Voici les huits premières scènes. Le scénario a changé. Frédéric Lawrence est désormais un simple auteur qui en a marre de vivre avec la dualité du monde.
Scène 1 Ext Vue aérienne / Jour
On voit Aix-en Provence du ciel, puis certaines rues pleines de monde, le Cours Mirabeau, les Allées Provençales, la rue Espariat... Dans une rue déserte, on voit un homme (33) sortir de son appartement. Il sort son chien en laisse et descend la rue. Il déambule dans les rues du centre ville d'Aix.
Scène 2 Int Supermarché / Jour
Il entre dans un supermarché pour faire ses courses. Il attrape dans un rayon de la nourriture pour chat et chien, un pack de bière, des boîtes de conserves, des chips. Au rayon frais, il récupère quelques barquettes de viandes. Il va en caisse, patiente quelques minutes, paie et remercie la caissière avant de sortir avec deux sacs à bout de bras et son chien en laisse.
Scène 3 Ext Marché / Jour
Il va au marché quelques rues plus loin. Il achète quelques fruits et légumes puis prend le chemin pour rentrer chez lui.
Scène 4 Int Appartement/ Jour
Il pousse la porte d'entrée, lâche la laisse pour que son chien entrer sans le gêner, lui. Le chien va se coucher dans son panier. Un chat noir arrive et se pose près de lui.Visiblement ils sont proches. L'homme range ses courses dans les placards, fait des allers retours à travers les pièces de son appartement. L'appartement est en réalité un petit loft, une grande pièce dont les espaces différents sont séparés par des cloisons amovibles.
L'homme (en revenant dans l'espace cuisine)
Tora, Cauchemar à table !
Le chien et le chat se lèvent et se dirigent vers leur maître. L'homme enlève la laisse de Tora, la pose sur le plan de travail. Il sort ensuite d'un placard deux gamelles, une bleue et une noire. Il ouvre une porte sous les plaques à induction et en sort deux sacs de croquettes. Il remplit jusqu'au deux tiers la gamelle bleue avec les croquettes pour chien, puis la gamelle noire au quart de croquettes pour chat. Il range les sacs de nourriture puis saisit les deux gamelles et les pose au sol près de la porte du four. Les deux animaux s'approchent et mangent. L'homme les caresse tour à tour avant de sortir de quoi préparer son propre repas.
Il prépare à manger, met les couverts sur la table, allume la télé qu'il tourne légèrement pour pouvoir la regarder depuis la table. Puis il mange.
Scène 5 Int Bâtiment / Jour
L'homme attrape une veste, ses clés sur la table puis se dirige vers la porte. Il sort.
Scène 6 Ext rue / Jour
L'homme remonte la rue vers le périphérique, sort ses clés de voiture, y entre et démarre. On le suit de haut sur le périphérique, puis sur une portion d'autoroute. Il contourne le domaine d'un parcours de golf et fait le tour d'un rond point avant de s'arrêter sur le parking près d'un bâtiment. Il sort de la voiture et entre dans le bâtiment.
Scène 7 Int bâtiment / Jour
On est dans un grand espace avec de grandes baies vitrées côté Sud. Des bureaux sont disposés comme pour construire un labyrinthe avec des parois les encadrant et leur laissant qu'un mètre derrière pour s'y déplacer : la disposition des bureaux à l'américaine. Quatre personnes se trouvent dans une autre pièce au même étage. Il s'agit plutôt d'une ''cage en verre''. Deux des quatre murs sont en réalité des vitres transparentes. Les deux autres font un angle de la pièce et sont percés de fenêtres. A l'intérieur, il y a deux hommes et deux femmes. L'homme, Frédéric Lawrence est debout face à son éditeur Oliver Copla (45), la secrétaire d'Oliver, Marie Amil (40) et Stacy Monroe (30). On entend du bruit venant de l'intérieur de la pièce. Oliver fait de grands signes de bras en direction de Stacy puis de Frédéric.
OLIVER (autoritaire et plutôt désagréable)
Cela fait plusieurs mois que vous auriez du finir d'écrire le prochain tome de votre saga. Où est ce que ça en est ?
FRÉDÉRIC (calmement)
Je n'ai que les premières pages mais elles sont mauvaises. Il me faut du temps. J'ai besoin de retrouver une vie ordinaire, sans stress et sans le souci des deadlines à respecter.
OLIVER (énervé)
C'est impossible ! Vous avez un contrat ! Vous devez écrire les aventures de Saphir au plus vite.
STACY
Je suis d'accord avec M.Copla. Je représente M. MacFarlane, directeur du Warpzone Project. Il souhaite que vous finissiez au plus vite votre histoire pour le bien de tous. Je pense que je n'ai pas à vous rappeler qu'il faut préserver le secret. Il ne peut exister que si les auteurs suivent et proposent régulièrement au monde les aventures des héros que le public apprécie. Si vous ne pouvez pas retrouver un rythme de travail satisfaisant nous seront dans l'obligation de prendre des mesures exemplaires.
FRÉDÉRIC
Est ce que c'est une menace ?
STACY
Une mise en garde
Frédéric commence à se diriger vers la porte.
FRÉDÉRIC
Laissez moi quelques jours pour me reposer et j'écrirai un dernier tome.
OLIVER (intrigué)
Dernier tome ? Vous devez écrire les aventures de votre héros tant qu'il ne meurt pas ou ne disparaît pas.
FRÉDÉRIC
Je ne veux plus de cette vie. J'en ai marre de faire semblant avec mes amis, ma famille. J'écris ce tome et je me retire de ce monde.
Stacy ne semble pas satisfaite pendant qu'Oliver se retient de taper sur son bureau en verre. Marie a l'air à la fois heureuse et déçue. Frédéric sort de la pièce et ferme la porte derrière lui.
STACY (à Oliver)
M. Copla, ravie de vous avoir rencontrer. Je m'excuse du comportement de M. Lawrence. Il est rare que nos auteurs agissent ainsi. Je vous assure que son remplaçant ne fera pas d'histoires.
OLIVER
J'espère bien. Je n'ai pas signé de contrat avec votre organisation pour que vos auteurs n'en fassent qu'à leur tête. J'ai des vrais employés à payer à chaque fin de mois.
STACY
Je comprend. Je demanderais à M. MacFarlane un dédommagement.
Stacy disparaît comme si elle n'avait jamais été là.
Scène 8 Int Bâtiment – Ascenseur / Jour
Frédéric appuie sur le bouton de l'ascenseur et attend que les portes s'ouvrent. Elles s'ouvrent quelques secondes après et Stacy est déjà à l'intérieur. Frédéric entre, appuie sur le bouton pour descendre et regarde devant lui. Stacy est à côté de lui et ne parle pas. Sans prévenir, elle stoppe la descente de la cabine grâce au bouton prévu à cet effet.
STACY
J'ai besoin de vous parler.
FRÉDÉRIC
J'ai pas envie.
Frédéric remet l'ascenseur en marche.
Stacy le stoppe à nouveau.
STACY
Je vous connais, Frédéric. Vous étiez un auteur avant d'entrer dans le Warpzone Project et vous le resterez après.
FRÉDÉRIC
Où est le problème ?
STACY
M. MacFarlane ne veut pas qu'un de ses auteurs parlent du Warpzone Project dans un de ses romans et que le monde comprenne le secret que nous lui cachons.
Silence dans la cabine de métal.
FRÉDÉRIC
Qu'est ce que vous attendez de moi ?
STACY
Moi je n'attends rien. M. MacFarlane viendra vous voir et discutera avec vous des différentes options qui se présentent à vous.
FRÉDÉRIC
Quand dois-je l'attendre ?
STACY
Vous savez bien que la notion du temps n'existe pas pour M. MacFarlane
Elle disparaît encore une fois.