Ils descendirent à toute enjambée le mont pour arriver à une sorte de crevasse, d'où émanait la fumée. Depuis leur position, ils ne pouvaient en croire leurs yeux : Un seul guerrier était en train de combattre un dragon des glaces de Lasierra. De terribles adversaires, réservés à l'élite. C'était très étonnant de se retrouver au premier étage de la tour en étant face à ce genre de défi. Pourtant, le guerrier ne montrait aucune faiblesse face à son ennemi.
Le vent ne tourbillonnait plus, la neige avait cessé de tomber. Un murmure régnait en ces lieux.
- Ombre des tourments, entendez mon appel. Ténèbres et engeances, maintenez ma colère. Des entrailles de mon être, que votre puissance soit mienne !
Le guerrier sauta et planta sa lame dans le sol. Celle-ci possédait désormais une aura rougeâtre, qui s'intensifiait de plus en plus, jusqu'à devenir incandescente. Il y eut un flash, puis le grand néant. L'endroit d'où se trouvaient auparavant le dragon et le guerrier n'était plus que poussière et flocons. Aucune trace ne donnait d'indice sur la disparition des deux individus.
- Mais où sont-ils passés, les deux boulets ? S'excita Orn. Faut que je tape sur quelque chose ! Hmmmm... Earenduil !
- Oui ?
Sans que celui-ci n'eût le temps de riposter, le berserker lui envoya une baffe d'une force titanesque, qui fit décoller l'archer et l'envoya chuter dans le fond de la crevasse. En atterrissant, Earenduil souleva une épaisse couche de neige, ce qui permit à celui-ci de faire une découverte des plus inattendues.
- Les... Les gars ?
- Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda le néogicien.
- Je crois savoir où sont les Gragantuas....
Le reste du groupe sauta dans la crevasse en exécutant une petite roulade pour une chute en douceur, et découvrit la trouvaille avec dégoût. En effet, leurs adversaires avaient été sauvagement attaqués par une bête aux griffes acérées. Leur visage, défiguré, ne permettait presque plus de pouvoir réellement les identifier.
- Qui a pu leur faire ça ?
- Je n'en ai pas la moindre idée...
Rien, même pas une parcelle de vie, ne se pointait. Il n'y avait que la main froide mais douce du vent, et le manteau blanc des montagnes de Lasierra. L'air était certes raréfié à cause de l'altitude, mais il était toujours possible de voyager à travers ce périple. Les Phalanges descendirent lentement la montagne, de peur de chuter et de dégringoler le reste du chemin. Arrivés au pied, ceux-ci durent s'arrêter. Ceux qu'ils recherchaient étaient descendus de leur terrain de combat, pour une raison encore inconnue.
- Mais que font-ils ?
- Je n'en ai pas la moindre idée, déclara le néogicien. Voyons ce qui va se passer.
Le combat était toujours autant sanglant, quoiqu'un peu gore. Tous deux étaient sur le point de faillir. L'un voyait ses ailes arrachées, l'autre une artère déchirée étant à l'air libre. Soudain, le guerrier prit un dernier élan, bondit sur le dragon, et lui transperça la gueule. La bête hurla de douleur, et s'écroula. Le spectacle en valait la chandelle, mais se frotter à un tel adversaire ne pouvait se faire, même à quatre.
- Enfin terminé. Père, je vous ai vengé...
Étonnamment, le guerrier fondit en larmes. C'était insolite, bien sûr. Mais c'était bien réel. Nous ne pouvions savoir si nous devions le rejoindre ou non, mais la réponse fut donnée par Algélos. Il se leva et se dirigea vers lui, d'un pas décidé.
- As-tu besoin d'aid...
L'homme sursauta, et poussa un petit cri. Algélos a certainement dû lui faire peur. Il se releva rapidement, sortit son épée du fourreau et dit d'une voix caverneuse :
- Qui es-tu ? Vous êtes des partisans de la Coalition ?? Des soldats de l'Empire ?? Je ne dois rendre de compte à personne !
Un par un, nous sortîmes de notre "cachette" et allâmes nous poster aux côtés de l'assassin. Le guerrier recula d'un pas, en se mettant en posture défensive, par simple habitude.
- Que... Que faîtes-vous ici ? Vous n'avez rien à faire près des montagnes de Lasierra !
- Nous pouvons te retourner la question, déclara Blasphère. Quel est ton nom, guerrier ?
Celui-ci baissa la tête, l'air désorienté.
- Je... Je ne m'en rappelle plus... Je suis à sa recherche depuis des années. Je voyage de part et d'autres en Olydri, sans véritable succès.
- Tu ne fais partie d'aucune des deux factions ? Questionna Algélos.
- Non. Ma mère a voulu s'injecter le sérum N01 pour devenir une néogicienne, mais elle a succombé. Mon père, quant à lui, a été tué par ce dragon, dit-il en pointant du doigt la carcasse du dragonide. J'ai décidé de ne servir aucune nation, et d'être chef de moi et moi seul.
Le néogicien réfléchit quelques secondes, et finit par déclarer :
- Veux-tu te joindre à nous ? Nous pourrons t'aider dans ta quête.
Le guerrier hésita longuement, faisant les cent pas. Finalement, il accepta. Après une rapide réunion, ils décidèrent de nommer la nouvelle recrue Nakami (qui signifie Ombre ardente). Ensemble, ils s'en allèrent vers le sud, vers les terres de Gouffrefeu, où un destin incertain les attend déjà...
Tardinas - Heures 17 Minutes 14 (J-1457)
Les volcans de Gouffrefeu sont les plus redoutés d'Olydri, dût par la chaleur pressante qui peut s'exercer sur presque un kilomètre de superficie. Très peu d'aventuriers osent pénétrer ces terres hostiles et inhospitalières. La mer, quant à elle, laissait une vue sans fin d'un immense champ d'eau. Il ne fallait point l'admirer sur son dos, car des léviathans rôdaient dans les tréfonds. Au final, Olydri n'est qu'une lune où le danger est partout.
Les Phalengis arrivèrent devant un petit village, se nommant Tardinas. Il se situait juste à l'entrée de Gouffrefeu. Les villageois de Tardinas étaient des exilés de l'Empire et de la Coalition. Il abritait des brigands, des voleurs, des assassins. Toutes sortes de personnes détestables. Le chef de Tardinas, Khlain Zaphalus, n'était qu'un ancien néogicien ayant été renvoyé de l'ordre impérial par Keynn Lucans lui-même.
Des voix s'élevèrent en voyant arrivés les phalanges. Les enfants rentrèrent chez eux, appelés par leurs parents, les commerces fermèrent bien avant l'heure prévue. Quelque chose les terrorisait. Ou quelqu'un...
- ... Du nerf ! On n'a pas toute la journée ! Criait une voix féminine. Si jamais Khlain nous remarque... Hey ! Regardez là-bas ! Le... Le fi..fi...fils de Khlain !
La fille et ses amis s'enfuirent rapidement, sans prêter attention au chef du village qui sortit de sa demeure. Quand ils virent notre groupe, il ouvrit grandement les yeux.
- Comment est-ce... possible ?! Mon fils ! Tu es revenu !
Khlain courut vers Blasphère, le serrant fermement, comme si des dizaines d'années les avaient séparés. Le néogicien, quant à lui, ne savait que dire. Il n'avait jamais rencontré ses parents, croyant que ceux-ci avaient disparu.
- Qui... Je n'ai pas de parents. Je ne les ai jamais connu.
- Mais si ! Tu es Blasphère Zaphalus, grand néogicien de Centralis. Tu dis ne jamais avoir connu tes parents, mais sais-tu au moins qu'ils existaient ?
Cette question ne l'avait jamais traversé l'esprit. Il avait toujours vécu comme un orphelin, sans jamais se poser cette question. Quand il décida de devenir néogicien, personne ne pouvait le contredire. Il n'avait ni ami, ni famille. Aujourd'hui, il avait Phalengis. C'était désormais SA famille. Il avait toujours eu le nom de sa communauté en tête, depuis son enfance. Il ne pouvait dire pourquoi, mais il savait qu'un jour, il créerait une communauté portant ce nom.
- J'ai... J'ai besoin de réfléchir.
- Il n'y a pas de soucis mon fi... Blasphère. Vous êtes mes invités ! Venez ! Entrez dans ma demeure. Nous avons à parler.
Sa demeure était grande. Le hall d'entrée était très vaste, ainsi que tout le reste d'ailleurs. Les chambres faisaient presque la taille du hall, c'est pour dire ! Il n'y eut pas de banquet, ni discussion. Seul le néogicien partit dormir avant tout les autres, avant que le crépuscule rend son verdict.
Le matin suivant, Blasphère se leva avant tout le monde. L'aube venait de se lever. Il décida de prendre l'air et de visiter un peu le village. Bien que ce fût rapide, cette promenade lui permit de méditer sur cette nouvelle inattendue.
Pouvait-il réellement être son père ? Pourquoi s'était-il abstenu de rencontrer Blasphère s'il le connaissait depuis toutes ces années ? Quelque chose n'allait pas, il en était certains. Mais de quoi pouvait-il s'agir... Il ne le savait guère...
Édité le 13 July 2013 - 13:37 par Blasphère