - C'est pas à coté et… il y a trois points, dont un négatif. C'est parce qu'ils sont en dessous de la surface. Je souriais. - C'est vrai que tu dors toujours en cours de maths. - Gna gna gna. Rentre la destination dans le panneau, intello ! Je ne pus m’empêcher de rire devant l'air vexé de ma meilleure amie. Le contrôleur du téléporteur trouva rapidement la destination. Pour une raison qui m'échappa, il me demanda de confirmer. Curieuse, je consultai alors les plans de la ville. - Ha… - Les bas fonds, grogna Loreley. C'est bien prudent ? - Visiblement, entre notre destination et le laboratoire, il y a à peine deux cents mètres. Ça devrait aller. - Tu oublies la profondeur. Ce n'est pas parce qu'on sera « SUR » l'objectif qu'on saura nécessairement comment descendre. - Dès qu'on arrive à la salle de réception, je contacte Erik pour qu'il vienne nous chercher. Ça te va ? Je confirmai alors comme demandé. Nous arrivâmes dans une pièce plutôt étroite. Je regardai aux alentours et m'étonnai que le dispositif fonctionnait encore. Il y avait de la rouille sur les circuits, de la crasse partout sur les murs, l'air était nauséabond, mêlant vomi et urine, et de nombreuses personnes, que je devinai sans-abris, dormaient à même le sol, enroulés dans des vieux cartons. - Pas de retour par ici en tout cas, me dit ma meilleure amie, en désignant le panneau contrôle du téléporteur complètement détruit. J'actionnais mon réceptron pour envoyer un message à Erik. Nous nous aventurâmes à l'extérieur de la pièce pour découvrir un vaste réseau de ruelles sombres, tout aussi sales que l'endroit que nous venions de quitter. Une sorte de marché se tenait là, où les vendeurs proposaient tout un tas de matériel d'un autre age, bon pour la décharge, ou des produits alimentaires, bons à jeter depuis des lustres. Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 9 (deuxième partie) : - Le revers de Centralis, soupirai-je, tristement. - Hé, m'dame, t'aurais une p'tite pièce, demanda un voix en dessous. Une vieille femme, habillée en haillons, qui avait visiblement perdu ses jambes, rampait au sol et s'agrippait à ma botte pour attirer mon attention. Au loin, je voyais un groupe d'enfants courir avec pour seuls vêtements, un tissu sale autour de leurs tailles. - Tenez, dis à la femme, en lui tendant quelques crédits. - Hooo, merci, ma bonne dame, répondit-elle les larmes aux yeux. Quelqu'un me tapa sur l'épaule. Je me retournai et voyai trois hommes, portant des armures de métal fabriquées certainement avec les marchandises des vendeurs vus un peu plus tôt. Ils étaient aussi armés de barres de fer écrasées et découpées grossièrement, faisant offices d'épées. - Que faites vous ici, mesdemoiselles, dit l'un d'entre eux, avec un regard dément, tout en léchant sa lame. - Elles sont jolies et propres, dit un autre. J'adorerais les voir couiner pendant que je... Je n'eus pas le temps de réagir que le premier tomba au sol, la mâchoire fracassée. Loreley venait de lui décocher un coup de genou bien placé. D'une voltige gracieuse, elle fit pivoter son pied et cassa les vertèbres du second. Enfin, elle ramassa une de leurs armes artisanales et usa de sa force colossale pour découper le troisième en même temps que son armure. - On a survécu à Syrial, affirma-t-elle en se tapant les mains, très confiante. Ça ne me fait plus peur. Tout devint silencieux. Les passants et les marchands s'étaient arrêtés pour regarder le spectacle, incrédules. Un grognement s'éleva dans les airs. Une créature humanoïde, ressemblant à un humain croisé avec un cochoboule sortit de la foule. - Vous... Anéantir mes hommes, lança-t-il en mâchonnant. Jeunes femelles ! Moi capturer ! Bonnes esclaves ! - T'es motivée, souffla ma meilleure amie. Ça va être du lard ou du cochon ? Elle sauta en l'air, effectua un tonneau et visa le visage de son adversaire en piqué. - Jeune fille idiote. Elle pas savoir. Malgré son poids et son apparence pataude, il était rapide. Il l'attrapa en plein vol et la fracassa sur le sol. Je saisis alors une épée dans chaque main et chargeait à mon tour. Cependant, je me devais d'esquiver car il tenait fermement Loreley dans sa main et s'en servait comme arme. Je n 'allais pas porter un coup à ma meilleure amie, qui visiblement, avait perdu connaissance avec le choc. Arrivée au contact, je lançai ma tête en arrière car de sa poitrine venait de surgir deux lames, le transperçant de part en part, et qui m'auraient touché si je n'avais pas eu le bon réflexe. Le gros balourd cracha du sang et relâcha son emprise, avant de s'écrouler inanimé au sol, révélant ainsi son assaillant : Lucerna. Elle l'avait frappée dans le dos pour mettre fin au combat. - C'est dangereux toutes seules ici, dit-elle posément, en retirant ses deux dagues à l'aide de son pied. Ils font partie de guildes clandestines qui traînent dans le coin et font des commerces illégaux. Il vous aurait attrapées, après vous avoir passées à tabac, vous auriez finies vendues comme esclaves domestiques ou esclaves sexuelles. - Merci pour ton aide, dis-je doucement, essoufflée et choquée. - Bon, maintenant, si tu tiens à l'intégrité de tes fesses, ramasse ton amie et suis moi... Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 10 (première partie) : Je mis Loreley sur mon épaule. La foule s'écarta devant l'assassin dans un silence de mort. En examinant plus attentivement les regards des badauds qui se posaient sur elle, j'avais une impression étrange. C'était plus de l'admiration que de la peur. Était-ce à cause de ce spectacle qu'elle venait de donner ? Sa réputation ? Ce n'était pas logique car comme l'a dit Keynn Lucans, elle est inconnue de la population, travaillant dans l'ombre pour son frère. Cela ne devait donc pas être sa réputation. Un des enfants que j'avais aperçu tout à l'heure arriva en courant avec quelque uns de ses camarades et entourèrent Lucerna. - Lulu ! Lulu! T'as quoi pour nous aujourd'hui , lui demandèrent-ils. A ma grande surprise, elle arbora un sourire chaleureux. Une expression que je n'avais jamais vu chez elle. Elle s'agenouilla et sortit un petite bourse pour donner une pièce d'or à chacun d'entre eux. Elle traça aussi une rune au sol et bredouilla une phrase dans un langage que je ne connaissais pas. Un gros sac de jute apparut. Elle dénoua l'ouverture et en sortit son contenu : de la nourriture fraîchement conjurée magiquement. Elle en distribua une portion équitable à chaque enfant. - Voilà pour aujourd'hui. Et ne gaspillez pas ni ne mangez tout d'un coup ! - Oui m'dame ! L'assassin se releva. - Allez, filez maintenant. Les enfants coururent et se perdirent dans la foule. Elle se tourna vers moi, me lança un regard menaçant et continua son chemin sans rien dire. Je compris qu'il fallait que je me taise sur ce que je venais de voir. Je me plaçais à coté d'elle. Nous tournâmes dans une rue et la foule se dispersa. - Je vais anticiper ta question, me lança-t-elle, avec une pointe d'agacement dans sa voix. J'ai grandi dans ces rues. Je me suis forgée dans la boue et dans le sang. J'étais une de ces enfants, il y a des années, crevant de faim et de froid, me demandant chaque jour de quoi le lendemain allait être fait, vivant de fonds de poubelles et de vol à la tire. Maintenant, je suis une officier supérieure de l'Empire. Chaque mission me rapporte des millions. Mais comme je suis une vagabonde qui n'aime pas rester en place, je n'ai que faire de tout cet argent. Mes collègues investissent dans des appartements hors de prix à proximité de l'Oeil. Une taverne miteuse dans les bas fonds avec un repas chaud, une paillasse et une bonne bagarre par jour me suffisent amplement. Alors je redistribue ce que je gagne à ces gens. J'ai créé plusieurs foyers d'accueil un peu partout dans ces rues où les sans abris peuvent trouver nourriture et chaleur. Cette révélation me laissa sans voix. Une personne dont l'aura glaciale ferait fuir un cadavre, était capable d'une telle générosité. Mais j'avoue qu'elle n'avait pas tort. C'est en partant du bas que l'on comprends mieux ce qui s'y passe lorsque l'on arrive en haut. - Lulu… C'est mignon, me risquai-je. - Hmmm… Au début, les enfants n'arrivaient pas à retenir mon prénom. Du coup, je l'ai simplifié pour eux. Nous arrivâmes enfin au laboratoire, effectivement à deux cents mètres du téléporteur. L'entrée se faisait par une sorte de rideau de fer défoncé qui cachait un long escalier se terminant par une porte blindée. L'endroit me rappelait fortement l'ancien emplacement, à ceci près que tout était maintenant regroupé dans une même pièce. Plus facile pour s'y retrouver. - Bonjour, Mademoiselle Asigar, dit Erik avec enthousiasme. - Bonjour, Monsieur Lloyd, répondis-je. - Je suis content que tu ais trouvé nos installations. - Remercie surtout Lucerna. Nous ne serions pas ici sans elle. Elle nous a sorti d'un beau pétrin là haut. L'assassin me jeta un regard du coin de l’œil avant d'embrasser langoureusement notre camarade. Je rougis un peu devant cette vision osée mais charmante. Si toutefois elle essayait de me faire passer un message, je ne compris pas vraiment le but, vu qu'Erik ne m’intéressait pas du tout et que, de toutes façons, j'avais décidé de finir Mémoria avant de ne serais-ce qu'y penser. - Bon, c'est l'heure d'aller faire trempette. Elle fit sauter deux verrous de son armure dont l'intégralité tomba au sol, révélant une fois de plus sa nudité. Elle avança dans le cylindre puis le liquide vint l'envelopper. Notre camarade s'approcha de Loreley et une lueur très légèrement bleutée sortit de ses mains. Cette dernière reprit conscience. - Aie… Il a frappé fort l'autre cochon… On est où ? - Bouh, lui lançai-je, en tournant mon visage vers le sien, alors toujours perchée sur mon épaule. - Fais gaffe, je vais te rouler un patin à te voir si proche. - Hum. Redescends. Je la lâchai alors qu'elle ne put retenir un rire nerveux. - C'est mon nouveau laboratoire. On est un peu à l'étroit mais on s'y fait. - On voudrait te parler de... ce que tu sais, commençai-je, pour en venir aux choses sérieuses. Je fis des gestes imitant la coupure de son en direction de la cuve, pour que Lucerna ne nous entende pas. - Il y a plus simple, dit une voix résonnant dans ma tête. J'avais oublié qu'Erik maîtrisait la télépathie. - J'ai des nouvelles concernant ta bien aimée. J'ai vu le professeur Brom. Nous pourrons accéder une cuve de l'Oeil. Et avec un peu de chances, nous pourrons en profiter pour nous servir dans l'armurerie de l'Empire pour récupérer ce dont nous avons besoin pour fabriquer des prothèses bioniques extérieures. Je sentis un coup de coude à ma droite. Loreley nous regardait en fronçant les sourcils. Une bruit de grésillement vint perturber notre conversation. - Ça y est ? J'y suis ? - … Loreley ? - Oui, je l'ai invitée dans la conversation, pouffa notre camarade. C'est devenu un salon de discussion ! - J'aime faire des trucs à trois, lança-t-elle. - On a juste à attendre patiemment que le professeur Brom nous appelle pour que l'on débute l'opération, repris-je. - Compris. Tu penses que cela prendra combien de temps ? - Je ne sais pas. Il faut que l'on soit discrets. - Pas de souci. Avec mes pouvoirs, je peux nous rendre silencieux et distraire les gardes. Nous passerons inaperçus. - Comment va-t-on faire pour convaincre Lucerna ? - J'ai ma petite idée là dessus. Tu veux bien attendre demain matin, Saly ? - Heu oui… Pourquoi ? - Tu veux vraiment un dessin, ajouta de nouveau ma meilleure amie. - Je… Hum. Je me tais. - Elle vient juste de rentrer donc nous avons huit heures devant nous et même plus. Son état est grave mais elle ne vas pas mourir dans la journée. Prenez votre temps et réfléchissez à votre argumentaire. Je pensais à une chose, Saly. Nous n'avons pas recommencé depuis Mémoria. Que dirais-tu d'un autre cours ? - Ma foi, pourquoi pas, ça nous fera passer le temps. - Sans moi, cette fois, soupira ma colocataire. J'ai assez donné à me faire retourner le cerveau. La connexion coupa. - Bon, nous allons commencer simplement avec tes facultés de perception. Il désigna une paillasse sur laquelle était posées plusieurs fioles contenant divers liquides à une dizaines de mètres. - Premièrement, tu vas me lire les volumes contenus dans chacun de ces récipients. - Voyons… Je constate que la fiole jaugée à gauche est pleine au trait et sa contenance indique deux cents cinquante millilitres. Celle d'à coté… C'est une éprouvette et le trait du liquide se situe entre cinquante-et -un et cinquante deux millilitres. Enfin, l'erlenmeyer de droite indique une contenance de cinq cent millilitres et , vu qu'il n'y a pas de mesure apparente, compte tenu de la hauteur du liquide, je dirais trois cents cinquante millilitres. - Tres bien Saly ! - Purée, t'y vois bien, ajouta ma meilleure amie en soulevant l'éprouvette. Même d'aussi près, j'ai du mal à lire les chiffres gravés. - Passons maintenant à un exercice un peu plus complexe. Tu vois le ballon monté sur le support à droite ? - Oui. - Il contient un liquide qui réagit à l'entropie. - A l'entropie ? - Oui. Suivant la force avec laquelle tu le secoue, sa couleur change. Tu vas donc concentrer ton pouvoir sur le liquide et le faire tourner de plus en plus vite. - Je vais essayer… Je me concentrais pour faire apparaître mon pouvoir latent mais rien. Rien ne sortait. J'essayai intérieurement de modifier ma perception, de visualiser l'effet… Mais rien. Au bout de dix minutes infructueuses, je me relâchai en soufflant. - Ça veut pas, affirmai-je, dépitée… - Ce n'est pas grave. Au moins, tu as essayé. Dis-toi que tu as ta perception qui est sans faille. C'est un bon début. Mais, j'y pense ! Il alla fouiller dans le placard et revint avec une petite fiole contenant un liquide transparent. - Je n'y pensais plus. J'ai ceci ! - Qu'est-ce que c'est ? - Le père de Keynn Lucans l'avait baptisé « accélérateur ». Son principe est simple. Une fois bu, cette potion augmente la compatibilité de ton corps avec le sérum. C'était utilisé au début en tant qu'additif dans le sérum expérimental pour en augmenter les effets. Mais ce que son auteur ignorait et, de fait, n'as pas testé, c'est que cette potion n'agit que sur un injecté et non un futur injecté. Autrement dit, il faut déjà que tu sois néogicien pour que cela fonctionne. - Certes. Mais ça fait quoi exactement ? - Tes cellules vont s'agiter jusqu'à qu'elle atteignent presque leur point de rupture. Le sérum qui a modifié ton ADN va essayer de compenser cela en augmentant ses capacités… - Va droit au but, interrompis-je, agacée par son explication trop scientifique. - Hum, désolé. En résumé, tu bois ça, et tu peux reproduire ce que tu as fait dans la foret ou sur la place de Dunkil pendant dix minutes. Tes pouvoirs seront au maximum. - Je me doute qu'il y a une contrepartie. Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 10 (deuxième partie) : - En effet. Cet excès de puissance est très violent et une fois terminé, tu te sentira très fatiguée et donc vulnérable à une attaque. C'est pour cela qu'il est important d'avoir du soutien lorsque tu l'utilises. - T'es gentil, mais je ne fais pas confiance à ce truc. Tu as vu dans quel état tu es avec ton sérum pourri. - De quoi tu parles ? J'allais trop en dire pour le moment. Je me rattrapai grâce à ma mémoire infaillible. - De ce que tu m'as montré au bal et dans la ruelle. Tu utilises tes pouvoirs mais tu en payes le prix. - C'est moi qui l'ai choisi et je ne reviendrai en arrière pour rien au monde. Je jetai un regard furtif à Loreley, qui comprit immédiatement. Si on voulait le sauver des effets néfastes de ses expériences, il fallait employer la force, et ça n'allait pas être du gâteau. Heureusement, sur ce point là, le professeur Brom était plutôt doué. Je lui prit la fiole des mains. - Mais ça peut nous servir à un moment propice. Je la garde quand même. Nous attendîmes donc la journée et la nuit, le temps que Lucerna sortes de son bain et qu'Erik prépare le terrain. Entre temps, j'avais reçu un appel de notre enseignant pour nous dire qu'il se tenait prêt et qu'il avait trouvé un moyen de nous faire rentrer dans les laboratoires de l'Oeil. - Bon, on fait quoi aujourd'hui, demanda l'assassin, visiblement de meilleure humeur que d'habitude. - Vous avez trouvé ce que vous allez lui dire, résonna de nouveau la voix de notre camarade dans ma tête. - Tu me fais confiance, demandai-je. - Oui. - Alors, laisse moi faire et ne bouge pas. Ne fais rien. Reste tranquille. Je fis un signe discret à ma meilleure amie. Je sautai au cou d'Erik et fit mine de l'embrasser. Lucerna, laissant parler sa jalousie et possédant des réflexes hors du commun, analysa la scène à grande vitesse et effectua un déplacement instantané dans ma direction, avec une intention meurtrière terrifiante. Elle ne vit pas arriver Loreley sur le coté qui la frappa au cou avec une seringue de tranquillisant. Elle s'écroula par terre, inerte. - Qu'est-ce que c'est que ce bordel, cria notre camarade, choqué. - Je n'avais pas la patience de monter tout un discours. Cette nuit, j'ai utilisé mes compétences en médecine et ton laboratoire pour fabriquer une dose de calmant assez forte pour vingt-quatre heures. Elle sera plus facile à convaincre comme ça. - Tu te rends compte qu'elle va essayer de te tuer lorsqu'elle se réveillera ? - Lorsqu'elle se réveillera, elle sera sauvée. C'est tout ce qui compte. Je préfères le pardon à la permission. Erik la ramassa délicatement, en la regardant tendrement. - Je vous suis. Faites le nécessaire. Nous lancions alors un appel au professeur Brom pour qu'il se tienne prêt... Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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CHAPITRE 11 (première partie) : Nous courrions dans les rues, vers le téléporteur. - Comment allons nous repartir, demanda Loreley. Le téléporteur par lequel nous sommes arrivées est cassé ! - Je ne serais pas venu ici si je n'avais pas un plan de repli, affirma Erik. Prenons à gauche ! - Nous sommes venus de tout droit, fis-je remarquer. - Nous n'allons pas prendre le même téléporteur ! Notre camarade tourna dans une autre ruelle et s’arrêta devant une boutique qui semblait vendre des pièces détachées. Un enfant en sortit. Il lui parla dans un langage qui me rappelait un peu celui du peuple de Syrial. Ce dernier entra dans l'échoppe et revint quelques secondes plus tard. - Allons y ! Nous pénétrâmes dans le bâtiment. A l'intérieur était disposé tout un tas d'objets différents empilés, sans ordre apparent. Je devinais que le propriétaire avait fait le tour du monde pour avoir un endroit aussi bien achalandé : des calices provenant du comté de Perteruine, des étoffes provenant du duché de Duriel ou encore des boucliers provenant des baronnies de Salderand. Il y avait même deux meubles frappés du sceau de la Coalition ! Le vendeur ne devait pas être quelqu'un d'ordinaire. En suivant l'enfant, nous arrivâmes dans l'arrière-boutique, ressemblant à une décharge avec des amoncellements de métaux un peu partout. Des bras robots provenant des murs entassaient les pièces régulièrement, au fur et à mesure que les tas s'écroulaient. Nous passâmes derrière un rideau et un téléporteur se tenait au milieu d'une pièce, relié à une grosse batterie de rosaphir. - Ton père n'est pas là, demanda Erik, en langue commune. - Non, parti pour Galaé, répondit le jeune garçon, avec un fort accent. Grande sœur l'a appelé pour le travail. Galaé… Galaé… C'était la capitale des Syrianiens, ça ! Il serait allé là bas en téléporteur ? Non, impossible. Ils ne sont prévus que pour circuler dans Centralis. Il va y mettre des mois s'il y va en caravane ou en bateau. Ou a-t-il négocié un passage en glisseur ? Et puis d'abord, qui est assez influent dans les bas-fonds pour un tel arrangement avec l'armée de l'Empire ? Je jetai un regard vers Lucerna. Ce serait elle qui l'aurait aidé ? De plus, « grande soeur ». Il ne parlait pas de la princesse Saryahblööd tout de même ? - Saly, cria notre camarade! Enclenche le tableau, la charge est prête ! Je fus tirée de mon flot de pensées, injustifié pour le moment, et me concentrai sur ma tâche. L'appareil avait été visiblement conçu à la va-vite et semblait pouvoir lâcher à tout moment. Je n'étais pas très rassurée de faire un voyage avec un engin pareil. Mon réceptron bipa. - Asigar ? C'est Loster. Où en êtes vous ? - Nous préparons le téléporteur pour le voyage, monsieur. Nous serons aux coordonnées transmises dans cinq minutes ! - Reçu. Débriefing à neuf heures. Début de l'opération à dix heures précises. - Reçu. Terminé. Je rentrai les coordonnées et la machine émit un vrombissement. Le cœur de rosaphir se mit à luire fortement de sa jolie teinte violacée. Le portail s'ouvrit dans un grand grésillement mais il avait l'air stable. - C'est parti, cria Loreley. Tout s'était bien passé et tout le monde était présent. Notre transport instantané nous mena dans une pièce sombre et étroite, dont les murs étaient fait de cette même matière étrange qui composait le sol de la douche, que j'avais massacré de mon poing après mon injection. De grand cubes noirs avec des reflets blancs assemblés par un liant gris. - Ne perdons pas de temps, lança le professeur Brom. - Vous pouvez nous mettre au parfum, demanda ma meilleure amie. - Déjà, comme vous le savez tous, nous volons sous les radars. Cette opération est secrète même pour notre faction. Seul monsieur Lucans et nous sommes au courant, c'est à dire que si nous croisons des soldats de l'Empire, ils nous tireront dessus à vue. De plus, si l'on se fait capturer, pas de retour possible. Nous serons considérés comme des traîtres. Et vous connaissez aussi bien que moi la personne qui s'occupe de ce genre d'affaires en interne… L'idée de me faire torturer par ma propre faction et de plus, par ce salaud de Nox Lucans était de trop. Nous devions réussir ! - Dès que l'on atteindra la salle des cuves, Andrew nous rejoindra sur place, affirma Erik. Personne ne connaît aussi bien que lui les implants de Lucerna et il est le seul qui pourra les retirer sans risques. Une fois qu'elle en sera débarrassée, elle n'aura que quelques minutes avant que son état devienne critique. Certains de ses ajouts lui sont vitaux. Notre enseignant fit un signe de tête d'approbation. Mais je ressentais un certain malaise chez lui. Je pouvais comprendre tout à fait que faire une opération passible de court martiale contre son propre camp était dérangeant mais c'était autre chose. Un Tecknogräde de rang un ne se serait pas arrêté à ça. - Nous allons mettre au point une tactique pour progresser dans les couloirs. Asigar, vous faites l'avant-garde. Avec vos sens sur-développés, votre objectif sera de repérer les pièges et les patrouilles. Vous resterez à vingt pas du groupe. Cela vous donnera le temps de nous prévenir le cas échéant. Tenez, prenez ces lunettes. Elles sont identiques à celles que nous avions sur l'autre continent. J'intègre la carte des lieux et le chemin à prendre dans votre visuel. Lloyd, vous protégez Darkblade et vous collez le train d'Asigar. Je ne veux pas vous voir isolé. Votre perte, c'est l'échec de la mission. Asigar m'a dit que vous avez un pouvoir qui occulte la vue et l’ouïe de nos éventuels assaillants. Si cela ne vous empêche pas de porter Darkblade, n'hésitez pas à vous en servir. Pour ma part, je tiendrai l'arrière garde et m'assurerai qu'on ne laisse pas de traces. Cette opération se doit d’être discrète et il ne doit y avoir aucune conséquence. Enfin, Borg, vous allez tenir les flancs. Vous scruterez les croisements pour voir si rien ne vient ni à gauche ni à droite. Si l'arrière ou l'avant garde est attaquée, vous leur prêterez main forte. Dans le cas où Lloyd ne serait plus en mesure de porter Darkblade, cette tache vous revient. Vous avez tous compris ? - Oui, répondions-nous en chœur. Nous étions tous déterminés à finir cette mission. Au final, je me dis qu'elle était au moins aussi dangereuse que celle sur Syrial. Nous devions escorter une personne, avancer en terrain inconnu, sans savoir ce qui allait nous tomber dessus. Ce n'était pas la mort qui m'effrayait le plus, c'était de savoir que si on échouait, on serait vus et traités comme des traîtres, sans même pouvoir compter sur l'intervention divine de l'Empereur. C'était risqué, très risqué. - Hé, Saly, interrompit Loreley en posant une main sur mon épaule. Stresse pas comme ça, on va y arriver ! De façon instinctive, je la serrai dans mes bras. Dans quoi je m'étais encore embarquée ? - Allez, on fêtera ça à la fin, encouragea Erik. Le professeur Brom ouvrit la porte derrière nous qui donnait sur petite pièce remplit de matériel que je n'arrivait pas à identifier. J'entendis des pas non loin. Je fis un signe d’arrêt. - Trouvez les intrus, criait un homme à la voix rauque. Nous avons repéré une signature énergétique inconnue dans ce secteur il y a une heure. Utilisez vos scanners et ratissez moi cette zone ! - Oui, chef ! Je me concentrai et je déterminai qu'il s'agissait de cinq hommes. Quatre sortirent de ma portée auditive mais j'entendais encore le dernier respirer non loin. Il devait être à peu près à une vingtaine de mètres dans le couloir. Un bip dans une autre direction attira mon attention. Je balayai les alentours du regard avant de remarquer que le poignet droit d'Erik émettait une légère lueur bleutée. - Erik, dis-je dans un chuchotement à peine audible, en désignant sa main. Il releva la manche de sa blouse pour révéler son téléporteur personnel qui semblait émettre un signal. Sans dire un mot, le Tecknogräde lui saisit le bras et le retira. - T'as eu ça où, demanda-t-il. - Andrew me l'a donné… - Ce n'est pas l'activation du téléporteur là derrière qu'ils ont localisé, c'est ce truc ! Le professeur Brom serra les dents avant de jeter le bracelet derrière un tas de câbles empilés dans un coin de la pièce. - On avance, reprit-il avec autorité. Malgré sa carrure, son assurance et sa confiance en ses capacités, notre camarade n'en mena pas large devant notre professeur. Le groupe redevint silencieux. J'avais le chef d'escouade en visuel. Erik fit un signe de main et ce dernier tomba à terre, visiblement endormi. Il me tapa sur l'épaule pour me signaler qu'on pouvait avancer. Nous nous déplacions lentement et je m'efforçai de mesurer chacun de mes pas. J'entendais des ordres criés un peu partout, des bruits de pas pressés et je m'efforçai de prendre des chemins détournés pour ne rencontrer personne. Ma visière m'indiquait que l'objectif était tout proche : une grande porte blindée à une cinquantaine de mètres, gardée par deux soldats. Notre professeur sortit un petit tube de sa veste et souffla à l'intérieur. Je vis les deux gardes tomber au sol. - On y va, chuchota-t-il. Devant la porte, un dispositif de sécurité était mis en place. - Comment allons nous passer sans votre badge, demanda Loreley. - Tu manques d'imagination, répondit-il en fouillant la veste d'un des gardes au sol, avant d'en sortir une carte d'accès. Édité le 24 February 2017 - 09:21 par Jcdenton Néogicien dans la guilde du Stylo Unique |
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